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Citations de André Dhôtel (617)


Il vous faut avoir des chats. Vous faites boire un chat avant vous. Trois sont déjà morts chez moi quatre dans cette maison.
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Après être allée au puits, elle posa son seau, et se rendit vers le bas du jardin qu'un grillage séparait des champs. Germaine venait presque tous les jours à cet endroit. Elle accrochait ses doigts au grillage et regardait l'étendue de la plaine. Elle avait l'idée que, d'une manière ou d'une autre, les horizons du terroir se rapportaient à une jeunesse perdue à jamais, et qui tout de même ne voulait pas s'effacer. Si l'on songeait à cette perte inexplicable, en quoi importait-il d'être plus ou moins pauvre, et plus ou moins intelligent ?
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André Dhôtel
« Pas de raison », se dit-il. Alors quoi ?
Que voulait-il ? D'abord explorer tous ces pays, comme le lui indiquait son prétexte de recherche botanique.
Se perdre dans des chemins et en réalité se perdre tout simplement.
C'était cela en fin de compte sa certitude indestructible.

Il remit sa voiture en marche et descendit sur Le Vivier. Il traversa le village et ralentit aux dernières bâtisses qui tombaient en ruine.
De magnifiques granges anciennes, qu'on avait abandonnées. Les belles toitures crevées. Des poutres pourries tombaient dans l'herbe.
Il aurait voulu vivre ici dans un coin minable de remise, au milieu des ardoises cassées. Il arrêta encore sa voiture.
La misère... « Va te faire foutre », conclut-il.
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Comme Petros passait devant la rôtisserie qui fait l'angle, il sentit qu'on le frôlait. Un infime coup de vent comme l'autre fois, sans qu'il ait bu âme qui vive. Il se tourna, il aperçut encore la vieille femme accroupie, et s'élança vers l'autre ruelle. Il s'arrêta net. Derrière l'angle de la rôtisserie se tenait une fille qui semblait l'attendre et le regardait avec douceur.
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‒ [...] je croyais revoir un visage avec des grands cheveux blonds. Je n'étais pas sûre mais j'étais certaine qu'il y avait un pays qui était mon pays et qu'on appelait le grand pays.
‒ Quel pays ? dit Gaspard. Ça ne peut être ni en Belgique, ni en France, ni en Afrique.
‒ C'est de la folie de chercher ce pays, dit Hélène, mais je ne peux pas m'en empêcher.

[André DHÔTEL, "Le pays où l'on n'arrive jamais", 1955, Pierre Horay éditeur ‒ chapitre VII : "LE GRAND PAYS" ; réédition Horay (2005) : page 135]
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Pendant les dimanches de février, la bande chassa les canards avec des carabines. Ils n'en tuèrent pas un seul. La plupart du temps, on demeurait au coin du feu où bouillait une marmite de café. On entendait le bruit de la rivière et on y reconnaissait un rythme insoupçonnable pour qui ne prêtait pas attention : des coups sourds qui étaient les heurts de vagues profondes contre la terre, les battements de certaines branches plongées et relevées, et l'infinie division des faibles murmures sur les plans d'eau.
Cela donna à Renoux le désir de chanter. Renoux proposa comme thème à) ses compagnons un fragment d'opéra sur lequel ils brodèrent en toute confiance, mais le choeur dérailla de façon si effrayante qu'on ne songea pas à en rire.
– Des coups à faire effondrer la digue, dit Armel.
– Je voudrais savoir chanter, dit Legourd.
– Je connais une fille qui chante bien, proposa Sebond. Elle habite Grandvillers.
Ainsi débuta l'histoire.

[André DHÔTEL, "Idylles", Gallimard, 1961 - rééd. collection "folio", Gallimard, 2003, nouvelle "La maîtrise des va-nu-pieds", pages 125-126]
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ODE A LA MANIVELLE


Le joueur d'orgue
de barbarie monologuait :
« Puisque vous ne comprenez rien
je dois tout vous expliquer.

