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Critiques de Anaïs Barbeau-Lavalette (185)
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La femme qui fuit

Voici un livre fascinant, déchirant, émouvant, beau et cruel qui raconte d'une manière directe, sans fard, à la deuxième personne , à la fois brutale et intime , le destin d'une femme hors norme, explosive, tourmentée .....qui abandonna ses enfants.....pour suivre radicalement sa voie !

Artiste passionnée , à la recherche d'elle même, sensuelle, tactile....fugitive, Suzanne assoiffée de liberté :poète , peintre, amoureuse, militante, Errante, part toujours, ne veut pas prendre racine, n'aime pas ce qui est" fixe,"cherche à aller toujours plus loin, ressent un furieux et sauvage besoin de libération, ne laisse pas de traces........



L'écriture forte, directe, envoûtante, , faite de chapitres courts mais intenses vous happe et vous transporte dans le Québec des années 40 où les artistes muselés respiraient peu au sein du mouvement des Artisans du Refus Global !

C'est aussi l'histoire d'une femme Anais -Barbeau- Lavalette qui parle à sa grand- mère qu'elle n'a pas connue comme si elle voulait effacer la douleur de sa propre mère , blessée à jamais .......

Une oeuvre originale , puissante, remarquable qui revisite avec talent , finesse, subtilité, douleur, les liens familiaux, la création, la liberté, la maternité, l'abandon , la tristesse , le déchirement .....



Un coup de coeur pour un ouvrage qui raconte notre histoire à "nous les femmes" et que chacune pourrait ou devrait lire entre fiction et réalité historique !

Mais je ne suis pas Canadienne !





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Femme forêt

Cela ne t’a probablement pas échappé, mais il y a quelques mois, une nouvelle ère à démarrer, celle d’un virus et d’une pandémie. Oublions donc tout ça, pendant quelques minutes, pendant quelques pages. Pourtant, nous y sommes en pleine pandémie, confinés chez soi. Mais au lieu d’un appartement, de la rue Sherbrooke ou d’ailleurs de Montréal, je me retrouve en pleine forêt. Et là, j’oublie tout, même ce maudit virus et je plonge les yeux fermés, le cœur ouvert dans la poésie de la nature. Calisse que c’est beau…



C’est dans une maison bleue, genre adossée à la forêt, genre on y vient à pied parce que le char y démarre plus, genre on ne frappe pas parce que là-bas, l’âme fraternelle a encore de beau jour devant elle comme de belles nuits boréales. On se retrouve ensemble à 5 heures du soir, lorsque les lucioles commencent à illuminer l’orée de la forêt. Un endroit magique, au milieu des loups, des ours et des loutres. Oublie le mode trappeur, tu es là pour observer, la chemise à carreaux et aux manches retroussées, couper du bois, pelleter la neige, lire et boire du rhum ou du caribou. Crisse que c’est bon. Lire et boire…



C’est dans cette maison bleue qu’Anaïs a vécu une partie de son enfance, ses vacances avec ses grands-parents, avec ses parents. La nostalgie refait surface, avec les souvenirs, une petite goutte de larme autour des yeux. L’émotion au milieu des érables, le sirop d’érable qui coule sur son corps (bon, là, ce n’est peut-être pas écrit en toute phrase, j’invente, j’extrapole, je fantasme, les enfants allez vous coucher, sur la voix de Leonard Cohen).



Bon, je te l’accorde, les petites bibittes ou les grosses bébêtes, ça effraie un peu quand on vient de la ville. Au début du moins. Après on s’y fait, au chant des grenouilles ou au hurlement des loups. On apprend, on partage leurs vies, la vie de la Nature. On vit avec elle et on travaille la terre, comme dans un autre siècle, on découvre Henry David Thoreau, et le plaisir de semer ses plants, de récolter son travail. Car tout travail n’est pas que mathématiques ou grammatical, les enfants apprennent différemment, laissant de côté les équations et se concentrant sur les baies et les champignons. Un autre apprentissage, celui du regard, celui de l’odorat, celui du toucher (viens que je te caresse ce triangle de mousse sur ton écorce). Et ainsi on oublie le stress au quotidien de côtoyer un tabarnak de virus. Et ainsi on devient fougère, on devient arbre, on devient forêt.



Un roman LUMINEUX !
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Femme forêt

Une femme et sa famille réfugiées dans la nature pendant la pandémie. La forêt est très importante pour elle, car c’est son truc pour affronter le stress : prendre conscience que tu es un arbre et que tes racines sont solides.



