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Critiques de Amanda Sthers (503)
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Lettre d'amour sans le dire

Alice n’a jamais eu de chance avec les hommes. Elle a toujours accumulé les déceptions amoureuses et les misères sentimentales.

Fatiguée de ne rien faire à quarante-huit ans, elle se réfugie depuis toujours dans la littérature pour panser ses maux, pour s’attacher à qui bon lui semble dans les livres qu’elle ouvre.



Elle se rend dans un salon de massage où elle tombe sous le charme de l’homme japonais qui s’occupe de sa peau. Avec douceurs et gestes tendres, en effleurant sa peau, c’est son âme qui va s’ouvrir et se poser dans une longue lettre qu’Alice écrit à cet homme.

Cette rencontre tellement bienfaisante pour elle sans nulle arrière pensée venant de cet homme fait renaître en Alice les démons de son passé, de ces hommes qui n’ont jamais usé d’un geste pur envers elle.



Son amour pour ce guérisseur d’âme va l’amener au plus près des traditions japonaises, Alice suivra des cours, s’ouvrira à cet univers rempli de douceurs.



Une longue lettre d’amour sur les rivages d’une âme qui s’éveille à l’amour après avoir tant souffert.

Une écriture sensuelle, charnelle, à fleur de peau, aussi délicieuse que parfumée qui fait crier un être qui a toujours manqué d’amour. Et sans amour, nous ne sommes que des pantins désarticulés, des fantômes de passage.



#Lettredamoursansledire #NetGalleyFrance
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Le café suspendu

Jacques Madelin, le narrateur, est un Français installé à Naples depuis un amour de jeunesse malheureux. Agé aujourd’hui de soixante-douze ans, il est caricaturiste et habite un appartement au-dessus du café Nube, où il passe ses journées à noircir son carnet de notes et de croquis pris sur le vif. Quarante ans d’observation de la vie du quartier et de ses habitants lui ont enseigné l’âme humaine. Marqué par ce joli symbole de partage et de solidarité qu’est la coutume napolitaine du café suspendu, cette tasse que l’on règle en même temps que la sienne pour l’offrir à qui viendra sans avoir les moyens de payer, il s’en sert de fil conducteur pour se remémorer sept histoires dont il a été témoin.





C’est un véritable voyage à Naples que nous propose ce délicieux pêle-mêle d’anecdotes et d’impressions, qui peu à peu laisse entrevoir, en quelques portraits touchants, la vie intime des habitants d’un quartier, comme si l’on y vivait soi-même. Une épouse trompée, un médecin chinois déraciné, un jeune mafieux en fuite, une jeune fille aspirant au bonheur, un écrivain sans visage qui pourrait être Elena Ferrante, une femme légère, un homme insomniaque : autant d’être cabossés par la vie que le simple geste d’un café suspendu va relier, tissant insensiblement la cohésion d’une petite communauté, telle un village au sein de la grande ville.





Avec l’élégance et la délicatesse qui la caractérisent, la plume d’Amanda Sthers cisèle chacun de ces sept contes en petits concentrés d’émotion et de poésie. Si tous n’ont pas le même impact, y flottent toujours un parfum de mélancolie, l’impression d’existences aux rêves demeurés tristement hors d’atteinte. Ce sont les parcours d’êtres anonymes et invisibles, ceux à côté desquels on passe habituellement sans les connaître, et dont chaque partition n’en compose pas moins l’orchestre de la vie.





Une jolie tranche d’humanité, photographiée avec bienveillance dans un moment suspendu à observer le tourbillon de la vie des autres, et une amusante invitation au partage d'un roman... suspendu !


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Le café suspendu

Quelle belle invention napolitaine que celle du café suspendu qui permet à un consommateur de régler d'avance la tasse d'un client insolvable !



Jacques MADELIN , caricaturiste français exilé, ou plutôt réfugié, à Naples observe depuis 1982 la clientèle du Nube, et raconte sept histoires en un récit qui se situe entre contes et roman. Chapitres inégaux, indépendants mais traversés par quelques personnes retrouvées au fil des pages et des années.



L'atmosphère italienne, l'ambiance napolitaine, le regard vers les quarante dernières années sont savoureuses et le style d'Amanda Sthers agréable. Mais la trame décousue, les apparitions en pointillé des personnages m'ont déconcerté et certains ont un comportement pour le moins éloigné de l'invention généreuse du café suspendu. D'où un certain sentiment d'inachevé au terme de cette lecture.
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Lettre d'amour sans le dire

A quarante-huit ans, Alice n’a jamais reçu d’amour. D’origine très modeste, maltraitée et abusée par les hommes durant son adolescence, fille-mère, cette femme meurtrie et effacée s’est partagée entre sa fille et son métier de professeur de lettres, sans jamais s’autoriser à être plus qu’une ombre. Sa rencontre fortuite avec un homme japonais pratiquant le shiatsu va lui ouvrir un monde empreint d’une infinie délicatesse et la réconcilier peu à peu avec elle-même. Un an durant, elle entreprend l’apprentissage de la langue et de la littérature japonaises, s’apprêtant à révéler à cet homme des sentiments dont d’infimes signes l’ont persuadée de leur réciprocité. Mais l’homme disparaît sans préavis. Alice entreprend l’écriture d’une longue lettre dont on ne sait si elle sera lue un jour, et où elle exprime enfin ce qu’elle n’a jamais su dire.





Tout n’est que délicatesse et retenue dans ce texte, où se dévoile peu à peu le vécu et la personnalité d’une femme qui s’est laissé flétrir et effacer de sa propre vie, parce qu’une carence d’amour dès le plus jeune âge, suivie de relations abusives et destructrices, l’ont privée de toute estime d’elle-même. Sa rencontre avec un homme pour une fois respectueux et bienveillant, dont on ne saura jamais les vrais sentiments au-delà de l’interprétation amoureuse de sa délicatesse par Alice, est pour elle le déclencheur d’une lente renaissance et d’un début de réconciliation avec elle-même. Comme après la pluie sur un désert, la carapace qui protégeait cette femme s’entrouvre, laissant timidement s’épanouir la fragile fleur de sentiments longtemps contenus. Il aura fallu pour cela, telle une transplantation sous un nouveau climat et dans une autre terre, la révélation d’une culture étrangère, capable de lui parler d’âme à âme, au travers de sa poésie et de sa transcendance du non-dit.





Une infinie tristesse imprègne ce très beau roman épistolaire qui, avec une tendresse toute de délicatesse et de pudeur, fait s’épanouir une fragile fleur d’espoir dans une âme brisée par une terrible carence d’amour. Coup de coeur.


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Le café suspendu

A Naples, la coutume est bien établie : au bar, on commande deux cafés, dont un est destiné à quiconque en aura envie sans en avoir les moyens. Le café suspendu est un geste de générosité au delà de la simple charité. Avec le café, c’est aussi la possibilité de se mêler à l’assemblée cosmopolite d’un lieu convivial.



