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Franz Kafka : Un champion de jeûne par Jean Topart (1981 / France Culture). Diffusion sur France Culture le 19 juin 1981. Par Patrice Galbeau. Photographie : Portrait de l'écrivain Franz Kafka vers 1905. © Getty / Imagno. En 1981, Jean Topart lisait "Un champion de jeûne" de Franz Kafka, dans la traduction dAlexandre Vialatte, pour lémission "Bonnes nouvelles, grands comédiens". "Un champion de jeûne", la nouvelle que Franz Kafka rédigea en mai 1922, fut publiée la même année. Écrite en deux jours, elle compte parmi les rares que lauteur pragois nait pas entièrement reniées par la suite, le seul récit quil jugeait "supportable", et lunique à paraître de son vivant dans une revue littéraire de renom. Il existait bel et bien, en Allemagne et en Autriche à la fin du XIXème siècle, des artistes de cirque ou de foire dont la performance consistait à tenir le plus longtemps sans manger létrange occupation qui est celle du héros de la nouvelle. Mais ce dernier na que peu de mérite quant à lui, car il manque dappétit et, en jeûnant, suit en quelque sorte son penchant naturel. Si on y voit lun des nombreux "doubles" qui parcourent luvre de son auteur, lautoportrait a donc ici quelque chose de particulièrement cruel... Source : France Culture
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Bestiaire de Alexandre Vialatte
CHAT Les chats sont de sales bestioles qui lacèrent les fauteuils et font pipi au milieu des salons, après quoi ils vont s'établir sur les genoux d'une dame respectable, une présidente de confrérie, une grand-mère de parents d'élèves, une lauréate de jeux floraux infiniment maigre et savante. Tel est l'avis de plusieurs personnes autorisées. Ce sont des choses qu'on ne permettrait pas à un vieux général en retraite tout couvert de décorations, ou au premier vicaire d'une paroisse distinguée. a un igame, à un banquier utile, à un diplomate en fonction. Et que font les dames ? Elles disent : "minou, minou, minou." On voit par là combien le mal est profond. |
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Alexandre Vialatte
On reproche à Simenon d'écrire comme M. Tout-le-Monde. Mais, à part lui, personne ne sait écrire comme M. Tout-le-Monde
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Alexandre Vialatte
La mort est une ville de province peuplée d'habitants silencieux ; une petite sous-préfecture sans gare, oubliée des trains et des cars, dont les habitants nous attendent. D'autres fois je les vois dans la nuit d'un noir faubourg, mal éclairé, moucheté de lumières jaunes et tremblantes. Vieux pays, vieux jardins à la porte rouillée qu'ouvre seule la clef du souvenir. Chroniques de La Montagne, 20.10.68 |
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Dernières nouvelles de l'homme de Alexandre Vialatte
Le train du soir. " Vingt fois j’ai voulu dire adieu à ma jeunesse. Vingt fois j’ai craint de me montrer ridicule. C’était trop tôt. La fois suivante, elle était partie. On ne saurait dire adieu trop vite à sa jeunesse. Elle s’en va sur la pointe des pieds. L’homme entre dans le soir de sa vie comme dans un pays étranger. Les gares sont plus petites et plus rares. Les voyageurs deviennent moins nombreux. Ils ont changé de costume. On ne voit plus de bérets basques. Les quais sont de plus en plus déserts. Les affiches, dans les salles d‘attente, ne parlent plus des mêmes montagnes. Et soudain, au bout d’un tunnel, l’horizon lui-même a changé. Quels sont ces longs pays bleuâtres ? Des plaines s’étendent, qu‘on n‘avait jamais vues ; transfigurées par on ne sait quel reflet. Plus loin, au loin (mais à quelle distance exactement ? les distances trompent), plus loin, c‘est la terre de la mort. Si l’on descend dans quelque ville, elle est paisible, provinciale, et pour ainsi dire tourangelle. On en aime la lenteur et la sérénité, le ciel vert (je ne sais comment dire), les parterres du jardin public. On ne savait pas qu‘on n’aimait plus que les fleurs. La nuit tombe et, sur les étoiles, on voit se détacher un bicorne. Il coiffe quelque amiral de marbre ou quelque académicien de bronze. On cherche le nom : c’est le petit D., qui ne savait pas la géographie, ou le petit L…, qu‘on battait en grammaire. L‘amiral avait peur de l’eau, l’académicien solennel était sergent au 3° zouaves. Le premier de la classe est devenu comptable, le timide fut martyr dans l’Oubangui, le dernier a son portrait dans tous les magazines : on cite ses traits, on admire ses pièces. Le sportif s’est fait pharmacien, l’Auvergnat dirige trois brasseries. Les autres sont morts. Une large rue mal éclairée, où l’on distingue dans une vitrine des hommes blafards habillés en chasseurs, porte le nom d’un grand graveur dont on fréquentait la maison ; on garde encore dans un tiroir sa pipe, sa rosette, son monocle. On se rappelle des fêtes sur la Marne, des charmilles, des drapeaux, des barques, des enfants. C’est à pleurer. Plus loin, une inscription gravée rappelle le nom d’un écolier qui se fit tuer dans la Résistance. On le revoit, à l’étude du soir, par une fenêtre du collège, devant un gros dictionnaire latin. D’où sortent toutes ces choses ? D’un film ? De la mémoire ? On erre dans son présent comme dans un vieux musée. On s‘égare. Sur une petite place où clignote la lumière d’un restaurant jaunâtre, une statue (encore !) s’élève sous les tilleuls, qu’on discerne mal dans cette ombre. On l’éclaire avec une lampe torche. On retrouve le visage de son meilleur ami. Déjà… Ils sont tous descendus pendant que le train était en marche. D’autres peuplent de longs cimetières. Un chat y passe, dans une allée, l‘après-midi. Il faut reprendre le train du soir. Le pays est de plus en plus désert, les gares de plus en plus distantes. Et, un matin, les rails ayant changé de versant, on revoit, mais de si haut et de si loin, un bref instant, le pays de la vie, comme autrefois." + Lire la suite |
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Alexandre Vialatte
Je profite de cette occasion, étant toujours instructif jusqu'aux dents, pour supplier mes aimables lecteurs de ne jamais employer "convoler" quand il s'agit d'un premier mariage. On passe pour des gens quelconques qui n'ont jamais été notaires. Un citoyen ne peut convoler qu'en secondes ou en troisièmes noces. Du moins aux yeux du dictionnaire. Et qu'est-ce qu'une vie sans dictionnaire ? Une aventure privée de tout ornement. |
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Alexandre Vialatte
La confiture n'est bonne que s'il faut monter sur une chaise pour attraper le pot dans le placard.
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Alexandre Vialatte
L'artiste est celui qui crée son monde, un univers à lui qui ne date que de son oeuvre. Il y a un monde signé Charlot, un monde qui est signé Proust, un monde de Simenon. Avant eux ce n'était pas pareil. Ils imposent leur vision. le monde lui ressemble ensuite.
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Trouvez la bonne insulte :