Citations de Amy Stewart (44)
Les pantalons, c’est pour les garçons,
Et pas pour les filles !
Les filles, c’est pour les garçons,
Et pas pour les pantalons !
— Les sœurs Kopp ont besoin de trouver soit un emploi soit un mari, et très rapidement, précisai-je.
— Qui a dit cela ?
— Notre compte en banque !
[...]
— Mais ne m’envoyez pas de prétendants, s’il vous plaît, lançai-je à l’intention du shérif. Je compte explorer la première piste en priorité !
[...]Norma nous faisait la lecture du journal tandis que nous roulions.
— « Un pantalon provoque la mort d’un homme ! »
— Ce n’est pas possible, ça ne dit pas ça ! protesta Fleurette.
[...]
— Si ! persista Norma. C’est un charretier qui avait l’habitude de suspendre son pantalon au-dessus du réchaud à gaz pendant la nuit mais, comme il était sous l’influence de l’alcool ce soir-là, il n’a pas remarqué que le tissu avait étouffé la flamme.
— Alors c’est le gaz qui l’a tué, pas le pantalon !
Nos ennuis commencèrent à l'été 1914, l'année de mes trente-cinq ans. L'archiduc d'Autriche venait tout juste d'être assassiné, les Mexicains se révoltaient et, chez nous, à la ferme, il ne se passait absolument rien, ce qui explique pourquoi nous étions trois à nous rendre à Paterson pour aller faire des courses dénuées d'intérêt. Jamais on n'avait réuni plus large comité pour prendre une décision sur l'achat de poudre de moutarde et sur le remplacement d'un marteau à panne fendue dont le manche s'était scindé en deux pour cause de vétusté ou de mauvaise utilisation.
Lorsqu'il m'embrassait, il fermait les yeux comme un homme en prière.
— Désolé, madame, les femmes de policiers ne voyagent pas gratuitement.
Constance toisa de toute sa hauteur le conducteur du tramway.
— C’est un insigne de shérif, rétorqua-t-elle. Et il est à moi. Vous êtes nouveau sur cette ligne, n’est-ce pas ?
— Je connais le règlement. Les transports gratuits sont réservés aux agents assermentés, pas aux épouses, ni aux sténographes ou autres.
Constance ne se sentait pas d’humeur à argumenter. Dégageant les pans de son manteau, elle présenta son arme et ses menottes au conducteur, qui eut un mouvement de recul.
— Madame, c’est vraiment vous donner beaucoup de mal pour ne pas payer votre billet ! Vous feriez mieux de rendre tout ça à qui de droit avant qu’il n’arrive malheur à quelqu’un.
— C’est à vous qu’il va arriver malheur si vous continuez à ne pas comprendre ce qu’est un insigne d’adjointe au shérif !
Un miroir accroché en face de moi me renvoya mon image et je sursautai en me reconnaissant : avec mon chapeau de feutre gris à voilette et mon tailleur de voyage bleu marine, je ressemblais à une dame patronnesse assistant à un après-midi musical.
Lorsque je m'autorisais à réfléchir sur la brièveté du temps qu'il me restait à vivre et à l'inanité qu'il y avait à le consacrer à la cuisine, au bricolage et au jardinage, cela me faisait si peur que j'en avais le souffle coupé.
- Oh, mademoiselle, j'ai l'impression que vous êtes venue chercher des ennuis .... Mais est-ce bien vous qui les avez cherchés, ou est-ce que ce sont eux qui sont venus vers vous ?(...)
- Ma foi, je ne sais pas... ce sont plutôt eux qui sont venus à moi .
- Eh bien, renvoyez-les ! s'exclama t-il (...) .
— Si elle travaille pour vous, pourquoi est-ce que vous l’appelez Miss Kopp, et pas adjoint Kopp ? interrogea Reinhold tandis que nous nous dirigions à grands pas vers l’appartement.
— Parce que les adjoints suivent les ordres que leur donne leur shérif. C’est la raison d’être d’un adjoint. Les gens qui n’écoutent pas ce que dit le shérif, on les appelle plus communément…
Il s’interrompit, le temps de nous faire traverser un carrefour compliqué dans la Vingt-troisième Rue, et Reinhold en profita pour lancer une suggestion :
— Des délinquants ?
