ANTONY : Vous êtes donc heureuse, madame !…
ADÈLE : Oui, heureuse…
ANTONY : Moi aussi, Adèle, je suis heureux !…
ADÈLE : Vous !…
ANTONY : Pourquoi pas ?… douter, voilà le malheur ; mais lorsqu’on n’a plus rien à espérer ou à craindre de la vie, que notre jugement est prononcé ici-bas comme celui d’un damné… le cœur cesse de saigner… il s’engourdit dans sa douleur… et le désespoir a aussi son calme, qui, vu par les gens heureux, ressemble au bonheur… Et puis, malheur… bonheur… désespoir, ne sont-ce pas de vains mots, un assemblage de lettres qui représente une idée dans notre imagination, et pas ailleurs… que le temps détruit et recompose pour en former d’autres…
Acte I, Scène 6.