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Citations de Alma Guillermoprieto (35)


Pour les gens d'ici, l'image du combattant est étroitement liée à celle des "hommes de vérité", ou de "ceux qui parlent vrai".
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Si j'étais psychologue, ou travailleur social, ou curé, j'essaierais de le sauver, mais je suis révolutionnaire. C'est là qu'entre en ligne de compte le sujet du pardon dont tu parles : nous, nous ne sommes pas pacifistes. Nous avons déclaré la guerre à un système corrompu, exploiteur et assassin. Alors, un fils de pute que nous attrapons, c'est un fils de pute fusillé.
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Tu sais, dans les films hollywoodiens, Cuba était vendue comme un lieu de plaisir et de sexe. Alors les Yankees qui s’aventuraient par ici, ils venaient chercher de l’exotisme, et quand ils te disaient : “Oh, very exotic!”, tu savais que ce à quoi ils pensaient, c’était comment ils allaient se dégoter une métisse pour la mettre dans leur lit. »
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Il y a un vers très connu du poète révolutionnaire Carlos Puebla – « Fini la rigolade ! Le commandant est arrivé et il a ordonné d’arrêter ! » – et une blague qu’on racontait jusqu’au Mexique, où Fidel, exaspéré par l’indolence lubrique de son peuple, lançait cette consigne du haut d’une tribune : « La rumba, c’est fini ! » Ravi et adorant comme toujours son commandant en chef, le peuple obéissant reprenait la consigne en chantant : « Que se acabe la rumba ! » (« Ça sonne bien. ») « Que se acabe la rumba ! » (« Encore. ») « Que se acabe la rumba… Aé ! » et se mettait à avancer dans l’avenue, frappant le sol de ses tongs au rythme de l’exhortation irrémédiablement transformée en conga.
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Je la voulais spontanée, primitive, voire un peu orgiaque. Tere éprouvait le plus grand mépris pour le show-business de la danse autochtone cubaine. À la fin de leurs études, les élèves qui le voulaient pourraient intégrer le Conjunto Folklórico Nacional, mais Teresa conservait l’espoir, disait-elle, que la technique qu’ils avaient acquise avec elle, ces lettres de l’alphabet du corps, permettrait aussi aux futurs danseurs et chorégraphes de forger une nouvelle danse ; moderne, certes, mais intégralement cubaine.
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Je pouvais toujours demander un vieux lecteur-enregistreur, mais un cours avec lecteur est pire qu’un cours où on marque les temps en tapant des mains : aussi bien le professeur que les élèves deviennent des marionnettes. Ces jeunes étaient déjà habitués à ce qu’on leur donne le rythme avec les mains ou avec un petit tambourin, et c’est pour cela qu’ils avaient, me semblait-il, si peu de nuances dans leurs mouvements, alors qu’à leur âge, d’habitude, il faut plutôt débarrasser la plupart des danseurs de leur tendance à cet excès de nuances dit « affectation ».
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Le miroir est l’outil le plus précieux dont dispose le danseur – plus important encore, peut-être, que les plus grands maîtres. À partir de la voix du maître, on peut comprendre, en théorie, ce qu’il corrige : « Étire la jambe depuis l’intérieur de ta cuisse, pas depuis le genou » ; mais quand ce même instructeur nous tire sur la jambe d’une main, nous tapote le genou, nous malaxe ou pince le muscle qu’il veut que nous travaillions, tandis que de l’autre il nous maintient le dos droit, puis, parvenant au résultat qu’il souhaite, nous crie : « Regarde ! » et nous renvoie à notre image dans le miroir, une sorte d’engrenage se fait entre les yeux, le corps et la mémoire. Le miroir aide aussi beaucoup à l’adolescence, afin que quelqu’un puisse nous faire remarquer à quel point nous sommes ridicules quand nous nous donnons des airs de Galina Oulanova dans Le Lac des cygnes pour effectuer un sylvestre plié. Plus tard, il permet d’essayer différents effets dramatiques ou contrastes et de les fixer.
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« Martha était la chorégraphe la plus reconnue au monde pour avoir, depuis les années 1930, révolutionné non seulement la danse, mais le théâtre. »
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« Quand je pensais à Cuba, Manhattan me semblait de nouveau une île joyeuse et pleine de possibilités, et les embûches sur la route avaient l’air moins insurmontables. Mais dès que j’envisageais l’éventualité d’annuler ce voyage et de rester à New York, mon avenir s’assombrissait de nouveau. »
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J’avais supposé tout ceci presque sans y penser, parce que l’idée même d’un cours de danse sans miroir était inconcevable. Un écrivain peut lire son texte, un peintre examiner son tableau, un pianiste écouter ses notes, mais une danseuse ne peut avoir une idée de son œuvre qu’au moyen d’un miroir, étant donné qu’elle est, en elle-même, son propre matériau et instrument.
