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Critiques de Alphonse Daudet (582)
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Lettres de mon moulin

"Mistral, cigales et tambourins, à toutes mes chansons, donnent un même refrain.

Et quand vous l'entendez chanter, dans mes paroles, tous les mots que je dis, dansent la farandole." Fernandel citant Zamacoïs.



Il se nomme Lou, et il n'en peut plus, la langue pendante, écartelé, coquin de sort! Toute la nuit, elle a fait des cabrioles, elle voulait tout essayer et quand il voulait se sauver, elle le rattrapait par la...



Pour Lou, elle s'était enfuie par la fenêtre...

"Ah, qu'elle était jolie la petite chèvre de Mr Seguin... Presque aussi charmante que la cabri d'Esmeralda."

Lou en avait entendu parler, à des lieues à la ronde, peuchère... Lou avait chanté, à la nuit tombée, sous la lune ronde (car il en avait envoûté d'autres, dont la Renaude...)



" Jamais les sapins n'avaient rien vu d'aussi joli. Les châtaigniers se baissaient jusqu'à terre, pour la caresser du bout de leurs branches. Les genêts d'or s'ouvraient sur son passage, et sentaient bon tant qu'ils pouvaient."



"Et quelle herbe! Et les fleurs donc! de grandes campanules bleues, des digitales de pourpre à longs calices"... Oui, elle a bu tout l'élixir, la liqueur, tout le calice... de Lou! Et en fumant son herbe...



Et le chamois, dont parle l'auteur? Il n'en fut pas question longtemps...

"Elle regardait les étoiles danser dans le ciel clair, et elle se disait":

- Pourvu qu'il tienne jusqu'à l'aube..."(pas comme le chamois, trop rapide et inexpérimenté!)



Maintenant, elle veut faire connaissance avec la meute. Seigneur, quel couillon, je suis! Moi qui croyais que cette Blanchette n'y connaissait rien (j'ignorais qu'il y avait un bouc à la ferme! C'est relou(p)...



Et voilà, qu'elle a remplacé sa tenue blanche, par un chaperon rouge...

" Je me suis fait tout petit devant une poupée

Qui ferme les yeux quand on la touche.

J'avais des dents d'loup,

Je les ai changées pour des quenottes." Georges Brassens.



-Ah, mais ce n'est pas ainsi que ça finit?

-Alors, parce que Môssieur est de la ville, qu'il sait tout! Il connaît nos contes de Provence? Tu sais, tu m'escagasses. Môssieur le cacou, ô le fada, tu m'enboucanes...
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La Chèvre de monsieur Seguin

La chèvre de Monsieur Seguin est sans conteste la nouvelle la plus connue du recueil Les Lettres De Mon Moulin, à telle enseigne qu’elle a presque pris, de nos jours, valeur de conte traditionnel, ce qui est une belle marque de reconnaissance.

On ne compte plus les dizaines de versions et d’adaptations, toutes plus ou moins fidèles, plus ou moins illustrées, plus ou moins colorées, plus ou moins réussies. Certaines sont tronquées de la partie introductive originelle qui est une lettre du narrateur à son ami poète Pierre Gringoire qui est en train de refuser une place de chroniqueur dans un bon journal parisien au nom du respect de sa liberté littéraire. C’est dommage car cette introduction est l’occasion pour Alphonse Daudet d’y exprimer la morale de l’histoire, mais il est vrai que dans une optique de littérature jeunesse, cette introduction est un peu éloignée du monde des enfants.

Il est vrai également que, dépouillée de son prologue et de son épilogue, cette nouvelle a vraiment tout du conte traditionnel, tel que n’aurait pas rechigné d’en écrire un Perrault des grands soirs.

Le brave monsieur Seguin, habitant auprès des pré-Alpes provençales, a déjà perdu nombre de chèvres qui, ayant jugé bon d’aller brouter l’herbe sauvage des versants plutôt que les pousses chétives et rébarbatives du clos, ont fini par s’échapper et terminer entre les crocs dévastateurs du loup qui hante ces montagnes.

Monsieur Seguin, résolu à essayer, une nouvelle et dernière fois, d’élever une chèvre se décide à la prendre jeune et malléable afin qu’elle s’habitua mieux à la captivité et aux contraintes de la vie simple et monotone que peut lui offrir le bonhomme.

La petite Blanquette a pourtant tout pour plaire, un bon caractère, une belle allure, mais résistera-t-elle aux attraits de la montagne et de la liberté, si alléchante, vue d’en bas ?

Une belle fable à méditer, qui peut avantageusement être lue en relation avec la fable de La Fontaine « Le loup et le chien », sur les avantages et les inconvénients de la domesticité et de la liberté sauvage.

Bref, un amour de conte (ou de nouvelle) à lire absolument car faisant désormais pleinement partie du patrimoine traditionnel commun à léguer à nos enfants, mais bien sûr, ce n’est là que mon avis, c’est-à-dire, pas grand-chose.
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Lettres de mon moulin

Aujourd'hui, Nastasia mène l'enquête... la dernière fois c'était pour Nuées D'Oiseaux Blancs de Kawabata, parfois, ça me prend...

Lettres De Mon Moulin. Voyons, voyons... Tout le monde connaît, au moins pour partie car on a tous eu une de ces nouvelles ou un extrait d'un des textes sous les yeux à l'école, ne serait-ce que pour une leçon d'orthographe ou de grammaire. Mais malgré cette étonnante popularité, ceux qui les ont lues en entier sont déjà moins nombreux, un peu comme pour les Fables de La Fontaine.

Poursuivons, ça date de quand les Lettres De Mon Moulin ? Et bien là, figurez-vous, ce n'est pas si facile que cela à dire. Première publication en 1869 avec 17 nouvelles (Ballades En Prose est comptée comme une seule et Installation est assimilable à La Diligence De Beaucaire). Mais dix ans plus tard, en 1879, une seconde publication, celle que nous connaissons désormais en ajoute 6 de plus.

C'est quoi les Lettres De Mon Moulin ? On serait tenté de répondre à la hâte et du tac au tac qu'il s'agit de nouvelles ayant toutes pour dénominateur commun l'arrière pays provençal dans le piémont des Alpes. Mais si l'on y regarde de plus près, c'est loin d'être seulement le cas : trois nouvelles corses, deux algériennes, une nouvelle vaguement allemande, deux ou trois autres encore qui ne cadrent pas trop avec la Provence telle qu'on se l'imagine.

