Avec les auteurs et autrices Alice de Poncheville (La Route de Ness, le Rouergue), Éric Pessan (Teenage Riot, l'école des loisirs) et l'illustrateur Robbert (Restez libres !, Saltimbanque). Présenté par Willy Richert et Eyrame Kingbo.
Avec la participation de l'atelier La Salle Radio du collège Jean-Baptiste de la Salle de Saint-Denis.
Et avec la participation d'Anaïs, Ariel, Chaïma, Dayann, Djibril, Elya, Julia, Lydia, Simine, Yasmina et Zoé du collège Sólveig Anspach de Montreuil pour « Nous ? le feuilleton ».
Il n'y pas d'âge pour changer le monde ! Quatre auteurs et autrices éclairent leur perception de l'engagement que ce soit sous la forme documentaire ou romanesque.
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Crapaupotin adorait se moquer de Sourigolote, toujours débordée avec ses dix-huit souriceaux.
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Le dimanche soir est un temps qui n'existe pas. Le dimanche soir devrait être rayé de tous les calendriers.
Ces arbres étaient essentiels et, sans eux, la forêt n'était plus la forêt. Car une forêt sans arbre ressemblait à un désert ou à un champ de bataille, à une prairie ou à un terrain vague.
« Elle tenta d'imaginer à quoi ressemblait l'époque où l'on consommait de la viande. Tuer des animaux pour les manger lui paraissait d'une violence inouïe. Cependant, elle prit subitement conscience d'un paradoxe : aujourd'hui, on ne les tuait plus, mais ils n'existaient plus. Valait-il mieux qu'ils existent, bien que ce fût pour être mangés ? Un autre paradoxe la fit réfléchir : depuis la disparition des animaux d'élevage, l'air était beaucoup plus sain. Il fallait se rappeler qu'avant l'arrivée du PIK3 la pollution liée à l'élevage des bêtes et à la culture de leur nourriture dépassait de loin la pollution des voitures et des usines. C'était un fait. Mais la vie... Linka se demanda si l'on ne pouvait pas trouver un moyen de laisser la place aux animaux, à la vie même, sans rien lui demander en échange. »
– Cher Lac Caractériel, ces déchets sont une honte pour vos eaux calmes et...
-- … et majestueuses, proposa Hermine-de-rien.
-- Pour mettre en valeur votre beauté, vos rives doivent être impeccables... pousuivit le corbeau. (…)
-- Vous êtes l'âme de Forêveuse... Notre grande réserve de... de...
-- d'eau ? Proposa Lapingre.
-- Vous êtes la partie...
-- … de cartes ? Suggéra Furé-tourdi.
-- … la partie essentielle de notre environnement ! Enchaîna Corbeau-parleur. Sans vous, nous mourrions de …
-- … d'ennui ? Dit Marmotarde.
-- Sans vous nous mourrions de soif ! Trancha le corbeau. (…)
-- C'est ma tournée!
Milo aurait peut-être des réponses après-demain, au moment de la rentrée. Peut-être, toujours peut-être... La colère lui soufflait qu'il aurait uniquement les réponses qu'on voudrait bien lui donner. Tout était biaisé. Il n'avait rien voulu voir. Il se sentait lâche.
Linka lui apparut, frêle et droite devant un décor d'apocalypse. Le courage, c'était ça, opposer sa fragilité à la laideur du monde. Il s'était évertué à ne rien comprendre.
« - Je crois que c'est un hêtre.
- Un être ! S'exclama Lapingre, inquiet.
- Il y a des êtres, ici ? S'affola Rat-bat-joie.
- Des êtres humains ? Il y a des êtres humains ? Hulula Hibouché.
Et tous les animaux furent pris de panique. Les êtres humains massacraient tout sur leur passage, on le savait. Ils ne respectaient rien, ils étaient sales, bruyants, crétins et laids.
(…)
-Un HETRE avec un H, expliqua Mésangélique le plus calmement possible.
- Un être avec une hache ! Paniqua Lapeintre. Un bûcheron !!! Tous aux abris! »
Avec la chasse aux oiseaux systématisée et la défiance généralisée envers les animaux, les histoires pour enfants, ces vieilles histoires remplies de cigognes, de renards, de chevaux ou de loups, n'intéressaient plus personne.
- Moi, je suis contente de te retrouver, dit Lapinailleuse au tamanoir. Sans toi, c'est pas pareil.
- C'est plein de fourmis, enchaîna Lapingre.
- Y a pas que ça, dit Marmotarde, quand t'es pas là, tu manques, c'est tout.
« La forêt nourrissait les enfants, faisait leur éducation. Elle les gardait à l'abri sans dire un mot, sans aucune intention de les trahir. Elle possédait un coeur préservé, caché entre les arbres, parcouru de centaines de chemins odorants laissés par les animaux, comme autant de veines transportant la vie. »