L'économie comme vous ne l'avez jamais vue : 99 infographies pour comprendre l'économie de Thomas Ramge et Jan Schwochow aux éditions de L?Organisation
L économie comme vous ne l avez jamais vue est un beau livre d économie. Des concepts clés aux tendances les
plus récentes, des grands équilibres mondiaux aux nouveaux modèles d entreprises, l économie a été traduite
en images, sous forme de magnifiques infographies, vivantes et colorées, dans un format hors du commun.
Que nous apprend le voyage d un jean, de la culture du coton au Kazakhstan jusqu à sa livraison en France, sur le commerce mondial ?
Comment peut-on schématiser la pensée de Marx, de Keynes, d Amartya Sen ?
Qu est-ce que l indice Big Mac ?
Quelles seront les compétences les plus recherchées sur le marché du travail dans 15 ans ?
Comment l agencement d un supermarché nous pousse-t-il à consommer ?
Ludique, étonnant, toujours pédagogique, ce livre nous invite à voir l économie autrement.
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En outre, même si la croissance économique est un élément important, l’obsession de la croissance – qui néglige l’éducation, la santé et la nutrition – a non seulement des conséquences catastrophiques sur la qualité de vie des individus, mais ne peut aboutir qu’à un échec puisque ces éléments essentiels à une vie humaine décente sont aussi des ingrédients importants de la productivité humaine, comme Adam Smith l’a souligné il y a bien longtemps.
La révolution industrielle et le développement des réseaux du commerce mondial peuvent être perçus par certains comme des forces destructrices, mais, en dehors de leur impact sur le niveau de vie général, ces évolutions mondiales nous permettent de tisser des liens avec des individus qu’en l’absence d’activités susceptibles de nous conduire en terre inconnue nous n’aurions jamais croisés et dont nous aurions même ignoré jusqu’à l’existence. Ces rencontres peuvent influencer profondément notre vision du monde comme la façon dont nous percevons notre propre univers moral.
Lorsque Alexandre le Grand demanda à un groupe de philosophes jaïns en Inde pourquoi ils prêtaient si peu attention au grand conquérant, il obtint la réponse suivante, qui mettait directement en cause la légitimité de l'inégalité : "Roi Alexandre, aucun homme ne peut posséder une plus grande partie de la surface de la terre que celle sur laquelle il se tient. Tu es un homme, comme nous tous, sauf que tu es toujours agité et propre à rien, toujours à voyager si loin de chez toi, et à être un fléau pour les autres comme pour toi-même! (...) Bientôt tu seras mort, et alors tu ne posséderas que la parcelle de terre qui suffira à t'enterrer."
Il s'agit de décider lequel de ces trois enfants – Anne, Bob ou Carla – doit recevoir la flûte qu'ils se disputent. Anne la revendique au motif qu'elle est la seule des trois à savoir en jouer (les autres ne nient pas) et qu'ils serait vraiment injuste de refuser cet instrument au seul enfant capable de s'en servir. Sans aucune information, les raisons de lui donner la flûte sont fortes.
Autre scénario : Bob prend la parole, défend son droit à avoir la flûte en faisant valoir qu'il est le seul des trois à être pauvre au point de ne posséder aucun jouet. Avec la flûte, il aurait quelque chose pour s'amuser (les deux autres concèdent qu'ils sont plus riches et disposent d'agréables objets). Si l'on entend que Bob et pas les autres enfants, on a de bonnes raisons de lui attribuer la flûte.
Dans le troisième scénario, c'est Carla qui fait remarquer qu'elle a travaillé assidûment pendant des mois pour fabriquer cette flûte (les autres le confirment) et au moment précis où elle a atteint le but, « juste à ce moment-là », se plaint-elle, « ces pilleurs tentent de lui prendre la flûte ». Si l'on entend que les propos de Carla, on peut être enclin à lui donner la flûte, car il est compréhensible qu'elle revendique un objet fabriqué de ses propres mains.
Mais si l'on a écouté les trois enfants et leurs logiques respectives, la décision est difficile à prendre.
