Julie Muller Volb, lauréate 2017, nous livre ses impressions à chaud suite à la remise du Prix obtenu pote son roman
L'hayden, le secret d'Eli.
Alexiane de Lys et
Charline Rose, lauréates 2014 et 2016, témoignent de leur propre experience et marquent leur soutien à Julie.
Tu t'es approché le jour où je t'appelais; tu as dit : n'aie pas peur.
– Attends, je crois que tu peux faire quelque chose pour moi.
– Quoi donc, maître ?
– Astique mes bottes.
Je sens le feu me monter aux joues mais je retiens la couleur de les envahir. Hors de question que je montre mon embarras à ce goujat. Je colle plutôt un sourire sur mon visage et me mets à genoux, mon chiffon à la main.
Il veut que j’astique ses bottes ? Il va être servi.
Je racle ma gorge et crache copieusement sur le cuir verni. Puis je commence à frotter avec bonne humeur.
Cassio sursaute, surpris, et me repousse sans ménagement.
– Mais qu’est-ce que tu fais ?!
Je le regarde, faisant mine de ne pas comprendre.
– Je nettoie tes bottes, mon seigneur.
Il devient écarlate et je dois me faire violence pour ne pas rire.
Cassiopée n'était pas une reine majestueuse mais une vieille bique menteuse et prétentieuse qui avait mis Poséidon en colère parce qu'elle avait dit que sa fille était plus belle que les Néréides du dieu des océans. Elle avait promis sa fille Andromède à Persée s'il réussissait à la sauver. Une fois que Persée a fini de trucider le monstre marin que Poséidon avait envoyé pour se venger de Cassiopée, elle a repris sa parole.
Tu parles d'un exemple.
Zeus avait dû fumer deux ou trois joints avant de décider de créer une constellation à son nom. ou alors elle l'avait tellement soûlé qu'il a préféré lui promettre un supertruc pour qu'elle lui foute la paix.
Si le temps s’écoule ici de la même façon que sur ma planète, mon père a sûrement dû se mettre en congé pour organiser mes funérailles. Je me demande s’il est triste, ou juste agacé par le fait que, même dans la mort, je lui crée des problèmes. C’est bête à dire, mais il me manque. J’aimerais pouvoir le serrer dans mes bras et lui confier tout ce que je n’ai jamais eu l’occasion de lui dire.
Tout ce qui me pèse depuis ma naissance. Je voudrais d’abord m’excuser. M’excuser d’être la cause de tous ses malheurs. M’excuser de ne pas lui avoir dit « je t’aime » plus souvent. De ne jamais lui avoir dit « je t’aime ».
J'ai un mouvement de recul. Une lueur menaçante s'est allumée dans ses prunelles. Je les vois s'agrandir démesurément puis reprendre une forme normale alors qu'il inspire profondément. Sa voix, toutefois, claque comme un coup de fouet.
- Tu n'es pas en mesure de poser tes conditions Cass.
Cass ? Cass ??? Depuis quand on est passé à l'étape surnom ? Est-ce que je l'appelle Gabillou, moi ?
" Il faut que je trouve Levis Man. C'est la seule chose qui me vienne à l'esprit. C'est lui qui m'a passé cette foutue fleur, qui m'a valu d’être malade comme un chien, d’être poursuivie par une armada de psychopathes, et je suis sûre que c'est à cause d'elle que je ressemble à Maya l'Abeille maintenant."
– Tu comptes plus pour moi que personne dans cet univers. Et j’ai peur, Iollan. J’ai peur que tu m’abandonnes. Si tu le fais, je serai définitivement perdue.
Il passe une main dans ses cheveux. Il a presque l’air en colère.
– Pourquoi me dire tout ça ? Pourquoi me dire tout ça alors que tu comptes t’en aller ? Tu n’as donc personne qui t’attende là-bas ?
– Ma mère est morte en me mettant au monde. Mon père me déteste pour ça. Mes amis sont de sales hypocrites qui doivent certainement danser sur ma tombe à l’heure qu’il est. Ma vie est triste et insipide. Je n’avais personne, personne à qui me confier. Tu es le meilleur ami que j’aie jamais eu. La seule personne qui compte vraiment pour moi.
- Alors, ce bain ?
- J’ai tellement sali l’eau que j’ai tué la faune qui l’habitait, dis-je d’une voix guillerette. On va avoir du poisson à manger, ce soir.
Iollan pouffe.
- Il me tarde d’en faire autant. J’ai du sable jusque dans le…
Je fais mine d’être offusquée.
- Hé ho ! On n’a pas forcément envie d’entendre les détails sordides !
- Le nez. J’allais dire le nez.
Nous rions ensemble, unis par un lien qui ne se brisera jamais.
Je déteste Sophie. Elle croit me faire enrager en cachant mes affaires dans ce lieu lugubre. Elle a raison. Mais ce qu’elle ne sait pas, c’est que je ne vais pas me laisser faire sans répliquer. Je pense que je la hais autant qu’elle me hait, et la prochaine fois qu’elle ouvrira son placard, elle risque d’y trouver une souris morte.
L’idée me fait sourire.
Elle déteste les rongeurs. Elle les redoute plus encore morts que vivants. Oui, peut-être bien que je lui dénicherai ça. Ça, ou carrément un immonde rat, la tête prise dans un piège. Ce sera épique.
Tu t'es approché le jour où je t'appelai. Tu as dit : N'ai pas peur