En haut de mes gammes les coquelicots
vers le milieu les bleuets
en profondeur les roses noires.
Mais les fleurs toutes ensemble
ne sont là que pour éclairer
les lignes vives de l'amour.

Sur la première portée
s'impriment les pieds nus
de la fille irremplaçable.
La seconde garde le reflet
de ses charmes et sourires
tandis qu'au fond de l'azur fin
après cent tours de manivelle
dans un silence apparaît
son ravissant corps dévêtu….

p.113
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Des gens marchent dans les rues. Il semble aujourd'hui que rien ne les guide qui n'appartienne aux nécessités de leurs emplois ou de leur alimentation. C'est bien mal considérer l'humanité, et en particulier celle des banlieues que de se fier à un tel principe. Il arrive au contraire que les uns et les autres s'aventurent dans telle ou telle rue, comme s'ils étaient guidés par un fil invisible qui n'a aucun rapport avec l'utilité ni même avec la vie.

[André DHÔTEL, "Le Ciel du faubourg", Grasset, 1956 - réédition pour la coll. "Les Cahiers Rouges", 2011, chapitre III, page 88]
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S'il ne raisonnait plus, il croyait saisir parfois des bribes de vérité.
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Le champ s'arrêtait de frémir, quand un orage venait, accueillant les bruits humains, la cloche et l'enclume, les pas sur la route.
Est-il possible que la vie soit ainsi ? Jacques et Jeanne travaillaient au jardin et leur tristesse était grande.
Autour de la rivière des marais s'étendent, dans lesquels ont voit une barque noyée dont la proue est au-dessus de l'eau. Les mouches à tête rouge viennent s'y poser. Un oiseau de proie a traversé, volant bas, près de son image reflétée dans l'eau, et vers les troncs échoués, des rats se sont élancés à la nage.
Entre la rivière et le village, des peupliers sont dressés. Lorsque l'orage approche, arrêtant le vent, l'essaim de leurs feuilles qui est le plus élevé résonne, car il perçoit encore une brise.
Les nuages se croisent. Le ciel de l'été devient plus grand.
Quelle détresse ou quelle joie familière ce peut être de regarder cette vieille femme chargée de sa hotte et qui rentre au village par un chemin.
Puis nous nous souviendrons aussi de ce chien abandonné que nous avons vu boire dans l'ornière, après la pluie, et dont un rayon de soleil oblique éclairait les yeux.

http://wp.me/p5DYAB-2Gm
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Julien revoyait surtout cette cuisine parfaitement blanche où ils épluchaient ensemble leurs légumes.
En vérité tout cela avait toujours paru provisoire et à mille lieues d'une vie normale. C'était un décor qu'un changement d'éclairage avait pu disperser sans qu'il restât la forme d'un bibelot.

http://wp.me/p5DYAB-1rR
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Tu te figures que la Saumaie c'est un pays de rien parce qu'il n'y a que trois villages et deux grandes fermes.

http://wp.me/p5DYAB-163
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Il restait quelques billets de dix francs entre les feuilles d'un livre, mais,
sous les draps pliés dans l'armoire, où l'on range les sommes considérables, il n'y avait rien.

http://wp.me/p5DYAB-14L
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Au bord de la route, des fleurs se multipliaient dans l'herbe pauvre, et Chalfour s'étonnait de l'éclat des marguerites. Il apercevait des insectes qui voyageaient au milieu des herbes et au-dessus des herbes : moucherons, sauterelles, faucheux. Lui-même ressemblait à un faucheux embarrassé par le fardeau de son corps, comme le ciel aussi par l'illustre poids du soleil.

[André DHÔTEL, "L'Homme de la scierie", Gallimard (Paris), 1950, page 155 — rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire), 2020]
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Dans la chambre haute elle se déchaussa, elle dénoua ses cheveux et elle se dévêtit.

http://wp.me/p5DYAB-102
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Jacques aimait à dessiner, car son père, qui collectionnait les vieilles estampes, lui avait en appris l'art.
Il faisait les herses renversées, les chars et les oiseaux de proie qu'il tuait à la chasse et donc les yeux savent saisir les étendues de terre.

