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Critiques de André Fortin (29)
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Requiem pour le juge

Le juge Galtier, victime d'insomnie est surpris de retrouver en pleine nuit dans son jardin un malfrat ,Ange Siméoni ,qui dit être traqué par des inconnus.Il enjoint donc Ange de se présenter le lendemain devant l'inspecteur Juston pour donner des éclaircissements sans quoi il risquerait des poursuites.Seulement il est introuvable le lendemain. Le juge et l'inspecteur vont enquêter pour découvrir un vaste marché frauduleux à l'immobilier où tout est bon pour arriver à ses fins.Lecture agréable.
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Restez dans l'ombre

J'ai découvert l'écriture d'André Fortin il y a déjà plus de 15 ans chez un éditeur qui malheureusement à disparu l'Ecailler du Sud. Dieu que les années passent. Et puis c'est chez Jigal qu'il s'est révélé et là j'ai rencontré le juge Galtier.

Mais alors que nous raconte ce « Restez dans l'ombre» :

Pour faire bref , le juge Galtier, est un magistrat intègre et opiniâtre dans sa recherche de la vérité. A Marseille il doit résoudre un crime ayant eu lieu dans un quartier chic de la ville. Mais voilà cette enquête va voir le juge Galtier confronté à une affaire vieille de cinquante ans. Une affaire qui le ramène dans les années noires de la seconde guerre mondiale. Et notre magistrat va se retrouver face à un terrible dilemme. Comment fait-on pout juger l'Histoire avec un grand H.

Heureusement notre auteur connaît bien son affaire, puisqu'il fut juge d'instruction avant de se mettre au polar. Il sait aussi peaufiner ses scénarios et tricote ses histoire en les nourrissant nourris d'un vécu riche et de rencontres hautes en couleur car il est vrai que certaines des affaires qu'il a traitées ont largement défrayé les chroniques judiciaires. Et chez Fortin la fiction rejoint souvent la réalité. Mais le point fort de notre auteur c'est ça touche personnelle, une écriture sensible, des mots justes qui vont droit au but. Il nous propose ici un roman passionnant et foisonnant où il aborde une nouvelle fois un thème qui lui est cher, l'indépendance de la Justice. Il nous offre une vibrante plaidoirie et « Restez dans l'ombre » mêle habilement enquête à suspense, authentiques faits divers, roman noir et drame psychologique. C'est je vous le disais un véritable plaidoyer contre l'injustice faites aux hommes de loi donc le rôle est simplement de remettre en ordre les choses envers et contre tous dans une société où tout va de travers. Et comme à chaque fois chez André Fortin c'est très intelligemment mené et construit.

Que dire de plus à part peut-être lisez André Fortin


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L’injustice des hommes

La Kronik d'Eppy Fanny

L’histoire : Une famille de navalais, les Bonnefonds. Le père Geoffroy, Amiral de son état, le patriarcat dans toute sa splendeur. Son épouse, Clotilde, parfaite mère et maîtresse de maison, mais surtout et avant tout soumise au père, et qui veille sans férir au bien-être du maître. Ce couple a trois enfants. Deux filles, l’aînée Marie, qui a suivi la voie toute tracée de son milieu, la seconde, Cécile, la rebelle. Puis le fils, Jérôme. Le mal-aimé que seule Cécile ose défendre.

Cette famille cache ses secrets, ses blessures.

Mais jamais de remise en question de la part du patriarche. Il estime être une victime. LA victime. Comme il se complaît dans ce rôle ! De toute façon le seul coupable c’est son fils.

Un jeune homme de bonne famille, différent, provocateur, malsain (?). Qui ne trouve pas sa place dans cette famille si formatée. Et qui comprend vite que sa mère ne lui sera d’aucun soutien, elle qui acquiesce à chaque avis du père. Jérôme, fils mal-aimé, va quitter sa famille et son milieu, pour celui de la pègre.

Extrait page 19 : « Ainsi vivait ce qui restait de cette famille qui donnait l’apparence d’une parfaite cohésion depuis qu’elle avait tranché le rameau putride. Les filles avaient toutes deux faits des mariages « bleu marine », l’une avec un navalais, comme son père, l’autre avec un ingénieur du génie maritime. »

Un jeune homme qui va courir toute sa vie après l’amour de ce père insensible, et qui ne l’obtenant pas, ne vivra que pour se venger.

