Entre les années 1080 et 1107, du temps de Giraud, abbé de Saint-Aubin, d'Angers, un serf nommé Foulques, instruit dans l'art de la peinture (quidam homo nomine Fulco, pictoris arte imbutus), se présenta aux moines de ce monastère et offrit de décorer tout ce dernier de peintures et d'y établir des fenêtres ou vitraux de couleur. Il fut admis dans la communauté comme frère et homme libre ou vassal de l'abbé. On lui abandonna, pour les posséder à titre viager et en fief, une maison et un arpent de vigne, qui devaient faire retour à l'abbaye s'il ne délaissait un fils sachant peindre comme lui et pouvant à son tour servir la communauté.
Lors de l'invasion de nos provinces par les armées françaises, en 1794, les commissaires de la Convention enlevèrent des églises et des couvents tous les objets d'art qu'ils renfermaient : les œuvres des maîtres les plus renommés furent expédiées à Paris et exposées au Louvre ; celles au bas desquelles un nom célèbre n'avait pas attiré l'attention furent laissées à Bruxelles, où l'on forma trois dépôts de tableaux et de statues. Ce sont les tableaux dédaignés par les commissaires français et provenant de ces anciens dépôts, qui ont été le noyau des collections du musée de Bruxelles.
Ce que l'on ne peut contester, c'est que la plupart des édifices religieux furent alors décorés de peintures murales. A Lobbes, le dôme surmontant l'autel et son plafond furent admirablement décorés par ordre de l'abbé Folcuin, du temps de l'évêque Notger, et cent ans plus tard, sous l'abbé Folcard, ce dôme, qui était formé de poutres, fut réparé et entouré d'une balustrade, puis peint par un nommé Bernard.
Les transformations de la peinture flamande se succèdent presque sans interruption depuis six siècles. L'école est vaste et multiple. Elle compte d'innombrables chefs-d'oeuvre, tous empreints d'une même caractère original. C'est véritablement la fleur intellectuelle d'une nation.
La première période commence aus appoches du XIVe siècle. C'est l'époque héroïque et tragique de la Flandre, le siècle des d'Arteveldes. Les communes atteignent l'apogée de leur grandeur et de leur puissance.