Alors une communauté de facture, de ton, de thème, d'époque, de propos, de style ? Vous seriez, là encore, bien en peine d'en répondre.

La vérité, c'est qu'elles ont toutes, ces nouvelles constitutives, déjà vécu leur vie propre lors de publications autonomes au sein de journaux. Elles n'ont donc pas nécessairement grand-chose à voir entre-elles. Certaines sont des récits de voyage, d'autres s'apparentent à des contes ou légendes traditionnels, d'autres encore ressemblent à des nouvelles du format " Maupassant ", bref, un assemblage hétéroclite et opportuniste.

Attardons-nous, si vous le voulez bien, aux dates de publication primaires dans les journaux de l'époque :



À Milianah, La Revue Nouvelle du 1er février 1864



L'Arlésienne, L’Événement du 31 août 1866

Nostalgies De Caserne, L’Événement du 7 septembre 1866

La Chèvre De Monsieur Seguin, L’Événement du 14 septembre 1866

Le Poète Mistral, L’Événement du 21 septembre 1866

La Légende De L'Homme À La Cervelle D'Or, L’Événement du 29 septembre 1866

L'Agonie De La Sémillante, L’Événement du 7 octobre 1866

Ballades En Prose (La Mort Du Dauphin & Le Sous-Préfet Aux Champs), L’Événement du 13 octobre 1866

Le Secret De Maître Cornille, L'Événement du 20 octobre 1866

Le Curé De Cucugnan, L’Événement du 28 octobre 1866



La Diligence De Beaucaire, Le Figaro du 16 octobre 1868

Les Vieux, Le Figaro du 23 octobre 1868

La Mule Du Pape, Le Figaro du 30 octobre 1868

Le Portefeuille De Bixiou, Le Figaro du 17 novembre 1868

Les Deux Auberges, Le Figaro du 17 novembre 1868



Le Phare Des Sanguinaires, Le Figaro du 22 août 1869

L'Élixir Du Révérend Père Gaucher, Le Figaro du 2 octobre 1869



Les Douaniers, Le Bien Public du 11 février 1873

Les Sauterelles, Le Bien Public du 25 mars 1873

Les Étoiles, Le Bien Public du 8 avril 1873

Les Oranges, Le Bien Public du 10 juin 1873

En Camargue, Le Bien Public des 24 juin et 8 juillet 1873



Les Trois Messes Basses, issue des Contes Du Lundi publiés en 1875



Votre œil sagace aura donc remarqué que dans la salve de 1866, les nouvelles paraissent à un rythme étourdissant d'une par semaine. Gageure que peu d'écrivains sont capables de soutenir avec un niveau de qualité acceptable. Autre fait étonnant, du 7 au 13 octobre 1866, comme si l'écriture d'une nouvelle ne lui suffisait pas, l'auteur s'est mis en tête d'en écrire deux, sur des thèmes qui n'ont rien à voir.

On constate le même genre de tirs groupés en 1868 avec la notable différence que la publication du 6 novembre est ratée (pas tenu les délais) et celle du 13 novembre aussi, moyennant quoi, on tente de sauver l'honneur en en livrant deux le 17 novembre. Et ce sera tout pour cette année-là.

On sait que ce genre de retard est dommageable pour les ventes du journal car les habitués sont désappointés. On sait aussi que les écrivains terminaient leurs brouillons à l'arrache, la nuit même où le journal allait passer sous presse.

Qu'en déduire ? Un tel rythme paraît tout simplement impossible à tenir. La Chèvre De Monsieur Seguin aurait donc été écrite en une semaine à peine du 7 au 13 septembre 1866, de même que Le Secret De Maître Cornille du 13 au 19 octobre 1866. Certaines nouvelles sont deux fois plus longues que d'autres. Pourquoi s'infliger le supplice d'écrire deux nouvelles en une semaine quand une seule ferait parfaitement l'affaire ?

C'est de qui les Lettres De Mon Moulin ? Vous avez remarqué que jusqu'à présent, je n'ai pas encore mentionné le nom de l'auteur, car il y a fort à parier que les deux salves de nouvelles de 1866 et 1868 aient été écrites à quatre mains. Les deux premières sont, bien évidemment celles d'un dénommé Alphonse Daudet et pour les deux autres, Octave Mirbeau (Merci la Normandie) nous apprend qu'elles sont très probablement celles d'un bon écrivain resté dans l'ombre de son volumineux ami, un certain Paul Arène, qui n'a pas eu le loisir de trop le fouler, le sol de l'arène littéraire.

Remarquez, rien d'étonnant à ce qu'il nous prenne pour des bourricots et qu'il nous parle d'histoires de mules et de sentiers caillouteux, l'ami Alphonse, lui qui a un nom hybride entre " baudet " et " dos d'âne ".

C'est dommage car j'aurais bien aimé savoir lequel des deux a su insuffler le plus de pétillance dans le style, le plus de belle magie dans les histoires car je ne vous cache pas que l'essentiel des nouvelles que je préfère, dans ce recueil, font partie de celles qui ont été écrites à quatre mains.

Si j'arrive à faire abstraction de ce comportement d'appropriation du travail d'autrui qui m'exaspère, je dirais que ce recueil, malgré son hétérogénéité se lit avec plaisir et conserve une belle fraîcheur.

J'y aime particulièrement Le Secret De Maître Cornille qui peut m'émouvoir jusqu'aux larmes, j'adore aussi L'Arlésienne et éprouve un franc penchant pour une nouvelle authentiquement Daudésienne, à savoir L'Élixir Du Révérend Père Gaucher.

Il y a encore deux ou trois véritables petits joyaux dissimulés ici ou là, que je vous invite à venir découvrir comme Les Vieux, L'agonie De La Sémillante ou bien sûr l'incontournable Chèvre De Monsieur Seguin.

Un bon recueil donc, pas exceptionnel de bout en bout, mais fort agréable, ma foi, sur l'essentiel de la distance.

Néanmoins, ce n'est là qu'un avis qui s'agite comme les ailes au vent d'un moulin délabré, c'est-à-dire, bien peu de chose.

