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Critiques de Alexandre Friederich (8)
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Fordetroit

Ayant été à Détroit lorsque les usines tournaient encore, j'étais curieuse de lire ce que l'auteur pouvait m'apprendre de "l'après". Cette lecture ne correspond pas du tout à ce que j'attendais. Toutefois j'en ai apprécié l'écriture et l'analyse des différents personnages qui révèlent l'Amérique cachée, celle hors des sentiers battus, celle que j'ai eu la chance d'entrevoir.

Un livre que je classe dans les OVNI littéraires !
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Fordetroit

Après avoir lu le dernier Reverdy, j'ai eu envie de retourner à Detroit. Ça tombe bien, le Suisse Alexandre Friederich y a passé quelques temps l'an dernier. Au cœur du désastre, il a parcouru les quartiers sinistrés à vélo, ne pouvant que constater l'ampleur des dégâts. Une ville frappée de plein fouet par la crise économique, symbole de l'échec du capitalisme. Une ville désertée par ses habitants (la population est passée de 1,5 millions à 700 000 âmes), une ville devenue la proie des flammes (« A Detroit les incendies sont constants.Pas une minute ne se passe sans que les flammes ne ravagent une partie de la ville. »), une ville où se succèdent les bâtiments désaffectés et où le taux de criminalité est le plus élevé du pays.



L'auteur est persuadé qu'à Detroit, la fin du monde a déjà eu lieu. C'est pour lui un laboratoire dans lequel il va pouvoir étudier l'avenir de l'humanité. Logeant chez l'habitant, il déambule dans une ville fantôme à la recherche des formes de vie ayant survécu à l'apocalypse. Il va croiser des junkies, des SDF, des chômeurs, des éclopés en tout genre.Mais aussi des citoyens ayant conservé une once d'espoir, ayant fait de la débrouille et de l'autogestion leur raison d'être. Des gens debout face à la tempête : « On a l'impression par ici que ce qui se passe est une des images de l'avenir. Et cependant, la vie continue. »



Avec Friderich, pas de plans larges sur les ruines, pas une vue d'ensemble de la catastrophe mais une plongée digne d'un ethnologue, au plus près des lieux et des gens. Ni fiction, ni carnet de voyage, ni reportage, ce texte inclassable est traversé par de très beaux passages : « Quel jour sommes-nous ? Un jour ouvrable, un jour de semaine. Difficile à croire. Tout est enfoui, abstrait, cataleptique. Au-dessous du niveau des émotions. Ici dans le centre, après les fastes de la production et le capitalisme conquérant, les retombées sont catastrophiques : le puits de langage est soufflé, les forces vitales défaites, le sens perdu. Une révolution dramatique. L'homme a déserté la scène. Le silence occupe la place. »



Alors que Reverdy était dans le « pendant » de l'écroulement de la ville, au début de la crise des subprimes en 2008, Friederich est lui dans « l'après ». Il déploie au fil de sa traversée à vélo la maquette du monde à venir, un monde qui, bien que frappé en plein cœur, ne cesse de renaître de ses cendres. Une réflexion lucide, optimiste et d'une grande beauté.



http://litterature-a-blog.blogspot.fr

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Easyjet

Récit de voyage? Enquête sociologique? : L'auteur achète 14 billets d'avions easyJet pour faire le tour de l’Europe en 20 jours, sans quitter les aéroports. Bienvenue dans le cauchemar climatisé du tourisme de masse ! A la manière de Cortazar qui avait écrit Les autonautes de la cosmoroute (l'auteur passait un mois à voyager sur les autoroutes de France sans jamais en sortir), Alexandre Friederich réactualise la démarche avec le transport aérien. Son petit essai pointe du doigt bien des travers de notre société contemporaine sans être pontifiant pour autant. A travers la biographie de la société Easyjet il constate à la fois les apports mais aussi l'aliénation d'une nouvelle sorte de nomadisme. Un petit livre fort intéressant...
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Easyjet

Le petit livre orange que je tiens entre les mains avait peu de chance que je l'achète si une chronique n'en avait pas été faite dans Les lectures de Salomé Kiner (sur Le Mouv'). Fin en épaisseur et au titre m’évoquant en premier lieu de la publicité gratuite pour la grande firme, je ne suis normalement pas très friande des deux conjugués. Oui mais voilà, le propos m'a interpellé.



