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4.33/5 (sur 6 notes)

Nationalité : Roumanie
Né(e) à : Paris , le 04/07/1886
Mort(e) : 1933 ?
Biographie :

Alice Stephanie Stănescu Călugăru est une poétesse roumaine qui a également publié un roman en français, "La Tunique verte" (1924), sous le pseudonyme Alice Orient.
En 1906 elle revient à Paris où elle continue néanmoins sa collaboration régulière avec les revues littéraires de Roumanie.



Source : Wikipédia
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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Les serpents

Sous le déploiement majestueux de branches de l’humide taillis
Dans l’herbe dorlotée je me couche, mes tempes sur mes paumes,
Je n’autorise pas le sommeil à m’abattre de son végétal baume
Car lentement je me mets à siffler le sortilège des serpents gris

Qu’ils glissent sous les feuilles aux douces eaux ondulantes,
Aux secrètes flammes verdâtres tremblant sous la braise,
Qu’ils dirigent vers moi leur tête triangulaire et mauvaise,
Où des yeux troubles veillent sous les paupières transparentes.

Avec un sifflement prolongé le chant irrévélé commence,
Qui les rassemblera de loin et les flattera, trompeur,
Et ils ramperont vers moi sur la mousse verte et en fleurs,
Hors de l’obscurité telles des sources qui de la terre s’élancent

Et voici que de tous côtés j’entends un friselis de forêt,
Enroulés sur les branches comme la chaîne du malicieux lierre
Ils bâtissaient leur venin d’ivraie dans l’herbage vert
Dans les eaux du bois cachés sous de gros cailloux somnolaient.

Or mon incantation repousse loin leurs premiers frissonnements
Soudain chacun d’entre eux quitte du bois son nid désertique
Aussi, vaincus par le long supplice du sifflement chromatique,
Se mesurent-ils en mon rythme étrange par un lent glissement.

Venez ô vous serpents dans l’herbe à plat ventre ondoyant
Brins longs comme lances plantées en pierre, vos visages rêvés !
Venez ô vous arc-boutés comme des chaînes, lors enchaînés
Aux invincibles cadences de mon chant jamais chanté auparavant

Venez ô vous secrets, fastueux, envoûtés par une voix singulière !
Désormais vos ébats seuls dans leurs rythmes se transformeront
Et impuissantes contre moi vos dangereuses langues seront,
Qui telles de vénéneuses fleurs lancent leur venin amer.

Dans les hautes herbes j’étais couchée, ô vous, en vous guettant,
Qui à mes pieds déposez tout le pouvoir caché du bocage
Et son entière subtilité m’offrez en d’illusoires virages
Tandis que mon sifflement devient chant de victoire à présent.

Appuyée contre l’arbre j’attends toutes vos troupes décimées
À mes pieds avec leurs corps d’épées agiles qu’elles se couchent
Que j’élance en la roulant sur mon bras ma proie farouche
Et que ma taille soit ceinte par ces ceintures animées.

Dépourvu de force contre moi le bois tout entier m’est asservi
Lui qui m’enlaçait de son âpre fragrance et de sa terreur
Désormais m’appartient tout son empire de crainte et de peur
Et je me pare de son inimitié empoisonnée que j’ai anéantie.

(p. 163-164)
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Aujourd’hui j’ai cru voir s’incarner la souple pluie
Bruissant grisâtre et de soie était son habit.

Des épaules à la taille elle portait des milliers de fers
Qu’elle jetait en passant sur l’eau trouble de la rivière.

Et d’innombrables anneaux chargeaient ses mains
Qu’elle ôtait tous et balançait au lac un à un.

Près des labours au jardin on l’entendait souvent passer
Et la traîne de sa robe de fraîches fleurs renversait.

Sa main transformait les vitres dans son urbain périple
Sous des cordes d’eau en harpes multiples.

Or la radieuse pluie sur l’épaule comme une amphore
Sombre et chargé d’eau l’infatigable nuage arbore.

De lui passant comme un échanson dans tous nos cœurs
Elle remplit des coupes innombrables de vains pleurs.

(La pluie, p. 167)
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Alice Orient
Appuyée contre l'arbre j'attends toutes vos troupes décimées
À mes pieds avec leurs corps d’épées agiles qu’elles se couchent
Que j’élance en la roulant sur mon bras ma proie farouche
Et que ma taille soit ceinte par des ceintures animées.

[Mă reazăm de-un copac, ș-acolo aștept tot neamul vostru-nvins,
Să mi se-adune la picioare cu trupuri agere de spadă,
Să-nalț, încolăcind pe brațu-mi, sălbateca mea pradă
Și-n cingători însuflețite să las să-mi fie brâu-ncins.]

(extrait du poème Les Serpents)
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Alice Orient
Les Perles

Jette-moi, sombre mer attiédie et qui dors,
Tes violettes sur le sable…
Jette-moi les subtils atomes de ton or
Perdu dans tes flots innombrables...

