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Citations de Ambroise Vollard (34)


Un jour, Mme de Staël était dans une barque sur le lac Léman avec Mme Récamier et Benjamin Constant, quand un des rameurs : " ce nuage à l'horizon nous annonce un gros temps."
" Dites, Benjamin, fit Mme de Staël, si nous faisions naufrage qui de nous deux sauveriez-vous ?" Et Benjamin Constant à Mme de Staël : "vous, vous savez nager."
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– Je me rappelle surtout un fait que nous a rapporté mon père, comme il rentrait à la maison un des jours d’émeutes. Des gens tiraient sur la troupe. Un passant s’approche d’un homme qui n’arrivait pas à toucher son but ; et lui prend le fusil des mains, vise un soldat qui tombe et comme il rendait l’arme à son propriétaire, celui-ci eut un geste comme pour lui dire : “Continuez, vous vous en servez si bien.” Et l’autre : “Non, ce n’est pas dans mes opinions.”
Degas se plaisait à ces récits du passé.
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Après 115 séances, Cézanne abandonna mon portrait pour s'en retourner à Aix. «- Je ne suis pas mécontent, du devant de la chemise », — telles furent ses dernières paroles en me quittant. Il me fit laisser, à l'atelier, le vêtement avec lequel j'avais posé, voulant, à son retour à Paris, boucher les deux petits points blancs des mains, et puis, bien entendu, retravailler certaines parties. «J'aurai fait, d'ici-là, quelques progrès. Comprenez un peu, M. Vollard, le contour me fuit ! » Mais, en parlant de reprendre cette toile, il avait compté sans ces « garces » de mites, qui dévorèrent mon vêtement.
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Ambroise Vollard
Vollard était une figure bien connue des marchands de tableaux parisiens ; originale aussi : sale, barbu, poussiéreux, hébété en apparence. C'était un des rares qui s'y connaissait en peinture, au lieu de ne se préoccuper que de la vente des tableaux ; bien qu'il ne fût pas indifférent au profit il s'intéressait davantage à l'art vivant de son temps. En vérité, il devançait tellement le goût de l'époque que le succès commercial de sa galerie touche au miracle, surtout qu'il y avait très peu de commerçant en lui. Gertrude Stein dut se battre pour lui acheter un tableau ; la description qu'elle fit de la galerie de Vollard est particulièrement frappante. .... Quand il était vraiment déprimé, il appuyait son énorme carcasse à la porte vitrée qui donnait sur la rue - bras au-dessus de la tête, mains sur chaque coin supérieur du portail, il fixait sombrement la rue. Alors personne n'eût songé à essayer d'entrer.

(Pablo Ruiz Picasso de Patrick O'Brian )
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Vers 1893,Mautice Denis,qui avait remarqué la petite exposition que j'avais faite de dessin de Manet,en parla a ses amis.C'est ainsi que je fus mis en rapport avec quelques-un des Nabis: Bonnard,Roussel,Vuillard,et que j'obtins d'eux,d'abord des tableaux,et plus tard des illustrations pour mes livres quand je me lançai dans l'édition.
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******

À l’égal des fleurs, Degas détestait les animaux dans les appartements. Aussi, quand il était attendu chez des amis, ceux-ci prenaient-ils soin, avant son arrivée, d’enfermer les bêtes. Et si, ayant oublié de le faire, on entendait dans l’antichambre des coups de parapluie, suivis de cris de chiens trop empressés à se faire caresser, tout le monde s’écriait :
— Voilà Degas !

***
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Un certain 14 juillet,à Cagnes, comme je posais [pour Renoir], une troupe de gens vint à passer sous les fenêtres de l'atelier en chantant à tue-tête:

Liberté, Liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs.

