AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Alfred Jarry (149)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Ubu roi

Si je devais choisir un argument et un seul pour vous inciter à lire cette pièce, et si cela devait être son seul intérêt, je vous dirais très sûrement qu'il faut la lire parce qu'elle est drôle. Et que rien que pour cela, vous n'avez pas grand chose à perdre.

Je n'irai pas non plus jusqu'à vous soutenir qu'elle est franchement hilarante, mais les trouvailles de néologismes du père Ubu sont demeurées célèbres (la merdre ou le voiturin à phynances par exemples) et rendent la lecture fort distrayante, dans la lignée rabelaisienne.

L'histoire est burlesque ; les personnages grotesques (surtout le couple star du père et de la mère Ubu) ; les situations bouffonnes. Le style décalé et tellement particulier qu'emploie l'auteur valent assurément le détour.

Alfred Jarry utilise le bon gros gras qui tache pour ridiculiser nos dirigeants et leurs ambitions. Je pense que c'est une pièce sans prétention qu'il a voulu faire, juste un bon morceau de déconnade, comme au meilleur des blagues potaches entre copains. (Cependant je n'ai pas creusé la question et n'ai rien lu sur le sujet, peut-être suis-je très loin des ambitions réelles de Jarry là-dessus, vous me direz si vous en savez plus, du moins, je l'ai perçu comme tel.)

La pièce s'ouvre comme une immense parodie des pièces de Shakespeare (Hamlet et MacBeth entre autre) où Ubu est une sorte d'équivalent de Polonius, c'est-à-dire un homme de confiance du roi, haut dignitaire du royaume. Mais Ubu, malgré cette place en or et fort peu fatigante est poussé à la conspiration par sa charmante épouse, l'innommable mère Ubu.

Ceux-ci fomentent avec le capitaine Bordure d'assassiner le roi et ses héritiers.

Personne n'en réchappe sauf l'ultime fils de Venceslas, un certain Bougrelas.

Je vous laisse découvrir ce que le couple royal saura faire du pouvoir ainsi que la manière dont se comporteront Bordure et Bougrelas.

Sachez seulement que le père et la mère Ubu cumulent à eux deux une somme de tares et de vices impressionnante, car ils sont, à tout le moins avides, incapables, poltrons, mais, et cela semble être la morale de la pièce, ils arrivent malgré tout au pouvoir et quand les choses tournent mal, parviennent à s'en tirer à moindre frais tandis que des hordes de pauvres bougres qui sont dans leur sillage payent le prix fort à leur place.

Ce pamphlet, certes un brin simpliste, est cependant efficace et transpire la gaieté jusqu'à nous, en tout cas, jusqu'à moi, car ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          1422
Ubu roi

Ubu roi, c'est une critique satirique humoristique de la prise de pouvoir d'un pays !

Pologne, fin du XIXè siècle. Le père Ubu et sa femme renversent le roi Venceslas. Aussitôt, la mère Ubu dit à son mari de distribuer de la viande et de l'or au peuple pour rester au pouvoir. mais Ubu est très avide et irrespectueux (comme, à mon avis, beaucoup d'hommes politiques "pour de vrai" ).

Il fait un grand ménage : il passe les nobles " à la trappe " pour récupérer leurs terres, itou les magistrats qui s'opposent aux réformes, et les financiers qui refusent d'augmenter les impôts !

Il va collecter lui même les impôts avec le cheval à phynances, et détruit les maisons où l'on s'oppose à lui.

Un personnage important qu'il a fait emprisonner, Bordure, s'échappe, et va prévenir le tsar de Russie Alexis du coup d'état. Le tsar déclare la guerre à Ubu, et gagne. Ubu se réfugie dans une caverne....

.

C'est une pièce de théâtre que j'ai appréciée en lecture, et je pense que les comédiens ont dû bien se marrer en la présentant !

Contre les sagouins, Ubu utilise le croc à finances, le ciseau à oneilles, le croc à merdre, etc...

Avec les jeux de mots, les mots inventés, la satire et l'humour, surtout sur le navire, j'ai éclaté de rire !

.

Puis Ubu et sa femme reviennent en France, et j'ai pensé à notre roi Henri III roi de Pologne, ainsi de les frères de Napoléon placés "rois" à l'étranger, l'aventure de Maximilien au Mexique, ou du Japonais récemment président du Brésil !
Commenter  J’apprécie          665
Ubu cocu

On connait souvent "Ubu Roi" mais très peu les autres oeuvres de Jarry. Dans cette pièce, Ubu, ancien roi de Pologne, se présente comme un grand pataphysicien. Il doit occuper un appartement et pour cela, il en déloge les occupants à sa manière… Et il ne se prive pas d’une de ses armes favorites : le Pal ! Seul ombre au tableau : la conscience d’Ubu qui lui rappelle que, cornegidouille !, on ne se débarrasse pas ainsi des gens. Ah non ? Et paf, enfermée la conscience ! Bon, et la Mère Ubu pendant ce temps ? Elle est tombée raide dingue d’un égyptien, un certain Memnon. Il vaudrait mieux pour lui qu’il se planque s’il ne veut pas rejoindre les mânes de son ancêtre légendaire !



