Sascha est une fille "paumée". Son histoire personnelle compliquée en a fait une personne peu sûre d`elle qui sait que la moindre faille peut représenter un danger mortel ; alors elle se blinde contre le monde extérieur, fait semblant d`être bien plus assurée que ce qu`elle n`est, ce qui n`est sûrement pas la meilleure façon d`aborder les choses. Elle ne veut pas qu`on puisse percer son armure donc elle se cache derrière ses attitudes rebelles et blasées. C`est une "badass" à la fragilité cachée.
Comme je le disais, Sascha est paumée. Paumée au point d`ignorer même ce qu`elle cherche. Elle pense vouloir venger les bonnes sœurs et souhaiter mener une vie normale mais les deux sont incompatibles et elle est incapable de choisir. C`est ce déchirement profond qui la fait avancer, pas toujours dans la bonne direction.
Sans le savoir, ce qu`elle cherche, c`est une sorte de mentor, de « gourou ». Quelqu`un qui lui dise quoi faire et comment, ce qu`elle devrait désirer et la manière de l`obtenir, quelqu`un qu`elle puisse aimer de manière inconditionnelle et qui en retour la protégerait de ce monde de violence et la guiderait sans qu`elle ait à se poser de questions… Elle va donc passer la série à chercher quelqu`un qui pourra tenir ce rôle pour elle. Moi ce que je voudrais, c`est qu`elle finisse par comprendre qu`elle n`a pas besoin de ça, qu`elle prenne conscience de ses forces comme de ses faiblesses et qu`elle parvienne à être son propre guide. Mais c`est un chemin long et compliqué.
L`histoire de Sascha est une histoire de fin de vie (et peut-être une histoire de renaissance et de rédemption). Et ce qui accompagne la fin de vie, c`est le requiem, la messe des morts. D`où le titre de la série. L`idée m`est venue à l`origine parce que j`ai beaucoup écouté le requiem de Mozart en préparant et en écrivant le premier tome de la série.
Les titres de chaque tome portent le nom des mouvements qui correspondent à la thématique générale du tome concerné. C`est la raison pour laquelle je cite les paroles en début de roman. Pour Lacrimosa, ça donne : « Jour de larmes que ce jour, qui verra renaître de ses cendres l`homme coupable pour être jugé. Épargnez-le, mon Dieu ! Seigneur tout-puissant, accordez-lui le repos éternel. » Je reconnais que c`est un peu cryptique mais, c`est ça qui est bon !
Ajoutez à ça le fait qu`une des faiblesses de Sascha est d`être incapable de retenir ses larmes en toutes circonstances, même quand elle est en colère… Et vous avez tous les liens !
Non, je ne considère pas mon texte comme un roman érotique. La sexualité occupe une part importante dans la vie de chacun d`entre nous. Chaque rencontre, chaque étreinte, est une pierre dans les fondations de notre personnalité. Je ne peux pas imaginer qu`on puisse embrasser quelqu`un ou coucher avec quelqu`un sans que cela laisse une trace d`une manière ou d`une autre sur la personne que nous sommes. Par conséquent, il était logique et indispensable que mon héroïne ait une sexualité visible qui la façonne tout autant que ses autres expériences.
C`est le reste de sa personnalité (son passé au couvent, son pouvoir, son ascendance) qui a déterminé quel genre de sexualité elle aurait.
Ce que j`aime dans la bit-lit, c`est que c`est un genre très complet. J`y trouve tout ce que j`apprécie dans une histoire : de l`action, du surnaturel, de la romance, de l`humour… Mais ce qui m`intéresse surtout dans la bit-lit, ce sont ses héroïnes. Parce que ce sont des filles, des femmes, qui n`ont pas besoin de qui que ce soit pour être des héroïnes. Elles font l`histoire.