Cet amour, qu’il sait pourtant factice, il va le recevoir du roi de la pègre locale pour qui il travaille, Louis Moser, qui lui donne du « fils » long comme le bras. Il faut dire que séducteur il sait l’être Louis ; tant qu’il a besoin des compétences de ses interlocuteurs. Sinon tu finis raide mort, surtout si tu deviens un risque ou pire, si tu oses le trahir.

Extrait partiel page 185 : « Il était comme un animal affamé à qui l’on donne délicatement des aliments sans qu’il ignore que c’est dans le seul but de l’engraisser pour en tirer profit… Parfois, l’esprit vous pousse à croire en une chose dont on sait qu’elle n’est pas crédible. »

Moser intéresse un jeune juge aux dents longues : Maxime Garon. Un de ces jeunes juges dit « rouges ».

Maxime n’a qu’une faille, les femmes. Même s’il est plus dans le fantasme, de peur de perdre le pouvoir.

C’est que ces années 80 révèlent des femmes qui épousent des métiers jusqu’alors réservés aux hommes, et les voilà policières (Marion Tardeau) et même juges (Violaine Duperreux). Des femmes que leurs collègues masculins rabaissent, et pourtant, compétentes elles le sont. Diablement.

Cette époque, c’est aussi celle des hommes politiques véreux qui ont des accointances avec la pègre, celles des banquiers pas trop regardants sur la provenance des fonds confiés. Une époque bénie où le délit de blanchiment, les brigades financières spécialisées et TRACFIN n’existaient pas.

Extrait partiel page 189 : « – Tu vois Ménardo était foutu ; sa carrière politique, ses affaires, tout ça sentait le sapin… Quant au député-maire, cette disparition lui rend bien service. Ménardo était trop mouillé, un scandale allait éclater et risquait d’emporter toute la droite de la ville et du département. Moi, je m’en fous, l’extrême-droite me déplaît pas et ici elle viendra forcément un jour. »

Jérôme gère avec brio les finances de son patron, mais il est mal dans sa peau, laid, dépressif, seul son but ultime, sa vengeance, le porte.

Extrait page 75 : « Ce jeune homme au visage sans grâce, aux cheveux blonds filasses déjà rares qu’il laissait pousser dans le cou, aux yeux bleus sans éclats, au menton fuyant un visage allongé, à la bouche prématurément amère, n’était autre que le descendant de quatre générations de marins, le rejeton d’une famille de militaires orgueilleuse de son passé. »

La ténacité et le professionnalisme de deux femmes, Marion et Violaine, vont faire des envieux, révolutionner le petit monde de la pègre locale, et Jérôme sera doublement vengé.

Deux femmes libres qui vont également convoiter le même homme et assumer leur envie. Avec comme un goût de revanche pour l’une d’entre elle. Mais quel bonheur de voir ainsi remettre en cause ce machisme insupportable.

En conclusion :

Un roman foisonnant et riche. Trop peut-être par moment.

Une peinture fidèle d’une époque : celle des années 80, avec l’arrivée de la gauche au pouvoir, et la majorité des gens de droite qui prédisaient la fin du monde. Pour le moins la fin du leur.

La peinture de plusieurs castes, avec leurs codes, et qui ont en commun leur vision sur la condition de la femme et la place qui lui est réservée. Puis un vent de liberté nouveau, celui qui soufflait dans ces années, prémices de nombreux changements à venir. Changements qui font grincer des dents. Il n’est jamais agréable de perdre le pouvoir pour ceux qui le possèdent depuis des générations. Avec en toile de fond, la ville de Toulon, port de guerre, la Royale, l’arsenal et la pègre. Une ville où les castes, les classes ne se mélangeaient pas. Une ville où déjà le FN pointait son nez.

Un livre à découvrir. Surtout si comme moi vous avez connu les années 80. Les références que l’on retrouve à la lecture vous parleront.
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Le crépuscule du mercenaire

André Fortin a été juge, c’est dire s’il connaît les arcanes du système judiciaire. Pour le reste, j’imagine qu’il s’est documenté, et fort bien pour donner à son histoire autant de réalisme. On se croirait en plein dans une affaire dont on nous rebat les oreilles depuis trente ans et un peu plus en ce moment, car il faut bien dire que certains se gavent un peu plus que les autres et ont carrément non plus des casseroles aux fesses mais carrément des batteries de cuisine entières. Je ne comprends pas comment les politiques, des gens normalement sensés et censés être l’élite de notre pays peuvent encore croire qu’ils pourront impunément piquer dans les caisses pour leurs comptes personnels ou pour se faire réélire.

