JJDA - Alexandre Grondeau - Génération H, Linvité du 04/02/2013
Les troubles de l'humanité ne changent pas, ce sont les mots pour les décrire qui évlvent au gré des civilisations et des époques. La nôtre se cache derrière des mots bien pensés, des phrases bien construites , un ton posé et calme pour donner l'impression que nous maitrisons notre destin. Grand-père n'a pas Alzheimer, il perd la tête ; Maman n'a pas un cancer, elle est gravement Malade ; Papa n'est pas mort, il est parti là-haut ; Jean-Phi n'est pas psychotique et maniaco-dépressif, il est bipolaire. J'aimerais tirer au bazooka sur toutes ces conventions sociales, une bonne fois pour toutes, histoire qu'on puisse enfin se regarder dans le blanc des yeux, montrer ce qui se cache dans nos coeurs, dans nos âmes, mais tout cela est peine perdue. L'humanité poursuit sa route et l'hypocrisie bien-pensante l'accompagne sans doute.
La vie est dure, la vie est belle. On y souffre, on y baise, on s'y oublie, on s'y perd.
"Les vies se croisent, les destins se séparent, les affinités d'un moment disparaissent comme se gravent les souvenirs dans mon coeur."
France, regarde le visage de ta jeunesse. Le monde a changé ne vois-tu pas ?
Le deuxième tome de Génération H est sorti en librairie le 26 mai dernier aux éditions La Lune sur Le Toit.
Après deux ans d’attente, le tome 2, Alexandre Grondeau nous invite à découvrir Sacha et ses potes qui ont grandi, la ganja, la fête, le sexe et la musique reste cependant un élément central de leur vie. Cependant, le temps fait son œuvre et Sacha se rend compte que petit à petit, les choses changent, sa bande de potes s’étiole avec le temps.
Un roman empreint d’une certaine mélancolie, Sacha ne croit plus en ses rêves d’antan, il suit cependant un chemin de traverse pour ne pas être comme ces bourgeois qu’il exècre. Il contourne la vie pour continuer à être ce qu’il est.
Je ne suis pas forcément d’accord avec la dichotomie que l’auteur fait sur le monde à travers son personnage de Sacha, d’un côté les bourgeois réacs et de l’autre les jeunes étudiants cools, tolérants qui se défonces. Mais cette même remarque, je l’avais déjà fait à la lecture du premier tome.
Malgré une thèse avec laquelle je ne suis pas forcément d’accord, force est de constater que l’auteur nous plonge dans cet univers « Underground » avec une bande son qui nous plonge entièrement dans l’histoire.
Même si j’ai eu du mal à me reconnaître dans Sacha, car oui, étudiant, j’avais plus la tête dans les livres qu’un spiff à la main… Les choses sont ainsi faites, j’ai passé un très bon moment de lecture et il faut reconnaitre à l’auteur une très belle plume.
Ce ne sont pas les plus forts qui survivent, ni les plus riches qui sont les plus heureux, mais bien les hommes capables de s'ajuster aux aléas de la vie sans perdre de vue que seul leur épanouissement personnel comptera à la fin. En te disant cela je ne suis ni cynique ni aigri, je suis conscient de l'avoir compris trop tard.
Enfant du colonisateur et de la colonisée, il est de tous les mondes et de nulle part aussi, tant il est dur pour lui de trouver une place dans une société binaire où tout doit être justifié. Lui, l'enfant, trop noir pour les uns et trop blanc pour les autres, qui avait du mal à être accepté par ses différents entourages. (...) Lui, le séducteur impénitent que la presse anglaise appelait la Bête quand elle le voyait au bras d'une Miss Monde. Lui, le rude boy jamaïcain dont le destin universel se rapprochait autant du pasteur Martin Luther King que de celui de Malcolm X. Lui, l'adepte du Do It Yourself et auteur de Rat Race (1976) qui s'est imposé dans le monde de la musique blanche et capitaliste (ce contre quoi beaucoup de ses chansons luttent)... Bob Marley embrasse nombre de paradoxes de l'humanité pour les dépasser. Ce que certains envisagent comme une fragilité, une vulnérabilité, ou pire une faiblesse ou une infériorité, le Tuff Gong en fait une arme de construction massive.
Le chanteur identifie le métissage comme une véritable force imposée par le Très Haut. Son dieu n'a jamais fait de différence de couleur entre les gens, l'humanité s'en est chargée toute seule, en se trouvant des personnes capables de hiérarchiser les êtres humains en fonction de leur couleur de peau.
Maintenant qu'on lui offrait le Paradis et qu'il connaissait les secrets de l'Enfer, il préférait mille fois se damner et retomber dans les souffrances du quotidien et les bassesses du monde, pourvu qu'elles soient partagées. Toute l'absurdité de son ordinaire, ses petits malheurs, ses grands chagrins, valaient plus partagés que la paix ou la sérénité éternelle mais solitaire.
Certains messages sont durs à accepter, mais la musique rend ça plus facile.
Pour une fois que le cinéma ne diabolise pas la jeunesse populaire et cherche à la décrire comme elle est à défaut de la comprendre.