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3.96/5 (sur 27 notes)

Nationalité : Espagne
Né(e) : 1947
Biographie :

Alfons Cervera est un romancier espagnol né à Gestalgar, une petite ville montagneuse dans la région de Valence. Il est journaliste, universitaire responsable du « Fórum de debates ». Il a notamment écrit Maquis, un cycle consacré à la mémoire des vaincus.

Source : http://www.uv.es/cerverab/
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Dans le cadre des Bruits d'Espagne 2019, rencontre avec l'écrivain espagnol (valencien) Alfons Cervera qui revient sur l'état de la démocratie aujourd'hui en Espagne. Animation et traduction Domenge Blanc


Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Les livres qui ne se terminent jamais, qui commencent quand vous les refermez et que vous restez à regarder on ne sait où, comme le boxeur de la photographie, qui regarde comme si l'adversaire le guettait au-delà du ring et non dans le coin opposé, un point presque invisible dans la foule qui emplit les gradins du stade, ce mot juste, juste ce mot et aucun autre, jamais, qui recèle les clés pour mieux comprendre, mais jamais complètement, la détresse.
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Je ne recherche pas la revanche mais la mémoire des faits qui n'ont jusqu'alors été racontés que dans une version unique et intéressée des vainqueurs de la guerre 
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Moi je suis resté vivre à Orange. Je ne sais pas pourquoi. Parfois je pense que ce sont les lieux qui choisissent les gens et pas l'inverse. S'il nous arrive de rentrer, c'est par un acte de volonté qui m'est étranger. Quelqu'un qui nous attend. Une lettre qui évoque la mort. Cette répugnante nostalgie qui transforme toutes choses en un inutile ravaudage du passé.
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Elle aurait voulu que nous n’assistions pas à son inquiétante apathie,
au présage sans remède d’un final de dévastation. Qui s’accompagne, et
elle n’échappait pas à la règle, d’une ineffable vocation pour la cruauté. Le
terrain des détails domestiques constitue le champ de bataille où s’affrontaient
ses forces à elle et celles des autres. À elle.
Elle, c’est ma mère, elle était en train de mourir depuis qu’un an auparavant
elle avait fait une chute dans les escaliers et commencé à mourir de
peur. Juste de peur. La tumeur allait venir plus tard, comme viendraient
plus tard les papiers qui parlaient de la condamnation de mon père à une
peine de prison, dont je n’ aurais jamais soupçonné l’existence. »
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Nous ne sommes que ce que nous laissons, Sebas. Mets toi bien ça dans la crâne, juste ce que nous laissons. Une fois morts, il n'y a plus moyen de rectifier ce que nous avons été ou pas été, ni dans un sens ni dans l'autre, rien à faire, que dalle, point final
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La photographie a jauni. Si ça se trouve, tu ne te la rappelles même pas. Tu me l’as dit à un moment : parfois certaines choses se passent comme si elles se produisaient hors du temps. Je ne sais pas de quand elle date. Tu es debout, bien campé sur tes jambes, une main reposant sur le dossier d’une chaise. C’est un portrait de studio. Tiré à l’occasion d’une permission militaire, selon toute vraisemblance. La bande de copains, l’uniforme repassé avec soin, le cuir de la buffleterie aussi brillant que le métal des boucles. Les pantalons ajustés, bien resserrés à l’intérieur des bottes. Caporal. Tu m’aurais dit général, pour moi, c’était pareil. Où a été pris ce cliché. Parfois tu parlais de Séville. J’ignore si c’était de là que tu envoyais à ma mère des mots d’amour griffonnés au dos des photos. Tu étais un flamboyant caporal de l’armée. Par la suite, j’ai appris qu’il y avait deux armées. Et que la tienne avait été vaincue. « La victoire est une illusion de philosophes et d’imbéciles », écrivait William Faulkner dans Le Bruit et la Fureur. Mais trop souvent la victoire n’est pas cette illusion qui convertirait toutes choses en une réalité fausse. Ni un recours facile de l’imagination littéraire. Ceux qui ont gagné la guerre n’ont pas bâti le temps de leur victoire sur l’illusion magique d’une métaphore. Je ne sais pas si toi tu le savais quand tu me montrais cette photo en me racontant que tu avais été caporal dans ta jeunesse. La guerre n’existait pas. C’était peut-être ce que tu voulais dire en parlant de certaines choses qui se passent hors du temps. Qu’elles n’existent pas, c’est ce que tu voulais dire, non ?
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Peut-être ai-je atteint l'âge où la seule chose que l'on ressent, c'est la peur. C'est sans doute ça. Et arrivée à ce stade du voyage, j'ai besoin d'écrire ces histoires pour la conjurer, cette peur
écrit la femme. Puis elle referme son cahier, jette un regard sur la lumière douce qu'émet la petite lampe, esquisse un sourire léger et descend mettre le couvert pour le dîner
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Il est là. Plongé dans ses cahiers et ses magazines de cinéma. De l’autre côté de la frontière. Avec les bruits qui lui enflent la tête. De la même façon que toi tu sentais tourner la tienne les nuits de vertige. Le temps de mon frère s’est arrêté à ces petits matins de profond sommeil et de taches sombres sur les griffonnages de la mémoire. Je ne sais pas si tu le vois. Peut-être que lui te voit au plus profond de son voyage au centre de la terre. J’ai parfois songé à lui dire ce que je sais de tout ce que tu ne nous as jamais raconté. Mais je ne l’ai jamais fait. Il vaut mieux que sa tête reste à l’intérieur du cercle magique des cartes jouées contre personne. Sa tête et les nôtres, tu comprends, la tienne et la mienne. Les vertiges et la certitude qu’un jour tu as voulu parler mais que tu as décidé finalement de te taire à jamais. Je ris en songeant à ce vers terminal d’Álvaro de Campos : « J’ai besoin de vérité et d’aspirine. »
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Ecrire est un acte héroïque, un labeur impossible, une erreur, la seule écriture descente est celle du silence"
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Nous deux assis sur les chaises de paille. Le dîner sur la table. Père et mère en face, comme un tribunal s’apprêtant à juger sommairement le vol dont on nous accuse sans autre preuve que notre mine effrayée. Nos pieds ne touchent pas le sol. Ils restent suspendus, comme la paille des nids qui tournoie avant de toucher terre. Une pièce avait disparu de la cachette où mère rangeait l’argent pour les courses. Un douro. Cinq pesetas de l’époque, ça faisait une petite fortune dans le coffre-fort d’une boîte à chaussures. C’est pas nous. D’une seule voix, comme si nous avions tramé une défense commune contre une accusation aussi arbitraire qu’injuste. Que dire quand tu as face à toi la raison des adultes, l’opprobre dans leur regard fébrile, la certitude que la pièce ne pouvait pas s’être retrouvée ailleurs que dans nos poches. Nous ne savions pas à l’époque – par la suite si, et j’en ferais le récit des années plus tard dans un roman sur notre histoire familiale –, qu’un tribunal militaire avait jugé père à la fin de la guerre et l’avait condamné à douze ans de prison. À présent il faisait lui-même partie, peut-être sans s’en rendre compte, d’un tribunal tout aussi injuste.
(pp.35-36)
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