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Ce que je voulais, ce n’étaient pas des verres, mais des carafes entières, de n’importe quel liquide. J’avais chaud, j’avais soif, j’étais morte de faim et j’étais fourbue.
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Un danseur peut posséder la meilleure technique du monde, s’il n’a rien à dire, il sera toujours ennuyeux. Mes nouveaux élèves avaient peu de bagage technique, mais ils donnaient envie de rester longtemps à les regarder. Ils terminèrent le cours épuisés, et moi aussi.
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Je m’étais attendue à la méfiance naturelle de n’importe quel élève devant un nouveau professeur, la même méfiance que je ressentais face à eux, ou simplement la réserve que l’on voit au fond des yeux de n’importe quel passant, dans la rue, à Mexico. Mais ces élèves me regardaient en souriant, avec curiosité et allégresse. Certains étaient des adolescents de 16 ans, d’autres avaient mon âge ou un peu plus, mais à ce moment tous me parurent plus jeunes que moi de plusieurs vies.
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Grâce à ma mère, j’avais été dès mon enfance une lectrice aussi vorace et indiscriminée qu’elle ; lectrice de romans – consommatrice, devrais-je dire, plutôt, étant donné l’urgence avec laquelle je dévorais tous ceux qui me tombaient entre les mains –, mais aussi de n’importe quel autre texte imprimé. Et plus qu’aux intrigues du récit elles-mêmes, j’accordais une importance particulière à la langue.
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Nous, les révolutionnaires, savons reconnaître les efforts de tous : ils luttent aussi, ceux qui affrontent la police dans les entrailles de l’empire, qui prennent des risques et protestent contre le sanguinaire Nixon et sa guerre génocide. C’est sûrement ce que tu as fait, toi. Et puis tu es venue ici partager nos privations, nous offrir le meilleur de ton expérience et nous montrer ta solidarité. Ne fais pas cette triste mine, muchacha ! Comment peux-tu croire que tu n’as pas droit au meilleur de notre révolution ? »
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Depuis ma descente d’avion, je sentais comme un corset qui m’enserrait la poitrine, plus fort à chaque instant, et qui déjà ne me laissait plus respirer. Je compris que, dans les romans, un personnage qui tourne en rond dans une pièce, ce n’est pas une affectation littéraire de l’auteur : je me découvrais à je ne sais quelle heure de la nuit faisant pareil, incapable de m’asseoir. Je me rappelle l’humidité des draps quand enfin je me mis au lit.
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Au Mexique, on m’avait dit que le dollar était une monnaie illégale à Cuba, mais on ne m’avait pas prévenue que la peine minimale encourue pour incitation au trafic de dollars était de plusieurs années de prison.
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À l’évidence, j’avais commis une série de fautes graves, et j’avais honte : toutes ces choses que je prétendais faire passer, tous ces privilèges que je voulais assurer d’avance, quand ici ce dont il s’agissait, c’était de partager le dénuement. Je ne dis rien.
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Quand je pensais à Cuba, Manhattan me semblait de nouveau une île joyeuse et pleine de possibilités, et les embûches sur la route avaient l’air moins insurmontables. Mais dès que j’envisageais l’éventualité d’annuler ce voyage et de rester à New York, mon avenir s’assombrissait de nouveau. Pour qui pouvais-je danser, sinon pour Twyla ? Mais combien de temps supporterais-je encore de jouer les pis-aller ? Je me réconfortais en me disant que c’était bien de quitter la maison, de me mettre à l’épreuve ; que ce voyage me permettrait de découvrir la légendaire île de la révolution ; que je reviendrais en professeur déjà chevronné, qu’avec l’expérience acquise je pourrais commencer à gagner ma vie en donnant des cours. Et surtout, je me répétais que je ne m’absentais de New York que pour un an et qu’au retour je retrouverais tout exactement pareil. La seule différence serait qu’en un an j’aurais arrêté de souffrir à cause de Twyla et que je pourrais me remettre à rêver et me frayer d’autres chemins. Je pourrais recommencer ma vie d’avant, préparer un mole pour mes amis comme avant, reprendre des cours comme avant.
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Pauvre Harold ! Cette phrase suffit pour que je le range à tout jamais dans la catégorie des parfaits imbéciles. Et c’est vrai qu’il venait de dire une grosse bêtise. Mais il est vrai aussi que je ne comprenais rien à l’amour et que Harold était amoureux de tout son cœur, corps et âme, de sa révolution.
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