La première pièce était déjà absurde, on peut dire que celle-ci est complètement cinglée ! Mais quel plaisir de retrouver la verve de ce personnage ! Sa femme n’apparait que très peu au final. Jarry se moque, bien entendu… Un peu à la manière d’un Molière avec son Monsieur Jourdain, on a ici un homme imbu de lui-même se prenant pour un scientifique. Lisez cette pièce, la pataphysique n’aura plus de secret pour vous ! 😂
Lien : https://promenadesculturelle..
Commenter  J’apprécie          550
Ubu : Ubu roi - Ubu cocu - Ubu enchaîné - Ubu..

Les premiers balbutiements géniaux de ce qui deviendra le théâtre absurde et la pataphysique sont issus des élans puérils de quelques petits polissons, dont faisait partie Jarry et que ce dernier s'est appropriés pour les jeter au public sous la forme de ces quelques aventures du roi Ubu.

Si les pièces plairont à coup sur au public qui ne demande qu'à se divertir sans réfléchir, le spectateur qui s'attend à y trouver quelques réflexions brillantes sera grandement déçu. Par contre, comme c'est le cas en général pour l'absurde, il est toujours possible d'y mettre ses propres interprétations critiques, politiques, philosophiques, etc., de sorte qu'avec un peu de bonne volonté, chaque spectateur y trouvera son compte. Le style tombe crument et gratuitement dans la facilité et la grossièreté, mais l'inventivité (notamment en matière de langage) qu'on y trouve peut ouvrir plusieurs pistes fécondes à la pensée.

Évidemment, pour un metteur en scène, la pièce est une véritable caverne d'Ali Baba. Avec Ubu, tous les délirs ne sont pas seulement permis, mais encouragés par l'écriture même de la pièce, dont la forme a la (toute relative) qualité d'être on ne peut plus ubuesque que le fond...
Commenter  J’apprécie          544
Ubu roi

Voilà qui une petite pièce bien rigolote, absurde sans pour autant être hilarante…



Mère Choupette : C’est tout ?



Père Hugo : C’est tout quoi ?



Mère Choupette : Si court (suivez son regard), Je croyais que tu étais un auteur de critique exceptionnel, que les femmes fantasmaient sur ta rhétorique de fanfaron



Père Hugo : Non d’une pipe, vous ne m’avez pas compris, à genoux je vous prie !



Mère Choupette : « Queue » nenni ; je vous avais très bien compris, je cite : « gare à toi mère choupette, les femmes de Babelio rêvent de poésie et de vulgarité, je comble leurs fantasmes de cochonneries libertines, elles me désirent toutes… et peut-être « queue »»



Père Hugo : Quiproquo, vilaine je re-cite : « gare à toi mère choupette, les femmes de Babelio sont pleines d’esprit, très poétique, jamais vulgaire elles fantasment de plaisirs littéraires… »



Mère Choupette : Vous mentez et le mensonge n’est pas très long, vous en conviendrez (suivez son regard)…



Père Hugo : Baliverne, la longueur n’a « queue » peu d’importance, c’est bien connu



Mère Choupette : Foutaise et légende de petits hommes chauves…



Père Hugo : Monstre, Qualité et endurance me caractérisent fort bien, n’est ce pas ma toute douce ?



Mère Choupette : Ma mémoire est aussi courte que votre désir…



Père Hugo : Et vous madame avez la langue bien pendue à défaut d’être utile… à genoux madame, et réglons ce mal-en-tendu…



Mère Choupette : Désolé, même à genoux je ne vois rien…



Père Hugo : je vous tends mon amour, il est au bord des larmes, un geste de votre part et il s’effondrera dans un dernier sanglot…



Mère Choupette : Voyez comme mon ventre est rond, je ne puis m’approcher d’autant, même avec volonté je ne saurais faire ce à quoi vous aspirez…



Père Hugo : aspirez à ma place, soyez gourmande, voyez comme je souffre de votre nonchalance…



Mère Choupette : Cessez-donc de faire votre enfant, soyez fort et indulgent, laissez mes genoux en paix et ma langue ou elle est…



Père Hugo : Je me meurs…



Mère Choupette : partez en paix mon amour déchu...



Père Hugo : Chienne de vie ! arggggggggggggg...... ..... ....





Le mot de la fin pour "Verdorie" dit la Hollandaise (J’adore verdorienette)



Reine Choupette : Et si, eu égard à mon ventre rond,

c'est vous qui, maintenant, fassiez le con

que vous mesuriez qu'une femme debout

adore voir un homme à ses genoux....



A plus les copains

Commenter  J’apprécie          4812
Ubu roi

Lorsque je m'apprête à lire Ubu, plusieurs pensées me viennent à l'esprit.

D'abord le même étonnement, le même émerveillement face au sort réservé à ce qui était au départ une pochade de potaches.

