Alicia Monteiro

J’ai de plus en plus de mal à rester insensible à son charme envoûtant. Elle me flingue le cerveau. Mon cœur bat la chamade à chaque frôlement de sa peau luisante sur la mienne. Un râle rauque s’échappe de ma gorge. Toute ma bonne volonté est mise à rude épreuve, rien que par cette fille.
Ses cheveux me chatouillent le visage à chaque fois qu’elle bouge. Son subtil parfum de vanille enivre tous mes sens et m’ensorcèle. Mon corps est imprégné de cet élixir troublant qui ne fait que raviver mon envie pour cette femme. Sa nuque dénudée et exposée sous mes yeux m'offre un besoin irrépressible de créer un chemin parsemé de tendres baisers sur sa veine apparente et bleutée. Elle balance ses bras sensuellement en l’air avant de les crocheter en arrière en m’emprisonnant la tête. Elle se laisse aller contre moi, sans jamais cesser de se mouvoir. Je pose mon bras sous sa poitrine, en caressant son ventre de ma main à plat. Chacun de mes gestes incontrôlés se fait naturel. C’est comme si je la connaissais depuis toujours.
Jamais une fille ne m’a retourné les tripes comme ça. J’ai la sensation d’être possédé d’une passion brûlante qui est entrée dans mon esprit et qui ne veut pas se barrer. Cette chaleur coule dans mes veines et me consume de toute part. J’aimerais rester enlacé avec elle pour toujours. C’est à la fois réconfortant et grisant. Nos gestes s’expriment pour nous et c’est la plus belle des déclarations.

Je veux qu’elle apprenne à transmettre ses émotions avec son corps. Je désire juste qu’elle se laisse mouvoir et émouvoir par ses sentiments. Qu’elle danse avec ses peurs, ses colères, ses joies, son amour. Qu’elle les ressente, les traverse et les laisse évoluer. Qu’elle accepte de s’en remettre à la vie, aux mouvements, là où les émotions passées et refoulées se sont cristallisées, afin qu’elle se libère dans cette chorégraphie spontanée. Qu’elle ne bouge pas qu’avec ses membres, mais qu’elle danse de tout son être.

Sa personne dévaste mon esprit et mon cœur. [...] Plus rien n’existe autour de nous, seule la musique est encore présente dans mon esprit. Nos corps se cherchent et se trouvent. Ses regards enflamment chaque parcelle de ma peau. Ses mains sont des caresses brûlantes qui stimulent tout mon être, un plaisir partagé rien qu’en dansant.

Chapitre 5 :
Asher
« …
Je me concentre sur le document et lis entre les lignes ce qui se trouve sur le papier. Les mots en caractères gras me frappent aux yeux : Concours de danse, remise de prix, récompense de dix mille dollars, tournée dans toute l’Europe… Pas besoin que j’en lise plus, mon cerveau ne fait qu’un tour et assimile la nouvelle. Dix mille dollars… C’est exactement la putain de somme qu’il me faut pour rembourser ma dette à la société. Ni une, ni deux je fais demi-tour et commence à courir en direction du bureau de la directrice. Dans mon élan, je percute quelqu’un sur mon passage et j’entends gueuler une nana, derrière moi :
— Oh ! Tu ne pourrais pas faire plus attention !
Je me retourne et jette un coup d’œil par-dessus mon épaule et là, je croise son regard. Ses yeux noisette percutent les miens et je dois me faire violence pour me bouger le cul et ne pas rester là comme un con à la reluquer. J’en ai vu des minettes, mais celle-ci a quelque chose de spécial dans son regard, une lueur qui m’est familière. Je me ressaisis et reprends mon chemin avant de faire quelque chose que je regretterais, comme d’aller l’accoster. Je me rappelle le but de ma course et lance alors à la demoiselle, un rictus aux lèvres :
— Désolé, princesse !
Puis, je continue ma route, non sans avoir son beau visage ancré dans mon crâne. Une fois arrivé, de nouveau à destination, j’entre sans ménagement dans le bureau de la directrice...»

Prologue :
Asher
« …
— Monsieur Asher Cook, je vous condamne à…

Un silence pesant s’abat sur la salle du tribunal.

Allez, putain ! Crache le morceau qu’on en finisse ! Mon souffle est saccadé et ma poitrine comprimée. Je panique et j’ai de plus en plus de mal à rester en place. J’essuie les paumes de mes mains sur mon jean troué et attends.

— … À deux cents heures de travail d’intérêt général, au sein de l’établissement que vous avez saccagé et dégradé, sans raison préalable. De plus, une amende de dix mille dollars à régler sous trente jours, sous peine d’être emprisonné, si non-respect de l’une de ces deux clauses. On se revoit dans un mois !
Je relève la tête dans un mouvement sec, sous l’œil avisé du juge Browdy. Il me fixe d’un air autoritaire et froid, mais je soutiens son regard, encore sous le choc. Au même moment, il tape de son marteau sur son socle aussi fort que mon cœur cogne dans ma cage thoracique. Je sursaute.
— Affaire suivante ! je l’entends crier, en fermant mon dossier d’une main ferme.
Je ne comprends pas ! Je suis libre ? Je ne vais pas en prison ? ...»

Je sens le sol sous mes pieds, l’air qui entre dans mes poumons, ma respiration qui s’allonge, à chacun de nos pas.