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Citation de genou


... plongé dans mes pensées, je ne faisais pas du tout attention à ce qui se passait autour de moi quand, au voisinage de la Cour suprême, j'eus le sentiment que quelque chose d'inhabituel se passait. Que se passait-il ? Il me fallut quelques minutes avant de comprendre : le silence. Le bourdonnement qui précédait à l'heure du repas s'était évanoui. Partout, les gens restaient sur place, immobiles. Plus personne ne bougeait. La circulation c'était arrêtée. Le cœur de la ville semblait avoir été saisi d'une crampe, comme si une énorme main invisible s'était emparée de lui et l'empêchait de battre, dans son étreinte folle.
Le cœur de la ville semblait avoir été saisi d'une crampe, comme si une énorme main invisible s'était emparée de lui et l'empêchait de battre, dans son étreinte folle. Les bruits qui subsistaient, ne ressemblaient qu'au battement sourd d'un cœur, à un vague bourdonnement presque inaudible. Le silence devait donc s'insinuer dans le corps par le sang et les os. Comme une secousse souterraine, mais différente des coups de grisou que l'on ressent chaque jour, à Johannesburg.
Au bout d'un temps, je pris conscience d'un mouvement. Venant de la gare, un mur d'individus approchait poussant le silence devant lui - une sombre et irrésistible phalange de Noirs. Pas de cris, pas de bruit. Les premiers rangs avançaient, poings brandis, comme ces branches qui émergent d'un courant indolent.
(Prologue)
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