Car ce volpone gargantuesque, caligulesque, vulgaire et grotesque n'est, avant son appropriation par Jarry, qu'un quidam provincial, un "humble" professeur de physique d'un lycée de Rennes, chahuté et moqué par ses élèves, dont les nom et prénom, Frédéric Hébert, vont devenir à l'occasion d'une pièce écrite par deux d'entre eux, les frères Morin, " le Père Ébé " dans la pièce intitulée " Les Polonais". Ce "Père Ébé" est devenu roi de Pologne... "c'est-à-dire de Nulle part"... ( on comprend "le message"... )

Arrive dans ce lycée Jarry qui devient ami avec l'un des frères Morin, Henri... Ubu est né !

Et avec lui " le théâtre de l'absurde ", qui va révolutionner cet art... en 1896... et universaliser l'adjectif " ubuesque ".

Géant ! Revoyez-vous au lycée, blaguant, caricaturant un de vos profs... et imaginez qu'à partir de là.... c'est, pour moi, un constant "époustouflement" ( quand on est avec Jarry, on néolojarrise...).

Ensuite, lorsque débute la lecture, je visualise Ubu sous les traits et la voix de Coluche...le Coluche de - Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine - incarnant "le roi Gros Pif 1er", et celui de - le fou de guerre - et du capitaine Oscar Pilli aux côtés d'un certain Beppe Grillo (initiateur du Mouvement 5 étoiles), lequel devient dans ma lecture le "capitaine Bordure"...

Où mènent ladite lecture et l'imagination ?!!!... À l'absurde, me direz-vous...

Ubu c'est l'outrance, la démesure, le tout-permis, le délire, la pulvérisation des règles et des codes, à commencer par celle de la langue, rabelaisée, macbethisée, sexualisée, néologisée. C'est le gras, le lourd, l'indigeste assumés, revendiqués.

Ubu, c'est l'ennemi du politiquement correct, c'est Charlie ripaillant avec Harakiri.

Ubu, c'est un ex-roi d'Aragon aujourd'hui officier des dragons loyal à son souverain, le roi de Pologne Venceslas. Poussé par sa femme, "la mère Ubu" et par le capitaine Bordure, il va prendre la tête d'une conjuration qui va tuer le roi, deux de ses fils, son épouse, s'emparer du trône et de la couronne.

Le règne du roi Ubu va être marqué du sceau du sang. Bête, méchant, cruel et avare, il va décimer les nobles, les magistrats, les financiers... allant jusqu'à faire lui-même du porte-à-porte pour récolter des impôts "iniques".

Ses sujets lui tournent très vite le dos.

Bougrelas, fils rescapé du roi Venceslas, trouve de l'aide auprès du "czar", et aidé de Bordure qui a retourné sa veste, défait Ubu... qui s'enfuit pour la France sur un navire avec sa commère de femme.

Révolutionnaire, transgressive, la pièce fit scandale.

L'introduire en 1896 par un tonitruant " Merdre ! "... ( néologisme inventé par les lycéens de Rennes ) il ne fallait pas manquer de toupet !

Guigner sans vergogne dans un contexte farcesque du côté de Sophocle et de Shakespeare... là aussi, quelle audace !

Mais ce que les spectateurs d'alors n'ont pas compris et que certains comprennent peut-être un peu mieux aujourd'hui, c'est qu'Ubu n'est après tout que l'humain trop humain livré à un monde absurde.

Pour le meilleur et pour le rire, relisez Ubu,"ce produit incestueux de la carpe et du lapin devenu mythe ", et surtout redécouvrez Jarry cet homme étonnant qui signait à la fin de sa vie du nom de son personnage, qui préféra au principe de réalité celui du plaisir et qui, sur son lit de mort, demanda en guise de dernière volonté... un cure-dent... !
Commenter  J’apprécie          473
Ubu roi

Je ne fais pas partie de ceux qui considèrent que le théâtre ne se lit pas. La scène et le papier sont juste selon moi 2 façons différentes, parfois complémentaires, d'aborder ce registre. Le théâtre est avant tout l'art du dialogue et si l'entendre vivre par la bouche d'un acteur est très plaisant, le lire permet de le savourer d'une autre façon mais très intéressante également. Bien entendu, certaines pièces sont sans doute plus propices à la lecture que d'autres. Peut-être que ce n'est pas le cas de la pièce de Jarry. Je ne peux pas l'affirmer n'ayant pas vu la pièce sur scène. En tout cas, je n'ai pas pris plaisir à la lire.



Je reconnais à Jarry du talent dans l'écriture, dans la façon de manier les mots , de jouer avec. J'ai bien perçu la férocité du propos derrière la farce grotesque. Mais je ne me suis jamais sentie impliquée dans cette pièce, je n'ai jamais réussi à m'intéresser à ce qui s'y passait. Et pire, je n'ai pas trouvé ça drôle. Je n'ai pas ri, ni même souri une seule fois. Et il n'y a rien de plus triste qu'une comédie qui vous laisse de marbre. Pourtant, je suis friande d'humour absurde et non-sensique. Mais là, ça n'a pas fonctionné.