La seconde difficulté concerne la division du monde en civilisations distinctes entraînant des correspondances géographiques ; dans cette division, la Grèce est considérée comme partie intégrante d'une tradition spécifiquement "occidentale". Cela est non seulement difficile à soutenir étant donné la diversité historique des différentes régions d'Europe, mais c'est aussi oublier un élément implicite de pensée raciste dans cette réduction globale de la civilisation occidentale à l'Antiquité grecque.
Dans cette perspective, il n'est pas trop difficile de voir dans les Goths et les Wisigoths, et d'autres peuples européens, les héritiers de la tradition grecque (ils sont tous européens"), alors qu'il existe une grande réticence à prendre en compte les liens intellectuels existant entre les Grecs et les anciens Égyptiens, les Iraniens et les Indiens, et cela en dépit de la préférence que manifestaient les Grecs eux-mêmes -comme l'indiquent les récits de l'époque- à converser avec eux, plutôt qu'à palabrer avec les Goths.
L'homme devrait se considérer non comme un citoyen séparé et détaché de tout, mais comme un citoyen du monde, un membre de la vasre communauté de la nature, dans l'intérêt de cette grande communauté, il devrait a tout instant être prêt à sacrifier son propre petit intérêt, (p.17).
De la même manière, lorsque dans les années 1590, le grand empereur mongol, Akbar, qui croyait au pluralisme et au rôle constructif des discussions publiques, faisait des déclarations en Inde sur la nécessité de la tolérance, et s'activait à organiser le dialogue entre des gens de confessions différentes (comprenant des hindous, des musulmans, des chrétiens, des parsis, des jaïns, des juifs et même des athées), en Europe, l'Inquisition faisait encore rage sans avoir perdu de sa virulence. Giordano Bruno fut brûlé pour hérésie à Rome sur le Campo dei Fiori en 1600, alors même qu'Akbar s'exprimait sur la tolérance à Agra.
Considérer la démocratie en termes de débat public, en tant que "gouvernement par la discussion", nous aide aussi à identifier les racines historiques - très profondes - des idées démocratiques de par le monde. L'apparente modestie occidentale qui prend la forme d'une humble réticence à promouvoir le "concept occidental de démocratie" dans le monde non occidental correspond en réalité à l'appropriation impérieuse d'un héritage global, comme s'il était exclusivement celui de l'Occident. Le doute qui existe quant à la "promotion" des idées occidentales auprès des sociétés non occidentales se combine à l'absence totale de doute quant à la conception de la démocratie comme une idée occidentale dans sa quintessence, une conception immaculée de l'Occident.
Cette erreur d'appréciation résulte d'une négligence grossière à l'égard de l'histoire intellectuelle des sociétés non occidentales, mais aussi de l'erreur conceptuelle qui voit la démocratie essentiellement en termes de vote et d'élections, plutôt que dans la perspective plus large du débat public.
J'ai, ailleurs, démontré le fait notoire que dans la terrible histoire des famines dans le monde, aucune famine ne s'est produite dans un pays indépendant et démocratique, jouissant d'une relative liberté de la presse. On ne peut trouver d'exception à cette règle, où que nous regardions : les récentes famines en Ethiopie, en Somalie, ou dans d'autres pays soumis à des régimes dictatoriaux ; les famines en Union soviétique dans les années trente ; en Chine la famine de 1958-61 avec l'échec du Grand Bond en avant ; ou à une époque plus lointaine, les famines en Irlande ou en Inde sous une domination étrangère.
"A quel endroit diriez-vous que vous êtes chez vous?", m'a un jour demandé à Londres un journaliste de la BBC avec lequel je m'apprêtais à enregistrer un entretien. Il était en train de jeter un oeil à une sorte de biographie me concernant : "Vous venez de déménager d'un Cambridge à un autre - et de Harvard à Trinity - ,vous avez vécu des décennies en Angleterre, mais vous êtes encore citoyen indien et j'imagine que votre passeport comporte d'innombrables visas. Alors, où êtes-vous chez vous?"