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Citations de Alfred Jarry (354)


LE PRÉSIDENT MIGRATEUR

Le Président de la République, à l'instar de l'hirondelle, du martinet, de l'omnibus, du pigeon et du commis-voyageur, accomplit des migrations périodiques.

[...]

Cercle vicieux:

Le Président n'obéit point à la température, mais à la pesanteur.
Il oscille, tel un pendule, de ci et de là avec Paris pour centre.
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Sauf pour naître, André Marcueil n’eut d’abord point de contact avec la femme, étant allaité par une chèvre, comme un simple Jupiter.
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LA PASSION CONSIDÉRÉE COMME COURSE DE CÔTE.
Barrabas, engagé, déclara forfait.
Le starter Pilate, tirant son chronomètre à eau ou clepsydre, (...) donna le départ.
Jésus démarra à toute allure.
En ce temps-là, l’usage était (…) de flageller au départ les sprinters cyclistes (…)
Le fouet est à la fois un stimulant et un massage hygiénique. Donc Jésus, très en forme, démarra, mais l’accident de pneu arriva tout de suite. Un semis d’épines cribla tout le pourtour de sa roue avant. (...)
Les deux larrons, qui s’entendaient comme en foire, prirent de l’avance. (...)
Mais il convient que nous relations préalablement les pelles. Et d’abord décrivons en quelques mots la machine.
Le cadre est d’invention relativement récente. C’est en 1890 que l’on vit les premières bicyclettes à cadre. Auparavant, le corps de la machine se composait de deux tubes brasés perpendiculairement l’un sur l’autre. C’est ce qu’on appelait la bicyclette à corps droit ou à croix. Donc Jésus, après l’accident de pneumatiques, monta la côte à pied, prenant sur son épaule son cadre ou si l’on veut sa croix.
Des gravures du temps reproduisent cette scène (…)
Ils représentèrent Jésus les deux mains écartés sur son guidon, et notons à ce propos que Jésus cyclait couché sur le dos, ce qui avait pour but de diminuer la résistance de l’air.
(...) Nous abrégerons le récit de la course elle-même, racontée tout au long dans des ouvrages spéciaux, et exposée par la sculpture et la peinture dans des monuments « ad hoc »
Dans la côte assez dure du Golgotha, il y a quatorze virages. C’est au troisième que Jésus ramassa la première pelle. Sa mère, aux tribunes s’alarma.
Le bon entraîneur Simon de Cyrène porta sa machine. Jésus, quoique ne portant rien, transpira, (…) une spectatrice lui essuya le visage.
La seconde pelle eut lieu au septième virage, sur du pavé gras. Jésus dérapa pour la troisième fois, sur un rail, au onzième,
Les demis-mondaines d’Israël agitaient leurs mouchoirs au huitième.
Le déplorable accident que l’on sait se place au douzième virage. Jésus était à ce moment deadheat avec les deux larrons. On sait aussi qu’il continua la course en aviateur… mais ceci sort de notre sujet.
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MERE UBU

Monsieur Ubu, votre femme est adorable et délicieuse, elle n'a pas un seul défaut.

PERE UBU

Vous vous trompez, il n'y a pas un défaut qu'elle ne possède.

MERE UBU

Silence donc! Votre femme ne vous fait point d'infidélités!

PERE UBU

Je voudrais bien voir qui pourrait être amoureux d'elle. C'est une harpie!

MERE UBU

Elle ne boit pas!

PERE UBU

Depuis que j'ai pris la clé de la cave. Avant, à sept heures du matin elle était ronde et elle se parfumait à l'au de vie. Maintenant qu'elle se parfume à l'héliotrope elle ne sent pas plus mauvais. Ça m'est égal. Mais maintenant il n'y a plus que moi à être rond!
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Père Ubu: Allons, messieurs, prenons nos dispositions pour la bataille. Nous allons rester sur la colline et ne commettrons point la sottise de descendre en bas. Je me tiendrai au milieu comme une citadelle vivante et vous autres graviterez autour de moi. J'ai à vous recommander de mettre dans les fusils autant de balles qu'ils en pourront tenir, car 8 balles peuvent tuer 8 Russes et c'est autant que je n'aurai pas sur le dos. Nous mettrons les fantassins à pied au bas de la colline pour recevoir les Russes et les tuer un peu, les cavaliers derrière pour se jeter dans la confusion, et l'artillerie autour du moulin à vent ici présent pour tirer dans le tas. Quant à nous, nous nous tiendrons dans le moulin à vent et tirerons avec le pistolet à phynances par la fenêtre, en travers de la porte nous placerons le bâton à physique, et si quelqu'un essaye d'entrer, gare au croc à merdre!!!