En page liminaire, elle nous prévient par cette citation de Romain Gary : « Ne dis pas forcément les choses comme elles se sont passées, mais transforme-les en légendes. » On sait donc qu’il s’agit d’un mélange de réalité et de fiction.



Elle partage la petite maison bleue avec un couple d’amis et leurs enfants : neuf personnes à vivre ensemble. Les adultes font la classe à tout de rôle, les enfants défont le ménage aussitôt qu’il est fait, c’est l’atmosphère étrange de ces années 20 où il faut réinventer les façons de vivre. On peut semer les graines d’un potager et même acheter un poulailler et quelques poules.



Mais parfois elle étouffe dans cette maison trop remplie. Heureusement qu’elle a des livres pour la réconforter. Elle raconte aussi des voisins, des êtres singuliers avec lesquels elle noue des liens.



C’est aussi l’histoire de la forêt où elle a joué enfant et où ses enfants s’amusent aujourd’hui, un boisé dont elle apprend à connaître les habitants, à nommer les pins, les épinettes et les cèdres, les asclépiades et le mélilot.



Des moments d’émotions et une écriture magnifique, mais je crois que j’apprécierai davantage ce livre lorsque j’aurai pris de la distance face à cette tourmente pandémique serai loin, le sujet est encore trop vif pour moi.
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La femme qui fuit

La femme aux semelles de vent.



Grâce à ce livre d’Anaïs Barbeau-Lavalette mêlant fiction et éléments biographiques, j’ai fait la connaissance d’une femme fascinante, Suzanne Meloche.

Poétesse et peintre dans la lignée du mouvement automatiste québécois de Paul-Emile Borduas, elle est l’auteure des « Aurores fulminantes », poème saturnien aux couleurs surréalistes .

Suzanne Meloche est aussi une femme mystérieuse et insaisissable, difficile à cerner ayant confié ses deux enfants Mousse et François en bas âge à de la famille par peur de la misère . Un état transitoire qui devient un abandon car Suzanne Meloche refusera jusqu’à sa mort de parler à sa fille et à ses petits enfants malgré leurs tentatives de renouer avec elle.



« Tes poèmes dorment au font de tes poches. Mousse bave dans ton cou .Tu avales la vie des autres et ne sais pas comment construire la tienne ».



Il y a de l’amour pourtant, sûrement. Alors pourquoi ?

Lancinante question que je me suis posée en lisant ce beau texte touchant en forme de lettre adressée par l’auteure à sa grand-mère défunte.



Anaïs Barbeau-Lavallette utilise le tu, va à la rencontre de celle-ci par le biais des documents laissés à sa mort, des photos, des billets de transports (Suzanne voyageait beaucoup entre l’Europe, les Etats-Unis, Montréal et sa terre natale d’Ottawa jusqu’à la Gaspésie) et des témoignages précieux recueillis avec l’aide d’une détective privée.

C’est aussi l’occasion d’approcher l’histoire du Québec des années 1940 jusqu’au début du 21ième siècle, de s’intéresser au manifeste artistique du refus global en 1948 et de ses implications dans la société québécoise.

Les pièces s’assemblent, le portrait d’une femme engagée et insoumise laisse enfin une empreinte, des mots. Le texte est la renaissance d’une femme portant sur ses épaules le poids de soumission de la lignée maternelle qui pour s’en échapper ne voyait que la fuite.

Mais ne peut-on pas être libre ensemble ? Conjuguer le je avec le nous, un vaste défi.



J’ai ressenti de l’affection dans les mots dédiés à une grand-mère et une grande empathie envers toutes les femmes qui subissent le poids des aliénations domestiques ou religieuses.



C'est une lettre profondément touchante.

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La femme qui fuit

À la mort de sa grand-mère, qu'elle n'aura vu que trois fois dans sa vie, Anaïs Barbeau-Lavalette s'interroge sur cette femme insaisissable, inconnue, fuyante, intrigante, presque détestée. En vidant son appartement, elle tombe sur des photos, des lettres, des coupures de journaux. Pour essayer de la rattraper avant que celle-ci ne lui échappe complètement, l'auteure fait appel à une détective privée. Ainsi en apprendra-t-elle davantage sur elle. Sur sa vie, son mari, ses enfants, sa poésie, sa peinture, sa révolte...



