AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Toocha


Aujourd'hui, si on te demande de dater tes travaux de réflexion sur la Grande Histoire du Racisme, tu dirais qu'ils ont dû commencer en 2007. Parce que avant, tu ne t'étais pas tellement amusée à assembler toutes les pièces. Et puis, tu dois bien t'en rendre compte, avant qu'elle ne frappe Mad, tu n'as pas tellement eu à te plaindre du sort que t'as réservé la Grande Histoire. Bien sûr tu as toujours gueulé très fort et revendiqué l'algéritude bien plus que ne te le permettait la petite tache de l'Afrique, mais tu dois admettre que la plupart du temps, tu étais une arnaque ambulante sur le sujet. En 2007, tu deviens vraiment historienne, tu déterres tous les dossiers. Et l'Arabesque te gratifie du surnom flatteur d'Alice, alias la Mémoire.
Cette année-là, Mad commence à avoir de réels ennuis avec la Préfecture et le climat politique nous laisse présager que rien n'ira en s'arrangeant. On est en pleine campagne présidentielle et parmi toutes les annonces des candidats que Mad, l'Arabesque et moi nous faisons une joie de démolir, détail par détail, postés au-dessus des journaux et de trois cafés, parmi toutes les promesses que plus personne n'écoute, parmi les propositions les plus démagogiques, il est tout à coup question d'un nouveau ministère.
La première fois qu'il apparaît dans le paysage, c'est Nicolas Sarkozy qui l'annonce et personne n'a ajouté encore les mots "intégration" et "développement solidaire" qui adoucissent les angles, non, au début c'est simplement le "ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale" et les deux termes ont l'air prêts, de part et d'autre de la nouvelle appellation, à se livrer un match de boxe sans merci, à se dépiauter les "I" majuscules, à s'arracher les "n", et quand Mad pose le journal devant moi avec le titre en gros, après être entré en trombe dans le café à côté de Censier où je prends toujours un verre à la fin des cours, il dit : Je suis mal, putain, je suis mal.
Et il a raison, ce jour-là, devant la bière que je lui paie, quand il affirme que ce genre d'annonce n'empêchera personne de voter pour Sarkozy. Moi, je prends l'information avec le sourire bienveillant de celle qui sait que la droite n'a aucune chance. Je retourne le journal pour ne plus voir l'article et je tends la soucoupe de cacahouètes à Mad en le rassurant.
C'est ton problème, pendant l'année 2007, cet optimisme, cette confiance, parce que, à cause de ta date de naissance, tu es née et tu as grandi PS, tu es une petite princesse Mitterrand. Une part de toi se refuse à croire que la France ne soit pas un pays de gauche. Pour toi Chirac est une erreur de parcours, prolongée par un vote forcé mais la France a eu douze ans pour s'apercevoir qu'elle était de gauche, elle ne peut pas avoir manqué cette évidence.
Mais avec les mois qui passent, mon sourire se fige un peu quand je suis les sondages, quand je regarde le débat, quand j'entends parler tous ceux qui me disent de lui laisser une chance avant de le condamner et que peut-être, peut-être, je serai surprise de voir à quel point il pourra changer le pays.
Oui, je finis par découvrir à quel point je me suis trompée, à quel point je confonds l'enthousiasme avec les analyses politiques, parce que ce couperet-là tombe aussi.
La France est de droite à 53%.
Commenter  J’apprécie          20





Ont apprécié cette citation (2)voir plus




{* *}