
La voûte du ciel se mirait dans ce jardin prodigieux, dont l'ardeur du soleil n'embrasait pas les profondeurs, car l'astre du jour, épuisé par sa course, allait au fond de l'abîme chercher le repos et, dans ses forges marines, aiguiser ses rayons émoussés. La lune envoyait sa clarté d'argent jusqu'aux confins de cette immense étendue, et se baignait avec volupté dans ses courants. Les Pléiades, avec une exquise et virginale pudeur, scintillaient jusque dans ses gouffres inexplorés, qu'elles traversaient comme des sondes lancées our en mesurer la profondeur, pour en toucher le fond.
On entendait mille bruits résonner dans les grottes et les rochers qui entouraient cette surface immaculée - des gémissement de plaisir amoureux aussi bien que des fracas guerriers amplifiés par l'écho. Des sensations suaves, des parfums légers s'exhalaient de toutes parts et embaumaient les brises. Les embruns, le feu du soleil, colorant et durcissant les chairs, hâlaient les visages et leur donnaient un air viril.
- Rendez service à vos concitoyens, ça vous retombera toujours sur le nez.
-Pauvres de nous, tout ce que nous sommes capable de faire...c’est de nous attabler pour boire, et nous avons la prétention de résoudre les problèmes les plus graves.
-Aprés tout, la boisson donne des idées, dit Pandelakis.
-Ca dépend de ce qu’on a dans la cervelle, dit Grigorakis.
(Le moine II)
Le monastère est la redoute du moine : à lui ensuite d'avoir la volonté de la défendre.
- Tu ne sais pas combien de fois les femmes donnent l'exemple! Dans pas mal de circonstance elle font preuve de beaucoup de courage.
Est-ce que vous en rencontrez beaucoup, à notre époque, des gens mariés qui soient contents de leur sort?
Jeune fille, elle avait été la domestique de ses parents. Une fois mariée, elle était devenue l'esclave de son mari - et pourtant, par l'effet de son propre caractère et de la faiblesse de l'autre, elle était en même temps sa tutrice. Quand ses enfants étaient nés, elle s'était faite leur servante ; et maintenant qu'ils avaient à leur tour des enfants, voici qu'elle se retrouvait asservie à ses petits-enfants.
Après s'être un peu attardée dans l'olivaie, elle se leva et se mit en route, se retourna sans cesse, comme pour dire un dernier adieu à ses arbres, et s'éloigna enfin. Elle atteignit le fond de la ravine et se mit à gravir l'autre versant, comme elle l'avait fait mainte et mainte fois. Son panier passé au coude gauche, tenant son canif dans la main droite, elle se baissait à chaque pas, dans tous les endroits qu'elle connaissait, et cherchait des carlines, des pissenlits, du cerfeuil et du fenouil sauvages pour remplir son panier et pour faire, le samedi de la Saint-Lazare, une galette qu'elle mangerait avec ses filles et dont elle offrirait aussi à ses voisines, à charge de revanche.
La somme que Khadoula avait volée en plusieurs fois à ses parents, et qui s'élevait à environ quatre cents piastres, la monnaie de l'époque, elle la tint soigneusement cachée pendant de longues années. Et pour parvenir à construire sa maison elle l'augmenta grâce à son industrie. Elle était travailleuse et pleine de savoir-faire. Autant que le lui permettaient les soucis qu'elle avait pour élever tant d'enfants qui se succédaient sans arrêt, elle travaillait chez les autres. Mais dans les villages il n'est pas de spécialistes, chacun exerce plusieurs métiers. Et de même qu'un épicier de campagne est simultanément mercier, pharmacien et même usurier, rien n'empêchait une ouvrière habile dans le tissage, comme était Francoyannou, d'être en même temps sage-femme et rebouteuse et d'exercer encore d'autres métiers - il suffisait qu'elle fût habile. Et Francoyannou était habile entre toutes les femmes.
Le choléra peut tout contaminer, seul l'argent reste indemne.