Dans une longue lettre qu'elle lui adresse directement, l'auteure tente de dépeindre la vie de sa grand-mère, Suzanne Meloche. En de courts chapitres, Suzanne se dessine peu à peu. Artiste dans l'âme, ayant côtoyé Paul-Émile Borduas (auteur du refus Global), Claude Gauvreau, Jean Paul Riopelle, Muriel Guilbault ou encore Marcel Barbeau (avec qui elle se mariera et aura deux enfants, François et Manon, surnommée Mousse), Suzanne nous apparaît comme une femme libre et libérée, frivole, vivante, rebelle. Désireuse de vivre, penser, agir comme elle l'entend, elle ira jusqu'à abandonner ses deux enfants, quitter le Canada, changer de métier.

L'on peine, malgré tout, à s'attacher à cette femme nous apparaissant finalement peu sympathique et empathique, parfois égoïste malgré sa vie exceptionnelle. Avec ce récit, Anaïs Barbeau-Lavalette ne la juge jamais malgré la douleur infligée à sa propre mère, ne s'apitoie pas. Et ne l'excuse pas pour autant. Ses mots en sont d'autant plus puissants et certainement salutaires.
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Je voudrais qu'on m'efface

Qu'ils s'appellent Roxane, Mélissa ou Kevin, qu'ils aient à peine douze ans, qu'ils vivent dans un quartier populaire, qu'ils habitent dans un « bloc » d'appartements, Hochelga-Maisonneuve…



Ils se croisent à peine mais grandissent plus vite face à l'adversité de la vie. Ils essayent surtout de survivre, tout en gardant une part de rêve dans un recoin de leur tête. L'espoir qu'un jour leur père ou leur mère reviendront à la réalité, celle qui consiste à former une famille, aussi petite soit-elle, à retrouver de l'amour et de la complicité même dans et sous les coups durs.



Le tableau dans ce coin de Montréal ne fait pas dans le rose-bonbon. Entre un père « catcheur » loseur et vieillissant qui perd son job au garage, une mère alcoolique qui se fait tabasser par son chum et une autre qui a totalement délaissé sa fille et arpente le trottoir des putes de jour comme de nuit, même par avis de tempêtes… Bref, je suis dans la chronique sociale qui ne respire pas le grand bonheur ni même l'éclat' joviale.



Des coups. de poings.

Des coups, des bleus. Bleus à l'âme.

Des coups, battement de coeur.

Coup au coeur et coup de coeur, pour cette histoire si forte et si émouvante



Une très belle leçon de courage, une magnifique « fable » humaine, les violons de Chostakovich et la neige qui s'envolent, le regard porté vers la fenêtre, au-delà du blizzard. Fuck le blizzard, la vie à douze ans, le frette, les coups qu'on voudrait effacer et mes tripes remuées, bouleversées, chavirées. du roman mêlé pur laine et sirop d'érable qu'on n'oublie pas, des images qui se gravent en mémoire, même après une bouteille de vin et une autre de whisky achetées avec le chèque des allocs au dépanneur du coin de la rue, celui où sur la bouche d'égout survit un couple de SDF ramassant les mégots de la vie qu'on veut bien leur laisser.
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La femme qui fuit

̈Régler ses comptes et trouver la juste distance pour que le parler vrai reste ouvert,et que puisse s'y inscrire, progressivement , le visage de l'absente et sa part de liberté.



Jusqu'à ce que le "tu" blessé et meurtri devienne un "tu" empathique et fraternel. Et que se renoue au-delà de la mort, le lien fort et fragile de la filiation.



C'est le pari -réussi- d'Anaïs Barbeau-Lavalette qui, dans un roman très documenté, - elle a même mis une détective privée sur ses traces- écrit une longue lettre à la grand'mère qui les a abandonnees, elle et surtout sa mère, retrouvant ou imaginant les étapes de sa vie dans le Quebec rétrograde de Duplessis, secoué par les ruades de " Refus Global" , mouvement automatiste et artistique contestataire où s'illustrèrent Claude Gauvreau le dramaturge, Muriel Guibault la comédienne, Jean- Paul Riopelle et Marcel Barbeau les peintres, et Paul-Emile Borduas, leur maître à tous.



Tout cela sans recourir au pathos de l'autobiographie- tu nous as abandonnées, ma mère et moi, vois nos blessures- , ni aux ficelles usées de la biographie d'une "scandaleuse" - elle abandonne ses enfants et mène une vie dépravée au sein de la bohème artistique quebecquoise puis new yorkaise.



