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Critiques de Alexandre Civico (79)
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Dolorès ou le ventre des chiens

Avant d'être arrêté, Dolorès a commis une série de meurtres, uniquement des hommes friqués , des «  ploucs à rolex » qu'elle a séduit dans le but de les trucider, comme sa première victime : « c'est du nombril qu'il parlait, de l'orifice de son gros ventre satisfait et engloutisseur de bouffe, engloutisseur de la transpiration des hommes et des femmes qu'il faisait travailler pour avoir le privilège d'arborer une pute comme moi dans un restaurant sans étoiles. »



« La révolution à coups de couteaux » ? En tout cas, « ça sortait de partout, comme les vers d'un cadavre », les actes de Dolorès ont entrainé une épidémie de meurtres ciblés. Les autorités ne veulent pas d'une passionaria, elles ne veulent pas s'embarrasser d'un procès qui pourrait se transformer en tribune. La justice charge un jeune psychiatre de la déclarer irresponsable de ses actes dans son rapport d'expertise.



Les courts chapitres alternent les voix de Dolorès et celle du psy. Leur confrontation est dense, entre le psy bordeline rongé par ses addictions et une Dolorès joueuse qui ne veut pas se dévoiler. Dolorès est le genre de personnage qui aspire tout dans un roman, et pourtant le psy et surtout son ami le vieux prêtre espagnol existent magnifiquement à ses côtés.



Ce roman prend souvent aux tripes, porté par des personnages marquants et une qualité d'écriture assez impressionnante, créative et ciselée, aux plus près des corps et des sensations physiques.



« Voyez cette peau, si elle est lisse. Regardez si elle ment. Elle cache les rides, les creux, les bosses, les plis accumulés au fil des vies. Juste en dessous se trouvent toutes les nervures, tous les sillons, toutes les rigoles, toute l'érosion, tout l'épuisement du monde. Ne vous fiez pas à ma peau. Si vous pouviez m'ouvrir le ventre, vous verriez tous les désespoirs se répandre à terre, un liquide aux odeurs de merde. Vous ne comprenez pas. Un discours politique construit. C'est une connerie. Il n'y a que des cris. Ce corps, le corps des femmes est un palimpseste des gestes et des douleurs. Ça n'use pas le corps, ça l'écrit. Et quand il meurt, le corps, ces gestes, ces afflictions restent là, enfermés comme dans un livre poussiéreux. Les hommes de votre espèce avancent toujours avec le soleil dans le dos. Ils croient que cette ombre élancée qui s'étale à leurs pieds, c'est eux. Les hommes marchent dans un costume trop grand qu'ils pensent être à leur taille. Et les femmes marchent toute leur vie sous un soleil de midi, implacable, qui les punaise à leur place. »



Dolorès est une héroïne ambigüe comme je les aime. Jusqu'au bout on s'interroge sur ses motivations à tuer, politiques ou plus personnelles, à moins que ce soit les deux. Est-ce une quête, une révolte, une jouissance à tuer, une « rage sans paroles », une rage à message, un débordement après avoir été trop écrasée en tant que femme ?



Au fil de ma lecture, je me suis souvent demandé quelles étaient les intentions de l'auteur. Il me semble qu'il ne faut pas lire Dolorès ou le ventre des chiens comme un roman réaliste, plutôt comme une fable sur la violence induite par un capitalisme couplé au patriarcat. Une fable non moralisatrice sans apologie de quoi que ce soit, même s'il y a un parti pris. J'ai envie d'y lire le cri d'un homme solidaire des femmes violentées, d'un citoyen dégoûté du comportement de certains de ses congénères.



La fin est inattendue avec son côté punk qui clôt parfaitement ce roman sombre et désenchantée. Percutant.





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Dolorès ou le ventre des chiens

Chronique difficile à écrire. le roman traite d'un sujet sensible, au coeur de l'actualité, les relations hommes/femmes, le sexe, le consentement, la domination.

