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3.82/5 (sur 245 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Rueil-Malmaison , 1975
Biographie :


Alexandre Kauffmann est né en 1975 à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine).

Il passe son enfance dans le 14e arrondissement de Paris. À la fin des années 1980, il se passionne pour le mouvement des graffitis qui envahit la capitale. Il suit des études de philosophie à la Sorbonne, puis rejoint l'Institut d'Études Politiques de Paris.

En 1999, dans la continuité de ses études, il se rend à Madagascar pour apprendre la langue de l'Île Rouge. Sur les hauts-plateaux, il rédige un recueil de nouvelles retraçant le destin brisé de cinq Malgaches, Mauvais Numéro (Prix Alexandre Vialatte 2001).

En 2003, à la recherche des racines africaines de Madagascar, il gagne le Mozambique. Ce voyage sera à l'origine d'un premier roman, Le faux-fuyant. En 2004, il part à Bangkok pour enquêter sur les backpackers, routards du nouveau millénaire. Cette enquête fera l'objet d'un récit, Travellers.

En 2017, suite à un article sur les overdoses à Paris dans le journal Le Monde, les toutes jeunes éditions Goutte d'Or lui proposent d'écrire un livre sur le sujet, paru en 2018 sous le titre 'Surdose'.

Il vit aujourd'hui dans le 20e arrondissement de Paris et travaille comme reporter freelance dans le domaine du voyage et du tourisme.

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Source : http://www.equateurs.fr
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Bibliographie de Alexandre Kauffmann   (13)Voir plus


Entretien avec Alexandre Kauffmann, à propos de son ouvrage Surdose


09/04/2018



Vous avez côtoyé des agents de la brigade des stupéfiants, section Surdoses spécialisée dans les morts par overdose, pendant des mois. D`abord pour un article et ensuite pour ce livre. Qu`est-ce qui vous a le plus surpris chez ces fonctionnaires de police ? Certains d`entre eux prennent sous votre plume des airs de personnages de polar…

Ce qui m`a le plus impressionné chez les enquêteurs de cette unité, c`est la distance neutre et polie qu`ils parviennent à placer entre eux et leur « sujet », c`est-à-dire les victimes d`overdose et les familles en quête d`explications. Les membres du groupe vivent dans l`intimité quotidienne de la mort et peuvent être appelés au milieu de la nuit pour prendre un cadavre en charge : le plus souvent, ce n`est pas pour ces raisons qu`on entre à la brigade des stups. C`est sans doute ce qui explique le profil atypique de ces enquêteurs : Patrick, le chef de l`unité, voulait être vétérinaire, il a découvert sa vocation sur le tard – aujourd`hui, il ne s`imagine pas faire un autre métier ; Mika a décroché une maîtrise de chimie à Lyon, puis il est entré dans la police judiciaire car la vie de laborantin l`ennuyait ; Émilie, quant à elle, connaît le 93 underground comme sa poche, elle est sans doute l`une des seules brigadières de France qui slame à ses heures perdues… Cette équipe attachante officie dans les régions intermédiaires de la capitale, entre fièvres, délires et convulsions.



Surdose dresse un portrait sociologique de Paris et sa banlieue, où dealers, policiers et clients se croisent. Un petit monde tournant autour de la drogue, que vous avez pu observer sous toutes ses coutures. Est-ce que cette position de spectateur n`était pas trop difficile à tenir dans des situations mettant en jeu l`intimité de personnes inculpées ou auditionnées ?

Mon statut aux côtés de l`unité était assez flou : parfois on me présentait comme un vieux stagiaire du Parquet, d`autres fois comme un « collègue de la brigade ». Mais ma présence intriguait toujours les suspects : j`étais la seule personne à les vouvoyer après être entré chez eux au petit matin à coup de bélier… Dans le domaine des procédures judiciaires, il est impératif d`être d`une discrétion absolue, car le monde qui rassemble policiers, dealers et journalistes est minuscule. Au 36, on collecte beaucoup d`informations intéressantes et confidentielles sur ses contemporains… Quelques années avant mon immersion, l`un de mes copains d`enfance, devenu toxicomane, a ainsi été arrêté par l`unité Surdoses. Je me suis par ailleurs rendu compte que des amis d`amis, dealers à la petite semaine, connaissaient bien ce groupe du 36. Plus improbable encore : pendant l`année que j`ai passée au sein de l`unité, une overdose est survenue dans ma propre rue, à vingt numéros de mon immeuble… Un Chilien qui avait succombé à une injection de cocaïne par intraveineuse. Son visage n`était plus qu`un amas d`asticots… Au sein d`une unité de police, on apprend vite à être méfiant et à cloisonner les mondes dans lesquels on évolue.



On retrouve d`ailleurs une part de votre biographie dans le récit, concernant des débordements dus à votre consommation d`alcool excessive il y a quelques années, dont des antécédents judiciaires. Dans quel état d`esprit avez-vous entamé l`écriture de ce livre ? Et comment l`avez-vous achevée ?