« On a beau faire une mauvaise réputation à Naples et recommander de prêter attention à son sac quand on s’y promène, il y a des tasses fumantes de générosité partout dans la ville »



Pour Jacques, un français qui est venu rejoindre sa dulcinée sur un malentendu, c’est la déception amoureuse qui l’a conduit à poser ses valises dans le quartier, et à passer de longues heures au café Nube. Quoi de plus inspirant que le défilé disparate des clients au comptoir. Une manne pour un caricaturiste ! Lorsqu’il ne croque pas ls touristes, il écrit.



C’est ainsi que ce roman nous offre des tranches de vie, glanées au hasard des confidences et des commérages. Silvia, Fernanda, docteur Chen et tant d’autres alimenteront la légende, sur une période d’une vingtaine d’années. On y croisera même Elena Ferrante !



Le récit est une déclaration d’amour pour la ville animée et frénétique :



« Il y a dans Naples une injonction organique, une boucle d l’Histoire à laquelle on doit se soumettre, une sensation aiguë du destin. On ne peut échapper à ce que cette ville a inscrit dans le livre de notre vie, on doit s’y résoudre comme on s’abandonne malgré la peur dans les bras de l’être aimé »





Les histoires se suivent et ne se ressemblent pas, mais se répondent au gré des liens tissés entre les personnages. Le style est vivant, l’humour n’est pas absent, et c’est une belle excursion que nous propose ici Amanda Sthers. Le roman se termine sur une proposition généreuse, celle de faire de ce roman un roman suspendu…



234 pages Grasset 4 mai 2022

#Lecafésuspendu #NetGalleyFrance


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Résistance 2050

Bon je vais faire vite parce que ce roman a aussi été rédigé très vite.

EN 2050, tout le monde est pucé, sauf des résistants éparpillés dans quelques régions où l'on aime bien passer les vacances en général. Et à partir de là me direz-vous? Eh bien rien. Mais alors rien, le néant.

Pas d'intrigue, des personnages creux. Les autrices s'essaient à la philosophie mais ce n'est pas à la portée de tous. Quand au style il est stéréotypé et industriel.

Enfin je reste convaincue que pour écrire un bon roman d'anticipation, il faut aimer passionnément ce genre et en avoir beaucoup lu. Là ça semble manquer sérieusement de références et de bases solides.

C'est assez rare mais je n'ai pas pu aller jusqu'au bout.

Sur ce thème il y a pléthore de récits bien plus passionnants et méritants. Celui-ci semble avoir été conçu par ChatGPT (ce que le roman s'évertue pourtant à dénoncer).

Si demain on veut rester supérieurs aux Intelligences Artificielles, il va falloir faire mieux que ça!! Sinon c'est perdu d'avance...
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Lettre d'amour sans le dire

Attention, danger ! N’ouvrez pas ce roman au risque de vous y perdre. Ces quelques pages m’ont littéralement envoûté, un récit porté par une langue subtile, des mots délicats, et une sensualité à vous damner.



Alice a 48 ans, elle vit à Paris, mais ne s’y sent pas à sa place. Un jour elle entre dans un salon de thé japonais et se laisse tenter par la salle de massage attenante. Avec le masseur japonais, elle n’échange que quelques mots, mais ses mains vont parler à son corps.



« La sensualité qui émanait de moi jadis se délie, se délivre sous vos doigts. Certaines choses se passent de mots. Ce que je ressens c’est une langue qui flotte, que nous pouvons comprendre, sans même nous regarder. »



Alors pour tenter d’approcher l’univers de cet homme qui lui fait redécouvrir sa féminité et ses désirs, elle va apprendre le Japonais. À travers la littérature de ce pays, elle va en apprécier toute la délicatesse, son esprit va s’ouvrir à une autre façon de voir la vie, la découverte d’une culture mélange d’archaïsme et d’ouverture d’esprit ; la méditation, les origamis qui demandent du temps et de la patience, les parfums, les couleurs, les silences, les haïkus, où tout est exprimé en trois phrases suspendues.



Ce roman se présente sous la forme d’une longue lettre qu’Alice va écrire à cet homme qui fait battre son cœur comme celui d’une adolescente. Elle va y mettre toute sa vie à l’intérieur.



« Je tente de chercher des moments joyeux, je ne veux pas que vous me voyiez comme une pelote de peine. »



Une enfance qui ne lui a laissé que le souvenir de l’ennui et de la violence d’un père souvent alcoolisé :

« Mon père ne s’était pas réjoui que j’obtienne mon bac, que je fasse des études, que je sois une intellectuelle, comme disaient ses amis ; à ses yeux c’était la pire des choses pour une femme. Plus je devenais lettrée, plus les hommes me verraient moche. Avec le temps, je pense qu’il n’avait pas complètement tort ; plus une femme prend le pouvoir et d’ampleur, moins elle est désirable. »



L’adolescence et sa rencontre avec un homme lâche comme la plupart des hommes. Son ventre qui grossit, avant l’âge d’être femme, elle a été souillée, elle se sent moche et sale.

Alice se raconte, se confie avec pudeur. Les hommes ont disposé d’elle. Jamais elle n’a connu de gestes bienveillants.

Une histoire d’amour qui transpire par tous les pores de la peau, où rien n’est dit, juste ressenti à travers des mains qui se posent sur un corps. Un récit poignant, traité avec grâce, un roman qui se rapproche des plus beaux écrits de la littérature japonaise, tout simplement magnifique.







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Les terres saintes

Lorsque sur la couverture, il est imprimé : Livre offert pour 2 « livre de poche » achetés, j’ai toujours la détestable impression que c’est un livre sacrifié, peu vendu, mal-aimé.

Me trompe-je ?

Après un achat compulsif de 2 livres, comme je ne m’étais pas rendu compte de la réclame, j’ai choisi celui-ci en vitesse, dépêché par le caissier qui m’en a tendu une pile car il y avait une file de gens qui s’allongeait à sa caisse.

C’est vraisemblablement un roman qui a fait l’objet d’une adaptation cinématographique que je n’ai pas vue. Je l’ai instantanément préféré pour sa couverture : un coucher de soleil sur Jérusalem avec James Caan les mains dans les poches suivi d’un mignon petit cochon rose.

Jérusalem/cochon, le côté subversif m’est apparu illico, ce qui par contre ne m’a été dévoilé qu’à la lecture est le schéma plus intime, plus profond. Une tragédie familiale.

Il s’agit d’échanges épistolaires entre mari, ex-femme, fils et fille tous retranchés dans leur bonheur artificiel et leur authentique malheur. Chacun a fui de son côté pour tenter d’échapper à ce que la vie lui impose et qu’il ne supporte plus mais que l’amour sous tous ses aspects a énormément de peine à outrepasser.