L'auteur est du genre à dire : ami lecteur (précision je ne dis pas amie lectrice), je vais te mettre les points sur les I, les barres au T, les cédilles là où il en manque et les trémas là où tu les as oubliés.

Fin de l'avertissement, tu peux continuer.

Dolorès est une femme libre. Elle n'en peut plus de voir des hommes établis, la bedaine installée, la calvitie plus que naissante, le sexe défaillant, séduire et contraindre à leurs désirs inavouables de jeunes femmes souvent prises au piège.

Elle dit : « le ventre des chiens ou leur bite, c'est la même chose. Et vous le savez très bien. Vous nous faites crever, rapidement ou à petit feu, à coups de ventre, à coups de bite. Vous prenez toute la place. » ; elle rajoute pour ceux qui n'auraient pas compris : « le pouvoir ça voudrait faire le bien, mais ça fait toujours le mal. »

Dolorès n'est pas une militante, quand Pedro le compagnon d'armes de son grand-père, républicain espagnol réfugié en France après un attentat de l'ETA en 1975, lui dit « Tu es une merveilleuse étincelle sur un baril de poudre. Dolorès, une étincelle qui brille comme une étoile. », elle pense « je n'ai même pas essayé de lui répondre. »

Paradoxalement et c'est tout l'intérêt de la façon dont l'auteur traite le sujet, si Dolorès veut passer sous les radars, mener son combat pour elle-même, la police et la justice ne veulent pas non plus faire d'elle une pasionaria ou une martyre. Pas de vague. Pas de vague.

Dès le début de son incarcération, on dépêche Antoine Petit, un psychiatre inconnu pour faire en sorte que le combat de Dolorès soit présenté comme la conséquence de ses troubles personnels et de son instabilité. « Il était agaçant comme une mouche se posant sur le coin de la bouche. » dit-elle en le voyant.

Le lecteur découvre l'histoire de Dolorès au cours de ces entretiens. Tout sépare Antoine et Dolorès. Elle combat. Lui choisit de fuir dans l'alcool et la cocaïne. « J'ai sorti de ma poche ma petite boite métallique, ronde, incrustée de lapis-lazuli et j'ai rendu un petit hommage silencieux à Proust en préparant une poutre que j'ai reniflée de toutes mes forces. »

Le nom des deux personnages marque leur différence Dolorès Leal Mayor, (fidélité et grandeur) contre Antoine Petit, (sans commentaires).

Quand il lui propose l'écume des jours de Vian pour l'amener à se confier, elle revendique « Pas ça j'ai répondu. Je ne demande pas à un écrivain de m'aider à m'évader, je veux qu'il me montre où se trouvent les barreaux. »

Ils sont comme des droites parallèles, deux droites distinctes sont dites parallèles si elles n'ont aucun point en commun…pourtant au fur et à mesure des entretiens des points communs apparaissent. Leurs origines sociales modestes sur lesquelles ils ont capitalisé différemment. Qu'elle le veuille ou non, Dolorès a choisi la lutte comme l'a fait son grand-père. Antoine lui a choisi la promotion sociale mais il est un transfuge de classe honteux, quand son amie Zélie l'emmène à une fête chez des amis dans le 16ème, il répond :

- La bienveillance c'est facile dans un hôtel particulier.

- Tu parles comme ta Dolorès. Ou l'idée que je m'en suis fait.

- Tu as sans doute raison. »

L'auteur illustre son propos sur le consentement et la domination en opposant ses deux personnages suggérant que la lâcheté et la soumission des gens comme Antoine est un choix qui autorise tous les excès de pouvoir.

Pourtant la fin du roman nuance cette analyse laissant penser que le choix de Dolorès cache un certain égoïsme.

A lire assurément ! Lisez le et dites-moi ce que vous en pensez...