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Contes du lundi

Chants d’amour à l’Algérie et à la France, les « Contes du lundi » publiés au lendemain de la guerre de 1870, sont universels et la plupart de ces contes pourraient décrire des faits vécus durant la seconde guerre mondiale ou l’actuel conflit en Ukraine.

Cette universalité leur offre une éternité qui en rend la lecture, ou la relecture, toujours plaisante.

« La dernière classe » qui introduit le recueil en est le conte le plus célèbre et décrit ce que fut l’abandon contraint de la langue française en Alsace-Lorraine au lendemain du traité de Versailles … comme ce fut de nouveau le cas après l’armistice de juin 1940.

Aussi bouleversant est « Le mauvais Zouave » qui révèle un père s’engageant volontairement pour suppléer la désertion de son fils ou « Le siège de Berlin » qui voit un grognard, survivant de l’empire foudroyé par l’entrée des prussiens dans la capitale.

« La défense de Tarascon » s’est rejouée à l’été 1944, quand des milliers de résistants auto proclamés valorisent leurs exploits militaires et essayent de les faire reconnaitre par l’état.

« Le caravansérail » et « le décoré du 15 aout » nous mènent en Algérie où algériens, colons, communards exilés, partagent la même destinée et subissent les avanies infligées par une administration bornée.

La seconde partie, célèbre pour « Les trois Messes basses », offre « un teneur de livres » qui fait le bonheur de tout Babeliote et nous fait saliver avec des « Paysages gastronomiques » qui vantent les cuisines méditerranéennes.

L’ensemble écrit d’une plume savoureuse est un régal que je recommande sans modération.
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Le Petit Chose

C'est frais, bien écrit, sans lenteurs, sans lourdeurs, avec un humour subtil. C'est élégant mais simple. Et, quand je dis "simple", n'entendez pas "simplet" ou "simpliste", non, c'est simple à l'opposé de prétentieux, pompeux. On n'a pas à se retourner le cerveau pour comprendre, il suffit de lire et de laisser l'histoire et les personnages vivre dans notre imagination.

C'est un plaisir que cette lecture, une récréation.



Il y a certains livres dont le titre et l'auteur nous sont si familiers qu'on a l'impression de les connaître sans les avoir jamais lus. En ce sens, j'imaginais que le Petit Chose était un p'tit gars courageux à qui la vie n'avait pas distribué les bonnes cartes et dont le parcours était jalonné de quolibets, vexations, humiliations et injustices.

Que nenni ! C'est un fieffé égoïste, le garçon ! Faible, plaintif, mièvre, pleutre, passablement vaniteux... "petit", en somme. Et les véritables victimes sont surtout les autres. Enfin, les rares bonnes âmes qui lui ont accordé leur affection, leur confiance et se sont laissés endormir par ses jérémiades.



Personnellement, j'ai toujours éprouvé un agacement certain à l'égard de ces gens qui piétinent allègrement la vie et les sentiments des autres et qui, une fois dans l'impasse, s'en tirent avec un simulacre d'auto-flagellation et de larmoiements : "Oin, oin ! Je suis nul, je suis lâche, je le sais ! J'me dégoûte, oin, oin ! Je ne vous mérite pas, oin, oin, oin !"

Et notre Petit Chose est passé maître dans ce domaine, il faut bien le dire. C'en est presque si facile qu'on finit par ne plus trop savoir lesquels, de l'égocentriste ou de ses victimes, sont les plus à blâmer.



Le sage abbé Germane ne s'était pas trompé lorsqu'il lui déclara : "Car vois-tu, mon petit Daniel, tu n'es encore qu'un enfant, et même j'ai bien peur que tu sois un enfant toute ta vie."

La question est donc posée : peut-on en vouloir à un enfant de ses comportements inappropriés ? Non, sans doute, non. Dès lors que son jeune âge les justifie. Plus tard, ça se discute...

Mais la vie n'est pas juste et la chance ne gratifie pas toujours les plus méritants.
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La Chèvre de monsieur Seguin

"La chèvre de monsieur Seguin" est un conte qui fait parti Des Lettres de mon moulin d' Alphonse Daudet. Sans conteste, il s'agit d'un classique de la littérature pour l' enfance et la jeunesse.

Je me rappelle bien que durant mon enfance, nous les écoliers on a beaucoup apprécié ce récit et on a partagé la tristesse de monsieur Seguin.

Ce récit est celui de ce dernier qui a eu à élever plusieurs chèvres mais malheureusement aucune ne lui est restée car chacune tentée par le grand espace et la nature; quitte l'enclos et s'évade. le loup est là et attend sa proie !

Monsieur Seguin décide alors d'acquérir une toute jeune chèvre qu 'il surnomme Blanquette. Il la bichonne : il la place dans un enclos bien protégé. Il lui fournit de l'herbe grasse et l'eau. Il veut la domestiquer et la rendre malléable afin de bien la maîtriser.

le temps passant, Blanquette se sentit à l'étroit et voulut découvrir ce qu'il y a au-delà de l'enclos et gambader dans les grands espaces et humer le grand air de la nature.

Alors, un jour elle quitta son enclos douillet pour aller voir ce qu 'il y a au-delà de son espace habituel .

A sa sortie , elle rencontra la méchante bête qui attendait cette bonne occasion.

Monsieur Seguin constatant la fuite et le non retour de Blanquette a réalisé ce qui s'est passé et fut désolé et triste.

Un des beaux contes de l'auteur et la morale du récit est qu 'on ne doit pas se lancer la tête la première dans un milieu inconnu !
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Quatre contes d'Alphonse Daudet : La Mule d..

Voici une sélection de quatre contes d'Alphonse Daudet prélevés de son recueil fameux, les Lettres de Mon Moulin, et qui donnent une idée de la diversité de l'ouvrage dont ils sont issus. Tantôt graves et poignants, tantôt légers et drôles :



1) La Mule du Pape est une nouvelle, un conte, une légende, je ne sais trop, assez loufoque au demeurant, témoignant de l'affection du pontife pour sa monture et de la mémoire du quadrupède envers ceux qui lui ont fait quelques misères. Cette mule du pape n'est pas encore tout à fait la Jument Verte, mais l'on s'en approche, et je ne serais pas rigoureusement surprise que Marcel Aymé s'en soit partiellement inspirée pour son roman (avec l'Âne d'Or d'Apulée).



