Storia Voce - 28 février 2018
1789: les derniers jours de Versailles.
Nous croyions tout savoir sur 1789. Dans son livre Les derniers jours de Versailles, Alexandre Maral nous prouve le contraire. Au jour le jour, nous suivons les témoignages des contemporains: acteurs ou observateurs de cette année sans pareille. Il est interrogé par Christophe Dickès.
Publié pour la première fois en 1770, l'ouvrage de Mercier "L'an 2440, rêve s'il en fut jamais" est l'objet d'une réédition en 1791. Un fameux passage concerne Versailles, devenu une "ruine purificatrice"
C'est l'intraitable refus de compromis de la part de la noblesse qui a poussé les députés du tiers état à se radicaliser - comme l'écrit le député Lally-Tollendal en 1790, "les communes voulaient conquérir, la noblesse voulait conserver, le clergé attendait qu'il y eut un vainqueur pour s'en faire un allié."
Cet exemple moral a également impressionné Madame Palatine, qui écrit le 26 septembre à Leibnitz: "On ne saurait mourir avec une fermeté et une résolution plus grandes que Sa Majesté. Huit jours durant il a vu la mort en face, sans montrer la moindre frayeur. Il était aussi calme que s'il allait simplement entreprendre un voyage à Fontainebleau. Je trouve que Sa Majesté a été plus grande encore dans la mort que dans la vie.p.275/276
Art de la bonne mort:
C'est en roi très chrétien que Louis XIV voulut mourir. Pénétré du sens de l’État et conscient de conclure un règne glorieux, in conçut sa mort comme une illustration souveraine de l'ars moriendi, cette science de la bonne mort encore perfectionnée au cours du XVIIe siècle, le siècle des saints. Sorte de Passion royale, la mort de Louis XIV vint consolider un lien politique patiemment tissé entre le souverain et ses sujets."Je m'en vais, mais l’État demeurera toujours": prononcée dans la chambre du roi, au-dessous de l'allégorie sculptée de la France, cette phrase signifie tout à la fois la fonction hypostatique du souverain, incarnation de l’État, mais aussi son caractère provisoire et, à l'inverse, la pérennité de l'Etat.p13
"Ainsi, pour Vendredi saint 25 mars 1644, la Gazette mentionnel' assistance du roi alors âgé de cinq ans, à l'office des ténèbres célébré dans l'église des feuillants de la rue Saint-Honoré: une cérémonie qui dura "près de trois heures", suivie de celle de l'adoration de la Croix et de la procession du Saint-sacrement, pendant lesquelles le jeune roi montra " tant de révérence et de dévotion en cette action publique qu'il ravit les coeurs de toute l'assistance avec autant d'admiration comme de joye, voyant ce qu'il faut attendre de si bons principes"p.44/45
Une femme adroite s’attache d’abord à éloigner tout ce qui n’est pas dans ses intérêts : elle donne du soupçon des uns et du dégoût des autres, afin qu’elle seule et ses amis soient favorablement écoutés, et si nous ne sommes en garde contre cet usage, il faut, pour la contenter elle seule, mécontenter tout le reste du monde. Dès lors que vous donnez la liberté à une femme de vous parler des choses importantes, il est impossible qu’elles ne nous fassent faillir.

Repris de l'Abbé Oroux, Histoire ecclésiastique de la cour de France:
"Le roi, lorsqu'il s'occupoit ainsi de l'ordre et de la magnificence de sa chapelle, commençoit à marcher à grands pas dans les sentiers de la dévotion. Après bien des égaremens, mais qui n'avoient jamais été jusqu'à donner atteinte au fond de religion qui subsistoit dans son coeur ni au zèle dont il étoit animé pour la majesté du saint culte, Dieu eut enfin égard à sa fidélité dans ce point capital: tant il importe aux princes à qui la Providence confie le gouvernement des peuples de conserver, au milieu même de l'emportement de leurs passions, un attachement inviolable à la foi de leurs pères. Plus foibles et plus exposés que les autres hommes à proportion qu'ils sont plus élevés qu'eux, on les voit faire des chutes plus déplorables. il est rare qu'ils s'en relèvent, quand ils ont manqués du côté de la foi, mais on peut beaucoup espérer de leur retour lorsque, malgré leurs plus humiliantes foiblesses, ils maintiennent dans eux-mêmes et ils entretiennent dans leurs sujets les principes solides de la véritable religion. tel fut Louis XIV.'p.21
Cette première vie de Françoise révèle aussi une volonté forte, héritée de sa mère et qui refusait de se laisser conduire par la nécessité, mais volontairement limitée dans ses ambitions, I'essentiel étant de vivre dignement et à l'abri du besoin: tissé à partir du salon de Paul Scarron, tout son impres- sionnant réseau relationnel et amical peut se comprendre à la lumière de cette préoccupation.
Trois siècles après sa mort, survenue en 1715, Louis XIV reste un souverain fascinant. Son règne de soixante-douze ans fut le plus long, et, dans le domaine des arts et des lettres son siècle fut la période la plus brillante de l’histoire de France.
Il est certain qu’aux habits, à l’ajustement et aux manières, on ne savait pas à qui l’on avait affaire. Beaucoup étaient d’avis qu’il y a des hommes dont les sens sont plus portés vers les vieilles que vers les jeunes.