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Critiques de Alfred Grosser (4)
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L'Allemagne en Occident

Bien sûr le livre est totalement daté, et doit désormais ce lire davantage comme un document historique que comme un livre d'histoire ! Et pourtant en reparcourant ce livre qui m'avait marqué autrefois, on mesure ce que la perte récente d'un grand monsieur comme Alfred Grosser représente. Cet historien, figure de l'intellectuel éclaire et personnage gentiment médiatique fut tout au long de sa vie un passeur entre l'Allemagne et la France. Il avait à cœur d'expliquer aux Français l'Allemagne ( ou même davantage les deux Allemagnes alors) et à faire comprendre la France aux Allemands. Parfaitement bilingue, ouvert d'esprit, généreux, il s'ingénia tout au long de sa vie à montrer que l'Allemagne de l'après 1949 n'avait plus rien à voir avec celle dans laquelle il était né. Ce qui ne l'empêchait pas de pointer du doigt les problèmes d'une RFA dans laquelle ponctuellement des résurgences douteuses pouvaient tendre à ressurgir. Il fut ainsi le chantre et le symbole d'une amitié franco-allemande puissante dont la mémoire collective a gardé les images, parmi les lesquelles les larmes sincères de Kohl lors des obsèques de Mitterrand. Après la réunification, l'Allemagne gagna en puissance, la guerre en ex-Yougoslavie creusa une brèche entre les deux pays et par la suite plus rien ne fut vraiment comme avant. Le cas Schröder, pire que tout, le rappelle bien.

Relire Grosser c'est faire un retour amer dans un passé dans lequel l'avenir apparaissait bien plus radieux, en compagnie d'un pédagogue d'une clarté lumineuse, témoin d'une époque douloureusement révolue. Comme René Rémond, lui aussi icône brillantissime de Science Po Paris, c'était le genre d'historien qui donnait l'impression au lecteur qu'il devenait plus intelligent. Impression sans doute, mais bien agréable néanmoins.

Aujourd'hui les deux pas ne se connaissent plus autant. De part et d'autre du Rhin les élèves apprennent surtout l'anglais. Et dans les deux pays l'extrême droite se rapproche du pouvoir. Signalons que son fils Pierre Grosser, historien prolifique et remarquable, est devenu l'un des plus brillants spécialistes français des relations internationales.
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La joie et la mort. Bilan d'une vie

Quel bonheur que cet ouvrage d’Alfred GROSSER, qui nous livre sa recette du bonheur (ou plutôt de « la joie » dans son vocabulaire) : aimer son prochain, c'est-à-dire tout interlocuteur, chercher à le comprendre, même si d’autres le rejettent.



Certains y reconnaitront la joie du chrétien, mais le Professeur est athée, n’ayant pu se résoudre à croire au Dieu unique de l’ancien et du nouveau Testaments. Il est vrai qu’il est entouré de prêtres, rabbins et pasteurs, qui trouvent en lui un frère laïc, et un pont entre les croyances et l’incroyance.



Joie et bienveillance n’excluent pas la colère, par exemple devant la pression accrue de la pauvreté et des inégalités, ou l’agacement devant les vanités parisiennes (« la foire sur la place », qui vaut aux « crâneurs » et aux tenants de la culture absconse quelques coups de griffe savoureux). Mais au total, le Professeur cherche à comprendre, et finit toujours par créditer son interlocuteur d’une part de vérité. Dès lors, le dialogue s’engage, et la paix des esprits progresse.



Il a commencé tôt à pardonner et à aimer : fils d’un médecin juif de Francfort réfugié en France en 1933, et qui n’a pas supporté l’exil, il a dû avec sa mère se cacher dans le Var de 40 à 44. Jeune agrégé d’allemand, il a, en 1948, contribué à la création du Comité français d’échanges avec l’Allemagne nouvelle, c'est-à-dire organisé la réconciliation concrète des jeunes allemands et français, 3 ans seulement après la découverte de la Shoah.