Sur un ton à l’humour caustique juif new-yorkais de Woody Allen et à l’humour juif cosmique californien de Mel Brooks, Amanda Sthers que je découvre a découpé des tranches de vies si fines en des phrases si justes et si sensibles que je suis devenu son voyeur et son voyageur pour mon plus grand plaisir.

Les sujets abordés sont multiples et pourraient être épinglés comme des étiquettes :

Israël-Terrorisme-Incompréhension-Judaïsme-Homoséxualité-Cancer-Résilience-Amour.

Il n’y a pas d’intrus, juste des introvertis.



J’achève mon commentaire sur une citation du très controversé Woody Allen qui traduit assez fidèlement mon ressenti sur ce roman : « La seule façon d’être heureux, c’est d’aimer souffrir ». Afin de ne pas faire de jaloux, Mel Brooks qui n’a pas filmé que des bêtises, il en a aussi chanté, a dit : « L’humour n’est qu’un des moyens de se défendre contre l’univers », et ce n’est pas mal non plus.



En conclusion, sur 3 livres emportés, le livre offert sera peut-être le meilleur.

Je souhaite encore me tromper…







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Lettre d'amour sans le dire

Alice, la cinquantaine approchante, lie connaissance avec Akifumi sur un malentendu. Cette rencontre va bouleverser sa vie. C’est un très beau cri d’amour que ce texte d’Amanda Sthers. Le cri d’une femme qui n’a jamais connu la douceur d’une caresse ni la tendresse d’un mot doux. Qui ne sait pas ce que c’est qu’avoir un corps et va le découvrir avec le massage d’une main ferme, des doigts qui s’effleurent, une légère caresse dans le cou. Le récit est sensuel, très charnel, et d’une grande délicatesse. Les mots se savourent. Dans cette missive, Alice se raconte, relate son passé, ses rapports aux autres qui l’ont conduit à être toujours dans le contrôle, à tout accepter (même l’indicible). Cette lettre est son lâcher prise, son âme dévoilée. Son cri d’amour à celui qui l’a fait se révéler. Une très belle découverte 😀
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Lettre d'amour sans le dire





Alice, qui était professeur de français, a quitté Cambrai, pour emménager à Paris, à la demande de sa fille qui a fait un « riche mariage ». Ce n’est pas pour autant qu’elle s’y sent à l’aise, tant dans la belle-famille que dans la ville. Elle s’ennuie et se réfugie dans ses chers livres.



Un jour, en se rendant dans un salon de thé, il y a méprise, on lui propose un massage Shiatsu, car en fait la personne qui avait rendez-vous ne s’est pas présentée. Elle se retrouve, en pyjama traditionnel entre les mains de Akifumi, et parvient à se détendre suffisamment pour laisser parler son corps, sa peau…



Les vannes vont s’ouvrir, et les souvenirs, les émotions enfouies vont remonter, et elle accepte de les laisser remonter. Cela va devenir un rendez-vous quotidien, car ce contact physique entre les mains de cet homme et sa peau lui ouvre d’autres horizons. On se rend compte alors qu’elle a subi la violence, physique et verbale dès la prime enfance, s’est retrouvée enceinte très jeune, et mis à la porte par son père. Elle ne s’est jamais sentie aimée, pas plus par le père de sa fille, que par ses parents, ses collègues…



Très vite, elle fait des rêves érotiques et décide d’apprendre le japonais, pour pouvoir écrire une lettre à Akifumi, car il y a la barrière de la langue, lettre qu’elle lui enverra ou pas…



Dois-je poster cette lettre ? Je ne sais si vous devez la lire, mais je n’ai d’autre choix que de l’écrire. Sinon, je vais m’étouffer de tous ces mots retenus.



Au départ, je ne la trouvais pas très sympathique, elle ne fait rien pour être « aimable », dans le sens, se faire aimer, mais au fur et à mesure que j’avançais dans la lecture, j’ai eu de la tendresse pour ses failles, ses émotions, sa manière d’être le moins possible visible, fondue dans la masse.



J’ai aimé la manière dont elle parle de la littérature japonaise : Mishima, Tanizaki, Kenzaburô Ôé, Shikibu en faisant un clin d’œil en passant à Murakami, et la manière dont elle parle des « belles endormies » de Kawabata, qui m’a marquée lorsque je l’ai découvert, il y a longtemps :



Et « Les belles endormies » de Kawabata, j’ai pensé que ces jeunes geishas endormies dans un bordel pour que les vieillards les admirent comme on regarde sa jeunesse perdue, me parlaient de ma vie, du temps que j’ai laissé filer, en le sachant, oui, mais ne pouvant m’offrir mieux de peur de souffrir…



Sa manière de parler du Japon, de sa culture, de sa langue m’a plu car ce pays exerce une fascination sur moi, depuis longtemps, de Kawabata à Murikami, en passant par les maîtres Zen, comme Maître Deshimaru, par exemple, des Haïkus à l’Origami en passant par l’Ikebana…



Je suis juste un peu intriguée par le fait qu’elle ait pu faire autant de progrès en japonais en à peine un an et de pouvoir lire et apprécier les haïkus en japonais…



L’idée du roman épistolaire me plaît toujours, et m’a fait penser, au passage, à « lettre d’une inconnue » de mon cher Stefan Zweig. Ce texte est plein de poésie de sensualité et de tendresse. C’et la première fois que j’ouvre un livre d’Amanda Sthers que je snobais jusqu’à présent, et cela a été une très belle découverte. Je ne sais pas si précédents livres sont de la même mouture, mais, en tout cas, j’ai envie de renouveler l’expérience.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m’ont permis de découvre ce roman épistolaire et son auteure.



#Lettredamoursansledire #NetGalleyFrance
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Le café suspendu

L'histoire commence doucement, insidieusement. le narrateur vit au-dessus du café qu'il fréquente dont le propriétaire est son meilleur ami, Mauricio. Il y passe la majeure partie de son temps, s'éloignant pour gagner sa vie modestement en croquant des caricatures des touristes.



Il est arrivé à Naples pour une histoire d'amour qui n'existait pas vraiment, a vécu un tremblement de terre et a décidé d'y rester.



Il aime observer les clients du café, ceux qui offrent un café suspendu, ceux qui viennent boire un café suspendu. La vie du quartier est agréable malgré la mauvaise réputation de Naples. Il va nous raconter, nous offrir des portraits de personnes rencontrées, observées, mine de rien, donnant de temps en temps un coup de pouce au destin. Ces portraits sont des simulacres pour poser des questions plus existentielles sur l'amour, l'argent, la place dans la société, le déracinement, l'exil, l'amitié. Les récits commencent en 1982 et s'arrêtent en 2020. Au milieu de ces années, une rencontre avec une écrivaine qui se cache sous différentes personnalités pour rester anonyme, va le transformer et changer sa façon de penser, ses sentiments mais il ne s'en rendra compte que bien plus tard, quand Mauricio prend une décision radicale suite au décès de son épouse au début de la pandémie qui l'obligera à changer de vie.