Je me suis donc ennuyée à la lecture de cette pièce culte. En fait, j'ai trouvé plus intéressantes les 2 pages biographiques en tête d'ouvrage que la pièce elle-même (ce Jarry avait l'air d'être un sacré personnage !).



Challenge Multi-défis 2017 - 43 (item 8 : une pièce de théâtre)

Challenge XIXème siècle 2017 - 5

Challenge ABC 2017-2018 - 3/26
Commenter  J’apprécie          438
Ubu roi

Cette pièce d'un théâtre de l'absurde, est un bijoux de dérision.

Ce Père Ubu s'est incarné dans maints sinistres personnages du vingtième siècle... Mais lui ne fait que faire rire, et que c'est tonique et salvateur!

À tel point, que le nom de ce personnage aussi effrayant que grotesque et drôle a donné un adjectif: Ubuesque.

Alfred Jarry n' eut pu rêver mieux pour entrer dans la postérité.

Maintenant, il me tarde de voir la pièce jouée...Voir (qui sait?) de la jouer moi-même.

...mais que ne l'ais-je lue plus tôt!?
Commenter  J’apprécie          380
Ubu roi

On lit Ubu Roi et on s'émerveille : comment ? Cette pièce de théâtre aurait été écrite par un lycéen? A cet âge de tourments hormonaux et estudiantains, un Jarry surdoué, premier en thème, en version, en mathématiques et autres glorieuses disciplines, adepte d'une vie mondaine et littéraire précoce, aurait encore trouvé le temps de se faire l'auteur d'une pièce révolutionnaire ? Ubu Roi, tout grotesque qu'il soit, continue d'envahir l'espace. Quel est donc ce géniteur, certainement plus dingue, qui lui a donné vie ?





En remontant un peu aux sources de la création d'Ubu, on découvre que le personnage constitue la légende d'une génération d'étudiants. Lorsqu'il arrive au lycée, Alfred Jarry prend connaissance du mythe de P. H., professeur tout à la fois martyrisé et vénéré, victime d'un bouc-émissariat qui dépasse parfois son objet de proie. A son sujet, une pièce de théâtre intitulée les Polonais a déjà été élaborée et retouchée par une myriade d'étudiants à la fois féroces et géniaux. Alfred Jarry fut l'élève qui signa l'achèvement de cette tradition quasi-biblique, mélange de faits véridiques et de fantasmes, recueil d'allégories élaboré grâce à la transmission orale et manuscrite. Comme la préface l'indique, si Jarry a "instillé une dose de sexualité absente des élucubrations originelles" et s'il a "haussé le texte du scatologique à l'érotique", il n'empêche toutefois que "les situations ubiques et l'attirail de tortures du Père Ubu existaients, tels quels, dans les premiers écrits de Rennes ; l'action personnelle de Jarry sur quelques mots du texte initial n'a fait que rendre plus évidentes des pulsions enfantines et puis adolescentes décelables avant même ce travail de réécriture". On aimerait pouvoir comparer cet Ubu Roi à la dernière version des Polonais pour se rendre réellement compte du travail de peaufinage effectué par Alfred Jarry. Ses modifications furent peut-être minimes et bénéficièrent certainement de l'impulsion d'un élan créateur original; il n'empêche qu'il a su trouver les mots et les situations finales qui figèrent le texte dans sa perfection décisive.





Ce n'est pas pour rien que la pièce fut représentée officiellement pour la première fois au théâtre de l'Oeuvre. Si Alfred Jarry se défend de toute conception intellectualisante du théâtre, il se fit toutefois l'auteur d'un essai critique sur l'absurde au théâtre, qui le fera lorgner vers le symbolisme. Ainsi, Ubu Roi est un symbole : en lui se résument le rustre, grossier, aviné, avide et machiste, l'homme assoiffé de vin mais aussi d'argent, de pouvoir et de territoires. Malgré toutes ces caractéristiques, Ubu Roi n'est pas détestable : sa personnalité est un fardeau divin. Ses valeurs se jugent à l'aune de lui-même: est bien tout ce qui l'améliore, est mauvais tout ce qui le diminue. Ainsi commet-il de mauvaises actions sans en avoir conscience, ainsi n'en commet-il pas de bonnes par hasard, et non pas par méchanceté. Son "merdre" même est tout un symbole : c'est le ridicule qui alourdit la démarche du méchant pour le rendre seulement grossier.





Les personnages entourant le pauvre père Ubu ne valent pas mieux que lui. Son épouse, la mère Ubu, apparaît plus ouvertement sournoise. Elle accepte de se laisser humilier par sa tendre moitié pour mieux tirer les ficelles de la guerre qui se trame entre Ubu et les polonais. Les nobles sont tous pourris, le peuple est maudit, les riches passent à la trappe, et le voiturin à phynances se remplit tant bien que mal. Un ours passe. On meurt et on ressuscite à toute vitesse, entre deux "corne physique" enlacés des plus délicats néologismes inventés par un auteur pluriforme, gargarisé de latin, de littérature classique et de sciences physiques.





