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Citations de Alexandre Bergamini (32)


Je n'ai pas d'autre visage
que l'ombre du tien.
Ton visage blanc à venir.
L'orageuse lumière de ton visage.
Toi que je vois quand je m'imagine.
Mon visage envouté par le tien.
Ton regard contient juste assez d'oubli
pour m'inventer.

Cadavre, tu restais mon frère.
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Je descends au hameau, remonte la colline qui surplombe la vallée du Rhône. La chapelle romane perchée au-delà des brumes des anciens marais. Le cimetière du village que le soleil illumine. Je rejoins la tombe insignifiante. 1962-1980. Une vie dans les tirets.
L'ordinaire transformé pour toujours par un frère.
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Liens entre le nazisme et les démocraties modernes : faire table rase du passé, de la mémoire et de la culture ancienne, faire de la place à une économie "nouvelle".

" Toute la société, l'organisation de cette société nous pousse à l'oubli ; elle nous pousse à l'avenir. Regarder le passé, c'est être contre-productif.
S'intéresser à la mémoire est une subversion, un refus de se soumettre".

W.G. Sebald
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Rien ne peut être ce qu'il est, ce qu'il est seulement. Cela ne suffit pas à la vie, cela ne suffit à personne. Seules la bonté et la poésie de l'existence nous comblent. Le manque délimite notre être. Ici, je le reconnais, en chacun.
Je me considérais comme un héros sacré et intouchable ; j'étais aimé des dieux. Depuis la mort de mon frère, je crois que la vie me doit quelque chose. Comme si la vie me devait ce que je n'ai plus, ce que j'ai perdu. Comme si la vie me devait la vie.
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Cette odeur est l'odeur de l'Inde dont j'ai rêvé ; celle que décrivaient Pasolini et Moravia. Leurs deux récits indiens dans ma mémoire. Impossible qu'Elsa Morante qui voyageait avec eux n'ait rien écrit, il manque un récit au trio d'amis. Cette odeur, une seconde peau de littérature, et un voile de puanteur réelle, de moiteur poisseuse qui colle à la peau.
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Un papillon se pose sur ma main, sur mon visage. Il me butine le dos, les jambes les reins, les pieds. Ses pattes légères se posent et sa trompe se désaltère aux gouttelettes d'eau fraiche. Que demander de plus à la vie ? Une belle maison ? Un salaire ? Un amour ? Nous ne sommes jamais à la hauteur de ce qui nous est accordé.

Papillon qui bat des ailes
je suis comme toi
poussière d'être

Kobayashi Issa
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Ce que l'on écrit arrive. Ecrire emporte tout sur son passage. L'écriture est marquée du sceau de la perte.
(...) Ma gorge se noue. Des larmes sur mes mains glissent sur le sol. Mes premières larmes depuis quinze ans. Elles relient des aqueducs souterrains. La possibilité de retrouver un mort dans un vivant. La vie dans l'absence. La vie dans la perte.
Voyager c'est apprendre à disparaître. p 56
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La forêt de bouleaux tachetés, de peupliers, terre de mousses touffues et humides, d'une herbe courte, verte, vive. La senteur des lichens, des écorces. Le ciel, la brise dans les cimes, les feuillages, le chant des coucous, les piverts, les écureuils. Enveloppe d'une étrange douceur. Le corps d'une forêt en paix. Je m'allonge dans un rayon, m'endors contre l'écorce d'un peuplier, dans l'humus. L'enfance retrouvée. p 26
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Entre les tentes, les familles et les équipes, on sourit timidement, on me propose victuailles et boissons. Nous échangeons sans parler ou peu, nous nous parlons sans un mot. Douceur des rapports, distance et respect, aucune familiarité. Etre avec et s'extirper de la réalité en un instant, sans difficulté. Perméable sans être ni se sentir envahi par les autres. Ouvert aux autres sans être obligé de se protéger d'eux.
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Que visitons-nous lorsque nous venons dans un camp de concentration et d'extermination, peut-on visiter de tels lieux sans les profaner ?

N'y a-t-il que la littérature des camps, les témoignages, la documentation concentrationnaire qui puissent rendre compte de la vie des camps ?
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La nuit vient lorsque les pâtes fument sous l'unique lampe. Fermant les yeux on pourrait se croire n'importe où où la vie est simple et tranquille, l'existence possible sans drame et sans danger. Se nourrir et s'abriter sans trop d'argent, le reste est superflu.