Quand on ouvre un polar d’A. Fortin, on ne lit pas un livre duquel on ressort groggy par le rythme imposé. Au contraire, le juge prend son temps et l’auteur également, celui de nous expliquer les détails, les dessous des affaires. Le contraire serait totalement irréel lorsqu’on connaît le rythme de la justice française. Néanmoins, pour donner de la cadence à son livre, la construction en courts chapitres alternant les protagonistes est une excellente idée : un pour le juge et le flic, un pour les voyous Stanley et Ange, un autre pour Marc Kervadec et ses amours et un pour le barbouze qui conseille les chefs d’état africains pour le compte de l’état français. Malgré cela, je dois dire que parfois, c’est un peu long, le roman peine à vraiment démarrer et il faut un premier fait commun à deux histoires pour que ça commence à bouger réellement.

Amateurs de sensation forte, préférez par exemple les livres de Jacques-Olivier Bosco chez le même éditeur -son prochain m'attend. Mais si vous avez plutôt le goût pour les grandes enquêtes, longues, compliquées et très bien expliquées –on comprend tout, parce qu’André Fortin est un excellent pédagogue-, très réalistes, assez loin de nous, mais en même temps proches puisqu’on en parle beaucoup dans les actualités, laissez-vous charmer par l’écriture et les romans d’André Fortin dont ce dernier qui parle par exemple très bien de ce qu'on nomme toujours la françafrique malgré la promesse d'un ancien Président de ne plus se mêler des histoires des pays de ce continent -je vous rappelle que selon lui "l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire-", promesse qu'il s'est empressé d'oublier dès lors que des richesses -ressources exploitées par des entreprises françaises en l'occurence- étaient en péril. Double discours dont parle André Fortin en ces termes : "Un gisement d'uranium découvert quelques mois auparavant constituait la pomme de discorde entre la France et son ancienne colonie. Paris s'était rendu compte, trop tard, que Cyrille Soumaré n'était peut-être pas l'homme de la situation. Mieux aurait valu un dictateur cupide, ç'aurait été tellement plus simple..." (p. 162) C'est cynique, totalement amoral, mais les intérêts financiers de quelques sociétés côtées en bourse prévalent sur la qualité de vie de quelques Africains...

Le mieux, si vous hésitez entre punch et enquête plus pointilleuse, c’est d’essayer les deux et ainsi de varier les plaisirs, Jigal a un catalogue divers et étoffé…
Lien : http://lyvres.over-blog.com
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Le chat Ponsard

"Un roman tout en finesse et sobriété qui met en scène nos zones d'ombre, nos ambiguïtés, nos faiblesses avec un sens du récit fascinant. Le juge Fortin est un orfèvre en la matière" disait la 4ème de couverture.

Mouais...

Le roman se laisse lire pour qui aime les histoires mêlant politique et corruption (ce qui n'est pas rare dans notre société mais où l'on espère toujours que les plus hauts dans la hiérarchie feront preuve d'exemplarité...) mais sinon la lecture est plutôt ennuyeuse et le rôle du chat totalement insignifiant surtout quand on voit comment l'auteur l'expédie à la fin du livre. Le chat, c'est quand même le titre du roman et la couverture (très belle d'ailleurs)

Reste l'histoire de Louise et d'Ali, plutôt touchante.
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Les Pontons flingueurs, tome 1

Charlie Oraison, un veuf voit partir sa fille en classe verte avec une tristesse certaine. De retour chez lui, il se retrouve en face d'un huissier venu lui réclamer une énorme dette... Un tueur à gage de la mafia sicilienne passe sa toute dernière journée à pratiquer son métier dans Marseille... En coulant du béton pour construire un immeuble, un chef de chantier s'aperçoit que quelque chose ne tourne pas rond. Il lui en faut une quantité anormale. Il va voir s'il n'y aurait pas une fuite dans l'hôtel mitoyen... A Marseille, une femme abandonnée et apeurée prend un car à destination de Gênes. Elle s'imagine qu'elle se trouve assise à côté d'un quintuple assassin recherché par la police... Un homme prépare un suicide par électrocution... Un vieux capitaine de navette du port de Marseille a trouvé un moyen radical de faire une fin... Un homme découvre un cadavre flottant sur les eaux vertes du lac d'Annecy... Deux pilleurs d'épaves se livrent à leur lucrative occupation sans se soucier le moins du monde des victimes d'un accident de la route...