Le shérif Heath eut un petit sourire.
— Merci, Mr. Dietz. C’est exactement ça. Des délinquants.
La même chose valait pour la population masculine : on remarquait toujours une chute de la criminalité en janvier et février, quand le temps était trop désagréable pour que l'on se donnât la peine de voler un cheval ou de poignarder son voisin de comptoir dans un bar.
Norma et fleurette semblaient tenir la pose, comme si elles servaient de modèle pour un tableau. " Soeurs attendant d'être secourues " : tel aurait pu en être le titre .
Mrs Heath dégageait une sorte de fragilité aristocratique qui évoquait un tissu trop fin pour être touché.
Elle avait une silhouette frêle, les épaules étroites et les cheveux couleur du thé à peine infusé. Ses lunettes à monture de cuivre évoquaient le mécanisme d'une grande horloge. Tout chez elle semblait très vertical et remonté à bloc .
Les adjoints le savaient, seuls les hommes sanglotaient assez bruyamment pour être entendus de toute la prison. Les femmes , elles, pratiquaient plutôt l'art de pleurer en silence jusqu'à l'endormissement.
Tromperie et dissimulation constituaient la grande spécialité de ma mère . Elle s'inventait de nouvelles dates de naissance chaque fois que ça l'arrangeait de mentir sur son âge . (...) Elle ne possédait ni carte d'identité ni acte de mariage, ni aucun certificat de naissance pour ses enfants ayant accouché chez elle sans en souffler mot aux administrations . Elle avait une sainte horreur des médecins, des percepteurs des impôts, des employés du recensement , des inspecteurs quels qui fussent, des journalistes et de la police . Surtout de la police .
Si la menace était un enlèvement , elle concernait dans la plupart des cas des jeunes filles plutôt jolies promises à la traite des blanches . Une perspective de nature à pousser n'importe quel père à réunir la somme exigée, malgré les instances de la police qui recommandait de n'en rien faire . Les chefs de famille étaient tout disposés à payer mille dollars si cela leur évitait de vivre dans la crainte que leur enfant tombe entre les mains d'un proxénète .
(...) après avoir été l'objet de telles menaces , les jeunes filles se retrouvaient souvent fiancées, puis très vite mariées . C'était en général un associé du père que l'on pressait de rendre ce service . Une fois sous la responsabilité du mari, la fille ne courait plus de risques, se félicitait le père . Les hommes ont leurs limites ...
Maman n'ouvrait jamais la porte aux étrangers . Pendant que nous travaillions à nos ouvrages de couture, elle nous lisait à Norma et à moi, des histoires graveleuses avec l'espoir, je suppose ,que, point après point, ces récits choquants nous feraient comprendre les dangers que pouvaient apporter quelques coups à la porte . Je ne puis regarder les ouvrages de broderie de mon enfance sans me remémorer le sort indigne de Laura Smith, dix-sept ans, enlevée au foyer familial par l'épicier du coin et déshonorée par lui, ou de l'infortunée Lena Luefschuetz, treize ans, retrouvée morte pour des motifs liés à ses" compagnons indésirables". Une jeune fille nommée Amélia, avait par ailleurs été arrêtée par la police pour s'être " hasardée dans un couloir avec un Italien " (...).
- "Arme Amelia , so weit weg von ihrer Familie"! murmurait maman pour elle-même .
Amélia avait toujours une place dans ses prières .
Il y aura toujours plus de hors-la-loi que de flics. Nous ne sommes pas ceux qui gagnent à la fin. Vous le savez n'est-ce pas ?
[ Des jeunes filles ] demeuraient recluses des mois durant, voire des années, pour des délits qui n'allaient pas plus loin qu'être sorties sans permission ou avoir eu un petit ami peu fréquentable.
Constance ne pouvait s'empêcher de constater que ces "petits amis peu fréquentables" n'étaient, qu'en à eux , jamais inquiétés pour leur participation au délit en question.