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Atmore Alabama

Il est difficile avec un récit si court de faire mouche à mes yeux surtout avec du roman noir, ou la plume trouve grâce à mes yeux ou cela n'est pas le cas. Ici la plume n'est pas désagréable à suivre mais je suis cependant resté totalement extérieure au récit.



Nous suivons ici un jeune homme complétement paumé qui erre aux alentours d'une prison, il fait la rencontre d'une jeune femme mexicaine paumé elle aussi, je n'ai pas du tout trouvé le récit novateur il est même plutôt très cliché, l'action se déroulant dans le fin fond de l'Amérique profonde, la rencontre de ces deux personnes se faisant d'une manière plutôt classique pour ce type de roman.



Une fin qui ne m'a pas emballé et un roman noir sans bon final je n'en vois pas tellement l'intérêt, un récit qui ne prend pas tellement de temps à lire vu son faible nombre de page mais pour lequel je ne garderai pas de souvenir durant un long moment.



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Comment glander au bureau en passant pour u..

Lu en version pdf, le livre est plutôt sympathique et très attirant de part sa couleur jaune et son titre à mourir de rire.

Attention, loin de moi l'envie de glander au boulot, ne vous y méprenez pas.

Seulement, je suis actuellement en recherche d'emploi et donc je passe mon temps à livre dans livre de développement personnel / développement au travail. Toutes informations est bonne à prendre.



Ce livre résume plutôt bien l'univers dans lequel j'évolue aujourd'hui : la jungle.

Sans foi, ni loi, c'est au "premier" que reviens tout les mérites, même si ce n'est pas lui qui a fourni tout le boulot.

Ce livre vous enseigne à survivre au milieu des lions en tirant votre épingle du lot et tout en étant basé sur des théories prouvées ou non et des "anecdotes" plus que loufoques.



Je recommande ce livre car il est plutôt sympa et drôle mais j'avoue ne pas avoir eu besoin de prendre trop de notes dans mon petit carnet...
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Atmore Alabama



Atmore Alabama de Alexandre Civicio



Roman noir de chez actes sud.

Autant j’ai aimé, autant j’ai détesté.

L’auteur nous décris la désillusion, la dépression dans un style poétique. Avec de vrai personnage, qui ont une vie, du vécut.

Le narrateur, un français en deuil, échoué au États-unis, attiré par la prison, en quête d’une arme. Et une jeune pute, Ève, Mexicaine, borderline.



Roman dense avec une fin qui me laisse perplexe, avec un ressentie d’un: « tout ça, pour ça. »
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La terre sous les ongles

Ce livre est le récit d’une grande souffrance et celui de la révolte finale d'un émigré de deuxième génération racontée d'une écriture crue, violente et efficace. Récit qui s’achève inévitablement tristement mais dans un apaisement d’une grande douceur.

Des phrases courtes, souvent sans verbes qui dessinent de manière forte l'atmosphère glauque de la fuite vers le néant de cet inadapté de la langue qu'il maîtrise pourtant parfaitement que ce soit la langue de son pays d'adoption ou celle de son pays d'origine.

Seulement voilà, il souffre de ce qu'il ressent comme un double ostracisme au vu de sa condition d'Espagnol émigré en France qui a appris le français de la classe ouvrière et celui d'un Andalou dont le parler épais se heurte au Castillan: "l'Andalou n'est pas une langue, pas un dialecte, juste une vilaine façon de parler l'espagnol" (p.60)

Totalement inadapté par, peut-être, une extrême sensibilité au regard des autres, une conscience aigüe de sa condition (réelle ou supposée) il ne cherchera pas à s’intégrer et finira par se révolter.

À souligner l'usage bien choisi du "tu" pour la narration du récit du fils et du "il" pour celle de celui du père. Dont on ne connaîtra le nom ni de l'un ni de l'autre et sans que cela soit d'une quelconque importance. Et à la fin, on peut se demander si l'acte commis a justifié la fuite ou s’il n’a été qu’un acte de bravoure à la mémoire de ce père qu’il a haï pour sa condition d’émigré, héros déchu à ses yeux d’enfant.