Outre la reviviscence et la réincarnation de l'Avignon papal, la morale de cette histoire est peut-être — sans garantie — qu'il ne faut jamais sous-estimer les capacités de mémoire de ceux envers lesquels on s'est rendu fautif de quelques exactions, pas même de ceux qui ont l'air de braves bêtes.



2) L'Arlésienne est presque un conte philosophique. Il pose la question, qui n'est d'ailleurs pas une question mais plutôt un problème ou une constatation, qui de tous temps et en tous lieux, a remué, remue et remuera les cœurs, des jeunes et des moins jeunes. Celle du sentiment amoureux sans réciprocité, qui fait faire des folies aux hommes comme aux femmes, et qui fait verser des larmes, que rien ne saurait sécher, jamais.



3) L'Élixir du Révérend Père Gaucher est encore un conte cocasse qui nous relate la lutte entre le spirituel et le spiritueux. Conte d'une étonnante modernité sur les nécessités économiques dont les voies sont parfois presque aussi impénétrables que celles du Seigneur. Alphonse Daudet nous présente donc une confrérie religieuse, les Prémontrés ou Pères Blancs, sombrés dans un dénuement tel que chapelle et église tombent en lambeaux et que les garde-robes sont en loques.



Certains pensent déjà à quitter la confrérie quand l'un des frères, à l'âme épaisse et à la foi paysanne, en charge des deux malheureuses vaches étiques qui restent à l'ordre, s'en vient proposer ses services. Le frère Gaucher se dit capable de confectionner un élixir à partir des plantes de la région dont il a connu jadis le secret auprès de sa vieille tante mal embouchée. Chose dite, chose faite, les Pères Blancs se mettent tous à la besogne et l'élixir connaît instantanément un fulgurant succès alentour.



À tel point que le frère Gaucher, en tant que sauveur de l'ordre, se voit appeler désormais " révérend père " Gaucher. L'ennui, c'est que quand il élabore son divin breuvage, le révérend père a besoin de goûter, et même une fâcheuse tendance à bien, bien goûter, de sorte que, sous l'emprise de l'élixir, il se met à débiter les chansons paillardes que psalmodiait sa vieille tante lorsqu'elle préparait elle-même la liqueur. Acceptera-t-on cette entorse aux bonnes mœurs prêchées par les Pères Blancs ?...



4) Le Secret de Maître Cornille est le récit poignant d'un meunier provençal qui se bat pour sauver les apparences et lutter contre l'invasion du modernisme qui crée une concurrence insurmontable. Une thématique très forte et très sensible, où pourraient se retrouver tous ceux qui ont vu l'emploi de leur région dévasté par une concurrence déloyale qui grignote peu à peu toutes les entreprises, petites ou grosses, sacrifiées au Dieu rentabilité.



Un bon album en somme, peut-être pas exceptionnel, mais très plaisant, du moins c'est mon avis de mule, pas même papale, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Lettres de mon moulin

Eh non, je ne les avais pas encore lu les lettres de mon moulin ! Et pourtant, j’ai beaucoup entendu parler de la chèvre de monsieur Seguin à l’école et je me rappelle encore ma belle-mère raconter en riant l’abbé de Cucugnan essayant de sauver les âmes de sa paroisse ! Beaucoup de ces nouvelles m’ont plu… Les petits vieux, entre autres, je l’ai trouvé très touchant et l’histoire a résonné en moi d’une façon particulière : elle m’a rappelé les grand-parents d’amis en Lozère qui nous accueillaient toujours comme des rois. La mule du pape ou comment tout vient à qui sait attendre, m’a bien fait rire avec le caractère résolu de l’animal !

D’autres sont plus sombres comme les Sauterelles, d’autres carrément obscures, impossibles de rentrer dedans. Le style de Daudet change d’une histoire à l’autre, on passe de la joie au désenchantement. Contente d’avoir découvert ce classique de la littérature française, d’avoir pénétré dans la campagne française (un peu bout de Paris aussi et d’Algérie) et goûté cette fraicheur. Je me tâte à poursuivre ma découverte de l’auteur avec le Petit Chose ou Tartarin de Tarascon…

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L'Homme à la Cervelle d'Or - Le Curé de Cucugnan

Voici deux nouvelles extraites du recueil des Lettres De Mon Moulin qui pourraient éventuellement faire penser à des contes philosophiques. Ce n'est probablement pas de la très haute philosophie, mais il faut bien commencer un jour et, dans cette optique, ces contes sont bien adaptés pour l'école primaire.



Dans le premier conte, L'Homme À La Cervelle D'Or, Alphonse Daudet nous parle d'un homme doué d'une tête remplie d'or (les enfants de 8 à 10 ans arrivent généralement à attraper le symbole jusque-là). C'est lorsqu'il était enfant que ses parents, au vu de son apparent manque d'équilibre qui l'entraînait toujours en avant, ceux-ci se sont rendus compte que son crâne était bourré du métal précieux.



Peu à peu dans l'existence, notre enfant qui est devenu un homme puise dans son capital pour satisfaire la cupidité de Pierre, Paul, Jacques, Ali, Mohammed, Djibril, David, Shimon et Moshé, sans oublier Juliette, Thérèse, Myriam, Yasmine, Judith et Sarah si bien que les finances baissent rapidement et le capital cerveau fond comme neige au soleil.



Mesdames et Messieurs, je vous le demande, que faisons-nous, tous, de notre cerveau en or ? Comment le consumons-nous ? Pour quelles broutilles, pour quelles pacotilles, pour quelles estampilles brûlons-nous notre beau cerveau tout en or ? Je vous le demande…



Le second conte, lui aussi vaguement philosophique est une sorte de Divine Comédie à l'envers. Un brave Monsieur Martin, curé de la paroisse de Cucugnan se désole du peu de foi et de moralité de ses ouailles. Il décide alors, pour promouvoir quelque peu la vertu, de leur parler de certains de leurs aïeux qu'il serait allé visiter aux cieux, tel Dante.



Sauf que notre brave curé de Cucugnan, probablement trop confiant en la nature humaine, a commencé, quant à lui, son voyage par le paradis, puis a été contraint d'ouvrir les portes du purgatoire pour finalement terminer sa balade dans les tavernes de l'enfer.