Nous sommes assis ensemble
la montagne et moi, jusqu'à ce que
seule
la montagne demeure

Li Po
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Nous nous asseyons pour boire un thé chaud à l'abri. Une très vieille Japonaise toute en courbes nous sert, puis elle s'assoit en retrait près de la fenêtre et regarde la pluie tomber. Il n'y a pas de musique, il y a le silence. nous sommes seuls dans un salon, deux tables basses, des coussins, de vieilles photographies d'avant-guerre, de Tokyo, une photo d'elle jeune, émouvante. Le goût si fin, si délicat du thé réveille le sensible, l'endormi, le souterrain. Le moins éveille le plus : c'est peu et c'est parfait. Le trop nous endort et finit par nous anesthésier. (...) Comment apprend-on la présence au monde ? Comment reconnait-on la saveur du temps qui travaille en nous ? La plénitude découle-t-elle de chocs successifs, de la perte définitive, e l'acceptation de sa propre perte, de sa disparition même ?(...)
Nous partons et la petite vieille nous accompagne sur le seuil de sa porte. Par son regard légèrement décalé et trouble dans le vide, Je réalise qu'elle est aveugle. (...) Je la salue doucement, je sais qu'elle ne nous voit pas. On pense avoir bu du thé. On a partagé plus que cela.
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De cette place qu'il nous faut conquérir constamment en force en Occident nous avons perdu l'attention d'être ensemble, la délicatesse et la subtilité d'être au monde, la fluidité et la fraternité. Nous concevons la vie comme un droit ou une bataille, non comme un privilège ou une possibilité. Nous exigeons au lieu d'inspirer. Nous voulons ardemment et nous nous accrochons, au lieu d'expirer et de relâcher. Nous pensons que notre volonté et nos désirs impérieux nous protégeront de l'inspiration et de l'expiration. Nous ne serons protégés de rien.
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Une vie ne suffit pas à connaitre et à comprendre un pays mais une lumière déchirant le réel peut en donner l'accès. Une vie ne suffit pas à se connaitre. Des portes s'ouvrent parfois l'espace d'une fraction de seconde dans les paysages, comme parfois chez les humains en un regard, en une faille, nous saisissons l'essence de leur être. Une lueur révèle leur ombre comme une partie complémentaire qui les dévoile.
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Je me rendais l'existence impossible à vouloir agir, devenir, penser. Plus j'abandonne sans résistance à "être" et plus je me nourris et me ressource sans effort. Mes peurs sont un carcan d'oppression, un joug de hantises. Que puis-je réellement craindre, la perte ?

Comment exprimer ce sentiment étrange et absurde que la source de la vie pure se trouve ici ?
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La solitude est notre bien le plus précieux, le silence le meilleur de nos compagnons. L'amitié et la poésie sont une nourriture quotidienne. La complétude se reconnaît à l'extérieur, entre l'homme et la nature, et se retrouve en équilibre à l'intérieur de soi, entre la nature de l'homme et lui-même. Une harmonie parfaite entre la vie et la mort.
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Chant mélancolique d'une flûte de bambou. Son de velours de "shakuhachi", rugueux et voilé. Temps précieux, émotion simple et fondamentale. Nous sommes au monde pour cela. Un flocon de neige fond au creux de la paume. Partager la poésie, c'est partager un trésor qui s'enrichit lui-même dans le partage.
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Le respect, la discrétion et la politesse ne sont pas des signes de faiblesse, mais des signes de civilisation. Cela ne fait pas des Japonais un peuple servile mais un peuple civilisé. On appelle ça le civisme, pas la soumission. (Page 29)
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L'esprit est détourné de son but par toutes sortes de considérations, de rêveries et de peurs que le mental produit sans cesse, mais progressivement, l'esprit retourne à son objet d'attention et gagne en concentration. Je suis là, au Japon. Dans cette maison, dans cette pièce, présent. Je respire. C'est la plus grande conscience, la plus simple et la plus réelle que je puisse avoir de ma présence au monde. Une paix vient parfois, profonde, qui dure quelques secondes d'éternité au milieu du chaos et du carnage. Des secondes comme de minuscules diamants au milieu de la boue. Mon existence entière s'appuie sur ces infimes secondes. Est-ce la paix des morts que je rejoins ? Pratiquez la méditation comme si vous entriez dans votre cercueil, conseillait Maître Dôgen.
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La peur de se perdre dans une ville est semblable à la peur de se perdre dans la vie. Je me suis perdu depuis longtemps ; la perte est devenu un pays intime. (Page 27)
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