Ce roman pourrait et paraît, du moins au début, très simple. Une petite histoire sympa de quartier et de café suspendu. Pourtant en le refermant, les questions existentielles des personnages trottent dans ma tête, me font comprendre la profondeur des écrits de l'auteure. On s'enfonce littéralement dans l'histoire, comparant la vie des personnages à un moment de questionnement dans notre vie.



C'est la première fois que je ressens le besoin d'enquêter sur un auteur, de connaître son parcours. Et même si j'ai un début de réponse, cela n'explique pas tout. La plume fluide et légère est en fin de compte le couteau qui remue dans la plaie. C'est brillant.
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Le café suspendu

L'ami prodigieux



Amanda Sthers nous offre un voyage à Naples avec ce nouveau roman. Dans les pas de Jacques Madelin, un amoureux transi qui décide malgré ses déboires de s'installer au-dessus du café de son ami Mauricio, elle réussit une formidable chronique qui court sur quatre décennies. Brillantissime!



Pour commencer cette chronique, il me semble opportun de commencer par expliciter le titre choisi par Amanda Sthers, car il explique tout à la fois le lien entre les récits qui composent ce livre et sa construction. Nous sommes à Naples, une ville dans laquelle une sympathique coutume a été instaurée. Lorsqu’on commande un café, on peut en régler un second indiqué sur l’ardoise du bar comme un café sospeso : un café suspendu, c'est-à-dire un café qui sera offert à une personne qui n'a pas les moyens de le payer. Si l'origine de cette tradition est vague, elle n'en offre pas moins au narrateur qui vit dans un petit appartement au-dessus du bar de Mauricio Licelle, son meilleur ami, l'occasion de découvrir tout à la fois les donateurs et les bénéficiaires de leur générosité.

Le café Nube est un poste d'observation idéal pour Jacques Madelin, arrivé dans la capitale de la Campanie a 30 ans pour y retrouver un amour de vacances et y vivant toujours 42 ans plus tard. "J’ai perdu l’amour mais je suis resté dans la ville."

Voici venu pour lui l'heure de nous restituer la chronique des décennies passées dans l'estaminet, sept histoires qui "toutes sont liées par ce fil invisible qu’est le café suspendu".

La première met en scène deux femmes amoureuses du même homme, deux rivales qui vont finalement essayer de trouver un terrain d'entente, quitte à en faire payer le prix au mari et amant. Ce dernier, comme souvent en pareil cas, étant le dernier à apprendre ce qui se trame dans son dos.

Arrive ensuite Chen, un docteur pratiquant une médecine Chinoise Ancestrale qui ne va pas tarder à trouver des patients conquis par son savoir. Mais ce n'est qu'après avoir rencontré Jacques et découvert le café suspendu qu'il pourra à son tour arrêter de déprimer et d'avoir le mal du pays en y voyant une similitude avec son art: "Vous comprenez alors la médecine chinoise ! Nous anticipons comme vous le faites. Le mal est invisible mais vous savez qu’il existe et vous rétablissez l’harmonie."

Suivra la rencontre dans des conditions assez rocambolesques de Lucie et Ferdi, une rencontre placée sous la figure tutélaire de Diego Maradona, l'idole des tifosis et qui nous donnera aussi l'occasion de côtoyer "des choses qui ne sont pas élégantes… pas honnêtes… Des choses en lien avec la… Des choses pas belles.» Le terme qu’il ne faut pas prononcer ici est Camorra.

Nous ferons aussi connaissance avec Agrippina, dont la mythomanie deviendra légendaire, à tel point qu'après sa mort elle continuera à vivre en chacun des habitués grâce à ses anecdotes et de légendes, mais aussi à travers sa petite fille Chiara, à la recherche d'un bonheur qu'elle pense impossible.

C'est avec une autre femme, Livia, que va se refermer ce roman qui vous réservera bien des émerveillements. Livia donnera par exemple à Jacques l'occasion d'intégrer le chœur dans lequel elle chante mais aussi de découvrir un tableau du Caravage, Les Sept Œuvres de miséricorde.

Ajoutons à ce résumé deux Intermezzo qui nous livreront des éclaircissements sur la biographie du narrateur et je n'aurais encore rien dit sur l'élégance de la plume de la romancière, sur sa formidable érudition qui font de ce livre un précieux guide touristique et sur cette habile construction qui permet de lier les histoires entre elles en faisant se croiser des personnages, en les faisant réapparaître après des décennies. Des années 1980 à aujourd'hui, c'est aussi un pan d'histoire contemporaine qui se dévoile, du tremblement de terre de Monteforte Irpino jusqu'au confinement en raison de la pandémie. Bref, n'hésitez pas à arpenter les rues de Naples avec ce précieux guide, ses attachants personnages et sa précieuse philosophie. Il se pourrait même que vous croisiez Elena Ferrante!

Après la confession épistolaire d’Alice à son masseur japonais, reparti au pays du soleil levant dans Lettre d’amour sans le dire, Amanda Sthers apporte avec ce seizième roman toute l’étendue de son talent.




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Keith me

♫ Keith me, as you love me, prenez un coca et asseyez-vous là.

Keith me, as you love me, fermez les yeux, écoutez-moi. ♫

Avec Keith me, Amanda Sthers semble voguer entre deux eaux dans lesquelles elle aime naviguer : le récit autobiographique et la biographie plus ou moins romancée de stars de la musique (encore Johnny Hallyday, dernièrement).



Après trente premières pages très prenantes, je me sentais très bien parti dans ce court roman, tellement plongé dans l’écriture haletante de l’auteur à grands coups de phrases courtes, volontairement choquantes. Pour autant, l’embellie retombe vite et je me retrouve, une fois la lecture achevée, avec des sentiments largement mitigés. Car finalement, à quoi ai-je participé en lisant Keith me ? À un trop long trip personnel, qui ne dure pourtant que 140 pauvres petites pages et qui ne révèle ni le but de son auteur ni ses enjeux de lecture.

Ce titre « Keith me » fait référence au Keith Richards des fameux Rolling Stones, bien plus rock’n’roll que leurs contemporains Beatles. Et au premier abord, Amanda Sthers se fonde sur cette nature bien dégingandée pour décrire sa vie dans la peau de Keith Richards. Ce rapport tordu au talentueux guitariste pose la question du véritable contenu à trouver dans ce « Keith me ». Les aspects rapprochant ce court ouvrage d’une biographie romancée de Keith Richards m’ont guidé vers quelque chose proche du Lennon de David Foenkinos. J’y ai cru, mais pas longtemps. En effet, la narration se fait rapidement très crade, très crue, très creuse aussi parfois, et cette descente aux enfers, sûrement concordante avec celle de Keith Richards, voire celle de l’auteur aussi, ne m’a pas happé comme elle aurait dû le faire, bien au contraire. Les petites phrases, courtes et percutantes, sont bien utiles pour accélérer un rythme, décrire une scène fugace ou choquer pour un temps le lecteur, mais qu’en est-il quand tout le roman (qui ne fait pourtant qu’une centaine de pages, en laissant des blancs ça et là) est sur le même plan ?