« Il te parlait parfois du camarade Staline, de la révolution qui là-bas avait vengé l’homme. Pourtant, ce n’est pas cela que, de manière diffuse, il t’inculquait. C’était bien autre chose. Réussite, confort, fuir l’usine. L’oublier. Sans jamais prononcer ces mots qui auraient fait de lui un esclave, un vendu, quoi. Tu as entendu pourtant.’ (p.44-45)

Excellent premier roman, même si parfois on s'essouffle face au rythme haché imposé par l'écriture. Mais, il est en fuite et le style sied à la course...

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Dolorès ou le ventre des chiens

Ces hommes sont riches, gras et gros de leur puissance que vomissent leurs bouches répugnantes. Dolorès Leal Mayor les séduit puis les crève uns à uns, ces porcs imbus d’eux-mêmes, dans un élan d’écœurement. Le regret est pour les faibles, et faible, elle ne le sera plus. Pas plus que ces femmes dont elle devient le modèle, le mentor d’une lutte contre le patriarcat, ces femmes qui poursuivent son action alors qu’elle est arrêtée et écrouée.

Alcoolique, cocaïnomane, Antoine, jeune psychiatre, se perd dans une vie à laquelle il ne trouve pas de sens. Enjoint à évaluer l’état psychique de Dolorès par une démarche pipée, il accepte et débute avec celle qu’il croyait insipide un dialogue aux multiples turbulences. L’échange sera celui du ressenti et de la perception livrant au jour les fragments d’une société ébranlée.

Le livre est bref et intense comme une course qui mange le souffle. On est happé par le gris de cet homme et de cette femme qu’une rage folle nourrit au cœur d’un monde inégal. L’auteur ne négocie pas : il tisse sa toile offrant à chacun d’eux une parole sans filtre aussi poignante que fracassante. Le résultat est sombre, vrai et la lecture forte.

Un roman original et entier.


Lien : https://aufildeslivresbloget..
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Dolorès ou le ventre des chiens

Un roman absolument étonnant, noir, dense et concis sur le face à face entre Dolorès, tueuse en série et Antoine, jeune psychiatre, cocaïnomane.



Dolorès n’a pas été violée, elle n’a jamais été victime d’agressions majeures et pourtant un jour, elle passe à l’acte et tue. Elle tue des hommes, des hommes plutôt riches, après les avoir séduit. Une dizaine de meurtre à son compteur, la rage au corps. Sans le vouloir, Dolorès devient une icône et fait des émules. Elle a ouvert la voie, des femmes tuent prenant conscience des abus des hommes et du pouvoir de l’argent. Un règlement de compte societal qui inquiète en haut lieu. Quand elle est arrêtée, on craint qu’un procès lui donne encore plus de visibilité. La justice charge alors un jeune psychiatre sans expérience et paumé de déclarer Dolorès irresponsable de ses actes.



Un texte sombre et rageux aux accents anarchistes sur une société fracturée et irréconciliable. Un texte qui se lit d’une traite, remarquablement écrit jusqu’à la conclusion surprenante.
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La terre sous les ongles

Depuis la sortie d’un garage parisien, un homme s'enfuit d’une traite dans une berline volée, lestée d’un paquet qui encombre son coffre, sur le long ruban autoroutier de Paris à Cadix, la ville de son père.



«Conduire la nuit t’est une plaie ouverte, purulente. Tes yeux suintent à scruter l’obscurité. Les phares puissants de l’automobile n’atténuent en rien cette appréhension permanente du prochain virage et de ce qui pourrait en surgir.»