À chaque fois, il posait la même question aux gardiens des lieux : « Avez-vous parmi vous des gens de Cucugnan ? » Je vous laisse découvrir où prolifèrent les trépassés Cucugnanais et m'en viens à conclure sur ces deux nouvelles.



Elles nous sont un miroir pour nous inviter à nous mieux considérer avec tant soit peu d'objectivité. Elle nous font résonner une fois encore les trémolos de deux des trois grandes questions existentielles : qui sommes-nous ? où allons-nous ?



Mais comme je ne trouverai pas la réponse aujourd'hui, je préfère m'arrêter là, à chercher encore d'où je viens pendant que j'exprime que ces deux menus contes sont agréables mais pas plus que ça ; qu'ils se prêtent bien à des lectures enfantines (autour de 10 ans) et à quelques questionnements auprès des enfants, mais c'est tout. Ceci étant, voilà seulement une mienne appréciation, c'est-à-dire, bien peu de chose en vérité.
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Lettres de mon moulin, tome 2 : Le secret d..

Le Secret de Maître Cornille est le récit poignant d'un meunier provençal qui se bat pour sauver les apparences et lutter contre l'invasion du modernisme qui crée une concurrence insurmontable.

Le vieux bonhomme, amoureux de son moulin, de son métier et nostalgique d'une époque révolue s'évertue à sauver les apparences.

Dans le voisinage on s'étonne de voir toujours maître Cornille transporter ses sacs de farine comme à la belle époque puisqu'on ne voit jamais personne donner du grain à moudre.

Il y a probablement supercherie là-dessous ; or qui vise-t-elle cette supercherie ? Il a sa fierté ce bonhomme, il est ridicule ce bonhomme, mais il ne demande qu'à vivre dignement. Il n'a jamais nuit à personne, il représente la tradition. Et on est en train de le regarder s'éteindre à petit feu. Sans rien faire. Par un consentement mutuel.

Certains pensent qu'on pourrait peut-être faire un petit effort pour soutenir le vieux maître Cornille. Et ça fait chaud au cœur de voir tourner ce moulin et ça fait encore plus de bien de voir ce grand sourire fendre la face du vieux bonhomme.

Mais qu'en sera-t-il quand les ailes du meunier tourneront dans d'autres cieux ?

Une thématique très forte et très sensible, où pourraient se retrouver tous ceux qui ont vu l'emploi de leur région dévasté par une concurrence déloyale qui grignote peu à peu toutes les entreprises, petites ou grosses, sacrifiées au Dieu rentabilité.

Une thématique d'autant plus forte qu'il s'agit aussi d'un pan de la tradition, de la culture qu'on laisse s'éteindre, sans coup férir, ou si peu que ç'en devient anecdotique, dérisoire, minable.

Amis de la liseuse, un jour vous ferez de nos petits libraires et des bouquinistes des maîtres Cornille. Vous rechargerez vos machins à lire sur des bornes déshumanisées. Des zéros, des uns, des processeurs, de l'argent mais de l'âme point, de l'odeur du livre point, de l'engouement d'un être humain à vous parler d'un livre point. Songez-y, juste une fois dans votre vie et détruisez toutes ces saloperies de liseuses avant qu'elles ne nous détruisent au plus profond de notre âme.

Mais ceci n'est que le tout petit avis de Nastasia, experte en luttes perdues d'avance contre des moulins sur son vieux destrier squelettique, c'est-à-dire pas grand-chose.
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Le Petit Chose

Il est difficile d’écrire sur un tel classique, que je ne découvre qu’aujourd’hui. Difficile d’exprimer quoi que ce soit de nouveau. N’a t-on pas déjà dit des milliers de fois que la vie du petit Chose est bien triste ? Que son expérience au collège est injuste ?



Pourtant je vais essayer d’en dire quelques mots (et puis sinon j’aurais pas fait un article pour vous dire que ça.)



Roman d’apprentissage en partie autobiographique, le Petit Chose raconte un morceau de vie d’un jeune garçon. Daniel Eyssette, fils de pauvre, est le seul de la classe à porter une blouse. Son professeur lui parla toujours “du bout des lèvres, d’un air méprisant” sans l’appeler par son nom : “Hé ! vous là-bas, le Petit Chose”, comme s’il était trop pauvre pour avoir une personnalité derrière sa pâle figure. Le surnom lui restera.



Mais Daniel est forcé d’arrêter ses études à la ruine de son père, et sa famille est dispersée. Avec un unique objectif en tête, reconstruire le foyer familial, il trouve une place dans un collège de garçons où il subira brimades sur brimades de la part des élèves et des professeurs. Maltraité, ruiné, il décide de retrouver son frère Jacques sur Paris. On trouve ici de belles pages sur l’amitié fraternelle : “Et nos deux âmes s’étreignirent de toute la force de nos bras”.



Mais les aventures du Petit Chose ne sont pas terminées : “Paris Ah grande ville féroce, comme le petit Chose avait raison d’avoir peur de toi !” Décidé à devenir poète il échouera pourtant et tombera dans les griffes d’une femme de mauvaise vie.



Au final, c’est davantage de l’énervement que de la pitié qui ressort de la lecture de ce court roman, devant la faiblesse du héros qui se laisse entretenir, se laisse bercer par ses rêves et ne se bat pas pour les atteindre. Tout le long, il demeure un enfant. C’est d’ailleurs ainsi que le qualifie son frère, quoique tendrement : “Pourtant si, c’est une femme, une femme sans courage, un enfant sans raison qu’il ne faut plus jamais laisser seul”.



Le Petit Chose a sans arrêt besoin d’être guidé, soutenu. Il ne saurait être indépendant, jusqu’à son ultime sursaut, qui laisse espérer. Malgré tout, il apprend beaucoup à chacune de ses aventures.



Roman d’apprentissage donc.



Mais aussi et surtout roman autobiographique ! Né à Nîmes, comme le Petit Chose, son père fait faillite et Daudet connaît de rudes années en tant que pion, rudesse par ailleurs atténuée dans le roman. Puis il part à Paris où il attrape la vérole, a des aventures amoureuses avec des femmes étranges, vit une vie de bohème, dévoré de sensibilité poétique. Il sera sauvé de la misère par sa femme qui le force à travailler auprès de ses beaux-parents pour éponger ses dettes. Rôle de sauveur que tient Jacques, la “mère” Jacques dans le roman. Jacques qui incarne Ernest Daudet mais que Daudet a sublimé en faisant de lui la mère, le protecteur, source de comique, de tragique et de bonté.