Au carrefour de deux cultures, il a passé sa vie à faire comprendre l’Allemagne aux Français et la France aux Allemands. Professeur et chercheur à Sciences Po, de 1956 jusqu’à sa retraite en 1991 (et au-delà), ses cours et ses séminaires nous donnaient des explications simples et lumineuses. Les lecteurs du Monde, qu’au passage il égratigne pour sa mauvaise foi, de Ouest-France, de la Croix, les auditeurs de ses conférences en Allemagne, ont eu le même privilège de comprendre les réalités de ces deux partenaires européens.



Ce livre va très au-delà des souvenirs : c’est un guide humaniste, très utile dans ce moment de tempête morale et politique.



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La joie et la mort. Bilan d'une vie

Grosser Alfred - "La Joie et la mort : bilan d'une vie" - Presses de la Renaissance, 2011 (ISBN 978-2750906290)



Autant le préciser d'emblée : je suis très, très, très déçu, à commencer par ce ton d'autosatisfaction intense typique du "grand professeur de Science-Po", par cette morgue condescendante qui transpire à toutes les lignes tant elle est naturelle et devient une seconde nature chez ce type d'universitaire, par cette véritable obsession que développent ces gens à émettre constamment des jugements de valeur sur les autres. Bref, pour lire ce livre, il faut passer au-dessus de ces travers inhérents à l'écrasante majorité de nos universitaires dits "de haut niveau".

Autre défaut criant : une multitude de sujets complexes sont survolés en quelques lignes, voire en quelques mots, et se concluent par un avis péremptoire. De la part de cet auteur, et au vu du titre ronflant, le lecteur s'attend vraiment à autre chose qu'à cet étalage égocentrique hélas parfaitement prévisible de la part de ce type d'universitaire français.



En tant que germaniste, il va de soi que j'ai entendu parler d'Alfred Grosser dès le tout début de mes études, puisqu'il était de règle de lire (si ce n'est d'apprendre quasiment par cœur !) son volume publié aux PUF dans la collection "Que sais-je" intitulé "La République Fédérale d'Allemagne" (1ère édition, si je ne me trompe, en 1963, constamment réédité par la suite). C'était à peu près le seul livre de cet auteur autorisé par le reste des profs dits "de civilisation germanique", toutes et tous marqués "à gauche" ("engagé-e-s", comme il convenait de dire dans ces milieux-là) si ce n'est à l'extrême-gauche, vouant donc ipso facto cet auteur aux gémonies, relégué dans le trio des pestiférés comprenant en outre Joseph Rovan (Joseph Rosenthal, 1918-2004) et Henri Ménudier, ces gens qui de près ou de loin fondèrent ou animèrent l'Office Franco-Allemand de la Jeunesse (OFAJ) grâce auquel des milliers de collégiens purent bénéficier des échanges franco-allemands dès la classe de cinquième.

En ces temps-là, aucun prof "de gauche" n'aurait pour rien au monde incité des étudiants à lire Joseph Rovan ou Alfred Grosser ! Seul Ménudier trouvait quelque crédit à leurs yeux. Grosser aggravait d'ailleurs considérablement son cas, puisqu'il écrivait dans les colonnes du journal catholique "La Croix", crime inexpiable pour les gauchistes grand-teint. Si bien que je ne lus que de très rares ouvrages de cet auteur, et pratiquement aucun de ses articles jusqu'à ce que je découvre et lise régulièrement ce quotidien "La Croix" grâce à l'abonnement d’une voisine de palier (!!!). Tout prêt à réviser mon jugement, je procédai à l'acquisition de ce bouquin suite à sa recension élogieuse par Bruno Frappat, dont j'estime parfois les chroniques.



Quelle déception !

