
Il est assis dans son fauteuil, derrière son bureau, comme un dirigeant d’entreprise normal. Étonnant. Bizarre même.
Je lui lance un regard suspect, il me sourit.
C’est définitif, il y a un truc qui cloche. Je me fige. D’autant qu’il me réappelle Adams.
C’est l’effet tailleur ça.
Je souris à mon tour et son regard s’ancre dans le mien.
– Bien, et maintenant ma petite assistante, qu’est-ce qu’on fait ?
Bah on fait des gaufres !
Ho purée oui, ce serait tellement bon ! Je vais voir avec Joyce et je vais en faire ce week-end… j’ai un estomac à la place du cerveau, c’est affligeant.
Allez, on se concentre deux minutes… retour à la réalité.
– Je ne comprends pas ta question.
– Moi non plus… enfin, je ne sais pas vraiment ce que j’attends comme réponse.
– Je sais que je suis celle qui arrive toujours à saisir ce que tu veux mais là je dois t’avouer que je ne comprends pas… mais alors pas du tout.
Et il éclate de rire.
Le con.
Je vais le taper.
Je hausse un sourcil et je me raidis mais il s’en moque complètement et il se bidonne dans son fauteuil en cuir.
– Merde Emma, tu serais pas enceinte quand même ?!
Il plaisante… enfin à moitié.
Et moi j’ai un instant de panique.
Totale.
Genre manque de m’évanouir et tout.
Je pense que toutes les femmes du monde connaissent cet instant de solitude. Celui où quelqu’un te balance ce genre de phrase à la con.
Enceinte.
Réflexion.
Date. Compte les jours.
Dernières règles.
Dernier rapport non protégé.
Dernier rapport tout court.
Non, pas possible que je sois enceinte.
Légère amélioration. Ouf.
Oui mais si…
Et voilà, la panique d’une femme. Je sais que c’est impossible (bon, même si dans l’absolu tout est possible) que je sois enceinte mais je psychotte quand même.
Je vais me faire enlever les ovaires si c’est pour stresser comme ça moi j’vous l’dis.
Comment ça, on s'aime bien ? Jonathan, on ne peut pas rester 3 secondes dans la même pièce sans se sauter à la gorge !
- Je mettais ça sur le compte de la tension sexuelle, avoua-t-il.
Oh Seigneur, Jésus, Marie, Joseph et tous les Saints du Paradis.
- Viens dans la chambre.
– Je ne coucherai pas avec toi Beresford.
– Je ne te le demande pas, tu ne te souviendrais pas de mes exploits, ce n’est pas drôle.
Pauv’con.
Juste au moment où je commence à trouver bizarre qu’il soit aussi gentil. Chasser le naturel, il revient au galop. J’entends d’ici les cors.
– Allez, se lasse-t-il rapidement parce que je ne réponds pas.
Je n’ai pas envie de répondre. C’est déjà assez humiliant d’être là avec mon patron dans cet état de déchétude (mot que j’ai inventé oui mais qui exprime bien mon état actuel). Mais j’aurai honte demain si j’ai le temps. Pour l’instant, je veux juste qu’il me laisse tranquille pour dormir.