Comme Daudet le dira lui-même : “Le Petit Chose, surtout dans la première partie, n’est en somme que cela, un écho de mon enfance et de ma jeunesse”. Mais parfois il s’en éloigne, ne s’y reconnaît plus, comme s’il se rejetait : on passe alors du “je” à la troisième personne, “le petit Chose”.



Au final, par ce savant mélange, Daudet crée un héros à la sensibilité romantique, tragique, hors de la société, qui se laisse porter par les coups du sort. Et pourtant, il décrit une fin ambiguë car si le Petit Chose s’assure une sécurité matérielle, il renonce à la création, à l’écriture, à ce qui est lui, pour “vendre des soupières”.



C’est donc un roman universel que j’ai découvert ici, mais aussi un précurseur des romans sur l’enfance. Car l’enfant n’existe pas en littérature au XIXe. Il y a bien David Copperfield (1850), que Daudet ne lira qu’après, mais il faudra attendre 10 ans et L’enfant de Vallès en 1878 pour que cette littérature prenne son essor …


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La Chèvre de monsieur Seguin

La chèvre de Monsieur Seguin est l'un des contes les plus connus des Lettres de mon Moulin de Daudet, il a bercé mon enfance par les lectures que j'en ai faites, les récits qu'on m'en a fait et les pièces de théâtre vues.

Après avoir perdu toutes ses chèvres, Monsieur Seguin décide d'acheter la plus jolie des petites chèvres qu'il nomme Blanquette mais malgré toutes les précautions qu'il prend pour la retenir dans son enclos, elle s'éprend de liberté et prend la fuite comme toutes les autres avant elle pour découvrir le vaste monde, celui-ci est tellement beau, elle est tentée... La nature est tellement belle et bien décrite dans le conte.

Oh! âmes bien nées ne fuyez pas...Voyez ce qui arrive...

Ce conte sonne comme un avertissement sur les dangers et la cruauté du monde, ses pièges pour le naïf qui se jette la tête la première dans la gueule du loup en se défiant de l'autorité.

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Les trois messes basses

It's now or never... chantait Elvis Presley. C'est ce que je me dis avec les Trois Messes Basses d'Alphonse Daudet. J'ai même failli tenter un calembour bilingue de saison avec le titre de cette chanson, mais au dernier moment, je me suis dit qu'il était vraiment foireux ce calembour.

Au matin du jour où bon nombre d'entre nous (C'est un nous générique sans aucune valeur nominative !) nous apprêtons à nous bourrer la panse jusqu'à l'éclatement il m'est venu à l'esprit ce conte de Noël quelque peu irrévérencieux pour les choses un peu sacrées de l'Église et de la tradition...

Comme à son habitude (voir L'Élixir du Révérend Père Gaucher, par exemple), Alphonse Daudet continue d'étriller l'Église et ses ministres du culte.

On y rencontre donc Dom Balaguère, un prêtre qui, asticoté par son petit clerc Garrigou, un soir de Noël, se souciera bien plus de son estomac que des choses de la religion et qui se la bourrera, sa bedaine, jusqu'à l'en faire éclater... et gare à la sentence divine !

L'histoire se situe vaguement au XVIIe siècle dans un château imaginaire niché sur un mont venteux de Provence.

L'auteur prend plaisir à faire sombrer son prieur dans un cas d'espèce de péché de gourmandise caractérisé. Le message me semble donc être du style : " Avant d'essayer de gouverner les actes et les consciences des autres, de prétendre les remettre dans les droits rails de la morale, commencez donc par vous regarder vous-même et laissez-nous vivre nos vies comme nous l'entendons. "

Cette nouvelle (ou ce conte, comme vous voulez) s'inscrit pleinement dans son temps, où la religion chrétienne était en sérieuse perte d'influence en France. Un tel écrit eût été inconcevable quelques décennies auparavant.

Bref, un petit conte plaisant, mais sans plus, qui servira juste à vous faire culpabiliser quelque peu au moment d'exercer votre gouliafrerie rituelle d'un soir de réveillon.

Mais ceci n'est que mon avis, ce n'est peut-être pas la peine de s'en resservir une louche, car il ne signifie peut-être pas grand chose.
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Tartarin de Tarascon

Dans ce roman, d'Alphonse Daudet, on suit les tribulations de Tartarin. Ce dernier est un personnage bien connu à Tarascon pour être un collectionneur d'armes mais aussi d'être un vantard. Il se considère comme un grand chasseur.

A force de raconter ses exploits fictifs de chasseur, il se voit contraint de partir en Algérie pour chasser le lion ! Partir en Algérie, est un exploit pour Tartarin car la pays est fraîchement colonisé et compte parmi le butin de la France !

Tartarin de Tarascon personnage truculent , burlesque et naïf est vraiment risible et ridicule .

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Lettres de mon moulin

Les lettres de mon moulin de Daudet est un recueil de contes et nouvelles glanés dans le Sud de la France, principalement en Provence et en Corse parfois.

Le narrateur, nous conte tout d'abord son installation dans son moulin, endroit d'où il va écrire ses fameuses lettres. Il décrit admirablement bien les paysages de Provence qui serviront de toile de fond aux récits. C'est ainsi qu'on fait la connaissance des campagnes, des villes et villages de Provence tels qu'Avignon, Beaucaire, Tarascon ainsi que de leurs habitants. Les mentalités de ces derniers sont mises en valeur dans les différents contes et nouvelles avec l'accent du Sud et les tournures langagières de l'époque colorant ainsi la narration du caractère typique du Sud de l'époque.

Ces lettres sont tour à tour tragiques, dramatiques ou comiques ; tragiques comme la chèvre de Monsieur Seguin ou l'Arlésienne pour ne citer que les plus connus ou comiques comme le Curé de Cucugnan. Elles restent gravées dans les mémoires des années après les avoir entendues ou lues.

Elles sont courtes et elliptiques, chaque récit peut être lu indépendamment des autres, chaque lettre en est rendue plus frappante, d'autant plus que la morale finale tombe comme un couperet.

