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Citation de dipari


Quelques jours plutôt, Pouchet l'avait entraîné dans une rue au bout de laquelle s'étendait une bâtisse à cheminées de briques. Flaubert avait dû, avant de le suivre à l'intérieur, se couvrir le nez d'un mouchoir, tant l'odeur était rance. « Les Sardinières ! » avait crié son guide dans un vacarme de voix, de chants et de ferblanterie.
Elles étaient là, en effet, vêtues à l'identique d'une robe de grosse toile noire à tablier blanc, les cheveux couverts d'une coiffe de tulle, chaussées de sabots, penchées sur leurs taches.
Il y avait celles qui, en deux coups de couteau, devaient étêter puis éviscérer chacune des sardines entassés devant elles ; celles qui les lavaient et les mettaient à sécher sur des claies de fil de fer ; celles qui plongeaient ces claies dans l'huile bouillante, les en retiraient, et les portaient sur la longue table où siégeaient celles dont les mains, inlassablement, emplissaient de sardines les petites boîtes en fer-blanc, qui seraient une dernière fois arroser du huile froide avant d'être serties et stérilisées, dans une aile séparé, par des hommes.
Et cette besogne s'accomplissait dans l'odeur des viscères évidés et de l'huile qui a trop longtemps bouillie, sous la surveillance de contremaîtresses à la mine sévère, au son des chants qui, comme une houle puissante, parcouraient les rangs des ouvrières. De hautes fenêtres faisaient entrer dans l'atelier la lumière du couchant ; là où tombaient ses rayons, les poissons morts jetaient des fulgurations bleutées.
Les deux hommes s'étaient retirés sans un mot.
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