Et parmi les milliers de conques qui se brisent
Et dont l'être frêle se meurt,
Surprends mon cœur, ô mer, avec tes perles grises
Et leur ruisselante splendeur.
[...]

Et quand le flux comme un reptile dans le sable
Rampe un instant et disparaît
Avec la même promptitude insaisissable,
Mon espoir se mue en regret.
[...]

Jusqu'à ce que mon souffle et mon effort se brisent
Je prolongerais mes tourments
Parmi les sables traît[r]es où le pas s'enlise,
Et parmi les rocs déchirants.

Et quand je reviendrais, les mains humides pleines
De conques riches, sombre mer,
Je te rejetterais comme un manteau qui traîne
Sur le sol ses plis bleus et verts…

Mais je convoite en vain ton trésor somptueux,
Car la vague souple déferle
Et l'écume se désagrège peu à peu,
Mais ne m'apporte aucune perle.

Et sur la grève jaune où les mouettes se mouillent
Les ailes, je suis comme au seuil
Inaccessible d'un royaume où s'agenouillent
Ma convoitise et mon orgueil.

De tes colliers perdus, nul ne resplendira
D'une ligne limpide et molle
À ma gorge ! Du moins puisse leur doux éclat
Suggérer en moi des paroles,

Qui saisissent en vers, ô mer, les perles rares
Éparses au fond de tes eaux,
Pour qu' au reflet d'un pur miroir ce chant me pare
De l'illusion d'un joyau.
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Chant étranger
Ne venez pas quand l’ombre croît
Vers l’horizon qui se perd,
Quand le couchant déçoit
Le ciel violet est vert.

De peur de chasser de timorées
Ombres de naguère
Les reliques de mon passé
Souffrances qui m’obèrent,

Car sur les cieux quand les étoiles étincellent
Sur mon âme qui me fait mal
Les souvenirs arrivent telles des gazelles
Qui s’abreuvent à la source vespérale.
(p.166)
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Dépourvu de force contre moi le bois tout entier m’est asservi
Lui qui m’enlaçait de son âpre fragrance et de sa terreur
Désormais m’appartient tout son empire de crainte et de peur
Et je me pare de son inimitié empoisonnée que j’ai anéantie.

(p. 164)
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– Où allons-nous ? demandai-je. – Ce ne sont ni tes oignons ni tes huiles, me répondit-il. » Je sursautai indigné : « Comment ça ? Où donc avez-vous été me chercher ? » L’autre se mit à rire : « Chez le marquis de Carabas. » Celui qui conduisait se retourna pour partager l’hilarité de son compagnon. Ce dernier reprit : « Quand on se fait châtelain, on n’a plus besoin de ses papiers de faux démocrate. C’est pourquoi on te les a mis de côté. Tu peux fouiller ta poche, mon amour, le rigolo est avec eux dans la mienne ! Ainsi, reprit aussitôt mon inconnu en se croisant les bras, tu t’imagines comme ça qu’on peut aller villégiaturer comme le Chat botté dans le château des ennemis du peuple ? Vous jouez un double jeu, mon cher ami. Votre pigeon n’a pas pris soin d’enlever la devise bien connue brodée sur votre ruban de pochette. Il ne savait pas. Comme il y a déjà longtemps qu’on veut ta peau, on s’en offre l’occase, et on l’aura, toute pleine de suie qu’elle est ! T’es un beau démocrate, oui, tu es démocrate pour tout le monde, mais pour toi, ne t’en fais pas, t’es conservateur. Ce n’est pas avec le pèze des comités que t’achètes tes capes de soie et tes bracelets-montres en or. – Et où me conduisez-vous ? – Tu ne répondras que si on te le demande, et alors il est préférable de dire que tu n’en as pas connaissance.
(p. 142)
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Bercée par le rythme des phrases, éblouie par l’éclat des idées, toujours enivrée par mon propre geste, par ma propre image que je ne me lassais jamais de contempler dans le miroir, je ne m’étais pas aperçue que je commençais à vouloir franchir les bornes permises aux humains et que je voulais furtivement poser un pied dans l’infini.
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–Vous rêvez debout, mon pauvre ami. Vous ne voyez pas que c'est décolleté dans le dos jusqu'à la ceinture ?
–Et qu'est-ce qu'il a, votre dos ?
–Il a froid.
(p. 46)
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Mais cet autre tango, au contraire, qui est pourtant aussi un enlacement de bras, combien de choses plus lointaines il évoque ! C’est une musique bien plus amoureuse que si elle était, comme l’autre, canaille. Je ne vois plus l’auteur, c’est moi seule qui l’éprouve, mais j’en lis cependant le titre : Pure Class, et j’entends dans son chant aux phrases pénétrantes qu’il y parle d’une tendresse lointaine, hautaine et douloureuse… Aurais-je moi-même ressenti cette tendresse presque idéale, moi qui n’aime personne, qui ne veux aimer personne ?
(p. 117)
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