L'auteur a pris 17 fois l'avion en l'espace de 20 jours. Et toujours avec l'un des bestsellers de l'aviation low-cost, j'ai nommé EasyJet. Il dresse un intéressant panorama du voyage, rendu plus facile du fait du faible coût. Depuis 1995, date d'implantation du géant, l'entreprise qui a deux sièges, l'un à Luton en Angleterre, l'autre à Genève, a eu de beaux jours devant elle. Avec une moyenne de 200 appareils et un remplissage total d'environ 83%, l'entreprise peut se targuer de faire voyager les foules, toutes populations confondues. Avec 120 destinations, EasyJet a ouvert le marché à l'Europe et rendu possible les flux réguliers vers une maison de vacances, un parent ou une ville "inconnue" (Tallinn, Ljubljana...). Le transport aérien s'est donc démocratisé et, comme il l'explique bien, il ne viendrait plus à l'idée de quiconque de raconter un vol puisque les trajets sont désormais monnaie courante.



Alexandre Friederich raconte, dans une succession d'anecdotes, les différents vols (car sociologiquement ils révèlent des tendances et sont caractéristiques de migrations, dues aux crises secouant différents pays). Il voyage avec des Grecs puis des Espagnols n'ayant pris qu'un aler simple, espérant trouver du travail ailleurs. Il raconte les formalités et petits rouages qui obligent les passagers à se plier à des contraintes souvent dégradantes : bagages passées au peigne fin, nourriture surévaluée, attente et retard courants.



Je ne suis ni une voyageuse régulière ni une pro (ni même anti) EasyJet mais le pont de vue adopté par Alexandre Friederich permet un balayage sociologique du transport aérien. Il n'est pas tout à fait à charge contre le géant orange car il cerne, avec ce cas d'école, les logiques du marché, les restrictions liées au coût, les avantages d'un périple simplifié.



C'est très instructif et ça donne le goût de voyager aussi ! Quitte à être pris pour un poulet (cf. citation) !
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Fordetroit

Choses vues à Detroit, en 2014, après la crise. Le tableau est apocalyptique, le silence règne dans les rues du centre-ville (y-a-t-il des gens dans les tours?). On y est, grâce à la description des lieux, malheureusement les personnages sont trop désincarnés pour saisir l'ensemble.
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Fordetroit

Après avoir lu le dernier Reverdy, j'ai eu envie de retourner à Detroit. Ça tombe bien, le Suisse Alexandre Friederich y a passé quelques temps l'an dernier. Au cœur du désastre, il a parcouru les quartiers sinistrés à vélo, ne pouvant que constater l'ampleur des dégâts. Une ville frappée de plein fouet par la crise économique, symbole de l'échec du capitalisme. Une ville désertée par ses habitants (la population est passée de 1,5 millions à 700 000 âmes), une ville devenue la proie des flammes (« A Detroit les incendies sont constants.Pas une minute ne se passe sans que les flammes ne ravagent une partie de la ville. »), une ville où se succèdent les bâtiments désaffectés et où le taux de criminalité est le plus élevé du pays.



L'auteur est persuadé qu'à Detroit, la fin du monde a déjà eu lieu. C'est pour lui un laboratoire dans lequel il va pouvoir étudier l'avenir de l'humanité. Logeant chez l'habitant, il déambule dans une ville fantôme à la recherche des formes de vie ayant survécu à l'apocalypse. Il va croiser des junkies, des SDF, des chômeurs, des éclopés en tout genre.Mais aussi des citoyens ayant conservé une once d'espoir, ayant fait de la débrouille et de l'autogestion leur raison d'être. Des gens debout face à la tempête : « On a l'impression par ici que ce qui se passe est une des images de l'avenir. Et cependant, la vie continue. »