La "femme qui fuit" s'appelle Suzanne Meloche. Elle a été la femme de Marcel Barbeau, en a eu deux enfants, qu'elle abandonne, elle-même abandonnée à Montréal par son compagnon. Elle part tenter sa chance et tente de trouver sa place jusque dans les bus de l'integration affrontant le Ku-Klux-Klan. Elle va peindre, écrire, aimer, des hommes, une femme. Mais jamais trouver le repos ni la reconnaissance.



Plus qu'une fuite, j'ai vu dans ce livre puissant, charnel et intense, une quête inlassable de soi. Souvent âpre, jamais contentée, toujours déchirée. Celle d'une femme en avance sur son temps, lancée dans l'aventure de la liberté comme la petite chèvre de Monsieur Séguin dans la montagne!



La langue de l'auteure a la verdeur, la fraîcheur et l'originalité de bien des romanciers québécois :elle est la digne petite-fille de Suzanne, la poétesse des "Aurores Fulminantes"! Sincère sans être mièvre, poétique sans être empruntée, lumineuse sans être éthérée.



Suzanne et Anaïs ont entre elles plus qu'une filiation: un langage, une entente, et la plus jeune offre à l'autre la place qu'elle a vainement cherchée.



Elle lui permet d'être "libre ensemble", selon sa belle formule.

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La femme qui fuit

Une femme rebelle que cherche à comprendre sa petite-fille, un texte magnifique.



Je me méfie souvent des auteurs dont j’ai beaucoup entendu parler, surtout lorsque comme ici, il sera question de personnages qui ont une certaine célébrité, car enfin, on parle beaucoup dans la presse « pipole » sans que j’aie vraiment envie d’en lire les histoires…



Mais, sceptique, j’ai été confondue, j’ai été totalement conquise par le roman biographique d’Anaïs Barbeau-Lavallette qui parle à sa grand-mère et raconte au « tu » la vie de cette artiste, de cette femme tourmentée qui sacrifie sa famille et ses amours pour être libre.



C’est le Québec des années quarante où la liberté d’expression est soigneusement encadrée par l’état, avec des livres à l’index et des artistes qui perdent leur emploi ou sont exclus des musées pour avoir osé signer un texte qui remettait en question la docilité du peuple.



L’écriture est belle et l’histoire est touchante. Mais l’auteur ne fait pas de cette femme une héroïne, elle nous en montre les faiblesses et les questionnements aussi bien que les moments de génie.



Une triste histoire, celle d’une femme qui n’a jamais su « être libre ensemble… »

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La femme qui fuit

J'ai du mal à me positionner vis-à-vis de ce roman, l'écriture est agressive, les phrases courtes, sans fioriture ni rondeur, rébarbative en somme ! Je me suis habituée pour pouvoir le finir parce que c'est un cadeau d'une amie québécoise.



Anaïs Barbeau-Lavalette présente la vie de sa grand-mère, qu'elle n'a vu que 3 fois et qui dans les années 40 a fui son mari et mis ses enfants en nourrice parce que pour elle l'herbe était plus verte ailleurs !



Elle va s'immiscer dans un groupe d'artistes peintres et écrivains appartenant au Mouvement automatiste québécois”. Ils rejettent la société régie par les anglais et maintenue sous le joug de l'église ! Ils rédigent le manifeste du Refus global qui les mettra à l'index de la société !



Sans jamais se trouver et en fuyant souvent Suzanne Méloche va écrire des poèmes et peindre.



“Première femme à se livrer à une écriture automatiste, à des recherches phonétiques non éloignées de celles de Gauveau” - François-Marc Gagnon dans Chroniques du mouvement automatiste québécois.



Et pour tout dire je suis restée hermétique à Suzanne et à son art, j'ai eu de la peine pour ses deux enfants et plus particulièrement son fils qui jamais ne trouvera d'équilibre ! Je ne prends pas le parti de la critiquer, chacun est maître de ses choix et de ses peurs !



Challenge ATOUT PRIX 2021

Pioche mai 2021

Lecture THEMATIQUE mai 2021 : Littérature étrangère
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La femme qui fuit

"Tu désertes encore. À couper ainsi les liens, tu te saigneras vivante."



"La femme qui fuit" m'a fait pleurer. C'est l'histoire troublante et vraie de Suzanne Meloche, née en Ontario en 1926, puis racontée à la deuxième personne par sa petite-fille (l'auteure), elle qui a rencontré sa grand-mère tout au plus trois fois dans sa vie. Anaïs, perturbée par la douleur d'un abandon précoce subie par sa propre mère Mousse, tente de comprendre comment un individu peut préférer une vie de bohème à une solide vie de famille. Comment une mère peut-elle simplement faire le choix d'abondonner ses enfants pour se réaliser ?