Officiers: Vos ordres, Sire Ubu, seront exécutés.

Père Ubu: Eh cela va bien, nous serons vainqueurs. Quelle heure est-il?

Le général Lascy: Onze heures du matin.

Père Ubu: Alors, nous allons dîner, car les Russes n'attaqueront pas avant midi. Dites aux soldats, Seigneur Général, de faire leurs besoins et d'entonner la Chanson à Finances.
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A mesure qu'avec la lumière se précise le sol terrestre, la matière crasse envahit la subtile, et les formes, seules réelles idées, meurent, naissent ou changent, et tout cela est la même chose. Malheur ou heur, incertitude ou plutôt indifférence, à cause du son des trois trompes des trois hérauts qui n'ont point encore sonné.
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L'homme ne naîtra plus, ni du sperme ni du sang; par scissiparité nous multiplierons les cadavres, qui font belles les plantes à l'envol symétriquement infernal et céleste.
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Sirène : ce nom avait été suggéré à Marcueil par le ronflement du moteur qui ébranlait les vitres de Lurance. Le masque de chauffeuse, en peluche rosé, d’Ellen lui dessinait une curieuse tête d’oiseau, et Marcueil se rappela que les vraies sirènes de la fable n’étaient point des monstres marins, mais de surnaturels oiseaux de mer.
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Ma lampe a piqué de points clairs les dents des monstres les plus proches. Les effraies empaillées, sous leur masque de velours blanc percé d’yeux en étui de peigne, ouvrent leur bec de ciseaux. L’infini troupeau des quadrupèdes décharnés se couche comme un chien qui quête un os, et l’immense meute attend la curée. Les squelettes pendus par le crâne, immuablement droits et corrects, ouvrent sans bruit leurs lèvres jaunes en des sourires de gourmets, et les momies rapprochent leurs cagneuses rotules de casse-noisettes bruns. Je ne suis que le maître d’hôtel qui leur apporte inconscient un hors-d'œuvre pour leur prochain sabbat – car, en le cristal du bocal, sur la tablette de l’armoire vitrée, déjà ballonné d’alcool clair, s’épanouit le Foetus comme un gros fruit des Îles.
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Vive l' armerdre!
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M. FAGUET ET L’ALCOOLISME
« N’attaquez pas l’alcoolisme ! » tel est le titre d’un article de M. Émile Faguet – où il l’attaque. Quand ne sera-t-il plus besoin de rappeler que les antialcooliques sont des malades en proie à ce poison, l’eau, si dissolvant et corrosif qu’on l’a choisi entre toutes substances pour les ablutions et lessives, et qu’une goutte versée dans un liquide pur, l’absinthe par exemple, le trouble ?
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On n’a point oublié cette récente et lamentable affaire : à l’autopsie, on trouva la boîte crânienne d’un sergent de ville vide de toute cervelle, mais farcie de vieux journaux. L’opinion publique s’émut et s’étonna de ce qu’elle jugea une macabre mystification. Nous aussi nous sommes douloureusement ému, mais en aucune façon étonné.
[ ... ]
Ici le moraliste et l’honnête homme s’attristent. Hélas ! C’étaient la Gaudriole, le dernier numéro du Fin-de-Siècle, et une foule de publications plus que frivoles, dont quelques-unes de contrebande belge.
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LES NOUVEAUX TIMBRES
C’est une des superstitions humaines, quand on veut s’entretenir avec des proches momentanément éloignés, qu’on jette dans des pertuis ad hoc, analogues aux bouches d’égout, l’expression écrite de sa tendresse, après avoir encouragé de quelque aumône le négoce, si funeste pourtant, du tabac, et acquis en retour de petites images sans doute bénites, lesquelles on baise dévotement par derrière. Ce n’est point ici le lieu de critiquer l’incohérence de ces manœuvres : il est indiscutable que des communications à distance sont possibles par leur moyen.
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Il est rare que les noyés aillent par bancs, à l’instar des poissons. On en peut inférer que leur science sociale est encore embryonnaire, à moins qu’on ne juge plus simple de supposer que c’est leur combativité et leur valeur guerrière qui est inférieure à celle des poissons. C’est pourquoi ceux-ci mangent ceux-là.
Nous sommes en mesure de prouver qu’il y a un seul point commun entre les noyés et les autres animaux aquatiques : ils frayent, comme les poissons, bien que leurs organes reproducteurs soient, pour l’observateur superficiel, conformés comme ceux des humains ; ils frayent, malgré cette objection plus grave, qu’aucun arrêté préfectoral ne protège leur reproduction, par une prohibition momentanée de leur pêche.
Un noyé se vend de façon courante vingt-cinq francs sur le marché de la plupart des départements : c’est là une source de revenus honnêtes et fructueux pour la sympathique population fluviale. Il serait donc patriotique d’encourager leur reproduction, d’autant que, faute de cette mesure, la tentation est toujours grande, chez le citoyen riverain et pauvre, d’en fabriquer d’artificiels, mais égaux devant la prime, au moyen du maquillage par voie humide d’autres citoyens vivants.
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L’inspecteur de la Sûreté Rossignol écrit dans ses mémoires qu’il est bon, si l’on est attaqué ou si l’on attaque quelqu’un, de tirer toujours deux coups de revolver, le premier dans le ventre du sujet, le second en l’air. À l’arrivée de la police – laquelle accourt à ce signal convenu – on déclare avoir tiré le premier coup en l’air et le second… quand on n’a pu faire autrement. Ce faible débours d’imagination consolide la réputation d’un honnête homme.
Remarquons que l’amateur inexpérimenté peut tirer autant de coups de revolver qu’il lui plaira dans le ventre de qui lui plaira, jusqu’à ce qu’il soit informé, d’une manière quelconque, qu’il a touché le but. Il n’a qu’à signaler ensuite que toutes ses cartouches, moins une, ont été brûlées en l’air.
Le coût d’une cible humaine est de seize francs. Pour assurer la régularité des épreuves, les revolvers dont la longueur n’atteint pas quatorze centimètres sont prohibés.
Par abonnement annuel, pour cette même somme de seize francs versée d’avance, le contribuable a droit à un nombre de cibles illimité.
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On a dit dans un grand journal, au sujet de ..., et nous n'aurions pas mieux dit - même aux heures où nous nous efforçons, pour garder notre cerveau plus libre, d'en évacuer toute intelligence.
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Alfred Jarry
L’eau, liquide si impur, qu’une seule goutte suffit pour troubler l’absinthe.
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Alfred Jarry
Il est plus ordinaire de voir un amour extrême qu’une parfaite amitié.
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LES PARALIPOMÈNES
I