« Les pontons flingueurs » est un recueil de huit nouvelles à classer dans le style roman noir qui ont été compilées en hommage au Festival éponyme de la ville d'Annecy. Huit auteurs différents ont proposés huit textes de longueur, style et inspiration différents. L'ensemble donne une impression mitigée. Le lecteur y a trouvé de l'excellent comme la nouvelle ouvrant l'ouvrage, « Les vivants au prix des morts » de René Fregni. Ou comment un brave homme, aussi aimable que serviable peut se transformer en monstre sanguinaire. Une histoire gore à souhait qui justifie à elle seule le détour. Mais également du moyen comme « Le dernier voyage » (une bonne idée mais un peu trop tirée à la ligne), « Demain, j'irai au chantier en bus » ou « Mauvais virage » (défaut inverse, beaucoup trop courte. On reste sur sa faim..) Et malheureusement du plutôt faible et même du médiocre sur lequel il ne s'étendra pas. Trois auteurs, qu'on ne nommera pas, ont dû s'en tenir au service minimum. Une fois encore, cette lecture permet de constater que la nouvelle est vraiment un art difficile et qu'il ne suffit pas de tartiner une vingtaine de pages pour pouvoir rivaliser avec Maupassant.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr
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Le crépuscule du mercenaire

L’étrange pouvoir des petits riens, ou comment de petites causes peuvent engendrer de grands effets.

Marseille, de nos jours : Une jeune femme est victime d’un voleur à la tire dans la gare Saint-Charles. La seule indication qu’elle pourra donner aux enquêteurs est que son voleur portait une capuche avait « un regard surpris et doux« .



Ce voleur, Stanley est abordé peu après par Ange Simeoni, un voyou rangé des voitures, pour commettre un vol sur commande. Le lendemain, il doit voler la mallette d’un voyageur, mission dont il s’acquitte sans problème. Ce porteur de valise n’est rien moins qu’un chef de cabinet ministériel.



Aix en Provence, trente ans plus tôt : Marc Kervadec, rencontre Margot, une jeune femme libérée, avec laquelle il aura une relation intermittente, faite de courts séjours et de longues absences, dues à son métier. Marc, barbouze des services secrets français, est venu passer quelque temps « au vert » en France pour se refaire une santé morale après l’assassinat du président de Haute-Volta Thomas Sankara.



Notre narrateur, juge d’instruction, se rendait à Nice en vue de rencontrer le commissaire Juston pour une enquête sur les activités de la CPAO (Compagnie Phocéenne de l’Afrique Occidentale). Lors d’une perquisition, ils découvrent dans un coffre des liasses de billets de 500€ et soupçonnent tout de suite une filière de blanchiment d’argent.



Quelques jours plus tard, le juge apprend à la lecture du journal, qu’un chef de cabinet du Ministère de l’Intérieur s’est fait voler sa mallette par un « jeune homme à capuche ». De là à faire le rapprochement avec l’affaire CPAO, il n’y a qu’un pas, d’autant que l’employé du ministère est un peu confus dans ses déclarations, quant au contenu de la mallette.



Avec ce roman, André Fortin nous fait pénétrer dans les méandres peu reluisants de la politique française en Afrique francophone, « la françafrique », auprès de ces barbouzes conseillers militaires, soldats perdus dans des guerres pas très glorieuses, agissant en sous-main non seulement au nom des intérêts de l’État français mais plutôt pour le bénéfice de grands groupes industriels.

« Un gisement d’uranium découvert quelques mois auparavant constituait la pomme de discorde entre la France et son ancienne colonie. Paris s’était rendu compte, trop tard, que Cyrille Soumaré n’était peut-être pas l’homme de la situation.«

Il dénonce le comportement de la France en Afrique qui, depuis près de cinquante ans, fait et défait les présidents à son bon vouloir. Il n’est qu’à se souvenir de l’affaire Elf, pas si lointaine, exemple criant de la « France-à-fric », et de ses millions de francs détournés.



