Vidéos de Aloysius Bertrand (9)
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Aloysius BERTRAND – Gaspard de la nuit : relecture d'un chef-d'œuvre (France Culture, 1981)
L'émission "Relecture", par Hubert Juin, diffusée le 26 juin 1981 sur France Culture. Présences : Jean Gaulmier, Jean-Luc Steinmetz et Max Milner. Lecture : François Maistre, Pierre Mickaël, Bérangère Dautun.
Émission "Une Vie, une Œuvre" par Claude Mettra, sous-titrée « Les enchantements de Gaspard de la Nuit » diffusée, le 9 avril 1992, sur France Culture. Invités : Pierre Péju et Max Milner.
Aloysius Bertrand (1807-1841) : Sonnet
"Quand le raisin est mûr, par un ciel clair et doux,"
Extrait du recueil Œuvres complètes
Les deux anges, extrait de Gaspard de la nuit, d'Aloysius Bertrand (1807-1841) publié de façon posthume en 1842.
- " Planons, lui disais-je, sur les bois que parfument
les roses ; jouons-nous dans la lumière et l'azur des
cieux, oiseaux de l'air, et accompagnons le printemps
voyageur. "
La mort me la ravit échevelée et livrée au sommeil d'un
évanouissement, tandis que, retombé dans la vie, je
tendais en vain les bras à l'ange qui s'envolait.
Oh ! si la mort eût tinté sur notre couche les noces du
cercueil, cette sueur des anges m'eût fait monter aux
cieux avec elle, ou je l'eusse entraînée avec moi aux
enfers !
Délirantes joies du départ pour l'ineffable bonheur de
deux âmes qui, heureuses et s'oubliant par-tout où elles
ne sont plus ensemble, ne songent plus au retour.
Mystérieux voyage de deux anges qu'on eût vus, au point
du jour, traverser les espaces et recevoir sur leurs
blanches ailes la fraîche rosée du matin !
Et dans le vallon, triste de notre absence, notre couche
fût demeurée vide au mois des fleurs, nid abandonné sous
le feuillage.
Musique : Sérénade (Ständchen) , Schubert D957
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scarbo dans gaspard de la nuit de aloysius bertrand
Poésie fantastique composée par Aloysius Bertrand, Scarbo est publié dans Gaspard de la nuit, sous titré fantaisies à la manière de rembrant et de Callot, à titre posthume, en 1842
BERTRAND, Aloysius -- Ondine.
« Écoute ! — Écoute ! — C'est moi, c'est Ondine qui frôle de ces gouttes d'eau les losanges sonores de ta fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune ; et voici, en robe de moire, la dame châtelaine qui contemple à son balcon la belle nuit étoilée et le beau lac endormi.
Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant, chaque courant est un sentier qui serpente vers mon palais, et mon palais est bâti fluide, au fond du lac, dans le triangle du feu, de la terre et de l'air.
Écoute ! — Écoute ! — Mon père bat l'eau coassante d'une branche d'aulne verte, et mes sœurs caressent de leurs bras d'écume les fraîches îles d'herbes, de nénuphars et de glaïeuls, ou se moquent du saule caduc et barbu qui pêche à la ligne. »
Sa chanson murmurée, elle me supplia de recevoir son anneau à mon doigt, pour être l'époux d'une Ondine, et de visiter avec elle son palais, pour être le roi des lacs.
Et comme je lui répondais que j'aimais une mortelle, boudeuse et dépitée, elle pleura quelques larmes, poussa un éclat de rire, et s'évanouit en giboulées qui ruisselèrent blanches le long de mes vitraux bleus.
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BERTRAND, Aloysius -- Un rêve.
Il était nuit. Ce furent d'abord, - ainsi j'ai vu, ainsi je raconte, - une abbaye aux murailles lézardées par la lune, - une forêt percée de sentiers tortueux, - et le Morimont* grouillant de capes et de chapeaux.
Ce furent ensuite, - ainsi j'ai entendu, ainsi je raconte, - le glas funèbre d'une cloche auquel répondaient les sanglots funèbres d'une cellule, - des cris plaintifs et des rires féroces dont frissonnait chaque fleur le long d'une ramée, - et les prières bourdonnantes des pénitents noirs qui accompagnent un criminel au supplice.
Ce furent enfin, - ainsi s'acheva le rêve, ainsi je raconte, - un moine qui expirait couché dans la cendre des agonisants, - une jeune fille qui se débattait pendue aux branches d'un chêne, - et moi que le bourreau liait échevelé sur les rayons de la roue.
Dom Augustin, le prieur défunt, aura, en habit de cordelier, les honneurs de la chapelle ardente; et Marguerite, que son amant a tuée, sera ensevelie dans sa blanche robe d'innocence, entre quatre cierges de cire.
Mais moi, la barre du bourreau s'était, au premier coup, brisée comme un verre, les torches des pénitents noirs s'étaient éteintes sous des torrents de pluie, la foule s'était écoulée avec les ruisseaux débordés et rapides, - et je poursuivais d'autres songes vers le réveil.
* C'est à Dijon, de temps immémorial, la place aux exécutions.
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