J'étais très présent avec mes enfants, je les observais avec amour et prévenance. Je cherchais sans cesse à comprendre ce qu'elles pouvaient ressentir, pour mieux les épauler, les réconforter au besoin. Je désirais au plus profond de moi-même qu'elles puissent vivre leur vie d'enfant, s'amuser, rire. Je les connaissais par coeur. L'habitude étant une seconde nature, je détectais instinctivement le moindre signe, la plus petite alerte qui me faisait percevoir aussitôt leu mal être. Puis nous parlions, jusqu'à ce qu'elles se libèrent, soulagées que Papa soit toujours là pour elles. Puis la vie d'enfant reprenait.
Parce qu'il a des choses beaucoup plus dures dans la vie que les épreuves, il y a l'injustice; parce que je ne pouvais pas vivre sans ce que j'avais tant désiré dans ma vie, j'allais me lancer dans un combat, à corps perdu.
L’échange des consentements n’avait pas encore eu lieu que mamie fondait en larmes, submergée par l’émotion. Elle-même n’étant pas mariée à papi, ma belle famille ne fréquentait pas plus les hôtels de ville que les églises. La salle d’honneur était vaste, et il y avait une atmosphère solennelle qui participait aussi fortement à l’émotion. Je reconnais que moi-même, je n’avais pas un poil de sec, car je voyais bien que ma femme semblait s’être trompée de cérémonie et qu’il ne lui manquait que les lunettes noires pour parfaire la figure d’un croque-mort donnant la sépulture.
Je haïssais l’humanité, mais j’étais bouleversé par l’unicité, la rareté, la différence, le hors norme, que chacun abritait au plus profond de soi, souvent dans l’ignorance, et qui ne demandait qu’à faire jour.
"Tombant de haut, je mesurais désormais ô combien de la confiance naît la trahison"