Si Ubu Roi plaît autant, ce n'est pas simplement parce qu'il représente la vulgarité qui fait rire mais que l'on méprise. On ne jette pas de regard dédaigneux sur les aventures et les pensées de ce bon vieux père inspiré des personnages rabelaisiens. Au contraire, on le voit se passionner et se lancer dans des tirades enluminées, qui virent parfois presque au lyrisme, avec une admiration croissante. Le père Ubu représente une tentation et la déchéance d'un homme qui a tant et si bien méprisé la culture et les luttes terrestres qu'il a fini par abdiquer, et par en devenir le pire contributeur. Don Quichotte de la chevalerie, mais aussi de la littérature et des sciences. Ubu Roi est fou, à moins qu'il ne soit génial.


Lien : http://colimasson.over-blog...
Commenter  J’apprécie          374
Ubu roi

Encore un "classique" au côté duquel je serai passé, l'oeil torve et la mine perplexe.

Qu'est-ce qui a donc fait que cette bouffonnerie de collégien a traversé les temps?! Drôle? Bof. Bourrée de références classiques? Ce pauvre Shakespeare n'en demandait pas tant. Politique? Contre le totalitarisme, le grand Yaka de mes livres d'enfant m'en ont appris plus. Absurde alors? Oui, mais en l'occurrence, je n'ai vraiment pas vu en quoi cela soulignait la qualité de la pièce...

J'adorais le mot 'ubuesque', mais voilà que maintenant il ne me parle plus du tout... enfin, je me coucherai moins bête ce soir, c'est toujours ça de pris.
Commenter  J’apprécie          346
Ubu roi

Despotique et grassouillet, grotesque et cynique, cruel et hâbleur, mesquin et vil, le père Ubu collectionne les petitesses comme d'autres les sous bocks.

L'un est pataphysicien sans le savoir, l'autre est cervalobélophile (sans le savoir non plus. On hésiterait à se qualifier ainsi. Quoique le qualificatif ne soit pas plus ridicule que la marotte).



En tous les cas, il est bien plus aisé de glisser l'adjectif ubuesque au milieu d'un raout que cervalobélophile. L'un vous désigne comme intellectuel, l'autre laisse à penser que vous avez subi une lobotomie et que vous avez apprécié.



C'est donc au milieu d'un raout très guindé qu'il convient de lâcher la référence au père Ubu. Et de marcher sur ses traces.

Le temps de recueillir quelques mimiques approbatrices à propos de votre culture littéraire (et par respect pour Rabelais, Molière, et toute la pataphysique réunie) vous vous lancez, tel un goret, dans l'entreprise folle d'expulser manu militari votre hôte fortuné, de détrousser l'ensemble des convives, de défenestrer les quelques réticents, tandis que votre épouse écume les autres appartements de cet hôtel particulier du XVI° arrondissement parisien à la recherche d'un or qu'elle ne compte en aucun cas partager avec vous.

Vous ne barguignez pas! Vous dérobez les titres de propriété, les faîtes vôtres, menacez le ministre du budget qui sirotait sa fine champagne afin d'empocher l'ensemble des impôts sur le revenu sans oublier la taxe sur la valeur ajoutée, bien plus rémunératrice.



Bref, vous fichez un grand coup de pied dans la fourmilière comme Jarry le fit en son temps avec cette grosse et grasse blague potache qui n'hésite devant aucun jeu de mots foireux tel le combat entre voraces et coriaces.

Cela se passe en Pologne, c'est à dire nulle part, nulle part étant partout d'autant qu'à l'époque la Pologne n'était pas un Etat.

La trame est aussi sommaire que dans une pièce de boulevard mais sans placard, avec plus d'envolées argotiques, et sans cette désespérante convenance faussement délurée.

Comme Iznogoud, longtemps après Ubu, tentera d'être calife à la place du calife, Ubu veut assassiner son roi pour avoir de la phynance, une capeline, un cabas jusqu'au pied, un joli parapluie et se goinfrer. Comme le font depuis toujours les hommes à coup de putsch, d'élections trafiquées, de rafales d'armes automatiques.



Ça cavalcade, injurie, trahit, occis. Ça grasseye, se vautre dans le grotesque, et entre deux "merdre" pastiche Racine (rare, trop rare moment ).

Avec Ubu roi, Jarry a pataugé gaiment dans l'absurde et l'indélicatesse. Mais un brin de subtilité ne lui aurait pas fait de mal.

N'est pas Rabelais qui veut.



Moi, ça m'emmerdre un peu. Voire beaucoup. La répartie est inégale. La drôlerie relève davantage de la blague Carambar. Mais comme la pièce est aussi courte que les idées qu'elle véhicule, ça aide, cornouille, à aller jusqu'au bout.





