AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Lipette


La porte d'entrée a claqué et tous mes nerfs se sont relâchés d'un coup. J'allais me lever pour rejoindre le paternel au rez-de-chaussée quand je l'ai entendu monter les marches quatre à quatre.
Je me suis demandé à quel genre de menace il tentait d'échapper avant de réaliser qu'il allait certainement me proposer un cinéma pour profiter de l'absence de mère Teresa. Seulement non, ce n'était pas ça.
Du tout.
Il a fait irruption dans ma chambre, sans frapper, essoufflé et les cheveux en bataille. Ses yeux brillaient tellement d'excitation que j'ai dû plisser les miens pour l'observer. Le pendentif en forme de clé qu'il ne quittait jamais a tressauté contre son torse alors qu'il débaroulait dans mon espace privé.
Il ne m'a même pas adressé la parole au début, et moi j'étais trop choquée pour l'ouvrir. Il s'est contenté de saisir ma valise flambant neuve, au-dessus de l'armoire, et de la lâcher sur mon lit.
- Euh... Papa ? Tu fais quoi, là ?
- Prépare tes affaires pour deux mois, Penny. Tu pars en vacances.
Je suis restée bête un court instant, alors qu'il vidait le contenu de mes tiroirs directement dans la malle.
- Tu peux répéter ?
- Toi. Vacances. Deux mois. Sans parents.
J'ai eu l'impression d'être frappée par une météorite.
- Mais... mais j'étais pas au courant !
- Encore heureux ! Tu aurais forcément gaffé auprès de ta mère et là, on aurait été marron.
- Elle ne sait pas ?
Je tombais de Charybde en Scylla. Il s'est arrêté quelques secondes pour me dévisager d'un air presque désolé.
- Ma puce, si ta mère le savait, elle nous aurait tous les deux enfermés à double tour dans nos chambres respectives et elle aurait installé un dragon au pied de l'escalier. Tu veux bien m'aider, s'il te plaît ? On n'a pas beaucoup de temps.
Je me suis levée mécaniquement pour l'assister dans sa tâche. Mon coeur battait si fort dans ma poitrine que j'en avais mal à la tête. J'ai commencé à sentir la peur mordre dans mes entrailles et je me suis mise à trembler.
- Papa, je veux pas y aller.
Aller où, d'ailleurs ?
- Ah ? J'ai peut-être omis de préciser que tu n'avais pas le choix ?
- Mais... mais tu m'envoies où ?
- En Bretagne, ma chérie ! Chez tatie Lee-Anne.
Mes intestins ont fait un double noeud et ont serré très, très fort.
- Tante Méduse ? Mais papa, je ne peux pas, elle habite au bord de l'Océan, il paraît !
- Oh, a-t-il geint en joignant les mains d'un air compatissant, deux mois de vacances avec vue sur mer et plage privée, comme je te plains !
- Mais j'ai la phobie de l'eau !
C'était carrément faux et carrément une excuse qui ne fonctionnerait pas avec lui. Si ma mère était persuadée que j'avais peur de l'eau, mon père, lui, n'était pas dupe. Pour preuve : il a cessé de s'agiter dans tous les sens et m'a considérée avec sévérité, les bras croisés.
- Non, Penny. Tu n'as pas peur de l'eau. Ta mère oui, et elle a réussi à te faire croire qu'elle t'avait refilé cette phobie comme si c'était une tare héréditaire. Arrête de vivre par procuration et émancipe-toi un peu !
Commenter  J’apprécie          20





Ont apprécié cette citation (2)voir plus




{* *}