Je marche à l'horizon risiblement opaque
Au ricanement des cadrans. Et les bourdons
Ombres de pèlerins en file au ciel de laque
Frappent les gonds de l'horizon gardant ses dons.

La pluie est monotone en l'heure tombant : craque
Au plomb lourd de la pluie, ô Sablier qui vaque
Toujours gonflant les épines des diodons.
Quand s'ouvrira le Jour qui s'épand en pardons

Irradiés au fond de mer ou de ciguës
Vers qui tournant au vent je vire mes mains nues
Priez : déjà la pluie et l'heure avec son pleur

M'engrillent pour la nuit et le sommeil sans rêve.
Priez que mes désirs dorment : et j'aurai l'heur
Que mon âme qui meurt veuille me faire trêve.

Versé le plat reflet des barbes dans l'eau moire
Des ifs vitraux au ciel s'intersèquent les plombs.
O visage si rond de la ville, les fonds
Qui dédaignent les bras plongeurs ont ta mémoire.

Ramant rapide sous les durs remous, la gloire
Se dessine fuyant des falots aux talons
Remontés du liquide à l'air les échelons,
Voici l'horizon se dresser la Tour noire.

Tombés plongent les clairs carreaux de deux prunelles,
Les doigts de la fenêtre oculaire infernaux
De l'orbite ont jeté deux larmes parallèles,

Et de douleur de la Tour huhule en ses créneaux,
Cependant qu'à son front les aigrettes jumelles
Raides au ciel de laque arment deux sentinelles.

p.99-101
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LE COMMANDANT: Ah! Quelle belle brise!
PERE UBU: Il est de fait que nous filons avec une rapidité qui tient du prodige. Nous devons faire au moins un million de noeuds à l'heure, et ces noeuds ont ceci de bon qu'une fois faits ils ne se défont pas. Il est vrai que nous avons vent arrière.
PILE: Quel triste imbécile.
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