"Tu entres sans t'excuser d'être là. le pas sûr. Même si ça fait 27 ans que tu n'as pas vu ma mère.

Même s'il y a 27 ans, tu t'es sauvée. La laissant là, en équilibre sur ses trois ans, le souvenir de tes jupes accroché au bout de ses doigts.

Tu t'avances d'un pas posé. Ma mère a les joues rouges. Elle est la plus belle du monde.

Comment as-tu pu t'en passer ?

Comment as-tu fait pour ne pas mourir à l'idée de rater ses comptines, ses menteries de petite fille, ses dents qui branlent, ses fautes d'orthographe, ses lacets attachés toute seule, puis ses vertiges amoureux, ses ongles vernis, puis rongés, ses premiers rhums and coke ?

Où est-ce que tu t'es cachée pour ne pas y penser ?"



Dès l'enfance, Suzanne a tout un caractère. Issue d'une famille nombreuse et dévote, elle grandit pourtant en marge, avec des idéaux bien à elle. À la fois poétesse et peintre dans l'âme, c'est à Montréal qu'elle fera la rencontre de Paul-Émile Borduas, des Riopelle, de Marcel Barbeau et co., cercle d'artistes, auteurs et libres penseurs. C'est avec eux qu'elle s'épanouira vraiment et tracera son chemin. À travers l'histoire de Suzanne, on y découvre des tranches de celle du Québec; questions politiques, religieuses, linguistiques et artistiques des années 1945 à 1970.



Émancipée bien avant son temps, Suzanne refuse toute forme de conformisme et n'aspire qu'à la liberté. C'est une femme bouillonnante, effrontée, talentueuse, qui croque la vie à belles dents et suit ses instincts, ses passions les plus folles, peu importe où ceux-ci la mènent, du moment qu'elle avance. C'est une femme qui a soif d'être vue, entendue, d'attirer l'attention, de déstabiliser, de sortir du lot. Incapable de s'ancrer quelque part ni de s'attacher à quelqu'un bien longtemps, elle fait ce qu'elle veut, quand elle le veut, tirant profit du meilleur, se laissant porter au gré du vent, quitte à tout sacrifier. C'est une rêveuse, une militante, pour qui la routine n'est pas une option. Terrifiée à l'idée de s'engluer dans la normalité, s'asphyxier dans sa propre vie, Suzanne, à qui répugne tout ce qui est ordinaire, fait le choix de fuir...



"La femme qui fuit" raconte beaucoup en peu de mots. Les phrases et chapitres courts suffisent à faire passer le message. le style est péremptoire et pourrait rebuter dans un autre contexte mais ici cela colle parfaitement aux sentiments qui se dégagent du texte. le ton de l'histoire, racontée au "tu", s'entend parfois accusateur, souvent amer (et on peut le comprendre !); parfois il ne fait que relater avec distance comment Suzanne a vécu - selon les recherches approfondies menées par une détective privée. Dès le départ j'ai été ensorcelée par la magnifique cascade de mots, une poésie parfois sans pitié mais tellement poignante.



C'est un livre que j'ai adoré parce qu'il m'a remuée au plus profond de moi-même. L'abandon d'enfants n'est certes pas un sujet facile ni plaisant à aborder et j'ai eu beaucoup de peine pour ceux de Suzanne, marqués à jamais.



Je ne peux que recommander "La femme qui fuit", femme qui aura malgré tout laissé des traces positives, malheureusement peut-être pas assez avec les personnes qu'il aurait fallu...



CHALLENGE PLUMES FÉMININES
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La femme qui fuit

Je ne comprends pas le décalage qu'il y a entre mon ressenti et celui des autres lecteurs qui, à l'unanimité ,ont adoré ce roman. Je n'ai pas été emportée par cette histoire que j'ai lue avec une certaine distance.

Je n'ai que très rarement été en empathie. Seuls le début et la fin m'ont véritablement touchée.

Suzanne est une femme avant-gardiste, elle aime et recherche la liberté ce qui la conduira à abandonner ses deux enfants, dont la mère de la narratrice, pour vivre sa liberté.

Elle ne cessera de changer d'endroits, de métiers, aura diverses relations afin de ne jamais "prendre racine".

