AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de aleatoire


Il me suffit de fermer les yeux pour entendre encore ronronner les becs de gaz de la petite étude, voir les murs verts et les grandes cartes géographiques, le Bassin parisien avec ses auréoles, le Tonkin violet, l'Annam rose, et trente têtes penchées patiemment sur des cahiers. C'est là que nous vivions nos seize ans. Nos yeux graves démentaient notre mauvais sourire ; nous avions des tabliers noirs, des doigts tachés d'encre et des signatures indécises ornées de paraphes copiés. Les vieux pupitres, invraisemblablement ravinés de formules, de dates et de devises, proposaient à la mémoire des patronymes fameux. C'est là que la génération précédente avait sculpté ses noms au couteau avant d'aller mourir à la guerre. Maintenant les pupitres avilis cachaient des photographies de femmes, découpées dans des magazines, des collections de timbres et des croûtons de pain, les déchets d'un âge inutile. Une République au profil grec regardait dans le vide avec des yeux de plâtre, horizontalement, plus loin que nous.
Commenter  J’apprécie          130





Ont apprécié cette citation (6)voir plus




{* *}