Dans l’habitacle de cette berline confortable aux fauteuils de cuir gras, les souvenirs, émaillés de colère, de dégoût et parfois de tendresse, ressurgissent comme des bulles qui éclatent, l’histoire de son père immigré espagnol, l’humiliation reçue en héritage, l’enfance à la trajectoire coupée par le départ d’Espagne, et l’entrée au forceps dans la langue française, une langue qui refusait de se donner, comme une amante blessante et insaisissable.



«L’enfance a été banale. Toutes les enfances sont banales. Tes uniques points de comparaison étaient les copains du quartier. Arabes, Yougoslaves, Manouches, et Français. La plupart d’entre vous possédaient deux langues et méprisaient le pays d’origine. La langue des parents était chez tous une langue inculte, une langue au gout de terre, de poussière et de fuite, une langue crasseuse qui fait honte.»



La langue est le conducteur de ce récit d’une redescente dans les plis d’une mémoire douloureuse, après l'explosion d'une humiliation si longtemps ravalée et soudain métamorphosée en poussée de haine.



«Il faudra qu’il tente de la faire entrer dans sa bouche, cette langue française, mais elle résiste, trop grosse, trop épaisse, comme une énorme tranche de pain de mie.»



Le premier roman attachant et intense d’un écrivain à suivre.



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Atmore Alabama



Un français débarque à Atmore, Alabama, une petite ville de l’Amérique profonde.

Animé de souvenirs qui expliquent sa tristesse, il rode autour de la prison qui semble l’attirer de façon magnétique.

Je reste perplexe sur les tenants et les aboutissants du récit même si le style est à la hauteur pour décrire tristesse, désillusion et désespoir. J’ai eu l’impression d’une copie riche sur la forme mais d’un fond sans grand intérêt.

Dommage

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Atmore Alabama

J'ai trouvé très intéressant la description qu'a pu faire l'auteur de la désillusion, du désespoir et de la violence. Ce personnage principal atypique a connu une profonde blessure qui l'empêche d'avancer, tout en lui donnant en même temps un but ultime dans la vie. Nous nous doutons tout au long du roman qu'il va se passer quelque chose de grave, qui fera tout basculer.

Les personnages semblent complètement perdus et n'ont plus aucun espoir en rien. Nous découvrons des lieux isolés et désolés, une petite ville perdue au fin fond des États-Unis, avec rien à y faire, et des gens coincés dans leur routine maussade, une jeune prostituée droguée, fille de Mexicains venus illégalement, des ménagères enrobées et des hommes ivrognes et porteurs d'armes qui jouent au plus fort.

Je n'ai pas vraiment accroché avec l'histoire en elle-même ni avec le style de l'auteur, mais je suis intriguée par la fin !
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La terre sous les ongles

Une narration à la deuxième personne qui s’adresse à un homme filant sur l’autoroute en direction du sud-ouest : Bordeaux, Bayonne, puis l’Espagne, jusqu’à Cadix. Dans le coffre de sa voiture, un paquet qui « cogne au moindre virage. » On comprend vite que ce voyage signe une rupture avec le quotidien, un retour vers le pays du père. Ce père qui a fui le franquisme pour venir s’installer en France avant de pouvoir y accueillir sa famille. Les chapitres alternent le présent dans l’habitacle de la berline et le passé de l'histoire familiale. De stations-service en bars de province, de parkings de supermarché jusqu'à l'océan, le conducteur se rend là où "la terre se termine", là où il pourra enfin livrer son colis et lui redonner sa liberté...



