Citations de Aloysius Chabossot (68)
Bon, pour comprendre comment la mère de deux adorables enfants, tout à fait saine d'esprit, peut sérieusement envisager de confier sa progéniture tant aimée à un type inconnu, sans doute plus à l'aise à charrier des sacs de cinquante kilos de ciment qu'à réchauffer un petit pot au micro-ondes, il faut revenir quelques temps en arrière, et, tant qu'on y est, que je raconte un peu ma vie.
Il faut bien reconnaître qu'en règle générale les mecs estiment qu'une fois dans les murs l'affaire est entendue. Adieu le romantisme en carton-pâte des premières heures, bonjour les chaussettes sales qui traînent dans le couloir, le lavabo plein de dentifrice, les soirées télé sans décrocher un mot, les vacances chez les beaux-parents pour économiser. À ce compte-là, je préfère encore rester seule et m'offrir un Kinder sur pattes quand l'envie m'en prend.
Elle voulait jouer à la mère copine-confidente, mais ça lui allait très mal, j'avais juste l'impression de passer un interrogatoire avec Kaa, le python perfide du Livre de la jungle.
Quelle serait l'expression la plus adéquate pour décrire la situation ? Un paquebot transatlantique avec des rames ? Voilà, c'était le mot juste. Pour qualifier le pétrin dans lequel je barbotais, "galère" aurait semblé un tantinet simplet. Avec des trous dans la coque, le paquebot, s'il vous plaît, et délesté de tous ses canots de sauvetage, tant qu'à faire.
La chanson dit « les histoires d’amour finissent mal, en général ».
Mais le « général » n’est là que pour la rime.
Mes années d'expérience et les différents témoignages que j'ai pu recueillir auprès de mes copines plus avancées que moi dans leur parcours sentimental m'ont amenée à développer un point de vue particulièrement original sur la condition féminine. Pour faire simple, je considère qu'il existe deux événements traumatisants dans la vie d'une femme. Premièrement, le mariage : on signe un contrat dont chaque terme bafoue le Code du travail avec un cynisme révoltant et on se retrouve pieds et mains liés à un patron qui se fiche pas mal de la condition ouvrière du moment qu'il en profite. Deuxièmement, la grossesse, dégringolade ultime : on se dilate, puis on devient flasque. La femme, transformée en mère de famille, se consacre mollement au bien-être de la descendance et du géniteur dans une ambiance de bonheur tiédasse et, pour tout dire, soporifique, jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'une ville silhouette ratatinée.
Pour l'heure, mes prétentions sont beaucoup plus modestes: je cherche un lascar à peu près présentable qui pourra donner le change pour un tout petit moment. Pas de serment d'amour, pas de roucoulade au clair de lune, pas d'engagement en vue, promis.
Juste un intérim sans conséquence, sans même un passage à l'acte : franchement, je ne demande pas la lune.
La femme, transformée en mère de famille, se consacre mollement au bien-être de la descendance et du géniteur dans une ambiance de bonheur tiédasse et, pour tout dire, soporifique, jusqu’à ce qu’elle ne soit plus qu’une vieille silhouette ratatinée.
Elias appartenait à la race des êtres secrets qui n'ouvrent leur porte qu'à de rares occasions, pour un temps limité. Et alors ? Était-ce si gênant ? Car à côté de cela, il avait réussi, par sa seule présence, à insuffler des couleurs jusqu'alors inconnues au quotidien de ma petite famille.
Et bien moi, j'ai commencé une nouvelle vie l'année dernière, avec le départ de mon ex-mari et les épreuves que j'ai dû traverser. Aujourd'hui, c'est comme si j'étais à nouveau un bébé, avec plein de choses à découvrir, et des rêves à réaliser, pour moi, pour mes enfants.
L’hypothèse d’une fille attirée par les hommes mûrs n’était pas à exclure. Processus inconscient issu de carences affectives qui prenaient leurs sources dans la petite enfance (père absent, inexistant ou décédé) il restait persuadé que cette attirance excédait généralement les simples motivations pécuniaires, contrairement à ce que certaines vieilles femmes aigries laissaient lourdement supposer d’un air entendu.
Oui,je comprenais Je comprenais qu'une fois de plus Elias m'avait menti.Ce que j'ignorai cependant,et ce que je voulais par-dessus tout savoir,c'était pourquoi.
Là, c'était différent. Déjà, on était pas dimanche. Puis elle était très bien cette salle à manger : spacieuse, bien éclairée. Certes, les meubles étaient plutôt moches, construits en bois sombre avec des pieds torsadés, dans le plus pur style « rococo ». (Devinez qui avait tenu à les choisir, arguant un goût sûr pour les « belles choses » que j'étais loin, selon lui, de posséder?) Pour autant, je n'avais pas envie de me priver de l'usage de cette jolie pièce à cause du fantôme de l'autre disparu qui trônerait en bout de table, occupé à distribuer ailes, cuisses et blancs de poulet jusqu'à la nuit des temps ! Ce serait lui faire trop d'honneur.
-Tu n'as pas le monopole des histoires d'amour qui se finissent en jus de boudin:moi aussi,j'ai eu mon lot,tu sais.Sauf que je ne suis pas encore convaincue que tous les hommes sont des salauds,je garde un petit espoir.
Ça devait être du tricoté maison,personne n'aurait pris le risque de commercialiser un truc pareil.
En temps normal, ce n'est déjà pas une sinécure, ce genre de boulot. Nous, les femmes, on sait de quoi on parle, les témoignages pullulent. Certaines d'entre nous laissent dans cette quête une bonne partie de leur vie, d'autres ne trouvent jamais. Il y a aussi celles qui préfèrent se consacrer à une mission humanitaire à l'autre bout de la planète pour éviter d'y penser, ou alors qui s'enferment dans un couvent et trouvent en la personne du petit Jésus le mari idéal : gentil, toujours dispo, pas envahissant pour un rond. Mais, avouons le, coté bagatelle, l'idée laisse quand même à désirer.
Quand je suis rentrée chez moi, le soir, j'étais fourbue mais heureuse : ça n'avait pas été simple, il avait fallu accepter certaines concessions, mais le résultat était là : mon " fiancé" était enfin opérationnel.
Quoi qu’il en soit, les toquards à la petite semaine, c’est bien fini pour moi : il est temps de passer à autre chose, de se faire enfin plaisir. Désormais, c’est moi et moi seule qui prends les rênes de ma destinée, et je peux vous dire qu’il va y avoir du changement ! La stabilité à tout prix ? Ce n’est plus ma priorité ! Place au coup de foudre, le vrai, le gros éclair qu’on se prend en pleine tronche, l’amour passionnel et sans limites, les grands horizons du sentiment, le pétage de plombs voluptueux !
Il semblerait, contre toute logique, qu’à l’heure actuelle, ma grand-mère de 82 ans vive une sexualité nettement plus épanouie que la mienne. Je ressens une certaine injustice poindre de ce constat, et mes sentiments sont partagés entre jalousie mal placée et désespoir pur et simple.
Écoute, ne pinaille pas : quoi qu’il en soit, c’est prendre un risque énorme que de se mettre en ménage avec un déséquilibré, même s’il n’est probablement pas méchant.