Pour schématiser, j`ai grandi avec beaucoup de héros qui menaient l`histoire et libéraient la belle princesse du méchant dragon. J`ai adoré ces histoires. Mais j`ai encore plus adoré celles où quand le héros arrive sur son fidèle destrier, la princesse a déjà maîtrisé le dragon et est partie en vacances. Ou encore celles où la princesse est en fait chevalier. Je ne vais pas me lancer dans un discours féministe (parce que ce serait trop long) mais je pense que la véritable égalité n`existera que quand les filles auront la possibilité de grandir avec des héroïnes qui peuvent être exactement tout ce que sont les héros. Il existe une théorie sur la structure du récit qui explique qu`à partir du moment où votre personnage principal est de sexe féminin, son histoire ne sera pas structurée de la même manière que s`il est de sexe masculin. C`est le genre de choses qui m`énervent au plus haut point. Pour en revenir à la bit-lit, c`est pour moi un genre qui apporte justement ça : des héroïnes qui n`obéissent pas aux schémas imposés, aux codes et aux exigences et qui structurent le récit (ou le démolissent à coup de pied) comme ça les arrange. C`est ça qui me plaît.
Même si elle ne le fait pas consciemment, Sascha cherche quelqu`un qui lui dise quoi faire, comment le faire, qui prenne le contrôle pour elle. Elle est convaincue qu`elle n`est pas à la hauteur pour mener elle-même sa vie. Elle est paumée, autodestructrice, elle sème le chaos autour d`elle… Raphaël de son côté est un maniaque de l`ordre et du contrôle. Tout chez lui est maîtrisé, ordonné, minuté. Il sait où il va, il sait comment y aller, il ne doute pas. Bref, Raphaël est donc exactement ce dont elle pense avoir besoin.
Et puis, il est la seule personne à qui elle n`a jamais pu confier son secret. C`est profondément libérateur pour elle : il est le seul à qui elle n`a pas besoin de mentir, devant qui elle n`a pas besoin de se cacher.
J`ai lu récemment que la musique est la meilleure drogue disponible légalement. Je suis totalement d`accord. J`ai besoin de musique en permanence. Pour lire, pour écrire, pour faire le ménage, pour prendre le métro. Si je n`ai pas de musique, c`est comme si j`étais privée d`oxygène. C`est un incroyable vecteur d`émotions. En quelques minutes, une (bonne) chanson vous raconte une histoire, elle peut vous mettre en colère, vous faire pleurer, vous donner de l`énergie. La musique m`inspire énormément et peut conditionner des scènes entières. J`avais envie de faire partager aux lecteurs cette expérience au maximum, d`où la présence de paroles de chanson par moments dans le roman. J`ai aussi mis une partie de ma playlist d`écriture pour ce premier tome sur mon profil Deezer .
Quand je lis un roman, je lui crée une bande originale aussi. Parfois c`est en décalage complet avec le roman et pourtant d`une manière étrange, dans mon esprit ça s`emboîte et ça crée une expérience de lecture parfaite. Et par la suite, quand j`entends les morceaux correspondants, je me rappelle du roman que j`ai lu, des émotions qu`il m`a fait ressentir…
J`aimerais qu`un jour un/e lecteur/trice m`envoie un message pour me dire : « Pour moi, la BO de Requiem pour Sascha, c`est ça. » (Même si ça n`a aucun rapport avec la BO que moi je lui ai créée.)
Pas de spoilers ! Je vous laisse le soin de décrypter : « Jour de colère que ce jour-là où le monde sera réduit en cendres selon les oracles de David et de la Sybille. Quelle terreur nous envahira lorsque le juge viendra pour délivrer son impitoyable sentence ! »
Vu la fin du premier tome, la pauvre n`en attend pas grand-chose. Moi en revanche, je suis très satisfaite de la tournure que ça a pris.
L`arc principal se développe sur trois tomes. Je suis d`ailleurs en train d`écrire le troisième qui devrait être la conclusion du requiem mais pas nécessairement de l`histoire de Sascha. En fait, j`attends de voir où elle va et comment elle va terminer.
Je dois dire que je ne me souviens pas vraiment du moment où j`ai eu envie d`écrire. Raconter des histoires fait partie intégrante de ma vie depuis toujours, et depuis que je sais tenir un stylo, j`écris. Alors j`imagine qu`il faut remonter aux contes pour enfants pour trouver l`étincelle originelle. Probablement les frères Grimm.
