Ils nous disent d'arrêter de vivre dans le passé. Alors on finit par se taire, mais on n'a pas encore commencé à parler. On veut être sûr de ne pas passer pour "ceinture fléchée". Mais nos silences sont des clous de plus dans le cercueil du pays.
Il faut arrêter de prendre les enfants pour des imbéciles gnangnans, sinon ils ne deviennent pas autre chose une fois adulte.
(La Peuplade, p.115)
"Un fédéraliste, c'est la raison froide." (p.147)
Ce n’est pas tout d’écrire. Ce n’est pas tout de raconter de belles histoires. Ce n’est pas tout de parler de soi. Il faut savoir se situer. Se placer là où on doit être. Au péril de la littérature, s’il le faut.
Il était comme ces grands comédiens qui, grâce à la connaissance intime de la nature humaine qu'ils acquièrent à force d'observation et de curiosité, sont capables de représenter n'importe quels sentiments, des plus légers aux plus graves. Cette aptitude lui valait de se fondre à toutes les classes sociales et aurait pu lui permettre de boire dans la même journée un verre de champagne dans une chambre de commerce et une Labatt 50 à la taverne du coin. Il était exceptionnel à force d'humilité.
Longtemps, quand il m'arrivait de sonder mes souvenirs comme un conservateur indolent qui ne saurait reconnaître la richesse de ses collections, j'avais oublié de considérer cette faune et cette flore qui couvraient la quasi-totalité des tableaux de ma mémoire.
Pendant qu’elle se cambrait au-dessus de moi, je célébrais son corps dans une exaltation joyeuse comme on chante un pays de soleil, prodigue de dons.
Alors on finit par se taire, mais on n’a pas encore commencé parler. […] Mais nos silences sont des clous de plus dans le cercueil du pays.
Ce n'est pas une compétition, l'écriture. C'est une manière de s'exprimer, de provoquer, de parler aux gens, de les faire bouger.
Mais il y a un mot d'ordre ici : on ne s'excuse pas d'exister.