A l'occasion du "Livre sur la Place" 2021 à Nancy, Alexandre Najjar vous présente son ouvrage "Le syndrome de Beyrouth" aux éditions Plon. Rentrée littéraire automne 2021.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2542178/alexandre-najjar-le-syndrome-de-beyrouth
Note de musique : © mollat
Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
Visitez le site : http://www.mollat.com/
Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux :
Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/
Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts
Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat
Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/
Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat
Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/
Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite
J’aimais les cours d’arabe, de français et d’histoire-géo, mais je détestais les mathématiques et me demandais à quoi pouvait servir le théorème de l’hypoténuse de Pythagore à une jeune fille qui se destinait à devenir avocate ou journaliste, deux métiers qui avaient en commun l’amour des mots et la recherche de la vérité. Mais la guerre me rattrapa et, dans un premier temps, m’empêcha de réaliser mes ambitions. Car la guerre est l’éteignoir des rêves.
L’imagination aussi est source de savoir.
Dans la logique des conquérants et des dictateurs, l’autre n’existe pas. L’autre est une menace.
« Ce n’est pas ma faute si les mots se bousculent.
Il faut faire vite, ou alors je n’en aurai plus le courage . »
Patrick Modiano , « Un pedigree ».
Interpréter faussement ou mentir, où est la différence ?
Pour comprendre une guerre, il ne suffit pas d’écouter les victimes, encore faut-il interroger les bourreaux.
- Nous avons tout perdu, soupira-t-elle
- Non, répondis-je en secouant la tête. Il nous reste l’honneur.
Il vaut mieux rester célibataire que de s’exposer aux caprices d’un époux irascible.

Pour la première fois depuis longtemps, Alexandre sentit le doute le gagner. Il n'aimait pas cette sensation : elle lui donnait l'impression de ne pas être encore tout à fait maître de son destin, d'être toujours fragile malgré la gloire et les honneurs dont il s'était couvert. Porté par son ambition, il se considérait comme un héritier d'Achille, un héros divin destiné aux plus hauts faits. Rien, jusque-là, n'avait contrarié ses plans, nul n'avait réussi à tenir tête à sa puissante armée : après avoir traversé l'Hellespont, il avait débarqué en Troade, écrasé Darius III au Granique, occupé toutes les villes côtières de l'Asie Mineure et, à Gordion, en un geste symbolique, tranché le nœud qui lui promettait l'empire de l'Asie. Même la maladie qu'il avait contractée à Tarse, après s'être baigné dans le Cydnus, n'avait pas freiné son élan. Tête basse, les mains derrière le dos, il réfléchissait. Etait-il à l'abri de la défaite ? « Aucun bouclier ne protège des coups du sort », lui répétait sa mère.
Mon oncle consultait le ciel d'un œil expert. Il suivait la Petite Ourse pour mieux localiser le navire et ne pas s'égarer au milieu de cette mer immense qui donnait l'impression de ne mener nulle part. Il m'expliqua que, la nuit, il prenait pour repère l'étoile polaire — que les Grecs, qui nous en concédaient la découverte, appelaient « Phoiniké » —, toujours située au nord, et, à midi, le soleil qui se trouvait franc sud. Il m'informa aussi qu'il fondait son orientation sur huit vents particuliers, qui soufflaient des quatre points cardinaux. En se référant au soleil ou à l'étoile du Nord, il pouvait aisément identifier le vent et fixer sa route en conséquence. En le voyant scruter le ciel, je ne pus m'empêcher d'admirer mes concitoyens qui, par tous les temps, sillonnaient les avenues de la mer, et la science dont ils faisaient preuve pour apprivoiser les éléments et trouver leur chemin.