L'histoire du jardin d'Eden offre une bonne allégorie de l'enfance. Enfants, nous grandissons dans un jardin d'amour et d'attention, un jardin qui, dans le meilleur des cas, est tellement stable et luxuriant que nous, enfants, ne nous rendons même pas compte du travail et de la réflexion nécessaires à son existence. Quand nous devenons adolescents, nous entrons dans le monde de la connaissance et de la responsabilité, ainsi que dans le monde du travail et de la souffrance, y compris celle qui consiste, au sens propre comme au figuré, à mettre au monde une nouvelle génération d'enfants. Nos vies ne seraient pas complètement humaines sans ces deux phases: le jardin d'Eden et la Chute, l'innocence et l'expérience.
Le premier dilemme provient de la tension entre dépendance et indépendance. les parents et ceux qui s'occupent des enfants doivent assumer l'entière responsabilité de la plus dépendante des créatures: le bébé humain.Et ils doivent encore transformer cette créature en un adulte parfaitement indépendant et autonome. Nous commençons par nourrir, changer les couches et prendre nos enfants dans les bras de la majeure partie de la journée. Et nous le faisons avec un plaisir surprenant; cela nous rend même heureux.
Lorsque l'on aime un enfant, en particulier, l'objectif est en effet de donner à ces jeunes êtres sans défense un environnement riche, sûr et stable: un environnement au sein duquel des variations, des innovations et des nouveautés peuvent se développer. C'est une vérité qui vaut sur les plans biologique et évolutionniste, autant que personnel et politique. Aimer les enfants ne leur assigne pas une destination, mais leur donne de quoi subsister pendant le trajet.