Commenter  J’apprécie          331
Ubu roi

Ubu possède une telle notoriété que je voulais lire cette pièce, avec cette version illustrée (et le texte intégral) c'est chose faite ; et franchement, ça ne valait pas le coup. Si quelques ressorts sont intéressants et bien caricaturés, le tout est nauséeux et d'un intérêt limité. Pas besoin de cette pièce pour critiquer les tyrans et les dictateurs ; alors peut-être en son temps était-ce une œuvre d'intérêt, mais, à mon goût, c'est franchement beaucoup de bruit pour rien.
Commenter  J’apprécie          304
Ubu roi

Dans les toutes dernières années du 19 ème siècle, la première représentation de Ubu Roi, provoque le scandale. Pourquoi? parce que la pièce n'est pas classique, pas du tout traditionnelle et que l'auteur introduit d'emblée sur scène, dès son premier mot un personnage grossier, une caricature de personnage! Ubu est tout ce qui peut être de plus ignoble, bête, méchant, cupide, violent, mais couard, glouton... la liste de ses défauts est infinie. Ubu, devient cependant, au prix d'assassinats, le roi de Pologne. Il faut entendre pour Pologne un pays lointain, presque mythique... Ubu, devient surtout un tyran.

Je vois dans cette pièce hors normes, une farce, une parodie, une tragi-comédie. Malgré sa violence, comment prendre Ubu au sérieux, on ne peut que le mépriser. Mépriser pour ce qu'il est, mépriser pour les actes qu'il commet... Grossier, goinfre, amateur de propos scatologiques et de mauvais calembours, Ubu est un pantin sanguinaire qui prend les rênes d'un Etat, nous en avons vus d'autres dans le cours du 20 ème siècle!

Né de l'esprit potache, dans une classe du lycée de Rennes, Ubu a trouvé sa forme définitive sous la plume d'Alfred Jarry, grand admirateur de Rabelais (d'où le côté scatologique) et bon lecteur d'auteurs classiques Shakespeare, Victor Hugo, Corneille, Racine... ainsi que des écrivains de l'Antiquité.

Ubu est peut-être une farce, mais cette pièce a été bâtie sur des bases solides...

Quant au scandale provoqué en 1896, qu'en penser? Oeuvre trop innovatrice, subversive dans ce 19 ème siècle pudibond, à notre époque beaucoup d'eau a coulé sous les ponts, et je ne pense pas qu'Ubu mangeur d'andouille et grossier personnage offusque encore énormément les lecteurs... Je ne l'ai pas aimé bien sûr, mais je l'ai regardé évoluer comme un lamentable et pitoyable pantin, parachuté dans cette société du 21 ème siècle où ils sont fort nombreux!
Commenter  J’apprécie          291
Siloques, superloques, soliloques et interl..

Ce petit manuel au titre a rallonge sublime, concentré a lui tout seul de l'esprit divinement inventif et avant-gardiste de monsieur Jarry, présente une succession des meilleures chroniques écrites par celui ci, une anthologie de textes aux titres ravageurs tels que "le piéton écraseur", "les mœurs des noyés", "Edgar Allan Poe en action" et surtout le très libertaire et anarchisant "psychologie expérimentale du gendarme" description impayable et persiflante des forces de l’ordre! Chaque texte se lit avec délectation, comme un manifeste critique et poétique, comme une redécouverte de la vacuité du quotidien transfigurée de manière décalée et fantaisiste, des "conseils pratiques" totalement hilarants qui expliquent par exemple comment coller un timbre, utiliser un distributeur automatique ou se faire opérer de l'appendicite! On y découvre également une analyse fine et brillante des comportements de nos semblables passés au crible, le panache d'un langage inimitable et bien tourné, riche en anecdotes, propre au style de Jarry, qui sait mieux que personne l'art de manier avec maestria verve élégante et langage de tout les jours, sans jamais tomber dans la théâtralité et l'excès, la démonstration de style pesante ou le grand guignolesque! C'est en ça que les œuvres de Jarry parlent a tous, car mêlant brillamment farce et sérieux, théorie construite et imagination fertile, intelligence et audace, drôlerie et réflexion critique, avec une étonnante modernité indémodable même. Un véritable tour de force, que je vous invite vraiment a découvrir sans attendre.





Commenter  J’apprécie          290
Ubu roi - Ubu enchaîné

Un classique particulier,une tragi-comédie où le tyran est dépeint avec un humour extrême. La tragédie se trouve noyée dans la bouffonnerie des personnages si bien que le père Ubu devient un simple fantoche,un simple envieux sans ambition.



Et quand il devient roi, il s’intègre dans un tyran invétéré, seulement sa tyrannie n'est qu'un jeu d'humeur. Il dépasse même l’échelle de la tyrannie en toute ignorance...par ses sotises, il perd le pouvoir...puis l'illusion s’aggrave...



J'ai passé plus de temps à rire qu'à me poser des questions sur des situations que me propose la pièce.
Commenter  J’apprécie          280
Ubu roi

Ça faisait un moment que je me suis promis de lire un jour les oeuvres complètes d'Alfred Jarry. Bon, ce jour n'est pas encore arrivé, mais au moins j'ai emprunté le bouquin à la bibliothèque et j'aurais lu Ubu roi (qui fait d'ailleurs parti du baby-challenge Théâtre de Livraddict) !

Ce texte m'a énormément surprise : je ne m'attendais pas du tout à ça...