Histoire d’élever mon niveau d’analyse, car je sens bien que je pourrais être trop cassant en restant uniquement sur le style de l’auteur, intéressons-nous au double fond de la guitare de Keith : recèle-t-il des informations sur la vie privée de l’auteur ? Au vu de la double dédicace (« À Patrick, le papa de mes enfants qui reste toujours dans ma vie. », puis : « Je dois ce livre à un homme qui ne se reconnaîtra pas… Dans ma vie de Keith Richards, tout est vrai mais rien n’est exact. »), il semble bien que la rupture d’Amanda Sthers d’avec Patrick Bruel l’année précédant l’écriture de ce roman soit en jeu. Il y a là un parallèle intéressant entre l’investissement de l’auteur et la destruction inexorable de la relation entre elle/Keith et une personne plus connue, Patrick Bruel/Mick Jagger (chanteur des Rolling Stones). Malheureusement, même si le thème me captive, la mise en abîme tentée ici est ratée à cause du parfait fouillis dans l’organisation du roman : trop peu d’explications nous sont données pour décrypter ce parallèle, aucune transition n’est faite entre ses passages personnels et ce qui peut ressembler à une biographie romancée de Keith Richards. Bref, qu’il est difficile de se repérer dans ce qui apparaît pourtant comme une œuvre très importante pour son auteur.



Avec ce Keith me, dont l’astucieux titre a sûrement justifié toute la rédaction de ce très court roman, Amanda Sthers ne nous laisse finalement qu’une vague impression d’introspection au cours d’une lente séance de psychothérapie. On ne réussit pas, au fond, à savoir si elle saisit sa chance de prendre le fantasme de devenir une star du rock ou bien si elle s’y identifie car elle le voit comme l’éternel second, toujours dans l’ombre et irrémédiablement bridé. J’ai bien ressenti l’amertume et le dégoût. Le reste m’a échappé ; c’est évident.



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Le café suspendu

☕️Ce que j’ai ressenti:



Si vous fermez les yeux, vous pourrez sentir l’odeur du café...

Ce n’est pas simplement une boisson. Non. C’est un partage. Quelque chose de l’ordre de la générosité. Le rouge de l’amour, mélangé à l’amertume du grain noir, cela donne une saveur inimitable. Digne d’être célébrée. Je pense qu’un café suspendu a meilleur goût, a plus d’intérêt aussi. Je ne conçois pas la vie, sans générosité, alors connaître cette pratique, c’est être bouleversée de l’intérieur. Surtout quand c’est le sang qui murmure…Je suis addict au café, mais maintenant, il est fort probable que j’aurai tendance à offrir, à mon tour, un instant fumant, réconfortant, suspendu…Et vous parler, du délice de cette lecture, c’est encore se perdre dans l’énergie revigorante de ce breuvage magique…



Si vous fermez les yeux, vous pourrez voir le café Nube…

Ce n’est pas simplement un lieu. Non. C’est une harmonie. Au café Nube, on mêle les mots, les cœurs, les lignes, les histoires, les exclamations, l’amitié, la guérison, les adieux….En fait, cela s’appelle le bonheur, mais il ne faudrait pas l’ébruiter, sinon, on n’apprendra plus rien de lui…J’étais bien dans ce café, je regardais par-dessus l’épaule de Jaques, les mains actives de Mauricio, dans les yeux mélancolie du docteur Chen, les cheveux dénoués de Chiara…Tous, m’ont interpellé, chacun à leur manière, chacun avec leurs sensibilités…J’ai défait mon foulard violet, et j’ai du l’oublier sur la chaise…Mais qu’importe, le tissu se mélangera aux émotions de Naples, et, reviendra comme il est parti, inopinément…Il aura la vérité de leurs sentiments, de leurs déclarations, un peu de boue, un peu de sang, beaucoup de tendresse, et la déchirure de certains…Je le remettrai et dessinerai, je me sentirai euphorique et transvasée, et j’aurai sommeil et désiré, j’aurai pris un café suspendu, et en aurait déversé dans vos veines, toute l’émulsion, j’espère, après cette chronique…Et je vous aurais bien parlé, autour d’un café, avec amour, sans jamais abandonner, de l’effet irrésistible de cette lecture…



Parce que c’est du désordre de l’organique. Naples, le café, l’amour, l’état d’âme italien. Nous sommes un Tout, mais là, j’avais tout. Tout ce qui me fait vibrer, tout ce qui m’émeut, tout ce qui me relie…Ce palpitement insubordonné…C’était ici, dans ce moment, en ce lieu, avec Le café suspendu. J’étais à ma place, dans ce café, dans ces éclats, dans ce paysage, dans la générosité. Je suis éprise de tout ce qui fait Naples, ses habitants, ses fluctuations, ses ferveurs, ses interdits, ses espoirs, ses déceptions…Et je me suis laissée surprendre, encore à l’être en lisant ce livre…Je l’ai sous la peau, Naples. Et je l’adore, au-delà des mots... Rendue encore plus belle, plus resplendissante encore, dans la plume délicate de Amanda Sthers, j’ai succombé, encore une fois, à l’âme prodigieuse de cette ville…Un coup de cœur pour ce moment, hors du temps…


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Le café suspendu

Souvent imité, jamais égalé.



Il y en a eu des tentatives d’exporter la tradition du café suspendu : en Italie, en France et jusqu’au café pas loin de chez moi (devenu depuis agence bancaire : O tempora o mores…). Mais délestées du sens qu’apporte la tradition, elles n’avaient que le goût du Canada Dry et ont souvent fait long feu.



Car la terre d’origine du café sospeso, c’est Naples, et nulle part ailleurs. Naples, ville de feu au pied d’un volcan qui ne fait que semblant de dormir. Naples, port cosmopolite à l’histoire glorieuse et à la baie somptueuse. Naples, ville éternelle où se mêlent à la fois les effluves de Parfum de femme et le souvenir d’El Pibe de Oro et de sa main de Dieu.



Et au milieu de tout ça, il y a les hommes et les femmes de Naples, natifs, immigrés, adoptés ou de passage. Ce sont eux que Jacques Madelin, le narrateur, observe au Café Nube, venus profiter sans honte d’un cafe sospeso ou au contraire, en pré-offrir quelques-uns, partageant au passage une tranche de vie.



Roman à nouvelles structuré comme un opéra, Le Café suspendu d’Amanda Shters propose sept histoires, parfois reliées par leurs personnages qui s’y croisent, mais toujours par le Nube, lieu privilégié pour « sentir » la ville à travers celles et ceux qui la font.