Ce roman est intéressant, il aborde les thèmes de la liberté, de l'abandon, de l'engagement, des liens, de l'art et il nous incite à nous documenter sur le surréalisme québécois, le manifeste "refus global" , l'autoomatisme . Toutefois, il n'a pas réussi à me toucher au plus profond de moi comme visiblement les autres lecteurs.

M'interrogeant sur mon manque de sensibilité, j'ai voulu en savoir un peu plus, et j'ai écouté l'auteur Anaïs Barbeau-Lavalette parler de son livre et là, oui, j'ai eu une grande sympathie pour elle et été touchée par ses paroles. Alors, est-ce l'écriture qui ne m'a pas convaincue ?
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La femme qui fuit

Pas d'apitoiement, pas de larmoiement mais plutôt un ton toujours juste, toujours vrai , pour nous parler de cette grand mère que l'auteur n' a pas connue, pour nous parler de cette "femme qui fuit": la mère de sa mère. Un style qui pourrait être repoussant mais au contraire qui nous happe totalement. Ces phrases courtes, ce rythme, ces mots, ce récit nous envoutent et on ne peut plus lâcher cette lecture.

L'auteur s'adresse toujours à sa grand-mère assoiffée de liberté, jamais contentée, abandonnant ses enfants et son mari pour...oui pour quoi ?

Anaîs Barbeau Lavalette nous parle de la douleur de sa mère , de ce trou au coeur et à l'âme qui jamais ne se refermera . Une vie dans l'attente d'une mère. Mais l'auteur nous parle aussi des femmes artistes à une époque où celles-ci devaient rester dans leur cuisine. Suzanne Meloche, qui deviendra Suzanne Barbeau, poète, peintre, amoureuse, militante passera sa vie à chercher, à toujours aller plus loin sans jamais se retourner et à la suivre ainsi, l'auteur nous parle d'une époque.Tout un pan de l'histoire du Québec nous est décrit. On traverse la crise, la guerre, on vit avec les artisans du Refus Global ne pouvant accepter une société vivant dans le passé; on fréquente les ateliers de peintres tels Riopelle, Borduas, Pollock; on est invité aux soirées enfumées pleines des mots et des rêves de Gauvreau et autres poètes; on subit Duplessis, sa noirceur et sa répression. C'est une époque où tout vibre, où tout est à construire au Québec. Et toujours cette femme qui veut à tout prix laisser une marque, participer à l'histoire, sans savoir comment.

Anaïs Barbeau Lavalette n'hésite pas à nous faire entrer dans l'intimité de cette femme , dans celle de sa mère, dans la sienne et tout au long de cette excursion, elle nous tient la main.

Un coup au coeur et un coup de coeur. Merci Anaïs Barbeau-Lavalette.
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Femme fleuve

Roman de nature et de désir féminin.



L’histoire d’une autrice qui se retire sur une île du fleuve pour écrire, loin de la vie quotidienne, sans sa petite fille et sans son amoureux, dans la solitude. Le contact avec la nature nourrit sa poésie. Mais la rencontre avec un homme qui peint sur la plage va changer ses plans. Peut-elle aimer ce peintre et continuer à aimer celui qui l’attend à la maison?



Une histoire de nature et de rencontres charnelles, mais aussi une réflexion sur l’amour et le désir des femmes. Et sur celles qui osent…



Et l’écriture magnifique, comme l’eau du fleuve, continuera de couler…

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La femme qui fuit

Ce livre est un brûlot ! C'est en tout cas ce que j'ai ressenti à sa lecture, tant j'ai eu besoin, à certains moments de faire une pause. Son personnage central, Suzanne poète et peintre québécoise est une une femme rebelle, transgressive, en fuite perpétuelle et c'est aussi la grand-mère de la narratrice. Et grâce au talent de cette dernière, j'ai été happée par l'histoire de Suzanne. Au fil de chapitres courts, de phrases nerveuses à l'écriture tantôt rude : "Mais dans ta bouche le goût de merde et de vies écorchées s'accroche" tantôt imagée :" il sait dans quels mots il marche" elle nous permet de suivre sans la lâcher, l'histoire tragique de cette femme hors du commun.