Un premier roman qui n'a rien d'original mais se lit sans déplaisir. Le Road-Trip aux airs de déjà-vu se tient grâce à une écriture nerveuse, tendue, affûtée comme une lame. Les flash-back sur l'enfance et la trajectoire paternelle apportent un plus au récit, même si, là encore, on navigue en terrain connu. Une réflexion sur l'immigration, l'intégration, la langue, la misère, l'identité, la précarité. Un premier roman à lire d'une traite, entre deux péages (du moins si on est sur le siège passager). Court mais efficace. Court mais prometteur. Par contre, 15 euros pour 85 pages (75 pages même, puisque le texte commence à la page 11), même si je sais que les livres ne se vendent pas au poids, ça me semble excessif, vraiment excessif.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Atmore Alabama

À Atmore Alabama, pays des rednecks, des cerveaux étriqués et du poing facile, où l’on s’endort dans les brumes de l’alcool et les commentaires haineux et racistes de Foxnews, la ville est encadrée par deux mastodontes de béton, le casino, laissé à la gestion des indiens Creeks, comme un os à ronger pour les indigènes locaux, et le pénitencier, sur le parking duquel il ne fait même pas bon s’attarder. C’est dans cette cité-image d’une Amérique en pleine régression, hésitant entre l’adhésion à un certain fascisme moral et politique, assorti de xénophobie, et l’oubli dans les drogues, qu’est arrivé, comme au terme d’une quête, le narrateur de cette histoire. Et c’est là, s’installant chez l’habitant, l’hospitalière Mae au fils enfermé à vie dans le pénitencier, errant à travers la ville pour toujours ramener ses pas vers la prison, qu’il fera connaissance d’Eve, une pute mexicaine au grand cœur mais à la parole acérée, bientôt la condidente de ses états d’âme. Que vient faire ce Français dans ce trou perdu d’Amérique ? Le roman, petit à petit, le dévoile, mélangeant avec habileté l’évocation de la misère sociale et l’aveu des désarrois intimes, dans une langue taillée au couteau, une écriture de la nuit à peine constellée d’éclats d’humour et de formules acides ou tendres comme « Je la regardais, cette Amérique, et me suis dit qu’elle dégueulait d’Amérique », «j’ai envie de mettre ta tristesse dans ma tristesse comme on met une petite boîte dans une boîte plus grande », « ils pensent être le peuple. Ils ne sont que la foule », « là-bas, les alligators grouillent comme des masochistes à une distribution de baffes »… « Atmore Alabama », le nouveau roman d’Alexandre Civico, une allègre symphonie macabre, un des textes importants de cette rentrée littéraire, à paraître en septembre chez Actes Sud (collection Actes noirs). Par un écrivain, membre du collectif Inculte, dont les deux précédents textes, publiés chez Rivages, avaient déjà été très remarqués.
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Comment glander au bureau en passant pour u..

« Comment glander au bureau en passant pour un pro et autres techniques de survie en entreprise » propose un véritable arsenal de techniques pour se vendre, grimper les échelons, profiter des autres, éliminer des rivaux, bref devenir la pire des pourritures sans foi ni loi pour accéder à un surplus de petits privilèges matériels symboles aujourd’hui de la réussite dans ce monde corrompu.



Si comme moi, vous êtes rétif à leur emploi, les connaitre vous permettra au moins de ne pas vous faire manipuler et mettre en difficulté lorsque d’autres personnes y auront recours… ce qui après tout n’est peut être pas si inutile.



A réserver donc aux cyniques aux dents longues convaincus que pour réussir le seul moyen est de tuer père et mère…
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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Atmore Alabama

Une histoire intéressante, à double temporalité, qui a failli me perdre à certains moments, mais que j'ai assez apprécié tout de même.

Des personnages assez forts dans l'ensemble.

Trois femmes aux expériences de vie dures. Un homme ravagé qui cherche vengeance...

Un très bon moment de lecture même si ce fut compliqué parfois.
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La terre sous les ongles

J'ai découvert ce livre dans le journal l'Humanité, il y a quelques mois en arrière. Sa présentation m'avait fortement intriguée : Cette histoire d'immigration, de langue trop lourde à parler et à porter.



Comme tous les livres que j'ai adoré, je vais avoir énormément de mal à en parler. Alors je serais brève : C'est un livre incontournable, à lire de toute urgence !

