AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Anaïs Jeanneret (76)


Lorsque j’observe les passants ou ceux qui lézardent comme moi à la terrasse des cafés, je leur imagine un destin. Je trouve à chacun son histoire. Car chacun est un héros. Tous ont connu l’émerveillement d’une rencontre, le chagrin auquel on pense ne pas survivre. Tous ont aimé et ont été aimés. Ce vieillard qui avance à petits pas, plié en deux, a autrefois étreint de jeunes beautés et fait tourner les têtes. Ceux-là viennent de se rencontrer et n’osent rien que des sourires. Leur histoire commence à peine. Pour d’autres, la fin semble déjà scellée. Certains cherchent la paix au milieu de la foule anonyme quand d’autres espèrent briser leur solitude. Cette femme trop maquillée attend un inconnu dont elle ne connaît que la photo postée sur le site de rencontre par lequel ils ont engagé une relation virtuelle. Parfois nos regards se croisent. Alors, je sais qu’un même sang nous parcourt, que nous formons un tout. Nous sommes d’infinies particules reliées les unes aux autres, agglomérées malgré nous dans une force qui nous dépasse. Jeunes ou vieux, hommes ou femmes, heureux ou malheureux, cela ne fait aucune différence. Nos existences sont chahutées, nos destins se ressemblent et s’entremêlent dans notre quête du bonheur. Parfois, nous le frôlons. Par instants, nous l’atteignons. Mais à chaque seconde, cet espoir nous porte vers le jour suivant.
Commenter  J’apprécie          150
Les enfants rient, le soleil nous réveille, et le printemps revient toujours. c'est l'aventure humaine. Ailleurs, il y a bien pire. Il y a d'autres chagrins, d'autres drames, d'autres arrachements bien plus terribles. Il n'empêche. Cela fait un mal de chien.
Commenter  J’apprécie          150
Soudain, j’ai eu une impression de courant d’air derrière moi. Je me suis retournée. Elle était en haut des marches. Nos regards se sont croisés, puis elle a aussitôt disparu dans l’escalier. Elle ne dira rien. Elle avait les yeux vides comme si elle venait de croiser par hasard son reflet dans un miroir. Moi, chaque fois que je repense à elle, très pâle avec de grands cernes et les veines bleues sous sa peau, ma gorge se noue. Elle a l’air si triste. On voit qu’elle n’a plus l’envie ni la force de prendre soin d’elle, et ses joues ont sûrement un goût de sel. C’est sans doute pour ça que les autres ne lui parlent pas. Personne n’aime sentir le malheur. Je ne connais ni son prénom ni le son de sa voix. Je l’appelle l’Ombre.
Commenter  J’apprécie          130
Mais les chagrins désormais rétrécissent le cœur et laissent un goût amer. Sans doute est-ce cela vieillir.
Commenter  J’apprécie          90
La honte du sang qui coule dans les veines est le pire des poisons.
Commenter  J’apprécie          90
Le temps reprend son cours. Pas comme avant. Jamais. Plus lent, plus pesant. Le garçon de treize ans a disparu. L’enfant qui rêvait, qui riait et parlait aux étoiles n’est plus qu’un vague souvenir. La rage a tout dévasté. Il doit tout réapprendre, tout recommencer. Il doit contrôler sa violence, masquer sa haine, rejoindre le monde, faire semblant au moins. Au début, toute son énergie y passe. L’agressivité est incontrôlable. La famille, le collège, tout le monde pense que c’est l'adolescence.
Commenter  J’apprécie          90
Accrochés l'un à l'autre nous avions une démarche de pingouin, mais je devenais alors la femme la plus puissante de l'univers.
Commenter  J’apprécie          80
Marion avait peur du silence, peur de la solitude, peur de cette autre qu'elle devenait chaque jour davantage et qu'elle découvrait avec incrédulité. Pourtant de loin, avec sa silhouette menue, on pouvait lui donner trente ans, trente-cinq tout au plus. Il fallait s'approcher pour découvrir les rides autour de ses yeux, et ses joues un peu trop creuses. Mais ce qui affirmait son âge sans possibilité de tricherie, c'était les furtifs éclats de panique dans son regard.
Commenter  J’apprécie          70
J’avais vingt ans. Et déjà mes premiers trous de mémoire.
Effacer les plus beaux souvenirs reste le plus sûr moyen de se mentir, de renier ses convictions et ses désirs. Dans ce domaine, celui de l’oubli et de la fuite en avant, j’ai excellé.
Un mois plus tard, j’étais enceinte. A partir de là, je n’avais plus rien maîtrisé. Ma vie avait été une succession d’erreurs et de renoncements. Ma seule certitude était que je n’étais pas amoureuse de Laurent. Mais j’avais considéré ma trahison envers l’homme qui occupait mon cœur comme suffisamment impardonnable pour la rendre irréversible. Par fierté, j’avis persisté dans mon fourvoiement. Un mauvais aiguillage est si facile. Il suffit d’un moment d’égarement. [..]Je n’ai aucune excuse. Mon mari, mes enfants, personne n’est responsable à part moi. J’ai construit ma prison toute seule. Le temps a passé. J’ai parfois imaginé ma fuite. Je suis restée. Je me suis trompée de vie.
Commenter  J’apprécie          50