Une femme attachée à l’amour et à un bout de peau de crocodile ; un médecin asiatique soucieux de s’assimiler en soignant les gens bien avant qu’ils ne soient malades ; un écrivain mutant qui vole au café la personnalité et une partie de l’âme de ceux qui les boivent ; un tailleur qui a tant à donner et une femme, tant à recevoir ; Et l’ombre de Diego qui plane sur l’amour d’une nuit…



Loin de l’anhédonie qui affecte l’un de ses personnages, Amanda Shters met tant de bienveillance et d’humanité dans ses textes et les actes de leurs protagonistes qu’il est difficile de ne pas céder aux charmes de ce livre hors du temps, même si toutes les nouvelles n’ont pas la même force.



Un livre suspendu : à lire donc, et même à offrir en le laissant en dépôt dans votre librairie préférée…
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Madeleine

C'est l'ex femme d'un chanteur/Et pas n'importe lequel/Et elle a fait des films/Avec Harvey Keitel.

Elle vit à L.A. Stock l'a publiée. Dans « la bleue », une collection créée par Jean-Marc Roberts. Lagardère.com (bientôt bolloré.com) précise que "le prestigieux catalogue de littérature française où figuraient déjà Rousseau, Cocteau ou Apollinaire s'est enrichi d'auteurs contemporains" dont Amanda Sthers. Amanda from L.A., biographe de Johnny. Je ne sais pas si c'est bien de Little Bob Rousseau, Slim Jim Cocteau et Axl Apollinaire dont on parle, toujours est-il qu'Amanda Sthers, dans le supplément livres du figaro, rappelle que Jean-Marc Roberts (1954-2013) était « son père en littérature » et « le premier amant de sa mère». Madeleine a paru en 2007 et s'est vendu "à plus de 200 000 exemplaires", selon son auteur, raison de plus de la lire. L'histoire, c'est un décor - la Bretagne - et quelques costumes : l'héroïne, un genre de Bécassine hyper triste à forte poitrine et Castellot, le parisien qui trompe sa femme avec; Rémi de l'agence immobilière où Madeleine émarge et qu'elle trouve ringard mais qu'elle finit par épouser, alors qu'en vrai, elle aime le parisien. The End.

Qu'ai-je appris sur la littérature ? 1) dans l'édition, comme ailleurs, faire l'amour est bien une forme de méritocratie qui peut engendrer toute une oligarchie. 2) Sthers apprécie le présent de l'indicatif et les phrases courtes, ce qui donne à Madeleine un style péchu de slogan publicitaire. Haribo c'est beau la vie. Si c'est D'aucy j'y vais aussi. A vous Amanda : « Dans la bière il fait jaune et ça tient chaud ». (p.1664) « Elle prend une banane pour changer de goût sur la langue » (Chiquita). « Il est nauséeux mais il n'a pas de libre arbitre » (Nausicalm by John P. Sartre) « Souvent les hommes boivent du café » (La Tisanière). 3) Certains auteurs suppriment la ponctuation, pas Sthers. Bon point : son bouquin est plein de points. « J'ai envie de me jeter dedans, dit Castellot en regardant la mer. Elle aurait préféré qu'il parle de ses bras, de leur histoire. «Je ne sais pas nager», lui avoue-t-elle. ». C'est pas grave on reviendra à marée basse. Au cours d'une visite de bien immobilier, finalement, ils couchent. Sa mère faisait de même avec l'employé des P et T. Ah ces prolos! Quelle libido! Et avec ça, de vrais coeurs d'artichaut. « Rémi pense à Madeleine, à ce qu'il a fait de mal. Ca le fait chialer comme un gosse. Il écoute tout Michel Sardou. Il souffre ». Mépris de classe? Un roman photo de Lelouch années 2000 en plus aigre. 4) Immense mérite des livres d'avant 2008, date à partir de laquelle Facebook modifie l'humanité, Madeleine ne connait pas les réseaux sociaux. C'était l'époque où les gens se rencontraient pour de vrai, pas encore la vie de L.A., chacun enfermé dans sa voiture, et dans sa voiture, chacun enfermé dans son iphone; des poupées californiennes qui se swipent au feu rouge tandis que dans le rétro, les clochards poussent leurs caddies jusqu'à l'océan glacé et gris.

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Lettre d'amour sans le dire

Mes leçons de japonais



Ce court et précieux roman d’Amanda Sthers raconte la confession épistolaire d’Alice à son masseur japonais, reparti au pays du soleil levant. L’occasion d’évoquer sa vie et de se plonger dans une nouvelle culture.



On pourrait raconter ce roman à la manière d’un inventaire à la Prévert. On peut même s’imaginer que cette liste figure dans l’almanach d’Alice, qui «dessine un rythme à sa vie et au peu d’événements qui la ponctuent». On y trouverait d’abord une théière noire et une tasse bleu ciel, un pyjama bleu marine, quelques classiques de la littérature française comme Cyrano de Bergerac ou à La Princesse de Clèves ainsi qu’une pile de livres japonais, Le Dit du Genji, ce chef-d’œuvre de Murasaki Shikibu, Les Belles Endormies de Kawabata, l’œuvre de Mishima et l’Éloge de l’ombre de Tanizaki sans oublier Natsume Sôseki ou encore Notes de chevet de Sei Shônagon, dans lequel on peut se perdre, un disque de Claude François, de préférence Magnolias for ever, un dorayaki et des bêtises de Cambrai.

En essayant d’ordonner tout cela, on fait la connaissance d’Alice, femme née dans le nord mais qui a suivi sa fille à Paris, une ville qu’elle n’a vraiment apprivoisée. Cherchant à vaincre sa solitude, elle entre dans un salon de thé. Après avoir dégusté un futsumushi sencha aux feuilles d’un vert intense, on lui propose un massage. Une expérience qui va la transformer: « Quand vous posez les mains sur moi, j’ai la sensation que vous me comprenez. Cet habit de peau et d’os cesse d’être un poids et devient un moyen de vous dire mes douleurs, mon passé, mes désirs. La sensualité qui émanait de moi jadis se délie, se délivre sous vos doigts. Certaines choses se passent de mots. Ce que je ressens c’est une langue qui flotte, que nous pouvons comprendre sans même nous regarder, car il y a dans la salle une atmosphère qui naît de nous et nous dépasse tout à la fois. »

Dès lors, Alice retrouve vitalité et envie. Ce miracle la pousse à découvrir la littérature japonaise et même à vouloir en connaître la langue. Roger Tanaka, son prof de japonais, va l’initier aux subtilités d’un idiome et d’une calligraphie qui pourront lui servir à séduire ce masseur dont elle n’a désormais plus envie de se passer. «J’avais mis un mois à admettre que je voulais vous revoir, qu’il ne s’agissait pas simplement d’un massage. On peut sentir qui sont les gens qui nous touchent physiquement, leurs émotions. Il y a dans la peau les traces de ce qu’on est, il se dégage de notre chair comme un effluve de notre cruauté ou au contraire comme chez vous, de bonté. À la fin de nos massages, l’odeur de votre peau sur la mienne était un pansement, et complétait mon parfum pour en créer un autre: nous.»