J`ai découvert l`univers de la police en garde-à-vue, depuis des cellules de dégrisement… Lorsque j`étais plus jeune, buvant pour faire la fête, je perdais totalement la mémoire et cherchais désespérément des ennuis dans la ville, tel un spectre querelleur et amnésique… Il m`est souvent arrivé de me réveiller en cellule sans avoir aucune idée des événements qui m`y avaient conduit… Je prenais connaissance de mes méfaits au fil des auditions. C`est une impression atroce, comme si on était foutu à la porte de sa propre vie. J`ai totalement arrêté de consommer de l`alcool depuis plusieurs années, ce qui m`a fait économiser beaucoup de temps, d`argent et de paroles légères. De ces virées nocturnes, j`ai gardé une sorte d`empathie pour les suspects de l`unité qui portaient des menottes : je n`ai jamais oublié que j`aurais pu me trouver à leur place. Une seule journée dans un service de police offre une matière romanesque d`une étonnante richesse. Comme au début de l`écriture de Surdose, je garde une curiosité intacte pour les tranches de vie qui se dévoilent au fil des procédures.



Dans ce cas précis des morts par overdose, vous expliquez que « le consommateur est à la fois coupable et malade » et que « l`addiction est ainsi devenue la seule maladie punie par a loi ». A quoi s`ajoute le statut de victime lorsqu`il y a décès, et que la police se met à chercher un fournisseur de substance à inculper. Si bien que même un suicide donne lieu à une enquête et une arrestation d`un dealer, jusqu`à l`absurde…

La loi française sur les stupéfiants est en effet infantilisante, archaïque, incohérente et schizophrène. Elle reconnaît explicitement que les individus qu`elle punit sont malades. Par ailleurs, dans le texte – « de jure » –, elle ne fait aucune différence entre l`héroïne et le haschisch. Cette loi de 1970 ne peut que faire figure de mystère pour les adolescents d`aujourd`hui : pourquoi certaines drogues, l`alcool ou le tabac, sont-elles légales ; et d`autres, le haschisch ou les champignons hallucinogènes, sont-elles considérées comme illicites ? Il s`agit d`une classification arbitraire, qui repose sur de simples habitudes culturelles. Les lois sont d`autant plus respectées qu`elles sont comprises par les citoyens : c`est loin d`être le cas au sujet des drogues… Depuis les années 1970, la répression contre les stupéfiants a amplement montré ses limites : elle se résume à vider l`océan à la petite cuillère.



Plusieurs fois dans Surdose vous citez des chiffres et semblez plaider pour moins de répression si on veut lutter efficacement contre l`addiction aux drogues, ou du moins une dépénalisation responsable. Qu`est-ce qui retient encore, selon vous, l`Etat français de légiférer dans ce sens et de suivre l`exemple des Pays-Bas ou du Portugal ?

Le seul exemple du Portugal, qui s`est contenté de dépénaliser l`usage des drogues en 2000, prouve la vanité de la répression : dans ce pays, le nombre d`héroïnomanes a été divisé par deux. Surtout, les toxicomanes ne sont plus stigmatisés comme des criminels. Par conséquent, ils se tournent plus volontiers vers les structures médico-sociales susceptibles de les aider. Beaucoup de drogues peuvent être dangereuses en l`absence de prévention : les laisser dans l`ombre de la clandestinité et de l`ignorance ne résout rien… Il faudrait un peu plus de courage politique pour réformer de fond en comble une loi moyenâgeuse.



Alexandre Kauffmann à propos de ses lectures



Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire ?

Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire.



Quel est le livre que vous auriez aimé écrire ?

Baltimore de David Simon.



Quelle est votre première grande découverte littéraire ?

Quatre-vingt-treize de Victor Hugo.



Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

Illusions perdues d`Honoré de Balzac.



Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

Tous les livres de Marc Lévy, que je me permets de critiquer sans les avoir lus !



Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

À marche forcée du Polonais Slavomir Rawicz (Phébus), époustouflant récit d`une cavale dans les déserts d`Asie centrale au milieu du siècle dernier.



Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?

Toute l`oeuvre de Fernando Pessoa, que je trouve artificielle et geignarde.



Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

Un vers de Johann Wolfgang von Goethe : « Bienheureux qui du monde / Se retire sans haine ».



Et en ce moment que lisez-vous ?

Faire Mouche de Vincent Almendros, tellement particulier et lapidaire qu`on a parfois l`impression que ce texte est écrit dans une langue étrangère !



Découvrez Surdose d`Alexandre Kauffmann aux éditions Goutte d`Or :






Entretien réalisé par Nicolas Hecht.