Romancière, elle avait jusque-là compté sur un mélange d’inconscience et d'enthousiasme. Elle s'était employée à oublier que personne n’attendait ses livres et que tant d’autres en avaient écrit de bien meilleurs, de plus brillants, tout en se laissant porter par l’évidence de son désir à s'emparer des mots pour les plier à son seul plaisir. Mais après l’implosion des derniers mois, elle n’est pas certaine de savoir recoller les morceaux. Pas sûre de retrouver cette légèreté. L'écriture est une mécanique fragile. p. 174
Commenter  J’apprécie          40
Au fil du temps, la colère prend l'apparence du détachement, de l'indifférence. La nausée restera. Mais qui s'en rendra compte? On se retire du monde avec l'espoir d'éloigner les fantômes. Alors on s'égare, on ne sait plus qui on est. Et on devient soi même un fantôme. On avance à tâtons. C'est à peine si on se souvient d'avant.
Commenter  J’apprécie          40
La mémoire a ses absences. Pourtant, nous savons. Le gouffre est partout, il nous cerne. C’est sans échappatoire, sans issue. Parfois les circonstances éclairent nos gesticulations d’une lueur dérisoire. Nous feignons d’oublier nos misérables chagrins. Nos terreurs. Nous sourions. Nous sommes heureux.
Commenter  J’apprécie          40
Ce n’est pas qu’elle m’ait plu immédiatement, c’est bien pire. J’ai été submergée par une rage irrépressible. J’ai eu envie de hurler. J’ai eu envie de la serrer contre moi, de la protéger, de la consoler, même si j’ignorais tout de son histoire. J’ai eu envie de lui dire que cela n’était qu’un mauvais songe, de lui promettre que la vie pouvait être douce et juste. Au lieu de mentir, je lui ai caressé la tête en murmurant qu’elle était belle. Elle m’a souri, tellement faiblement, comme si elle ne savait plus vraiment sourire. Ce petit visage m’a transpercé le cœur. J’ai alors pressenti que ma vie ne serait jamais plus la même. J’ai su que ce sourire hanterait mes nuits.
Commenter  J’apprécie          30
Ses ongles vernis avec un soin professionnel, sa montre Cartier et son sac Hermès trahissaient les ambitions de cette jeune fille de dix-sept ans : se marier avec un homme capable de payer bonnes et nounous pendant qu'elle arpenterait l'avenue Montaigne avec sa carte bancaire pour source de toute satisfaction.
Commenter  J’apprécie          30
On se retire du monde avec l’espoir d’éloigner les fantômes. Alors on s’égare, on ne sait plus qui on est. Et on devient soi-même un fantôme. On avance à tâtons. C’est à peine si on se souvient d’avant.
Commenter  J’apprécie          30
Ce couple semblait avoir été inventé pour elle, pour qu’elle puisse le photographier et croire que le temps n’est pas la fin de tout, que la beauté parfois demeure et que l’amour n’est pas juste une illusion.
Commenter  J’apprécie          30
Les journées me paraissent interminables. J’ai mal partout à force de ne pas bouger. Pour me dégourdir les jambes, je fais de minuscules mouvements. J’essaie de remuer mes orteils dans mes chaussures, mais elles sont trop petites, je plie légèrement les genoux, je tourne la tête doucement sur les côtés. Je ne dois surtout pas toucher l’armoire. Pour rendre le temps moins long, j’écoute ce que dit la maîtresse, les enfants qui se parlent à eux-mêmes, ceux qui bavardent entre eux, les crayons qui tombent par terre, la craie qui crisse sur le tableau, les pieds qui tapent le sol, le chant des oiseaux, le chahut des autres classes, la rumeur venant de la cour. Il n’y a jamais de silence. Même pendant les récréations ou l’heure du déjeuner, l’école est comme une baleine qui gronde et ronfle.
Commenter  J’apprécie          20
Alda représentait ce monde romanesque à travers lequel je m'étais si souvent évadé de ma vie, cette vie où les enfants criaient et n'étaient jamais sages, où les femmes, charnelles jusque dans leur lassitude, ne cachaient rien de leurs peurs ni de leurs pleurs, cette vie où les hommes montraient trop volontiers leurs biceps. Dans ce monde rêvé, les héroïnes égarées dans leurs existences ignoraient les ravages qu'elles faisaient dans le coeur des hommes. Elles passaient, insaisissables et bouleversées. Irrésistibles.
Commenter  J’apprécie          20
Elle cessait d'être cette créature enflammant l'imaginaire collectif mais dénuée de réalité. Égarée dans cette contradiction, ce n'était pas tant l'amour qu'elle cherchait, mais la preuve de son existence. De son enfance sans tendresse avait surgi le déséquilibre, elle n'avait pas pu se construire. En grandissant, sa beauté avait accéléré le vertige. A force d'être désirée par tous, elle n'appartenait à personne et ne s'appartenait pas davantage.
Commenter  J’apprécie          20
La mode était aux peaux lisses, mais elle préférait les visages expressifs. Elle aimait deviner les émotions de toute une existence à travers les marques du temps.
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Anaïs Jeanneret (195)Voir plus

Quiz Voir plus

Des souris et des hommes

Comment s'appellent les deux personnages principaux?

George et Curley
Lennie et George
Lennie et Carlson
George et Carlson

11 questions
294 lecteurs ont répondu
Thème : Des souris et des hommes de John SteinbeckCréer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..