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Citation de aleatoire


La femme de Planier, Thérèse, rôdait dans la maison l'air soucieux. On sentait qu'elle commençait le jour avec un tourment de longue date, fidèle au poste et prête à toutes les patiences.
Le soleil embrasait l'étendue, le ciel bleu cassait les portes vitrées. Un dromadaire défilait tout entier, avec son cou, sa bosse, ses quatre pattes, ses courbes, ses ressorts, ses articulations qui évoquaient la sauterelle et la voiture d'enfant.
Une tortue se promenait sous le billard, sur un tapis de caoutchouc ; on apprit à Berger qu'elle s'appelait Marie-Louise à cause d'une tante à héritage qui lui ressemblait : elles avaient, paraît-il, la même nuque.

Et maintenant où était Planier ?
Etait-il mort au coin d'un bois ? Dans un chemin ? Etait-il étendu sur la chaussée d'un pont, les bras ouverts, comme une croix qui traîne ? Avait-il tourné, comme beaucoup, une fois frappé, à la façon d'une marionnette, pour tomber le nez sur la terre ? Ou était-il resté dans sa chenillette, les yeux ouverts, des yeux de verre dans une face de cire ?
La silhouette de Planier alla rejoindre dans le grenier de sa mémoire cent personnages qui étaient entrés en elle au hasard des villes et des ports, et partis sur la pointe des pieds en laissant des souvenirs peints sur le verre de cette lanterne magique qui projette de vieilles histoires sur nos murs quand nous ne nous endormons pas.
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