Le style d'écriture, le choix du sujet, la manière dont il est traité avec cette sensation d'être à la place de mec (dont on ne saura jamais le prénom), tout est fait pour nous mettre mal à l'aise... Et à la fois, nous donner envie de rester agrippés au bouquin.



Quelle claque ! Ça n'est pas un livre drôle, loin s'en faut. Pourtant, je me suis facilement attachée au narrateur, à cette alternance entre lâcheté et courage quotidien.



Terriblement humain ! A lire de toute urgence, un roman qui sort des schémas stéréotypés.
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Atmore Alabama

Un français, qui part en Alabama à la recherche d'on ne sait quoi, hanté par des souvenirs qui se dévoilent tout au long du roman,

Une jeune mexicaine, pute et camée,

Un coin perdu au cœur de l'Amérique rurale.

Tels sont les ingrédients de ce roman noir d'ambiance diablement habile.



La narration se fait en chapitres alternés, sur deux échelles de temps différentes. L'une s'étale sur une trentaine de jours, l'un après l'autre, trente-trois jours qui mènent au Williams Station Day, le point d'orgue de la quête du "walking frenchman", raconté quasiment heure par heure.

On sent le désespoir dans ces pages, le malheur, on voit la misère sociale, l'étroitesse d'esprit. Même si Atmore Alabama est écrit par un français, on s'y croirait et pourtant on n'a pas envie d'y être... Ce n'est pas l'Amérique qui fait rêver, ce n'est pas celle où tout est possible.

Cette chronique désabusée est servie par une écriture nerveuse, traversée de rais de poésie brûlante, et par un rythme enlevé grâce aux chapitres courts.

Une belle découverte.
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La peau, l'écorce

Je n’ai rien compris.

L’écriture est certes poétique, le sujet - si l’on peut dire – semble assez philosophique, mais en fait je n’ai rien compris.

Vite lu, c’est un ouvrage d’une centaine de pages qui alterne deux situations : d’une part un homme dans un contexte de combat, avec d’autres hommes, pour récupérer un puits ; d’autre part un homme et sa fille de quatre ans reliés soudainement par un cordon ombilical !

On se situe dans une société imaginaire, peut-être future à la nôtre, peut-être autre.

Quel lien y a-t-il entre ces deux hommes ? C’est là que je n’ai pas compris.

Ou alors il n’y a rien à comprendre mais j’ai la sensation que si, alors j’ai imaginé certaines choses mais comme il n’y a rien ni personne pour confirmer ou infirmer mes suppositions, je reste dans l’expectative et ça, ça ne me plait pas du tout.

D’où ma conclusion : je n’ai rien compris.


Lien : https://chargedame.wordpress..
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La terre sous les ongles

ce livre, je l'ai lu en quelques heures-de nuit- et je n'avais de cesse que d'en voir la fin. C'est noir, morbide, et terriblement angoissant...

Et pourtant, le style en est clair, soigné, l'auteur tutoie son héros et le rend ainsi très proche de nous.

C'est une histoire de cavale, avec un cadavre dans le coffre de la voiture.

Au fur et à mesure que les kilomètres défilent, l'angoisse monte jusqu'à l'évidence de la mort.

Mais en cours de route, l'auteur s'adresse à son héros, l'aide à reconstruire son histoire, à mettre des mots sur ses souffrances, à expliquer son geste.
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Dolorès ou le ventre des chiens

Intriguée par ce livre, je me suis laissée guider par cette lecture rythmée me demandant où cette histoire allait me mener. Sauf qu'une fois terminée, je n'ai toujours pas compris... C'est noir, très critique envers notre société - c'est d'ailleurs ce qui m'a attiré - mais j'ai trouvé ça gratuit, comme un règlement de compte qui ne mène à rien.



Bref je suis peut-être passé à côté de quelque chose mais, même si je n'ai pas trouvé la lecture déplaisante, je ne saurais comment le recommander à d'autres lecteurs.
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