Plus tard, dans les auteurs "fondateurs", je mets Tolkien, Anne Rice, Isaac Asimov. Des auteurs qui m`ont fait adorer la lecture et dont les univers riches m`ont donné envie de créer les miens.
Ça m`arrive malheureusement beaucoup trop souvent à mon goût mais disons que la dernière fois que j`ai passé plusieurs semaines à remettre ma vie en question, je la dois à George R.R. Martin, notamment pour la complexité de ses personnages.
Je dirais que c`est Le Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien. J`avais dix ans et je lisais tous les livres pour enfants qui contenaient un élément fantastique. C`est là que, mon beau-frère, voyant que j`adorais tout ce qui touchait aux littératures de l`imaginaire, m`a acheté une belle édition illustrée du Seigneur des anneaux. J`ai abandonné la lecture au prologue. Je lui ai dit que j`avais renoncé et il m`a répliqué que je devais m`accrocher. Alors j`ai continué, j`ai tenu bon et à partir de la nuit où je suis arrivée à la bataille du Gouffre de Helm, je n`ai plus jamais quitté la Terre du milieu
Pour être honnête, je relis rarement les livres. Il y en a beaucoup trop à découvrir pour avoir le temps de revenir en arrière. Je le regrette parfois. Si je pouvais ne faire que ça de mes journées, ce serait bien ! Cela dit, je n`ai pas vraiment besoin de les relire : il me suffit d`écouter la musique qui va avec dans ma tête pour y revenir.
La honte de ne pas avoir lu un livre, c`est un sentiment dont je me suis débarrassée depuis longtemps. Si j`ai envie de lire un livre, je le lis dès que j`ai le temps. Si je n`en ai pas envie, je n`ai pas à m`en cacher. Les romans sont des rencontres et comme avec les êtres humains, il peut y avoir des rendez-vous manqués, le courant peut ne pas passer, la relation devenir houleuse et la rupture inévitable… Et comme avec les êtres humains, on ne peut pas aimer tout le monde ni plaire à tout le monde.
La série Les dossiers Dresden
de Jim Butcher. Harry Dresden est magicien et en cette qualité, il aide les forces de l`ordre à résoudre des enquêtes. C`est une espèce de anti-héros un peu loser qui a un passé compliqué et un futur qui s`annonce sombre... C`est de la bit-lit racontée d`un point de vue masculin (fait suffisamment rare pour être souligné), c`est drôle, bourré d`action, et le personnage principal est profondément humain et attachant. Il est plein de failles, il ne réussit pas tout ce qu`il entreprend mais il continue à se battre. L`univers est bien construit, intéressant, on en découvre un peu plus à chaque tome.
Ok, je vais me faire huer mais, je n`aime pas la littérature classique. J`en ai lu la dose obligatoire à l`école et le simple fait de songer à m`en infliger de nouveau me donne la chair de poule. Bien évidemment, je ne rejette pas tout en bloc et il y a quelques textes classiques que j`ai adorés mais difficile pour moi de porter un jugement sur ce que je connais si mal.
« Tant que les hommes respireront et que les yeux pourront voir, ceci vivra et te donnera la vie. » Shakespeare, sonnet 18.
Je trouve que c`est une déclaration d`amour sublime et tellement profonde pour un écrivain.
En ce moment, à mon grand désespoir, je ne peux rien lire. Je suis en train d`écrire mon troisième tome et quand je suis en période intensive d`écriture, je dois me refréner sur la lecture. Par manque de temps mais aussi parce que, que je lise un très bon roman ou un très mauvais, je prends le risque de faire revenir mon « éditeur intérieur » par inadvertance. Vous savez, cette petite voix dans votre tête qui passe son temps à tout critiquer ? C`est l`éditeur intérieur. Pendant que j`écris le premier jet, je l`envoie en pension et je ne le rappelle que pour la phase de révisions du manuscrit mais comme il est fourbe, il essaie de revenir quand je lis en faisant des remarques sur les romans des autres et après plus moyen de s`en libérer.
Dans quelle ville est né Frank McCourt ?