Anaïs Carteus

Elle ne sait que répondre . De toute façon , peu importe sa réponse , elle sait qu'elle sera le prétexte idéal pour déclencher un cataclysme . Elle voit le chat foncer vers la bibliothèque et s'engouffrer sous cette dernière .
_ Je t'ai demandé si tu trouvais ça normal , Romane ... Mais tu ne réponds pas. Parce que ça ne t'intéresse pas , ce que je peux dire , hein ? M'humilier à ce point ... Devant mes propres amis .
Elle sent que son regard a coulé sur elle , comme une vipère qui s'enroule autour de sa proie . P. 14

L'alliance à son annulaire reflétait la lumière des spots du plafond, et attira son regard. Cet homme était son mari. Et cette pensée avait quelque chose de terrifiant.

On cherche toujours une cohérence aux faits de ceux qui nous blessent , et lorsqu'on les aime , cette compréhension est d'autant plus importante . P. 50

En société tu es la femme invisible, à la maison tu es la femme risible.

C'est très difficile, voire insoutenable, d'aimer autant quelqu’un qui vous blesse, et d’avoir besoin de cet être pour vous consoler, quand c’est le seul qui vous brise.

Si les hommes portaient en lettres capitales sur leur visage « Je suis un grand malade et je vais te pourrir la vie », n’importe quelle femme fuirait.

Il peut appuyer là où cela fait mal, il peut la blesser, la chiffonner comme une boulette de papier que l'on froisse avant de l'envoyer valdinguer à l'autre bout de la pièce. Il peut l'anéantir, avec des mots - et il y en a tant qui sont adéquats - avec ses poings, avec ses pieds, avec ses dents. Elle ne partira jamais. Et pour cause, elle ne franchirait pas le seuil de l'appartement. Il le sait parce qu'il a placé un traceur sur son portable. Elle reste bien sagement à la maison si c'est ce qu'il souhaite. Elle n'a plus d'ami, plus de famille . Elle n'a que lui.

Elle entend les pas de bastien qui se dirigent vers la table de nuit . Son pouls s'affole . Il cherche peut-être son smartphone ... Elle sait qu'elle n'a rien à cacher , mais qu'on se le dise ... N'importe quel jaloux qui fouille dans un téléphone y trouve toujours de quoi nourrir irraisonnablement ses doutes .
N'importe quel garnement tueur de bestioles insignifiantes , trouve toujours une excuse à son déferlement de violence et de rage . P. 16

T'es trop maigre. Trop petite. Trop maquillée. Trop voyante. Trop solaire, Romy, tu joues un rôle, ce n'est pas toi. T'es pas obligée de faire semblant d'être quelqu'un d'agréable, t'es démasquée, les gens ont vite compris qui tu es. C'était dit sur le ton de l'humour, mais les blagues ne sont pas faites pour être répétées.