Il faut dire que j'ai tout de suite été surprise par la grossièreté d'Ubu. L'une de ses premières répliques est un "merdre" qui m'a tellement déstabilisé que j'ai tout de suite éclaté de rire ! Honnêtement, il ne faut pas se formalisé devant tant de vulgarité si l'on veut apprécier ce texte : toute la pièce en est bourrée et quelque part ça en devient risible tellement ça ne colle pas avec l'image de dirigeants qu’acquière la mère et le père Ubu. Personnellement, ça m'a fait rire, surtout que c'est écrit en vieux français, mais je comprends totalement que ce ne soit pas le cas de tout le monde : d'ailleurs, habituellement, c'est plutôt le genre de chose qui m'horripile.



L'histoire m'a également bien plu : elle est totalement loufoque et pourtant, elle est totalement réaliste. Et ce, encore aujourd'hui. Des coups bas pour arriver au pouvoir, ça existera toujours (rien qu'en regardant les pics que se lancent les politiciens...) tout comme les dirigeants qui cherchent à s'enrichir encore plus (si il n'y avait que les comptes en suisses !)... Mais bon, le débat n'est pas là, mais il est certain qu'Ubu reste très actuel.

J'ai également beaucoup été amusée par la chance qu'à Ubu : il arrive toujours à se sortir des pires situations, sans jamais lever le petit doigt. Toujours grâce à la bêtise d'un autre ou par le hasard : il a une certaine chance dans son malheur, mais jamais assez pour s'en sortir totalement.



J'ai été assez conquise par le style d'Alfred Jarry, d'autant plus que si mes souvenirs sont bons, il n'avait que 15 ans quand il a écrit cette pièce. Bien sur, tout est caricaturé dans Ubu roi et assez prévisible, mais c'est ça aussi qui fait le charme de la pièce : parce que même quand on pense avoir tout deviné, Ubu arrive encore à nous surprendre !

Ubu roi est vraiment une pièce à lire !
Lien : http://lunazione.over-blog.c..
Commenter  J’apprécie          280
Gestes et opinions du Docteur Faustroll, pa..

Que dire de plus du Dr Faustroll ? J'ai envie de dire QUE POURRAIT-ON ENLEVER sans qu'il n'y paraisse ? Tout ou rien : la parole y est profusion, riche de symboles, d'allusions, de clins d'œil, de clins d'yeux, de parodies. Paris parodie… Parodie des parodies même ! Quel feu d'artifice en tout cas pour célébrer la naissance de la pataphysique comme science. Car là aussi il y a beaucoup de vérité. Où ça là ? Dans l'absurde, la moquerie et l'imaginaire.



Et que dire de l'Amour Absolu sinon que Jarry y mêle Ève et Marie, Joseph et Adam, l'amour, le sexe, l'inceste, la vie, l'éternel et la mort… tout se dit, se mélange en symboles et farces tragiques avec la mort du condamné pour point final.
Commenter  J’apprécie          260
Ubu roi

Peu d’œuvres littéraires ont servi de base à l'invention d'un terme entré ensuite dans le langage courant. C'est le cas de cette ubuesque pièce de théâtre, qui mélange l'absurde et la potacherie avec la dénonciation des abus les plus graves. C'est cette alliance inconciliable de légèreté et de gravité qui fait toute l'originalité de l’œuvre. On le comprend mieux en apprenant grâce aux préfaces et notices toute la genèse de l’ouvrage, qui tire son origine dans des délires de lycéens.



Tout en comprenant la démarche, j'ai néanmoins trouvé que l'excès de bouffonnerie pouvait avoir tendance à affaiblir le propos, même si certains moments sont d'une drôlerie absolument caustique. Le ridicule des élites, dans tous les domaines de la société mérite sans doute une telle pantomime, mais la lecture n'en est pas des plus agréables tout au long.
Commenter  J’apprécie          230
Le Surmâle (BD)

Le perpetual-motion-food est censé apporter une perpétuelle énergie. Or, « un homme qui ferait l’amour indéfiniment n’éprouverait pas plus de difficulté à faire n’importe quoi d’autre indéfiniment : boire de l’alcool, digérer, dépenser de la force musculaire, etc. », et le raisonnement inverse est valable aussi.



C’est donc l’histoire d’André Mercueil, faisant l’amour comme un dopé au perpetual-motion-food ferait du vélo, de la pioche ou de n’importe quoi d’autre. Arrivera-t-on à répondre à la question suivante : combien de fois un homme peut-il baiser avant de n’en plus pouvoir ?





L’expérimentation se passe sous l’œil d’un comité de philosophes du dimanche sûrement bien imbibés parce qu’ils ferment pas leur gueule une seconde. Et ça commente les exploits de Mercueil, celui-ci ayant fini par élire une certaine Ellen pour baiser à toute heure du jour et de la nuit.





Dans la postface, Annie le Brun trouve que Jarry nous rappelle qu’« à l’origine de la passion érotique comme du sentiment amoureux, il y a la trivialité du piston qui fait marcher la machine ». Ouais, et Jarry va même jusqu’à nous faire penser que c’est du désir sexuel que finit par naître l’amour. Ce n’est pas une recette plus conne qu’une autre pour nous faire croire à la possibilité de l’amour heureux.