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Video et interviews (1) Voir plusAjouter une vidéo

Alexandre Kauffmann : Influenza
A la Cité Internationale Universitaire de Paris, Olivier BARROT reçoit Alexandre KAUFFMANN pour son roman intitulé "Influenza", l'histoire d'un trentenaire qui revient à Paris après avoir travaillé plusieurs mois en Bretagne. Délaissé par ses amis, il voit apparaître sur son corps de curieux symptômes.

Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Les archers d'Eyasi cherchaient une vie simple et frugale. Ils se tenaient loin de la profanation matérielle du monde. Quelque chose les décevait dans l'univers des hommes qui accumulaient des richesses. Devinaient-ils, même inconsciemment, les tourments des sociétés sédentaires, les inégalités, la coercition, les maladies ? Il y avait là un accord impénétrable. Une forme de délivrance.
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Un hôpital psychiatrique, depuis longtemps en travaux, avait enfin ouvert dans ma rue. Un paquebot troué de fenêtres à verres miroirs. La nef des déglingos. Les patients y gémissaient du matin au soir. Une femme à la voix éraillée avait hurlé la même phrase pendant plusieurs jours. "Du thé et du pain rassis ! Du thé et du pain rassis !" A tel point qu'il m'était devenu impossible de boire du thé sans penser à du pain rassis.
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Son portable vibre sur le tableau de bord. Deux mots apparaissent sur l'écran : « LOW BATTERY ». Godwin surveille le téléphone d'un air anxieux, comme s'il craignait qu'il lui pète à la gueule, avec tout un tas de textos salaces et de conversations mensongères. « Je ne te répondrai certainement pas, souffle-t-il sur un ton menaçant. Pas à toi, ma belle. » Il balance la tête avec un sourire bravache.
- Elle m'a déjà menacé plusieurs fois de parler à ma femme. Elle ne le fera plus, elle m'aime trop.
- Low Battery, c'est une femme ?
- Je l'ai enregistrée comme ça dans mon répertoire. Quand elle m'appelle et que je suis sous la douche, ma femme se contente de brancher le téléphone sur le chargeur.
- Pas con.
(p. 26)
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«  La violence et la démesure que je trouvais moi- même dans l’alcool m’affranchissaient des règles communes, libérant une part inconnue, reptilienne , de mon être.
Dans ces ablutions sauvages se cachait peut - être une forme de vérité » …
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«  Ce qui est un jeu pour le golfeur
est un travail pour le caddy. »


Eddy Goffman
Les Cadres de l’expérience ( 1974 ) .
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Dans le cas de Florence, quelle que soit la réalité de ces symptômes, elle se considérait à l'évidence comme une victime avant le 13 novembre. Victime de problèmes de santé, d'abandon, de solitude. En inscrivant cette souffrance intime dans l'épreuve historique du Bataclan, elle espérait lui offrir une reconnaissance universelle.
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- Tu as d'autres cadeaux?
Dois-je lui expliquer que dans mon pays, quand on reçoit un cadeau, il est déplacé d'en réclamer un autre? Ces mots ont-ils un sens dans une société où tout est à tout le monde? Où le droit de propriété est une notion exotique? Où un simple regard sur la viande du voisin suffit pour obtenir une part?
p117
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Contrairement à la plupart des espèces animales, l'homme a la faculté de modifier l'état de sa conscience. Il en use pour se déprendre de lui-même. Ces absences paraissent indispensables à la vie en société, à la tolérance de soi et des autres. La violence et la démesure que je trouvais moi-même dans l'alcool m'affranchissaient des règles communes, libérant une part inconnue, reptilienne, de mon être. Dans ces ablutions sauvages se cachait peut-être une forme de vérité.
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Incarcéré à plusieurs reprises,l'homme connaît les méthodes de la police et s'entoure de précautions.Il utilise des "puces merguez" pour communiquer avec les petites mains et des téléphones satellitaires pour les affaires plus importantes .Le commandant a demandé l'autorisation de faire sonoriser l'A6,opération qui consiste à poser un micro dans le véhicule."Le week-end prochain,dans la nuit de samedi à dimanche,c'est le bon moment,a jugé le chef de groupe.On entrera directement par le parking,ni vu ni connu."Les enquêteurs ont exigé un double des clefs auprès du constructeur automobile ,avant de réserver une équipe de la CAT,la cellule d'assistance technique de la PJ.
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Ses avis s'inscrivaient dans une approche "évolutionniste" aujourd'hui considérée comme la maladie infantile de l'anthropologie.
A ses débuts, au XIXeme siècle, cette discipline soutenait en effet que toutes les sociétés évoluaient selon le même schéma: de la sauvagerie à la civilisation en passant par la barbarie. Le feu, la céramique, l'arc et les flèches relevaient de l'état sauvage; l'essor de l'agriculture et le travail des métaux marquaient le passage à la barbarie; enfin, l'apparition de l'écriture signait l'entrée dans la civilisation.
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