Malik file au hasard dans les rues de latérite, laissant derrière lui un nuage rose qui ne retombe pas mais semble se diluer dans l'épaisseur cotonneuse du jour. le soleil sombre lentement, il est comme en suspension dans l'air lourd de poussière. Le regarde pénètre a peine cet air trouble qui brouille les silhouettes même proches. Malik rejoint la route, roule le long de l'avenue de Beyrouth, prend la direction du fleuve et finit par s’arrêter non loin du palais des Congres.
Que faire ? se demande -t-il ?
Un soleil délavé déteint dans l'eau du Niger ou les piroguiers lancent encore une fois leur filet avant que la nuit n'efface toutes les frontières.
Après le dur échange de propos qu'il avait eu avec Koffi aux négociations, l'imam Fall venait de refuser une seconde fois de prier pour les morts. On avait donc recouru à l'Afrique noire ancestrale. "Un avantage des différentes dominations successives qu'a subies le Nègre. Trois civilisations, trois dieux. Les mânes des ancêtres et le donkotigui guérisseur, Allah et Mahomet, et plus récemment, le christ et Jehovah. L'un est-il indisposé ou absent ? Le Sahélien ne se gêne pas pour faire appel à l'autre."
Sahel sanglante sécheresse