Daudet s'attache à décrire la vie des gens du peuple, celle des propriétaires terriens, des bourgeois et aussi des ecclésiastes. C'est ainsi qu'on y trouve autant de superstitions, de morale religieuse sur laquelle Daudet ironise mais aussi des ragots que l'on colporte ainsi que des caractères que le narrateur grossit tels que la concupiscence, la folie, l'envie, la jalousie, la rébellion, la cruauté, la cupidité. Le travail de l'écrivain y est aussi évoqué ainsi que la morale religieuse que le narrateur met à mal.

C'est ainsi que pour le plus grand plaisir des lecteurs tous ces ingrédients que le narrateur capte au détour d'une discussion avec les êtres sont transformés en jolis contes et nouvelles qui se transmettent de génération en génération.

Je découvre encore aujourd'hui certaines lettres qui m'étaient inconnues. C'est un recueil facile d'accès ,on peut ainsi lire uniquement celles qui nous intéressent et revenir plus tard sur les autres.

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L'élixir du Révérend Père Gaucher (suivi de) Les ..

L'Élixir du Révérend Père Gaucher est un conte très cocasse qui nous relate la lutte entre le spirituel et le spiritueux.

Conte d'une étonnante modernité sur les nécessités économiques dont les voies sont parfois presque aussi impénétrables que celles du Seigneur.

Alphonse Daudet nous présente donc une confrérie religieuse, les Prémontrés ou Pères Blancs, sombrés dans un dénuement tel que chapelle et église tombent en lambeaux et que les garde-robes sont en loques.

Certains pensent déjà à quitter la confrérie quand l'un des frères, à l'âme épaisse et à la foi paysanne, en charge des deux seules malheureuses vaches étiques qui restent à l'ordre s'en vient proposer ses services.

Le frère Gaucher se dit capable de confectionner un élixir à partir des plantes de la région dont il a connu jadis le secret auprès de sa vieille tante mal embouchée. Chose dite, chose faite, les Pères Blancs se mettent tous à la besogne et l'élixir connaît instantanément un fulgurant succès alentour.

À tel point que le frère Gaucher, en tant que sauveur de l'ordre, se voit appeler désormais le Révérend Père Gaucher.

L'ennui, c'est que quand il élabore son divin breuvage, le révérend père a besoin de goûter, et même une fâcheuse tendance à bien, bien goûter, de sorte que, sous l'emprise de l'élixir, il se met à débiter les chansons paillardes que psalmodiait sa vieille tante lorsqu'elle préparait elle-même la liqueur. Acceptera-t-on cette entorse aux bonnes mœurs prêchées par les Pères Blancs ?...

La seconde nouvelle n'a pas grand rapport avec la précédente puisque nous sommes transportés en Algérie du temps de la colonisation française, non loin des portes du désert.

Le narrateur nous fait visiter une plantation luxuriante, mise sur pied patiemment par la sueur du front d'un couple obstiné, qui à force de persévérance depuis de nombreuses années, a réussi à bâtir ce petit paradis et à employer désormais de nombreuses personnes des environs.

Tout est calme, la chaleur est accablante, propice à siroter quelque boisson, confortablement installé dans un coin à l'ombre, quand... soudainement... une agitations... des cris épars...

On se lève, on va voir à l'horizon. Mais il n'y a rien à l'horizon, rien qu'un nuage bizarre et étonnement bruyant. Serait-ce des criquets ? Oui, peut-être bien, et je vous laisse deviner la suite.

Deux très belles nouvelles en tout cas, qui n'ont à peu près rien à voir entre elles, ni sur le ton, ni sur la forme, ni sur le propos, mais qui toutes deux, à leur façon, sont très réussies et que je conseille sans hésitation. Mais ce n'est là que mon avis, et s'il venait à passer quelque sauterelle, qu'en resterait-il ? Pas grand-chose, assurément.
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Tartarin de Tarascon

Aujourd'hui ce serait presque une satire des m'as-tu-vu, voire de certains bobos, à l'époque de Daudet c'était l'illustration d'un naïf, fier comme Artaban, qui imaginait ses propres exploits comme la chasse au lion de l'Atlas.



Tartarin reste un gentil, un provençal que son verbe a emporté un peu trop loin, à tel point qu’il ne peut se déjuger et qu’il va devoir partir pour l’Algérie à l’époque de sa récente colonisation, assurant qu’il en rapportera la dépouille d’un lion de l’Atlas qui l’aura abattu.



Alphonse Daudet semble se mouer pas mal de son personnage mais, finalement, il le rend atachant pour ses lecteurs. Car Tartarin est en fait un innocent les mains pleines qui aime le paraître, qui aime être la vedette dans son petit pays, il y parvient par ses talents de conteur en s’appropriant des aventures découvertes dans ses lectures.



D’aucuns reprochent à Daudet ou Pagnol d’avoir forcé le trait sur leurs personnages, desservant ainsi la véritable Provence. En fait, ils ont observé, à plus de cinquante années d’intervalles la vie quotidienne et n’ont fait que traduire, en poussant le trait un peu loin quelquefois, ce qu’ils avaient vu. Giono a servi la Provence différemment, mais en touchant à une certaine méchanceté des campagnes qui n’est pas spécifique au pays de Mistral.



Tartarin est une oeuvre que je vois surtout comme amusante, aujourd’hui pourrait-elle faire rire encore ou serait-elle non publiable du fait de l’image qu’elle donne de la colonisation ?



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Lettres de mon moulin

En 1864 Alphonse Daudet s'installe dans son moulin près de Fontvieille.



Et dés les premières lignes, il nous illumine par tout son talent….



Ce sont les lapins qui ont été étonnés !… Depuis si longtemps qu'ils voyaient la porte du moulin fermée, les murs et la plate-forme envahis par les herbes, ils avaient fini par croire que la race des meuniers était éteinte, et, trouvant la place bonne, ils en avaient fait quelque chose comme un quartier général, un centre d'opérations stratégiques : le moulin de Jemmapes des lapins… La nuit de mon arrivée, il y en avait bien, sans mentir, une vingtaine assis en rond sur la plate-forme, en train de se chauffer les pattes à un rayon de lune… le temps d'entrouvrir une lucarne, frrt ! voilà le bivouac en déroute, et tous ces petits derrières blancs qui détalent, la queue en l'air, dans le fourré. J'espère bien qu'ils reviendront.