L’auteur, ancien juge d’instruction, navigue à son aise dans les arcanes de ce monde, compliqué pour les profanes, entre pouvoir politique, judiciaire et policier, où les limites sont parfois imprécises et mouvantes. Sa narration est calme, posée, il prend le temps de la mise en place, avant celui de la mise en mouvement des personnages et de l’intrigue. Et la construction, en chapitres courts et alternés entre passé et présent, n’engendre ni la monotonie ni l’ennui.



Les personnages sont aussi très bien dessinés, de Galtier le juge intuitif et opiniâtre, à Juston le policier ami de celui-ci, toujours partagé entre son amitié pour le juge et le désir de maintenir l’indépendance de la police vis à vis de la justice. Avec une mention spéciale pour Ange Simeoni, sympathique voyou « à l’ancienne ».



Mais ceux pour lesquels j’ai le plus de tendresse sont Stanley Fabre, petit délinquant, qui aurait pu réussir dans la vie dans un cadre familial plus construit, et son attachement presque filial avec sa psychologue Mme Travers. Également Kervadec et Margot, dont l’aventure en pointillés, en raison du métier de Marc, aurait pu être bien plus belle. Kervadec qui, malgré ce qui lui en coûte, avec cette noblesse d’âme et ce sens du devoir hérités de son passé de soldat, va aller jusqu’au bout de son engagement.



J’ai également apprécié le ton très ensoleillé et méridional de son écriture, au travers de ce voyage dans l’espace et dans le temps, de Marseille et de ses calanques, jusqu’à ces états Africains où la République française, sous couvert de coopération militaire ou économique, orchestre bien des turpitudes.

Pour ma part, un très bon moment de lecture.
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Requiem pour le juge

Chez Jigal, j'étais habitué aux polars assez rapides, efficaces, comme récemment Beso de la muerte ou L'autel des naufragés, mais là pas du tout, c'est un roman qui prend son temps. Un peu bavard et pas mal de répétitions, mais on est à Marseille, là où on enjolive les faits, où une simple anecdote prend des tournures d'histoire du siècle. Je dois sûrement ici écrire un cliché, mais il faut bien reconnaître que ce roman de 272 pages (dans sa version grand format) aurait pu être réduit nettement sans perdre de son intérêt. Ceci étant dit, c'est un roman qui m'a beaucoup plu. D'abord, le ton est léger, le style entre ironie, sarcasme et humour, on lit avec un sourire aux lèvres -pas permanent, car les digressions de l'auteur sont bien senties et sérieuses, mais j'y reviendrai-, mais qui tient une bonne partie du livre

Ensuite, on suit l'intrigue du côté du juge d'instruction, qui lentement, cherche à établir les responsabilités et à ne pas faire payer des lampistes mais les bons coupables. Enfin, entre deux interrogatoires, et des discussion avec Juston le flic, le juge Galtier nous fait part de ses opinions sur la justice française (André Fortin s'y connaît un peu, il a été magistrat) et également sur les réseaux de l'islam intégriste dans les cités : recrutement de jeunes désoeuvrés et en recherche d'un sens, implication dans des affaires financières douteuses, ... Dans ces moments, l'écriture est plus grave, pas donneuse de leçons, elle constate en s'appuyant sur l'expérience d'un juge.

On est en plein roman noir social ou sociétal. Un polar très ancré dans le vrai, sans doute encore au-dessous de la réalité qui, on le sait, dépasse toujours la fiction. Très prenant grâce au rythme, à l'écriture très plaisante d'André Fortin et au réalisme de ses intrigues.


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Restez dans l'ombre

Il est intéressant dans ce livre et peu commun qu'un juge d'instruction narre une affaire au lieu de l'habituel enquêteur. Noble métier que l'on découvre.

Un livre qui casse ces habitudes, qui ne se calque pas sur les romans policiers qui parlent de politique, de drogue, de crimes sanglants.

Le récit commence par le meurtre d'un octogénaire poignardé, non lardé d'une douzaine de coups de couteau.

Qui est-il ?

Est-ce un crime crapuleux ?

Une vengeance ?

On apprendra son identité quelques chapitres plus loin lorsqu'une femme rapporte le porte-feuille de celui-ci et permet l'avancement de l'enquête.