Avec Friderich, pas de plans larges sur les ruines, pas une vue d'ensemble de la catastrophe mais une plongée digne d'un ethnologue, au plus près des lieux et des gens. Ni fiction, ni carnet de voyage, ni reportage, ce texte inclassable est traversé par de très beaux passages : « Quel jour sommes-nous ? Un jour ouvrable, un jour de semaine. Difficile à croire. Tout est enfoui, abstrait, cataleptique. Au-dessous du niveau des émotions. Ici dans le centre, après les fastes de la production et le capitalisme conquérant, les retombées sont catastrophiques : le puits de langage est soufflé, les forces vitales défaites, le sens perdu. Une révolution dramatique. L'homme a déserté la scène. Le silence occupe la place. »



Alors que Reverdy était dans le « pendant » de l'écroulement de la ville, au début de la crise des subprimes en 2008, Friederich est lui dans « l'après ». Il déploie au fil de sa traversée à vélo la maquette du monde à venir, un monde qui, bien que frappé en plein cœur, ne cesse de renaître de ses cendres. Une réflexion lucide, optimiste et d'une grande beauté.




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Fordetroit

Dans un style quasi journalistique, l'auteur nous parle de la ville de Détroit. Il y croise des gens désabusés, marginalisés, parfois dangereux, vivant comme des zombies dans cette non-ville, qui fut jadis le temple de l'industrie automobile. Mais les habitants, malgré tout, gardent espoir. Ou plutôt se sont résignés et se débrouillent comme ils peuvent. Potager, conserves de légumes, petite combines. L'écriture est intéressante aussi. On apprend des choses, informations bien distillées dans le récit. C'est un texte très court... J'ai parfois eu l'impression de survoler, de rester en surface. Auteur à suivre...
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Fordetroit

Pour Alexandre Friederich, Detroit représente le monde à venir. Son essai sur la ville d'Henry Ford, il le propose comme un récit de voyage, mais un voyage sans GPS, sans carte, sans boussole, une dérive au milieu des restes, des ruines, des épaves et des égarés qui y survivent. Autrefois ville industrielle florissante, Detroit a perdu plus de la moitié de sa population entre 1950 et 2010, laissant ainsi plus de 70'000 bâtiments à l'abandon. Déclarée en faillite en 2013, Detroit est aussi devenue le décor naturel parfait pour tourner des films (voir le très bon Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch par exemple) et attire beaucoup de touristes qui, sans le savoir peut-être, voient le monde de demain dans ce miroir inversé du rêve américain. Alexandre Friederich n'est ainsi pas le premier à être allé se promener à Detroit pour en tirer un récit de cette expérience proche - s'il fallait faire une comparaison - d'une visite de Hambourg ou Berlin en 1946 (lire Automne allemand de Stig Dagerman). Mais Fordetroit est singulier parce qu'il donne à rencontrer les habitants là où d'autres se concentrent sur les ruines uniquement... "Comme je suis coiffé, douché, disponible, pas saoul, du moins pas la journée, et blanc, que je porte des bermudas, un T-shirt à un dollar et des chaussures, les éclopés lèvent sur moi des regards étonnés" (page 32). Alexandre Friederich rencontre des personnes sonnées comme par un coup de poing dont ils n'arrivent pas à se remettre ; il les décrit "comme pris de vertige", mais il y a aussi ceux qui croient encore en l'avenir, comme cet homme qui montre de la main l'étendue de la ville, même s'il ne trouve pas les mots pour décrire cet avenir qui reste ainsi un geste, vague, sans explication - ou alors n'y a t-il plus de mots, ni d'explication, juste un espoir mutique ? L'auteur, lui, pressent "que l'art est la seule issue" (page 96). Et puis au hasard d'une fin d'après-midi très chaude, il tombe sur la plus grande librairie du monde (à ce sujet, lire aussi les récits de fiction de Vincent Puente "Le corps des libraires" dont la première histoire se passe à Detroit!) comme un mirage au milieu du désert, un mirage en forme de labyrinthe. Bien plus tard encore, un de ses interlocuteurs lui déclare "... bref, ça fait du bien de parler"; or c'est bien par ce genre d'anecdote que ce livre gagne en valeur et qu'il n'est pas un livre SUR Detroit, mais POUR Detroit.
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