Sans doute l'emploi du "tu" qui scande tout le récit y est-il aussi pour beaucoup car il maintient constamment un dialogue tendu entre la narratrice, le lecteur et Suzanne. On sent fortement chez Anaïs Bardeau la volonté de tout dire en ne cachant rien des faits et gestes de cette grand-mère iconoclaste, même lorsqu'il s'agit des épisodes les plus terribles de sa vie :"Ce matin-là, sur un chemin de terre sans fin, tu lui passes la corde au coeur, tu lacères ce qui la relie au monde" écrit-elle en évoquant l'abandon de Mousse, la fille de Suzanne et sa propre mère. Mais l'on n'est jamais complètement dans le réquisitoire car elle sait également nous faire admirablement ressentir les déchirements auxquels Suzanne a été confrontés et qu'elle a déversés dans la peinture : "Tu largues ton saccage intérieur sur de la toile, tu suis le métronome anarchique de tes tripes qui là seulement se dénouent."

Ce qui est fascinant, est que sous la plume de l'auteur, Suzanne devient une héroïne tragique cernée pas la mort -celles qui vont jalonner son chemin de vie ; Muriel, Claude, Gary - et condamnée à une extrême solitude dont elle est en partie responsable tant elle a passé son temps à rompre les amarres mêmes celles auxquelles elle tenait le plus : "Tu attends l'autobus. Dévidée. Lestée. Seule au milieu des rafales."

Ce récit sous tension ne nous épargne rien des errances de Suzanne qui va vivre une partie de son existence allant d'une ville à l'autre, d'un amant à un autre. Il ne nous cache pas non plus ces moments de vie où elle va se perdre dans le sexe, l'alcool, la violence et dont elle aurait pu ne pas sortir indemne. Cela donne lieu à des scènes à la tonalité à la fois épique et fantasmagoriques comme celle de Harlem en feu, ou celle de l'attaque d'un autobus d'antiracistes par des membres du KKK.

La fin du récit va decrescendo et les derniers chapitres consacrés à la fin de vie de Suzanne marquent un apaisement. Pas seulement dans les faits - elle va sortir de la folie grâce à la pratique du zen - mais aussi dans la relation de la narratrice avec sa grand-mère. Le " tu" va se conjuguer avec le on et le je. Et la narratrice, dans une dernière page que je trouve très émouvante, va inscrire son aïeule dans son histoire familiale tourmentée en même temps qu'elle devient mère.

La boucle est bouclée....

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La femme qui fuit

J'ai vraiment dévoré ce livre... il se lit tellement bien et le propos est tellement intéressant, pour peu qu'on s'intéresse un tant soit peu à l'histoire du Québec... Parce qu'en plus de nous livrer une histoire personnelle sur l'éternelle fuite de sa grand-mère maternelle, ce livre nous livre également cette histoire comme témoin d'un pan de l'Histoire... Nous avons la chance de côtoyer Borduas, les Riopelle, Marcelle Ferron, Barbeau, et d'autres grands, signataires du Refus Global... Ces hommes et femmes qui se sont posés en contestation des règles, des normes, de Duplessi et sa grande noirceur... Mais également des hommes et des femmes qui, a force de contestation, ont laissé de côté l'essentiel... leur mari, leur femme, leurs familles, mais surtout, leurs enfants... L'histoire de Suzanne Meloche n'y fait pas exception, et en est même l'incarnation... Dans son désir d'émancipation et dans sa fuite perpétuelle vers elle ne saura jamais où, elle a brisé l'enfance de Mousse, sa fille et de François, son fils...



Une histoire émouvante. Sur le vide laissé par une mère en fuite, que la fille devra combler. Une écriture direct, sans détour, mais à fleur de peau... Qui accuse, mais cherche tout de même à comprendre. Le désir fou de réparer, pour toujours, le trou laissé au ventre de sa mère par l'absence de la sienne. Un témoignage d'amour et de haine, de paix et de colère... Vraiment un texte à lire...
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La femme qui fuit

Je referme ce superbe roman, l'auteur dans un style, une force d'écriture envoutante, directe, nous conte l'histoire de sa grand-mère qu'elle n'a pas connue, une grand-mère artiste, une grand-mère amoureuse, une grand-mère contestataire, une grand-mère abandonnant ses enfants.

Un magnifique portrait d'une femme qui toute sa vie n'a pas voulu se poser, revenir sur ses pas en faisant des choix irréversibles pour étancher sa soif de liberté.

Je remercie cette libraire de Montréal qui m'a conseillé ce roman bouleversant, puissant, remarquable et n'a pas eu un grand écho en France.

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Je voudrais qu'on m'efface

Un tout petit roman, mais bien lourd de la triste vie des enfants de la misère sociale.



