En fait, un volcan , cela se compare à une voie ferrée. Vous êtes sur le quai, le train à grande vitesse passe à deux cents kilomètres à l'heure, ça fait juste du vent. Vous vous mettez sur la voie, le TGV passe, il vous écrase. La limite à ne pas dépasser, c'est le bout du quai, et cette limite, elle est bien marquée sur le sol. Eh bien, sur le volcan, il y a aussi une limite à ne pas dépasser, mais elle n'est pas notée sur le sol. Il faut la deviner...et le jour où vous vous trompez de limite, c'est fatal, vous êtes tué.
Cette façon d'agir de l'hiver devient, chaque année, la cause prochaine et adéquate de nombreux trépas de nombreux trépas et de l'encombrement des rues au passage des voitures - noir et argent - qui, sans hâte, emportent ces choses silencieuses qui ont cessé d'être nos contemporains ...
A cause de cet oubli, le malheur tomba sur lui, comme le fruit du cocotier, lorsqu'il est mûr, casse la tête de l'homme endormi au pied de l'arbre ...
Le maître de Koh-Kho, le marabout multiplia ses expériences, en fit une attraction des jours de fête, et envoya des notes à des hommes illustres pour leur démontrer que Kho-Kho possédait le véritable secret de l'air.
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NDL : je pense que le roman se situe juste avant le début de l'aviation, même si ce livre est publié en 1929.
Poupah, l'éléphant, se gratta le front contre un mur qui faillit s'écrouler, se tourna vers cet horizon qui l'attirait, prit le vent, cligna des yeux, de ses petits yeux noirs qui s'ouvrent de chaque côté de la trompe dressée en chandelier, écarta les oreilles comme faisait sa mère à l'approche d'un danger, et esquissa un mouvement en direction de la brousse.
NDL : J'ai eu la peur de ma vie dans les années 1985 quand, dans Kruger Park, nous nous retrouvâmes, avec notre camping car au détour d'un virage, face à un éléphant immobile, au milieu du chemin, oreilles déployée, prêt à charger.
J'ai dit à ma femme :
-- Qu'est ce que je fais ?
-- Attends, ne bouge pas !
Cette parole nous a sauvé la vie. En effet, la mère éléphant a fait traverser son petit, caché par la forêt, derrière elle, puis l'a suivi.
-- Ouf !
On devrait se méfier des premiers et derniers voyages ...
Le bateau connaissait le chemin de notre pays ... mais le commandant ne retrouvera plus son chemin sur l'eau ! ...
- Ces bananiers sont devenus mes banquiers. Aussi je suis plein d'affection pour eux...de temps à autres, je fais sur eux quelques expériences...quelles drôles de plantes ! pas de sexe. Les Chinois, qui ont probablement sauvé du Paradis terrestre le bananier, vértable arbre de vie, ont eu peur que les voisins asiatiques leur chippent les graines. Alors, année par année, ils ont enlevé au bananier ses facultés de procréation. La plante, vous le savez, ne se reproduit plus que par les rejets qui poussent autour du pied, autour de la mère. Vous savez ça, n'est-ce pas ? Oh ! il ne faut pas croire que la gentillesse et l'affection règnent dans la famille. Dès qu'une mère est entourée de ses filles, c'est à qui, parmi ces dernières, grandira le plus vite, non point pour dépasser ses soeurs, mais aussi pour prendre la place de la mère ! une affreuse ingratitude se déclare parmi ces plantes. Chaque semaine davantage, la fille majeure pousse ses feuilles, enlève la lumière à sa mère, lui coince les pieds, la serre par le bas, l'étouffe, tandis que, par le haut elle l'empêche de respirer. Ah ! la loi de la vie ! c'est terrible...on dirait que la fille sait que sa mère, ayant une fois donné son fruit, ne pourra plus reproduire, que c'est elle, la jeune, qui sera chargée de la fonction...
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Cette nature sauvage fut pour beaucoup dans l'attachement que lui porta l'homme isolé : du moins, ce n'était pas un chien qu'il avait acheté, un de ces chiens à griffes que sont les lionceaux qui ouvrent les yeux pour la première fois dans la maison des hommes. Ouarâ avait flairé la viande crue, avait même essayé de la lécher à petits coups de sa jeune langue râpeuse et à l'imitation de sa mère accroupie devant le corps d'une antilope ou d'un buffle : manières familiale qui lui avaient déjà insufflé cette âme rageuse, faite de crainte et du désir d'intimider, qui est au fond des bêtes libres.
Ils disent, nous déclara Gabriel, que tu ne dois pas couper les irokos qui vivent dans la plantation. Ces grands arbres sont fétiches. C'est en frappant l'un deux que l'homme a été blessé aujourd'hui.
- Pourquoi ces arbres sont-ils fétiches ?
- Les Oaubés prétendent que ce sont les corps changés en arbres de guerriers de leur premier roi. C'est une grande histoire...
- Sont-ils nombreux, ces arbres, sur le terrain de la plantation ?
- Un peu beaucoup, dit Gabriel.
- Alors, nous serons obligés de n'en garder que quelques-uns.
Le commis traduisit plus longuement. Sans doute mèlait-il à ma courte phrase des mots de persuasion et aussi l'appât d'un cadeau.
Ce fut en détournant les yeux de mon regard qu'il me transmit l'interminable réponse du plus ancien parmi les noirs.
- Le vieux Ouabé, il te demande d'écouter ses paroles. Il dit "Ces arbres ont vu passer sous leurs branches les pères de nos grands-pères et des hommes plus anciens encore. Ils ont vu passer nos saisons, nos fils et les fils de leurs fils...Et tu veux que je les laisse couper ! " Il dit aussi que tu ne dois pas abattre les arbres sur la montagne, de pierre... Cette petite montagne est fétiche, elle aussi...
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