Ce n’est pas seulement que la plupart des gens avaient participé à la psychose antipluraliste de l’Allemagne nazie et accepté dans l’indifférence la mise à l’écart progressive, puis définitive des juifs. C’était surtout la facilité avec laquelle avait été accepté le vide qui en était résulté. Aujourd’hui je sais que c’est ce vide – les rues familières qui criaient désormais le meurtre de la famille, des amis et des voisins – qui poussa mes parents, avec des centaines d’autres de milliers de survivants, à fuir, à se choisir un nouveau pays, là où poussent les orangers et les oliviers, dans l’aveuglante blancheur du soleil