Ce petit essai sociologique d'Annabelle Allouch a retenu mon attention du fait de mon parcours académique : classe prépa puis d'un concours de la fonction publique (catégorie A). Comme je pratique l'autocritique, sport masochiste, à haut niveau, je l'ai emprunté. Cet essai dont la thèse (le concours est un système inégalitaire) est plutôt évidente (la méritocratie n'existe pas vraiment, et mieux vaut être riche en bonne santé que pauvre et malade) se lit facilement.
Son sujet est proche du diplôme, dont on parle davantage, et il comble un vide académique. à noter qu'il est question avant tout des concours académiques ou professionnels, de haut niveau, même si des concours de plus bas niveau ou non scolaire (ex. à la télé) sont parfois abordés pour les besoins d'une argumentation. Il est question de la France, des USA, et de la Grande Bretagne, et de la Chine (le Kao Gao), et des problématiques d'évolutions (les concours trop académiques sont jugés ringards, les social skills comptent de plus en plus). Ainsi sont abordées des notions utiles à connaître pour l'épreuve de Culture G de mon concours :P comme l'égalité de traitement, l'impartialité, la moralisation de la vie publique, la massification scolaire. En faisant le choix de ne pas parler du concours comme d'une spécificité française. Je trouve d'ailleurs la partie historique un peu brève, les Jésuites par exemple et leur système complexe de classement sont expédiés (et comme le livre est court, ç'aurait été faisable).
Le concours y est qualifié de fait social total (Mauss). La sélection bureaucratique tend à remplacer l'élection démocratique. L'agôn et l'émulation, critiquables, ont elles des alternatives ? Les solutions proposés ne sont pas purement et simplement de supprimer le concours, mais de valoriser l'enseignement (dans enseignant chercheur, il y a enseignant !), d'augmenter le suivi, de recruter du personnel administratif à l'université, de diversifier le jury... Des solutions réalistes, en somme. Et une solution ne relevant pas des politiques publiques : "changer les mentalités" et faire du concours une méthode comme une autre. le livre n'aborde pas le concours en Afrique, par exemple (si vous êtes sociologue, vous savez ce qu'il vous reste à faire).
Alors, que dire ? Un ouvrage clair, antiélitiste, mais pas révolutionnaire (dans le sens littéral). Je ne renoncerai pas à mon concours de la FP, j'ai tiré des choses de ce livre, qui prend du recul et comprend qu'un simple changement d'épreuve n'est pas suffisant.
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