Citations de Ally Condie (361)
- En le disant, je m'aperçois que c'est ainsi que fonctionne l'écriture. C'est une collaboration entre celui qui donne les mots et ceux qui les reçoivent, qui leur trouvent du sens, en font une mélodie ou les ignorent car ce n'est pas ce dont ils ont besoin à ce moment-là.
- Cela confirme mon idée : l'art ne se troque pas, il se partage. Quelqu'un apporterait une peinture, un autre un poème. Et même sans rien emporter, nous repartirions plus riches d'avoir admiré quelque chose de beau ou entendu quelque chose de vrai.
- Il faut toujours se faire violence, lutter contre la résignation, l'envie de baisser les bras, de se taire.
- "C'est bien de se poser des questions".
Cassia.
J'ai pensé à elle quand j'ai vu la neige pour la première fois. Je me suis dit On pourrait monter là-haut. Même si tout a fondu. On s'assiérait pour écrire dans le sable mouillé. Mais tu es partie.
Puis je me suis souvenu Ce n'est pas toi qui est partie. C'est moi.
En fait, si on y réfléchit, quand on est avec quelqu'un, on lui prend de son temps et, en échange, on lui donne du sien.
Je sais ce qu'elle veut dire. Écrire, peindre, chanter - ça ne peut pas tout éviter. Ça ne peut pas arrêter la mort sur son chemin. Mais à chaque pause entre les pas de la mort, ça peut embellir les sons, les images et les sensations, faire du temps d'attente un lieu où l'on peut s'attarder en ayant moins peur. Car nous nous accompagnons tous les uns les autres sur le chemin de notre mort, et nos vies ne sont que des instants entre chaque pas.
Je ferme les yeux lorsque ses lèvres chaudes se posent sur ma joue. Je pense à la graine de peuplier qui m'a effleurée 'autre jour dans l'aérotrain. Si légère, si douce, chargée de promesses.
Autrefois, les gens se réveillaient en se demandant : "Est-ce mon dernier jour ?" ou se couchaient sans savoir s'ils verraient le soleil se lever. Maintenant, nous savons tous quel jour sera le dernier et quelle nuit sera sans fin.
Tous les gens sélectionnent ce qu'ils disent et ce qu'ils passent sous silence, lorsqu'ils parlent, pas seulement moi. On attend tous que les autres donnent sens au message, fassent des recoupements, et complètent les blancs entre les quelques mots qu'on a prononcés.
Tout le monde possède quelque chose qui vaut la peine d'être partagé.
Ne jamais croire que les choses de la vie sont faciles avant de les découvrir.
Les adieux, c'est comme ça. On ne peut pas toujours marquer comme on le souhaiterait le moment de la séparation - si douloureuse qu'elle soit.
Quelques boutons de néoroses, comme celles qu'on a plantées devant l'école.
C'est un équilibre délicat à trouver, la vérité: entre ce qu'on doit avouer et ce qu'on doit garder pour soi; la révélation qui sera douloureuse, mais supportable, et celle qui causera des dommages irréparables.
C'est étrange, ce besoin de se cramponner au passé lorsque notre avenir est en jeu.
- La Société l'a empoisonnée.
Plus rien ne vit dans l'eau ni sur le rivage. Plus rien n'y pousse.
- On ne peut pas tuer une rivière. On ne peut pas tuer ce qui est en perpétuel mouvement, qui se transforme en permanence.
Je ne savais pas que j'avais sa en moi.
Je ne savais pas tout ce qu'il avait en lui non plus. Je pensais le connaître, mais les gens sont tortueux et profonds, comme des rivières. Ils gardent leur forme tout en se laissant creuser par le temps, comme la pierre.
(Chapitre 54, Cassia, dernière page)
« Il y a si longtemps que je ne m'autorise plus à exprimer ma colère que j'ai presque oublié ce que ça fait. Quand elle me monte dans la gorge, je la ravale, elle me laisse un goût métallique et amer, comme du papier d'aluminium. »
Pour l'instant, je m'accroche à sa voix pour surmonter la douleur. Je n'ose pas imaginer ce qui se passera quand elle partira.
Pour l'instant, elle est là et elle m'aime.
Elle le répète inlassablement.
Sa voix est si douce, on dirait presque qu'elle chante.
J'inspire.
"Carotte sauvage, néorose, rose vieille,
Eau, rivière, pierre et soleil.
Vent sur la colline, sous un arbre.
Au-delà de la frontière, personne ne voit.
Je grimpe vers toi dans la nuit,
M'attends-tu là-haut, dans les étoiles ?"
Oui, je t'attendrait.
Et quoi qu'il arrive, elle ne m'oubliera pas. [...]
Elle se souviendra toujours de moi. De mon amour.
Elle s'en souviendra toujours, à moins qu'elle ne décide d'oublier.
Mon reflet me regarde, déformé par la courbure du couvercle, comme le soir du banquet. À l'époque, je l'avais interrogé : «Suis-je jolie?»
Aujourd'hui, la question a changé : «Suis-je assez forte?»
ça m'est bien égal, de tout façon, que le monde soit tout petit, du moment que Cassia est au centre du mien.