En parallèle se dresse le portrait d'un certain Théodore Da Fonseca, récit de sa vie dans les années 1940, à ses manies louches et douteuses. Un flic véreux qui suit les traces de son père tout aussi mafieux et corrompu.

Il y a Charlotte, jeune fille envoyée par son père dans une pension en Suisse, adolescente mystérieuse qui cache bien des secrets, fugueuse et fragile. Rejetée par sa famille comme si elle portait la peste.

En enquêtant sur la mort du vieillard, les maillons de la chaîne s'emboîtent. Le mort qui portait pour nom Théodore Fontsec alias Da Fonseca n'est plus un inconnu, mais un homme au passé sombre.

Grâce à son ami Juston, un policier, le juge Galtier retrouve la trace de Charlotte,

Les récits s'entrecroisent...

Le passé et le présent se mélangent...

Ce livre est une invitation à découvrir chaque personnage né à une époque différente avec leur lot de tranches de vie, de joie, de peine et pourtant si uni à la fois.

Une découverte du milieu judiciaire aux yeux d'un juge qui aime son métier avec ses doutes, ses incertitudes.

Une écriture sobre, plaisante qu'André Fortin nous livre dans Restez dans l'ombre.

Un auteur que j'ai pris plaisir à découvrir.

Une littérature différente, mais tout aussi captivante.
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Pitié pour Constance

Elle est sûre d’elle. Sa démarche impose le regard, et ses paroles réduisent au silence. Quand elle pénètre dans une salle comble, ses premiers pas en direction du pupitre sont déjà une invitation envoyée à l’assistance à déposer les armes. Elle est belle, elle le sait. Sa plastique est une arme aussi redoutable que les mots qu’elle prononce. Sa force de caractère n’a d’égale que la passion qui l’anime à porter ses convictions en étendard. Elle, c’est Constance.



Figure de proue de l’ultra gauche, au fil des meetings elle porte le même message combatif contre cette société capitaliste qu’elle exècre, qui broie les hommes, éteint les rêves et enterre les destins. A partir du petit village du Quercy où elle s’est repliée avec quelques amis qui partagent ses opinions, elle sillonne les villes et les villages, participe aux réunions grandes ou petites, pour délivrer son message.



On commence à parler d’elle.



Quand elle se présente au meeting de Marseille, l’enjeu est important. Ce soir là, toute la gauche est réunie dans la ville phocéenne. On a bien voulu lui laisser un strapontin et un bout de table. Elle ne pourra parler qu’à la fin, une fois que tous les ténors politiques se seront exprimés. Mais rien n’y fait. Quand son tour vient, c’est en véritable passionaria qu’elle s’empare du micro et qu’elle subjugue son auditoire. Elle parle de désespoir, elle parle de ceux qui veulent encore exister, elle parle de résistance. De ce droit à se révolter pour rester debout. L’ambiance s’électrise. L’émotion se repend. Au final la salle se lève et applaudie !



Pourtant Constance n’aura pas le temps de profiter de ce succès oratoire qui cloue aux piloris les mensonges des vieux roublards établis de la politique. En sortant du meeting, Constance est brutalement enlevée par des individus qui l’embarquent de force dans une voiture.



Est-ce parce qu’elle est la fille d’un député de droite proche du pouvoir, possible ministrable, qu’elle a été enlevée pour atteindre celui-ci ou le Président qu’il soutient ? Ou bien au contraire, est ce en raison de ses positions politiques extrêmes et de son succès grandissant qu’elle inquiète ce même pouvoir qui aurait décidé d’enlever ce petit cailloux qu’il a dans sa chaussure et qui commence à l’agacer ?



Toujours est-il qu’en haut lieu on s’agite. Un conseiller du Président s’affaire. Le député Sicardi quant à lui, décidé à retrouver sa fille qu’il n’a pas revue depuis qu’elle s’est éloignée de lui à cause de ses convictions politiques et depuis qu’elle a pris les sentiers de la lutte sociale et du combat radical, fait pression pour qu’un juge , étiqueté « rouge » mais intègre et efficace ,s’occupe de l’affaire. Aidé d’un flic celui va se lancer sur la trace des ravisseurs.



Constance est retenue prisonnière quelque part, en Espagne suppose t’elle, avec pour seule compagnie de vieille revues et son geôlier, le chef du commando qui l’a privé de sa liberté.