De toute façon, quand c’est Jarry qui cause, faut pas refuser.

Commenter  J’apprécie          221
Ubu enchaîné

La lassitude royale fait des ravages. Le père Ubu a obtenu tout ce qu'il souhaitait et a goûté le pouvoir jusqu'à la lassitude. Pour se changer les idées, rien de tel qu'une inversion des hiérarchies. Ubu se mélange les pinceaux (quoique...) et bafouille avec les idéaux stricts de la République pour déclarer sa nouvelle résolution :





"Puisque nous sommes dans le pays où la liberté est égale à la fraternité, laquelle n'est comparable qu'à l'égalité de la légalité, et que je ne suis pas capable de faire comme tout le monde et que cela m'est égal d'être égal à tout le monde puisque c'est encore moi qui finirai par tuer tout le monde, je vais me mettre esclave, Mère Ubu!"





Ladite Mère s'en trouve toute chancelante, comme nous pouvions l'imaginer : "Esclave! Mais tu es trop gros, Père Ubu! " Qu'importe. La liberté d'Ubu, c'est celle de ne rien commettre dans les règles de l'art. Pendant qu'autour de lui, tous cherchent à s'émanciper des carcans de conduite jusqu'alors éternels, Ubu s'agrippe à eux et n'en démord. On pourra nier toute interprétation frauduleuse, il n'empêche, le propos d'Ubu enchaîné est d'une redoutable modernité. Socialement, il ridiculise toutes les dissidences plus conformistes que révolutionnaires en faisant s'agiter trois hommes libres aucunement individualisés :





"Nous sommes les hommes libres, et voici notre caporal. -Vive la liberté, la liberté, la liberté! Nous sommes libres. - N'oublions pas que notre devoir, c'est d'être libres. Allons moins vite, nous arriverions à l'heure. La liberté, c'est de n'arriver jamais à l'heure -jamais, jamais! Pour nos exercices de liberté. Désobéissons avec ensemble... non! Pas ensemble: une, deux, trois! Le premier à un, le deuxième à deux, le troisième à trois. Voilà toute la différence. Inventons chacun un temps différent, quoique ce soit bien fatigant. Désobéissons individuellement -au caporal des hommes libres!"





Politiquement, il démontre la continuité logique marquant la transition du pouvoir absolu à la démocratie. Surtout, et c'est ici que l'on reconnaît le plus l'influence pataphysicienne sur le théâtre ubuesque, la théorie de l'égalité des contraires, développée plus tard par Alfred Jarry, trouve ici sa plus belle illustration. Elle commence à être affirmée ainsi : "La liberté, c'est l'esclavage!" mais trouve toute sa force dans cette affirmation : "Vous savez mieux que moi la théorie de la liberté. Vous prenez celle de faire même ce qui est ordonné."





Dans la préface, la théorie de l'égalité des contraires se justifie ainsi : "Il nous est en effet impossible de concevoir du vrai sans qu'il y ait du faux, et affirmer qu'on peut être dans le vrai, sphériquement parlant (ce qui seul importe), reviendrait à dire que l'on est Dieu. Or, ne l'étant jamais, on ne fait, comme on sait, que tendre à l'être, ne serait-ce que pour être homme un peu -car on ne peut l'être totalement, sinon l'on serait Dieu également". Toute personne habituée à la pensée sceptique comprendra immédiatement la puissance de cet Ubu, plus génial lorsqu'il est enchaîné que lorsqu'il est cocu ou monarque. Les vérités s'égrènent avec toute la force de l'absurde, démolissant jusqu'aux inventions du langage ce que certains croient être les grandes passions de l'âme. L'égalité des contraires s'apparente à une théorie du désenchantement et semble fortement imprégnée de l'influence de Nietzsche, pour ne citer qu'un proche exemple. Mais c'est là aller beaucoup trop loin. Encore une fois, la préface nous rappelle qu'Alfred Jarry fut pour cet Ubu enchaîné le même auteur aléatoire qu'il fut pour Ubu Roi : auteur parce qu'il a su se définir comme tel, auteur parce qu'il a su achever une oeuvre qui s'élaborait lentement depuis des années :





"Une lecture attentive des Paralipomènes d'Ubu laisse soupçonner l'existence d'une première version, ou d'une ébauche d'Ubu enchaîné dès le lycée de Rennes. Divers indices renforcent cette hypothèse: les rapports d'Ubu enchaîné et de Gil Blas de Santillane qui avait déjà servi aux Polonais; la survivance de la toponymie rennaise dans Ubu enchaîné"





Cela n'enlève rien au charme d'Ubu enchaîné. Au contraire, la pièce devient plus poignante : Ubu volontairement esclave de ses sujets se confond doucement avec Jarry involontairement esclave de l'oeuvre rennaise.


Lien : http://colimasson.over-blog...
Commenter  J’apprécie          210




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Alfred Jarry Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz dragon ball super

A quelle moment dragon ball super commence t'il

A la défaite de freezer
A la défaite de buu

12 questions
174 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}