Renoir eut un geste d'agacement:
- Vous les entendez? Eh bien, cette "liberté" qu'ils ont tout le temps à la bouche, si vous saviez quelle horreur ils en ont au fond! Un jour je disais à quelqu'un: "Mais qu'est-ce qui vous déplaît donc tant dans ma peinture? - Ce qui me déplaît, répondit-il, c'est que vous peignez avec une telle liberté..."
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Comment je connus la peinture de Cézanne ? La première fois que je vis un tableau du peintre, un bord de rivière, c'est à la vitrine d'un petit marchand de couleur de la rue Clauzel, le père Tanguy. Ce fut comme si je recevais un coup à l'estomac.
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Un jour, dans son atelier, je lui avais apporté un tableau. Un tout petit morceau de papier s'étant détaché du paquet que je dépliais, Degas de s'élancer pour le saisir. Il retrouva le "confetti" dans la rainure du plancher et le jetant dans son poêle. «Je n'aime pas le désordre. »
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N'importe, on imagine la joie de Cézanne de se voir accroché. Cette joie n'était toutefois pas sans mélange, son. père n'ayant pu la partager. Il avait eu la douleur de le perdre quatre ans auparavant, en 1885; mais il lui restait la consolation de penser que ce père. si regretté avait conservé une confiance inébranlable dans le triomphe final de son enfant. Cette foi si forte était entretenue chez. M. Cézanne par son orgueil de père. Ne disait-il pas : « Moi, Cézanne, je n'ai pu avoir fait un crétin ! » Quant à la mère du peintre, qui n'allait mourir que huit ans plus tard, en 1897, et qui devait voir s'éveiller la faveur du public pour les Cézanne, si elle désirait ardemment voir les efforts de son fils récompensés, c'était parce qu'elle sentait combien il était malheureux d'être méconnu : autrement, qu'il vendît ou ne vendît pas, cela n'avait pas d'importance à ses yeux, puisque « le petit avait de quoi ».
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Les yeux de Degas s'étaient portés sur une toile de Gauguin.
— Pauvre Gauguin! Sur son île, là-bas, il doit penser tout le temps à la rue Laffitte. Je lui avais conseillé d'aller à la Nouvelle- Orléans, mais il trouvait que c'était trop civilisé. Il lui faut des gens avec des fleurs sur la tête et un anneau dans le nez... Moi, quand j'ai seulement quitté mon atelier depuis deux jours...
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Un jour, passant devant la vitrine d'un marchand, je vois une "Cathédrale" signée Utrillo, un nom qui m'était inconnu.
"Eh! me dis-je, voilà un peintre à lancer."
J'entre et demande le prix:
- Cinquante mille francs.
Je sus ainsi ce que valait une œuvre de cet Utrillo dont les toiles, si peu d'années auparavant, ne se voyaient, comme on me l'apprit, qu'accrochées en plein air chez les brocanteurs du boulevard de Clichy.
J'ai raté, de même, un autre artiste, Modigliani. J'avais marchandé, un jour, une de ses toiles encore que je n'eusse pas été très enthousiaste de ces figures nanties de longs cous qui semblaient comme étirées.
"Trois cent francs, cela les vaut-il?" me disais-je.
Après la guerre, passant rue de la Boétie, j'aperçus de cet artiste un Nu qui rappelait la grâce un peu maniérée de certaines estampes japonaises. Quel voluptueux grain de peau! Je pensais: "Il n'y a pas plus de quatre ans, on cotait trois cent francs les plus grands Modigliani. Si on m'en demande trois mille de celle là, c'est tout le bout du monde!"
- Combien? m'informai-je.
- Trois cent cinquante mille. Mais il y a déjà un option. Et nous avons tout lieu de croire que le courtier qui l'a prise agit pour le compte de Mussolini!

