Tout d’abord, je tiens à remercier Alice Quinn, qui m’a permis de découvrir son nouveau roman en avant-première. Comme d’habitude, je le chronique …en retard.
Joseph serait quelqu’un de trop gentil aux yeux de tous. Et « tous », ce sont ses collègues, ses voisins, même les gens qu’il côtoie. Que signifie être « trop » gentil ? La gentillesse est en effet une qualité qui est totalement dévaluée depuis des décennies. Quand on est gentil, il est facile pour les autres de « profiter », pour ne pas dire d’abuser de la gentillesse, et de croire que la personne « gentille » ne s’aperçoit pas des services qu’elle a rendues, des petites choses sur laquelle elle a fermées les yeux, tout simplement parce qu’elle se demande bien qu’elle est l’intérêt, pour l’autre, de ses petites victoires absolument absurdes et un peu méchantes (voir les scènes chez le boulanger). Etre gentil, pour certains, c’est aussi être suspect. Comme si la gentillesse cachait nécessairement quelque chose, comme si la personne en face attendait quelque chose en échange. Scoop : non. Voilà pour mon introduction sur Joseph.
Etre « trop gentil » ne lui apporte pourtant aucun apaisement, parce qu’un conflit existe entre lui et sa fille, un conflit si fort du côté de sa fille qu’elle refuse de le voir et de lui présenter son petit-fils Rohan. Joseph ne renonce pas, il tente de maintenir un lien, il garde espoir, jusqu’au jour où une nouvelle tragédie surgit dans sa vie.
Cela pourrait être le drame de trop. Alors oui, ce que vivra Joseph sera très douloureux, et il ne s’en remettra pas en deux temps trois mouvements, comme dans les (mauvaises) séries télévisées (il m’arrive d’en voir en cas d’insomnie). Mais, et ce mais est important, il n’est pas question pour lui de baisser les bras face à ce bouleversement qui entre dans sa vie. Il n’est pas question non plus de délaisser ses élèves, surtout pas Jimmy, cet adolescent qui doit déjà faire face à des responsabilités qui ne sont pas de son âge. Etre gentil, c’est aussi faire attention aux autres, c’est repérer le mal-être d’un ado, ses qualités, son potentiel et surtout, ne pas faire comme si l’on n’avait rien vu, ne pas détourner les yeux, ne pas se fier aux apparences.
Joseph peut aussi compter sur Gladys, sa toute nouvelle voisine, pour qui cette installation signifiait donner une nouvelle orientation à sa vie après son départ anticipée à la retraite, et certainement pas y faire entrer un quinquagénaire, son petit-fils, un chat, un chien.
Tous les personnages de ce récit sont importants, tous, même celui qui passe son temps à s’occuper de la vie des autres, à croire que la sienne est tellement vide qu’il faut qu’il la remplisse en prenant des morceaux de celles d’autrui. Je voudrai parler de Pouf, le beagle adopté par la fille de Joseph. Il a été abandonné, comme beaucoup trop d’animaux, il est une victime collatéral du drame qui a frappé Aurélie et son compagnon. Livré à lui-même, il mettra tout en oeuvre pour retrouver Rohan, son petit maître, à qui il est déjà très attaché. Oui, l’on ne sait pas vraiment par quel sens, par quel instinct un animal peut retrouver, même à des centaines de kilomètres ceux à qui il tient. Et pourtant, c’est possible.
Beaucoup de thèmes forts sont abordés dans ce livre, vous l’aurez compris. La protection des mineurs et ses failles, le rôle des parents, la solidarité, l’entraide – à force de semer des petites graines de gentillesse avec constance, on peut finir par récolter beaucoup.
A découvrir.
Lien :
https://deslivresetsharon.wo..