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Anatoli Rybakov
En ce temps-là, au Caveau de l'Arbat, elle l'avait cru un heros. Et il n'avait rien d'un héros. Elle le comprenait maintenant. D'ailleurs, il n'y a pas de héros. Il y a une énorme maison sans soleil, sans air, dont les sous-sols exhalent des relents de choux et de pommes de terre pourries. Il y a des appartements communautaires surpeuplés, avec leurs disputes et leurs jurys de locataires. Il y a des escaliers imprégnés de pipi de chat. Il y a des queues pour le pain, pour le sucre, la margarine. Il y a des cartes d'alimentation qu'on ne peut pas faire honorer. Il y a des intellectuels au pantalon rapiécé, des intellectuelles au corsage crasseux. Et il y a à côté, au coin de l'Arbat et de la place de Smolensk, le magasin appelé Torgsin où l'on trouve de tout, pourvu qu'on ait de l'or ou des devises étrangères. Et il y a, toujours à côté, dans la rue des Charpentiers, au Centre d'attribution, interdit au public, où il y à aussi de tout. Et même, sur l'Arbat, il y a le Caveau, où il y a encore de tout, quand on a de quoi. Et cela est injuste, malhonnête. + Lire la suite |