Quand ta mère fait la pute au coin de la rue et qu’à douze ans tu dois te débrouiller seule et prendre soin de tes petits frères…



Quand ton père héros de lutte (catch) se fait humilier sur le ring, qu’il déprime parce que ta mère est partie et qu’il a perdu sa job…



Quand ta mère boit et se fait taper par son nouveau conjoint pendant que ton père tente désespérément de se libérer de l’alcool…



Quand à l’école, on se moque de toi parce que tu es dans une classe spéciale, pour les « orthos », les débiles…



Destins tragiques, rien de bien joyeux dans ce livre émouvant, si ce n’est une écriture poétique, une main tendue et un petit espoir de musique…

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La femme qui fuit

Suzanne Meloche est née en 1926 au Canada.

Elle a abandonné sa fille de trois ans.

Des années plus tard, sa petite-fille, Anaïs Barbeau-Lavalette retrace sa vie.

C’est une femme extravagante et libre.

Avant-gardiste, elle participe au Québec au mouvement automatiste.

Elle écrit des poèmes.

Elle peint des toiles dont une est exposée au musée d’art contemporain de Québec.

Anaïs s’adresse directement à sa grand-mère.

Pendant une bonne partie du livre, j’ai été gênée par l’emploi du « tu ».

Et puis, une fois l’idée admise et l’habitude prise, je me suis vraiment prise d’intérêt pour cette femme et son tempérament exceptionnel.

Gagnée aussi par l’émotion, non pas pour Suzanne qui a vécu sa vie très égoïstement, mais pour sa fille et sa petite-fille chez qui l’abandon de Suzanne a laissé de fortes séquelles.

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La femme qui fuit

Dès les premières lignes, j'ai été subjugué par ce livre...

Si l'on croit au début à un réquisitoire contre cette grand-mère qui a abandonné ses enfants (dont la mère de l'auteure), l'on s'aperçoit que c'est plus que cela, Anaïs Barbeau-Lavalette part à la découverte de cette grand-mère qu'elle n'a connue, nous raconte sa vie, son caractère, sa liberté, ses amours, ses réalisations artistiques.

Le contexte historique est toujours présent, Suzanne Méloche, sa grand-mère ayant été mêlée au Refus global, manifeste du mouvement automatiste québecquois, elle a fréquenté tous ses principaux adhérents, épousé l'un de ses membres. La toile de fond historique englobe les années de dépression, les gouvernements canadiens, la seconde guerre mondiale, le mouvement de libération des afro-américains, la guerre du Vietnam...

J'avoue que je ne connaissais rien du mouvement automatiste, et cela m'a amené souvent durant ma lecture à me documenter davantage sur ce courant et ses adeptes.

J'ai aimé l'usage de la seconde lettre du singulier, l'auteure s'adressant directement à sa grand-mère en la tutoyant, le style est beau, avec des phrases courtes.

J'ai aimé ce portrait de femme, dessiné sans haine ni hagiographie , décrite avec ses défauts et ses qualités, sa liberté d'esprit.

Le livre est extrêmement documenté, dans ses remerciements l'auteure inclus notamment une détective privée, ainsi que plusieurs témoins directs.

Roman féministe ? Peut-être ... mais dans son sens noble !

En bref, j'ai adoré !
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La femme qui fuit

Une lecture particulière, assez déroutante avec l'emploi du 'Tu" pour la narration, ça donne un ton comme haché au récit. Le début m'avait semblé, très froid, sec, avec des phrases très courtes puis le Tu a fini de casser le tout. Et pourtant il se dégage de ce récit, une poésie, une puissance aussi, une douleur intense. C'est étrange de ressentir à travers ces lignes ce besoin de retrouver cette femme, de savoir, de comprendre cette fuite en avant durant sa vie.

Le récit est donc basé sur la vie de la grand-mère de l'auteure. On découvre une femme qui a soif de s'envoler, une artiste atypique, qui fuit la stabilité, abandonnant ses enfants pour vivre sa passion, non sans déchirements.

Comment comprendre ses choix, c'est en lisant le portrait de cette femme qu'on peut tenter de savoir, difficilement pour ma part, mais ne jugeons pas, lisons plutôt ce récit atypique pour une femme originale.

Je ne connaissais pas cette auteure, même si la narration m'a gênée, j'ai aimé son originalité, ses pointes de poésie. La découverte du Canada également s'étalant sur une longue période et des lois quelques peu surprenantes notamment sur l'art. (mettre en prison une statue d'un nu, avouez qu'on ne voit pas ça souvent) .

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