Amanda Sthers joue à merveille cette partition de mystère et de sensualité, ce désir renaissant, cet amour ardent qui est aussi une quête mystique. Aussi quand elle découvre que son masseur est reparti au Japon, elle lui écrit cette Lettre d’amour sans le dire, veut tout lui expliquer: « Pour que vous me compreniez, il faut que vous me connaissiez mieux. Je vais vous raconter des morceaux de ma vie afin que vous sachiez qui je suis et que vous puissiez m’accueillir sans mensonge ou que vous fermiez la porte à jamais. Je ne vais rien vous épargner de la vérité ni de mes parts d’étrangeté, ainsi nous saurons si nous pouvons espérer les faire cohabiter avec les vôtres.»

On retourne à Cambrai, on comprend que l’enfance d’Alice n’a pas été heureuse, qu’après avoir cherché à fuir sa famille en se mariant rapidement, elle a vécu une nouvelle déconvenue que la naissance de sa fille a encore accentuée. La douceur d’Antonin aurait pu panser ses plaies, mais cet homme «s’est occupé de moi et de ma fille comme s’il avait adopté des chats dans un refuge». Alors suivre sa fille était une option comme une autre. Jusqu’à la rencontre avec ce masseur japonais.

Le style limpide d’Amanda Sthers fait ici merveille et souligne avec délicatesse le parfum des amours mortes. Car au-delà des souvenirs, c’est une infinie tristesse qui nous étreint au moment de refermer ce livre. Décidément, la vie ne fait pas de cadeau.




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Le café suspendu

Jacques Madelin a quitté la France, lorsqu’il était jeune pour tenter de retrouver la femme dont il était amoureux. Hélas, sa dulcinée ne l’avait pas attendu. Le chagrin qui s’abat sur lui va très vite se trouver balayé, relativisé mais pas oublié, car survient le tremblement de terre. Il va alors porter secours aux victimes et fait la connaissance de Maurizio le propriétaire du café Nube qu’il va suivre et donc s’installer à Naples pour une nouvelle vie. Jacques constitue le fil rouge de cette série de sept nouvelles.



Autre fil rouge, bien sûr, le café suspendu : lorsqu’un client commande un café, il peut en offrir un sur l’ardoise pour une personne qui n’a pas l’argent pour s’en offrir un. Le café sospeso autant que le café Nube devient ainsi un lieu où les gens peuvent se rencontrer, vraiment, pas simplement se croiser pour s’oublier aussi vite.



On fait ainsi la connaissance de personnages attachants, des femmes de caractère, telle cette femme mariée qui propose un étrange marché à la maîtresse de son mari, l’argent permet tout n’est-ce pas ? Cette histoire est loin d’être banale, car elle est sous-tendue par une histoire de sac confectionné à partir de la peau d’un crocodile.



Certaines nouvelles m’ont plus intéressée que d’autres, telle l’histoire du Docteur Chen, qui a fui son pays natal, la Chine, caché dans la cale d’un bateau. Il exerce la médecine comme dans son pays, en privilégiant la prévention, l’alimentation, les différents équilibres, les pouls… et conseille aux patients d’aller le voir « avant d’être malade », ce qui les surprend parfois.



J’ai beaucoup aimé « L’écrivain sans visage » hommage à Naples et aussi à Elena Ferrante dont on ne connaît pas l’identité et à son « Amie prodigieuse ». Au passage, Amanda Sthers nous propose l’interprétation de l’amitié toxique qu’elle prête à l’auteure.



J’ai demandé à rester anonyme, et ça n’a pas l’air de poser de problème puisque tout le monde se fout de mes romans. J’écris quand même, je n’ai pas le choix. C’est en moi comme je respire. Mais c’est violent. Un livre qui n’est pas lu n’existe pas, il n’est même pas écrit. Il n’est pas un fantôme, il est le néant.



L’histoire d’Aldo, avec son insomnie rebelle, est intéressante aussi, car il attache tellement d’importance aux signes que lui envoie le destin, le numérologue qui meurt d’un infarctus lorsqu’il arrive à son rendez-vous, les rencontres ratées avec un mage, ou lorsqu’il quitte en courant le cabinet du Dr Chen (quelle idée de se faire soigner avant d’être malade ? Il est sûrement fou ce médecin !) tant et si bien qu’il passe à côté de tout, de la jolie brune qu’il côtoie sans la remarque alors qu’il cherche l’amour…



Se pourrait-il qu’il n’ait pas de destin ? Que rien ne soit inscrit pour lui ? Cela ferait-il de lui un homme libre ou, au contraire, abandonné par les dieux ?



Les récits s’étalent entre le début des années quatre-vingt-dix et l’époque actuelle, englobant les conflits sociaux, gilets jaunes en France, élections en Italie qui font cohabiter le mouvement cinq étoiles de Luigi Di Maio et la Ligue du Nord de Matteo Salvini, sous fond d’immigration, de racisme, pour aboutir à la crise du Covid avec ses peurs, ses décès et ses confinements qui vont encore isoler, désocialiser davantage les gens.



Ceci nous donne un livre intéressant, sensible, très humain, où les personnages de fiction sont bien intégrés dans leur époque et donc une réflexion psycho-sociologique.



C’est le deuxième livre d’Amanda Sthers que je lis, après l’avoir longtemps snobée, et il m’a permis de passer un bon moment, car elle sait bien raconter des histoires et on se laisse bercer par son écriture autant que par son propos. Elle fait une déclaration d’amour à la ville de Naples, et donne envie d’aller s’y promener.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteure.



#Lecafésuspendu #NetGalleyFrance !
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Dans mes yeux

Quoi mon livre! Qu'est-ce qu'il a mon livre?

Quelque chose ne va pas?

Il ne te revient pas?

Quoi mon livre! Mais qu'est-ce qu'il a mon livre?!





Et bien effectivement, il a plusieurs petites choses qui ne me reviennent pas dans ce livre né de la collaboration entre Johnny Hallyday et Amanda STHERS.

D'abord, c'est mal écrit. Choix délibéré d'une auteure qui a voulu laisser parler son sujet plutôt que d'imposer son style? Difficile à dire puisqu'à la lecture, on n'a pas franchement l'impression d'entendre la voix du chanteur et que n'ayant jamais rien lu de cette auteure, je n'ai aucun point de comparaison.

Ensuite, tout cela est bien insipide. Qu'on l'aime au point de vouloir lui ressembler ou qu'on le trouve ringard, Johnny est tout de même LE rockeur français, une idole, un monument national! Il méritait un peu mieux que 200 petites pages de fadaises sans réel intérêt. Amanda STHERS dit qu'elle a passé presqu'un an à ses côtés, à lui parler, à l'écouter et qu'en plus, il avait "beaucoup à dire"...Ce n'est pas franchement, ce que l'on ressent. Certes, il se confie, il aborde de nombreux sujets -son enfance, ses parents, ses femmes, ses enfants, ses amis, l'alcool, la drogue -mais de manière très superficielle et le fan de base devait sans doute déjà connaitre tout ce qui est dit ici.