En ces jours, il aurait voulu pouvoir dessiner le visage de Jeanne.
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On était saisi par l'air vif du mois de septembre. Il y avait dans cet air et dans cette forêt quelque chose de brutal qui ravivait l'ardeur de la vie. Jamais on n'oublierait.
En regardant cette belle vallée, on a le loisir de songer que la terre entière c'est le grand pays, mais cela ne nous satisfait pas complètement. On se dit qu'il faut rendre la terre encore plus belle, par le bonheur des hommes et par les histoires que l'on apprend inlassablement. Il semble que la vie restera toujours inachevée. Mais on demande une chance supplémentaire.
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Henri gagna le pont de Caunes. A ce moment, il eut l'impression que durant toute sa vie il tournerait autour de ce pont. Le pont serait toujours présent comme la brouette, comme les étoiles et les chants du grillon, comme ce sentiment inapaisable de se trouver parfois dans une cave avec le désir de dévorer toute la lumière du ciel.

[André DHÔTEL, "L'Homme de la scierie", éditions Gallimard (Paris), 1950, Première partie : DES NUITS ET DES JOURS, Chapitre III : CHEZ SEMIGANT — page 55 ; rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire), 432 pages, 2020 — page 63]
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En cette fin de mai tout était désert et Maximin se demanda bien ce qu'il y aurait tellement à faire pour administrer ce camping, d'autant plus qu'il y avait un préposé pour s'occuper des questions matérielles.
Ce préposé, un nommé Repanlin, habitait une masure sur la pente de la butte à la tour et il logeait même son bois dans la tour en le couvrant de quelques tôles. Maximin lui rendit visite le samedi.
Repanlin se trouvait devant sa porte, sur un banc. Il était en train de raccommoder la petite cabane d'un rucher. Après un bonjour :
– Où sont-elles vos ruches, demanda Maximin.
– Par là-bas, en allant vers le ruisseau. il leur faut de l'eau dans le voisinage.
– Et où vont-elles butiner ?
En effet vers le ruisseau c'étaient plutôt des marécages, et ici, derrière la tour commençaient de maigres taillis qui rejoignaient la forêt de Someperce.
– Il y aura bientôt les acacias dans ces fouillis. En tout cas elles ont des ressources en plaine et dans les environs du camping.
– Ne me dites pas qu'elles vont sur le camping.
– Est-ce que je peux les empêcher ? Elles trouvent par là des genêts, des millepertuis quand les campeurs n'ont pas tout saboulé, mais toujours du trèfle blanc. Bien sûr ces imbéciles marchent pieds nus sur le trèfle et ils se plaignent d'être piqués.
– Ce n'est quand même pas indiqué de provoquer une gêne pour les campeurs.
Repanlin eut pour Maximin un regard en dessous. Il ne répondit pas, car on entendit aussitôt le braiment d'un âne.
– C'est Philippe, dit Repanlin.
– Pourquoi vous l'appelez Philippe ?
Repanlin n'eut pas le temps d'expliquer, car de l'autre côté de la maison s'élevèrent de furieux aboiements qui répondaient à l'âne et engageaient avec lui une sorte de querelle.
– Je n'en ai que quatre, dit Repanlin.
– Voyons, voyons, dit Maximin, ce voisinage n'est pas excellent pour des touristes qui viennent ici chercher le repos.
– Je me fous des touristes, dit Repanlin.

[André DHÔTEL, "Les Disparus", chapitre III, Gallimard, 1976 – réédition Phébus, collection "libretto", 2005, pages 59-61]
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La conversation en effet prit un tour superficiel comme lorsqu'on va assister à un lever de rideau.
On parla des journaux, et de ce qu'on devrait écrire dans les journaux et qu'on n'y lit jamais.

[André DHÔTEL, "Pays natal", 1966, chapitre III - réédition Phébus coll. "libretto", 2003, page 145]
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