Quelqu'un de très étonné aussi, en me voyant, c'est le locataire du premier, un vieux hibou sinistre, à tête de penseur, qui habite le moulin depuis plus de vingt ans. Je l'ai trouvé dans la chambre du haut, immobile et droit sur l'arbre de couche, au milieu des plâtras, des tuiles tombées. Il m'a regardé un moment avec son oeil rond ; puis, tout effaré de ne pas me reconnaître, il s'est mis à faire : « Hou ! hou ! » et à secouer péniblement ses ailes grises de poussière ; — ces diables de penseurs ! ça ne se brosse jamais… N'importe ! tel qu'il est, avec ses yeux clignotants et sa mine renfrognée, ce locataire silencieux me plaît encore mieux qu'un autre, et je me suis empressé de lui renouveler son bail. Il garde comme dans le passé tout le haut du moulin avec une entrée par le toit ; moi je me réserve la pièce du bas, une petite pièce blanchie à la chaux, basse et voûtée comme un réfectoire de couvent.
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La Chèvre de Monsieur Seguin - Le Curé de Cucug..

Voici un album issu de quatre nouvelles des Lettres De Mon Moulin qui n'est pas extraordinairement bon à mes yeux et je tiens à m'en expliquer. Un rapprochement thématique ? Point. Nouvelles hétéroclites sans rapports entre elles. Une recherche particulière dans l'illustration ? Bof, bof, ça ne fait pas frétiller mes rétines. Alors d'où peut provenir cet album ?



Ingrédient n°1, prenez le nouvelle la plus " bankable " (comme on dit désormais) du recueil, à savoir, La Chèvre De Monsieur Seguin, histoire d'assurer des ventes. Ingrédient n°2, sous couvert de faire découvrir des nouvelles moins connues du recueil, vous piochez au hasard dans le milieu et vous en extirpez trois, peu importe lesquelles. Ingrédient n°3, vous bâclez des illustrations à la va-comme-je-te-pousse pour boucler un album dans les temps.



Vous mélangez le tout énergiquement dans un grand bol Tupperware et vous obtenez... ça. Alors évidemment, elle tient toujours la route cette histoire de La Chèvre De Monsieur Seguin. Voici donc notre brave monsieur Seguin, habitant auprès des pré-Alpes provençales, a déjà perdu nombre de chèvres qui, ayant jugé bon d'aller brouter l'herbe sauvage des versants plutôt que les pousses chétives et rébarbatives du clos, ont fini par s'échapper et terminer entre les crocs dévastateurs du loup qui hante ces montagnes.



Monsieur Seguin, résolu à essayer, une nouvelle et dernière fois, d'élever une chèvre se décide à la prendre jeune et malléable afin qu'elle s'habituât mieux à la captivité et aux contraintes de la vie simple et monotone que pouvait lui offrir le bonhomme.



La petite Blanquette a pourtant tout pour plaire : un bon caractère, une belle allure… Mais résistera-t-elle aux attraits de la montagne et de la liberté, si alléchante, vue d'en bas ?

Une belle fable à méditer, qui peut avantageusement être lue en relation avec la fable de La Fontaine, Le Loup Et Le Chien, sur les avantages et les inconvénients de la domesticité et de la liberté sauvage.



La seconde nouvelle, Le Curé De Cucugnan, qui est déjà un peu moins al dente et pourrait vaguement faire penser à un conte philosophique, est une sorte de Divine Comédie à l'envers. Un brave Monsieur Martin, curé de la paroisse de Cucugnan se désole du peu de foi et de moralité de ses ouailles. Il décide alors, pour promouvoir quelque peu la vertu, de leur parler de certains de leurs aïeux qu'il serait allé visiter aux cieux, tel Dante.



Sauf que notre brave curé de Cucugnan, probablement trop confiant en la nature humaine, a commencé lui son voyage par Le Paradis, puis a été contraint d'ouvrir les portes du purgatoire pour finalement terminer la balade dans les tavernes de L'Enfer. À chaque fois, il posait la même question aux gardiens des lieux : " Avez-vous parmi vous des gens de Cucugnan ? " Je vous laisse découvrir où prolifèrent les trépassés Cucugnanais...



Dans Les Trois Messes Basses, Alphonse Daudet continue d'étriller l'Église (un peu dans le genre de L'Élixir Du Révérend Père Gaucher, voilà un rapprochement qui eût été pertinent, Mesdames et Messieurs de chez Équinoxe, mais je dis ça comme ça). On y rencontre donc Dom Balaguère, un prêtre qui se soucie bien plus de sa panse que des choses de la religion et qui, un soir de Noël, se la bourrera, sa panse, jusqu'à s'en faire éclater... Gare à la sentence divine !



La dernière nouvelle du recueil est une apologie du poète Frédéric Mistral, archétype, selon Daudet, du poète occitan. On y lit une franche prise de position de l'auteur pour la préservation du patrimoine culturel régional, un peu comme dans Le Secret De Maître Cornille.



Bon, c'est sûr, Alphonse Daudet a toujours ce verbe alerte, ces mots pétillants et ces formules ensoleillées qui sont fort agréables à lire et relire. De vous à moi, vraiment, cet album n'est pas trop folichon. Mais ceci étant dit, cela reste à voir car ce n'est là que mon avis, un souffle même pas provençal dans les ailes d'un moulin digne de Don Quichotte, autant dire, pas grand-chose.
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La Chèvre de monsieur Seguin

Que reste-t-il dans nos mémoires d'adulte, de ce conte écouté de multiples fois avant de s'endormir...



L'appel irrésistible vers l'inconnu, sur les chemins de la liberté, voir si l'herbe est plus verte ailleurs... tester son courage et sa prise de risques, gravir et découvrir la montagne dans toute sa symbolique.

Découvrir l'indépendance, tester sa force de conviction, ses prises de décision... Savoir partir, quitter tout confort, se mesurer à sa propre solitude et affronter la peur jusqu'à l'extrême...

Pour se sentir vivant et adulte en devenir !

Avis aux mères, aux pères : le pouvoir initiatique des contes est toujours bien d'actualité ! continuons à tourner les pages... car ce petit bruit rend la lecture active, un rituel pour la vie.
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