Mais si l'on fait abstraction de tout cela, il reste l'histoire d'un homme abandonné par son père, délaissé par sa mère, qui s'est construit une vie de paillettes sans jamais guérir de ses blessures d'enfance. Adulé par les foules depuis plusieurs décennies, Johnny au fond est un homme seul et infiniment triste...





C'est un chanteur abandonné

Qui a vécu sans se retourner.

Sûr que le blues est inventé

Pour lui, cette nuit.

Parce qu'il a su s'abandonner

A ceux qui ont voulu l'aimer

Il a donné ce qu'il avait

Mais lui, il se demande qui il est.

Abandonné, oui, abandonné.
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Lettre d'amour sans le dire

𝘑'𝘢𝘷𝘰𝘶𝘦 𝘫'𝘦𝘯 𝘢𝘪 𝘣𝘢𝘷é 𝘱𝘢𝘴 𝘷𝘰𝘶𝘴

𝘔𝘰𝘯 𝘢𝘮𝘰𝘶𝘳

𝘈𝘷𝘢𝘯𝘵 𝘥'𝘢𝘷𝘰𝘪𝘳 𝘦𝘶 𝘷𝘦𝘯𝘵 𝘥𝘦 𝘷𝘰𝘶𝘴

𝘔𝘰𝘯 𝘢𝘮𝘰𝘶𝘳 🎶





Avant vous.

Avant ces mains sur moi, mon corps n'était que vent.



Vos mains ont le merveilleux pouvoir d'en faire taire la tempête qui l'habite.

Elles l'enroulent avec délicatesse et cette pudeur, qui doit, je l'imagine ainsi, caractériser le peuple de votre île. Elles l'effleurent, l'enveloppent, l'apaisent… Elle redevient ensuite ce chaud et doux tourbillon qui l'a vu naître et qui demeurera figé dans l'enivrant parfum de notre rencontre.



Avant vous étaient les gerçures de la glace sous ma peau, les fêlures de l'hiver sur ma vie et les craquelures du temps qui s'enfuit.



Avant vous couraient les caresses interdites sur la pellicule trop fragile de mon intimité de môme…

Et ne demeurait que la solitude d'un coeur. Malade d'avoir cherché en vain la tendresse d'une mère au regard trop fuyant. Groggy de n'être que l'ombre de trop dans les yeux de sa descendance, la lépreuse que l'on abandonne sur le parvis de la honte.



𝘓𝘦 𝘷𝘦𝘯𝘵 𝘥'𝘩𝘪𝘷𝘦𝘳 𝘤𝘰𝘶𝘳𝘵

𝘚𝘶𝘳 𝘭𝘦𝘴 𝘤𝘳𝘪𝘴𝘵𝘢𝘶𝘹 𝘣𝘭𝘦𝘶𝘴 𝘴𝘦 𝘣𝘳𝘪𝘴𝘦𝘯𝘵

𝘓𝘦𝘴 𝘤oe𝘶𝘳𝘴 𝘴𝘰𝘭𝘪𝘵𝘢𝘪𝘳𝘦𝘴



Vous aussi avez connu l'hiver. Je le sens tout au bout de vos doigts lorsque ceux-ci me frôlent. Il faut avoir survécu soi-même à l'hiver pour pouvoir transmettre un peu de sa chaleur à un être brisé. Et sous vos caresses, je la sens m'irradier.



Je vous écris cette lettre d'amour sans le dire, sans savoir si vous me lirez, sans même savoir si je laisserai mes mots aller à votre rencontre. Je vous écris en profitant de cet instant hors du temps, cette bulle de joie dans laquelle je me blottis après chacun de vos gestes tendres sur moi déposés. Dans votre langue, cet instant de grâce porte le doux mot d'𝘜𝘬𝘺𝘪𝘰. J'aime cette idée de pouvoir décrire en une seule et puissante émotion toute la palette picturale de l'éphémère instantané, comme lorsque les timides rayons du soleil d'un printemps naissant diffusent leurs couleurs à travers le feuillage des arbres et nous caressent le visage. 𝘒𝘰𝘮𝘰𝘳𝘦𝘣𝘪. Vos mains sont ces rayons.



Aujourd'hui je peux vous l'avouer. 𝘔𝘰𝘯 𝘷𝘪𝘴𝘢𝘨𝘦 𝘢𝘱𝘳è𝘴 𝘷𝘰𝘶𝘴 𝘮𝘦 𝘱𝘭𝘢î𝘵. 𝘚𝘪 𝘯𝘰𝘶𝘴 𝘯𝘰𝘶𝘴 𝘳𝘦𝘷𝘰𝘺𝘰𝘯𝘴, 𝘫'𝘰𝘴𝘦 𝘦𝘴𝘱é𝘳𝘦𝘳 𝘲𝘶𝘦 𝘤𝘦 𝘴𝘦𝘳𝘢 𝘶𝘯 𝘫𝘰𝘶𝘳 𝘣𝘭𝘦𝘶 𝘦𝘵 𝘲𝘶𝘦 𝘯𝘰𝘴 𝘫𝘰𝘶𝘳𝘯é𝘦𝘴 𝘴𝘦𝘳𝘰𝘯𝘵 𝘢𝘴𝘴𝘰𝘳𝘵𝘪𝘦𝘴.



𝘚𝘰𝘶𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘯𝘦𝘪𝘨𝘦𝘴 𝘭𝘰𝘶𝘳𝘥𝘦𝘴

𝘗𝘦𝘳𝘤𝘦 𝘦𝘯𝘧𝘪𝘯 𝘶𝘯 𝘣𝘰𝘶𝘵𝘰𝘯

𝘋𝘦 𝘤𝘰𝘲𝘶𝘦𝘭𝘪𝘤𝘰𝘵





🇯🇵❤️🇯🇵❤️





Sans pourtant le dire, 𝗔𝗺𝗮𝗻𝗱𝗮 𝗦𝘁𝗵𝗲𝗿𝘀 nous délivre avec ce roman une magnifique lettre d'amour vibrante de poésie.



Avec énormément de sensualité, de douceur, de timidité et de pudeur, elle nous fait entrer dans l'intimité d'𝗔𝗹𝗶𝗰𝗲, sur laquelle les brûlures de la vie auront laissé bien des cicatrices. Sous les massages délicats et posés d'𝗔𝗸𝗶𝗳𝘂𝗺𝗶, Alice renaîtra jour après jour, au point d'apprendre secrètement le japonais pour pouvoir enfin mettre sur ses émotions les mots que saura comprendre Akifumi.



Un très beau roman sur l'acceptation de soi et sur l'amour !
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