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Un jour que Renoir regardait un journal:
- Encore l'Art, avec un grand A. Lisez-moi ça, Vollard.
Et m'interrompant au beau milieu de ma lecture:
- Avec leur sacrée habitude de faire faire la critique d'art par ceux qui sont chargés de la rubrique des chiens écrasés...
Or, l'article était signé Henri Bergson; ce nom n'apprit rien à Renoir.
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Bien peu de personnes ont pu voir Cézanne le pinceau à la main ; il ne supportait que très difficilement d'être regardé pendant qu'il était à son chevalet. Pour qui ne l'a pas vu peindre, il est difficile d'imaginer à quel point, certains jours, son travail était lent et pénible. Dans mon portrait, il y a, sur la main, deux petits points où la toile n'est pas couverte. Je le fis remarquer à Cézanne : « Si ma séance de ce tantôt au Louvre est bonne, me répondit-il, peut-être demain trouverai-je le ton juste pour boucher ces blancs. Comprenez un peu, M. Vollard, si je mettais là quelque chose au hasard, je serais forcé de reprendre tout mon tableau en partant de cet endroit ! » Et cette perspective n'était pas sans me faire frémir.
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Un jour que j'y étais allé prendre un tableau — il faisait un temps exceptionnellement favorable à peindre — voilà qu'on entend sonner; c'était quelqu'un qui venait présenter ses souhaits de bonne année, et demandait s'il ne pourrait pas faire monter un ami resté en bas dans la
voiture...
— Pas à cette heure, répond Degas, mais à une heure et demie de l'après-midi, avant que je ne commence à travailler, ou quand il fait nuit!
Une fois l'autre parti :
— Moi aussi, monsieur Degas, je pourrai vous amener des personnes à ces heures-là ?
— Si vous voulez, Vollard.
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Pendant que les toiles montaient, montaient, et que la gloire naissante du douanier Rousseau incitait les amateurs à découvrir des peintres parmi ceux dont ce n'était pas le métier - un marchand de frites, un cordonnier - je vis quelques dénicheurs "miser" sur un nomme quelque chose comme Bambon, un petit marchande ferraille à la Foire aux Puces, qui s'était mis à faire de la peinture. Il vendait ses tableaux suivant leur taille, ce qu'il avait d'ailleurs en commun avec des peintres célèbres. Pour donner une idée de sa conscience professionnelle, un jour qu'un amateur était venu chez lui pour faire un choix parmi ses plus récentes toiles, Bambon, retirant du lot un tableau: - Sur celui-là, dit-il, je vous ferai un diminution. Je ne puis pas, honnêtement, vous le compter au même prix que les autres. Il n'est pas aussi frais, je l'ai peint il y a au moins deux ans.
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J'ai pu observer un curieux trait de caractère de M. Arthur Meyer. Etant allé le voir au Gaulois, je le trouvai un livre à la main. Au moment de me retirer, je m'informai du titre de l'ouvrage, pensant faire mon profit d'une lecture qui avait retenu l'attention d'un esprit aussi éclairé.
- C'est "L'Odyssée d'un transport torpillé", me dit-il, après avoir vérifié le titre du volume sur la couverture.
- Et quel en est l'auteur? lui demandai-je?
De nouveau, il consulta la couverture:
- L’œuvre est anonyme.
- Et le sujet du livre?
- Je l'ignore complètement. Vous comprenez, je pense trop. Quand je prend un livre, c'est pour ne plus penser; mais comme, en lisant, je ne puis malgré tout m'empêcher de penser, il en résulte que je ne sais pas ce que je lis.
- Tiens! remarquai-je, Xavier de Maistre a dit quelque chose dans ce genre...
- Ah! Xavier de Maistre a dit ça, lui aussi?
Et M. Arthur Meyer se rengorgea et caressa ses favoris.
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Lorsque les Baigneuses, que je considérais comme mon œuvre maîtresse, furent terminées, après trois années de tâtonnements et de recommencements, je les envoyai à une exposition chez Georges Petit (1886). Quelles « engueulades » je reçus ! Cette fois, tout le monde, Huysmans en tête, était d'accord pour décider que j'étais un homme à la mer ; quelques-uns même me traitaient de paresseux. Et Dieu sait combien je trimais !..
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Je regardais un nu commencé, sur le chevalet. « A vous entendre, monsieur Renoir, il n'y a que le noir d'ivoire qui compte, mais comment faire croire que c'est avec de la « boue » que vous avez peint de pareilles chairs!...
— Renoir. Sans me comparer à Delacroix... ce mot qu'on rapporte de lui : « Donnez-moi de « la boue, j'en ferai de la chair de femme ! »
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En 1895, l'Etat eut à se prononcer sur l'acceptation,pour le musée du Luxembourg, du legs Caillebotte. Entre autres tableaux, il y avait quelques Cézanne, notamment les Baigneurs, donnés jadis à Cabaner et que Caillebotte, à la mort de celui-ci, avait acquis pour la somme de 300 francs, prix énorme pour le temps. Mais Caillebotte ne regardait jamais au prix quand un tableau lui plaisait. Cézanne, en apprenant que ses « Baigneurs » iraient au Luxembourg, l'antichambre du Louvre, avait eu ce cri du cœur: " Maintenant j'em Bouguereau". Le mot fut répété et eut beaucoup de succès, sauf en haut lieu où on le jugea d'une suprême inconvenance. On décréta aussitôt que les Baigneurs n'entreraient pas au Luxembourg. Du même coup, on arrivait au résultat souhaité : ne plus entendre parler de ce legs qui, d'après la volonté du testateur, devait être accepté en totalité.
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