D'autant plus grande que – sur certains points – les positions et l'attitude de Grosser auraient pu m'intéresser, comme sa sévère condamnation des cuistres à la sauce Jacques Attali et Alain Minc, ou encore sa dénonciation de la vulgarité particulière à notre époque. Sa position par rapport à la religion aurait également mérité quelqu'intérêt de ma part, mais il n'aligne hélas que des lieux communs dépourvus de toute profondeur spirituelle. Quant à ses propos sur "sa" femme et "ses" enfants, ils sont tout simplement consternants.

Car si l'on y réfléchit quelque peu, ce bonhomme n'a jamais rien fait par lui-même, il n'a jamais agi. Toute sa vie, il s'est contenté (le terme est ô combien le plus approprié) de commenter les actions des autres, de gloser sans fin, du haut de son confort, sur les entreprises menées par d'autres acteurs, et –pire encore – d'émettre des jugements sur celles et ceux qui agissaient.

Je ne suis pas prêt de lire du Grosser avant bien longtemps !



Finalement, le seul intérêt de cet ouvrage réside dans la preuve sans fard qu'il administre du degré de fatuité, de contentement de soi, de nombrilisme béat auquel atteignent nos chers universitaires étincelants de la gloriole conférée par des institutions comme "Science-Po" ou l’ENA, bien franchouillardes et glauques...

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Les identités difficiles

Ecrit il y a 27 ans, cet essai intéressant, tout en nuances, truffé de références historiques évoque différents types d’identité présents en Occident.

L’auteur exprime ses appréciations personnelles, très modérées, et ne semble pas faire œuvre de propagande. Etant un historien franco-allemand, il fait d’autre part de nombreuses comparaisons entre les sociétés française et allemande.



Ainsi, concernant l’immigration il a l’honnêteté et la clairvoyance de dire : « Pourquoi en France, l’intégration assimilatrice est-elle en déclin ? En partie parce que la proportion de jeunes immigrés est devenue plus importante dans nombre de classes ».

Car en effet, le vrai sujet n’est pas la nature des populations mais leur nombre.



Toutefois, il va un peu vite quand il affirme que « l’UNESCO dépense des sommes considérables (…) au nom d’une culture identifiée comme mondiale. »

Ce qui revient à dire que la cathédrale d'Amiens et les mosquées du Nord ivoirien sont d’une culture mondiale avant d’être respectivement chrétienne et musulmanes.

La politique de l’UNESCO a d’ailleurs fait un virage à 180° dès les indépendances des années 1960 justement sous la pression d’Etats nouveaux qui souhaitaient distinguer leur culture et non l’amalgamer aux autres.



On ne peut pas le suivre sur la Yougoslavie où les Occidentaux « ont cédé à la tentation d’accepter l’équation territoire = ethnie unique = Etat-nation » ce qui est « contraire à la philosophie politique et à la morale dont ils se réclament. »

Préfère-t-il des Etats multiethniques et conflictuels ou avec une ethnie très largement majoritaire et plus paisibles ? Si l’application de la « philosophie » crée des tensions et que vivre entre gens qui se ressemblent n’en crée pas c’est la philosophie qui se trompe et l’Occident doit en changer.



Dans la même veine, quand il dénonce les échanges de population entre Turquie et Grèce prévus par le Traité de Lausanne de 1923, « exodes forcés avec des dizaines de milliers de morts », il oublie de mentionner que les tensions étaient telles entre orthodoxes et musulmans que l’exode s’est poursuivi ensuite de façon volontaire.

Alors oui, près de 2 millions de personnes ont été déplacées mais ces territoires sont en paix depuis un siècle. Grosser préfère-t-il qu’elles soient restées en place et qu’on ait vécu un siècle d’affrontements ethnico-religieux et « des dizaines de milliers de morts » ?

En perdant 400.000 musulmans et en gagnant 1,5 million de Grecs, la Grèce est devenue plus homogène ce qui a grandement contribué à sa paix sociale.



(édition de février 1996)

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