A partir de là, le lecteur pourrait penser deviner facilement la suite du scénario. L’un des deux protagonistes va finir par rallier l’autre à sa cause, d’autant que le syndrome de Stockholm n’est pas une invention d’écrivain. Mais il n’en sera rien. L’issue de cette histoire, ne sera pas sans rappeler d’ailleurs à certains cinéphiles et fans de Ridley Scott la fin en apothéose d’un de ses meilleurs films.



Dans ce huit clos entre le geôlier et sa prisonnière, chacun va progressivement devenir un miroir pour l’autre, où les protagonistes trouveront dans les convictions de l’adversaire les contradictions de ses propres idéaux. Une révoltée qui finit par se dire que s’épuiser sur des micros ne fait pas avancer la cause qu’elle défend et que seule la radicalisation de l’action peut porter des fruits révolutionnaires, et un barbouze aguerri aux coups de force, pour qui, agir toujours dans l’ombre en s’affranchissant des lois , finit par pervertir son propre idéal pour le plus grand bénéfice de quelques profiteurs avides de pouvoir.



André FORTIN réalise un roman qui fait s’entremêler politiciens véreux, barbouzes assassins et désabusés, et jeunes idéalistes encore convaincus de la justesse de leur combat.



A partir de thèmes pourtant déjà longuement traités dans le roman noir, et de caricatures communément admises dans l’imaginaire collectif ( Les manipulations étatiques, la justice entravée, les baroudeurs durs et froids, la femme fatale, jeune et rebelle, en quête d’un monde meilleur…) André FORTIN arrive à tirer son épingle de jeu en nous offrant un roman qui évite les pièges attendus. Un roman sombre ou l’espoir n’est plus une échappatoire n’y même un point d’horizon, où les acteurs de se drame, sans se renier sous peine de se perdre, vont prendre conscience de leur combat sans issue.



Quand ces mondes que tout oppose se retrouvent confronter l’un à l’autre à travers les personnages de ce huit clos, que ces derniers finissent de se déshabiller momentanément de leurs idéaux respectifs, reste l’appréhension et la découverte de l’autre. De cette essentielle humanité qui finira par s’exprimer, comme une main tendue au moment où les destins se scellent dans l’éternité.
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L’injustice des hommes

C’est un récit étrange que j’ai commencé sans vraiment savoir dans quoi je mettais les pieds.

On y suit plusieurs protagonistes à Toulon dans les années 80 et plus particulièrement un jeune homme en croisade contre son père et qui est prêt à tout pour se venger de lui.



J’ai eu beaucoup de mal à aller au bout de ma lecture. D’abord parce que je ne m’attendais pas du tout à ce type d’histoire où les dialogues et monologues intérieurs sont truffés de propos misogynes. Ce qui reflète parfaitement l’époque, l’auteur réussit très bien à nous faire vivre cette période à travers ce texte, mais à des moments c’était vraiment trop lourd. Ensuite parce que j’ai trouvé de nombreux passages long et monotone ce qui ne faisait pas du tout avancer ma lecture.

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Le crépuscule du mercenaire

Bonjour à tous,



Avant de débuter ma critique, j'aimerais remercier vivement l'opération masse critique qui m'a sélectionner pour la première fois, d'une longue série j'espère.



Alors, ce ne sera pas une critique très longue, mais on va essayer d'être concis sans oublier de choses importantes.



C'est un livre qui se lit assez rapidement, j'ai appréciés, mais je n'ai pas eu le petit plus qui te fait dire : ce livre est un bon livre, voir qu'il sort du lot.

Ceci explique cela : je n'ai mis qu'un 3 sur 5 comme note.



Sinon, l'intrigue est bien ficelée, pas vraiment de lacune de ce coté, mais si je devrais noté un point négatif, c'est que les personnages sont très stéréotypés.

Je pense que c'est dommage.



Mais bon, cela reste un livre intéressant à lire.



merci de m'avoir lu, et à bientôt pour une prochaine critique.
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L’injustice des hommes

Une découverte du confinement lecture.

Pour ma part, j'ai trouvé trop long, je me suis perdue même dans les personnages j'avais du mal à me souvenir qui est qui. Je suis allée au bout de ma lecture pour savoir si à un moment donné quelques chose allait déclencher mon intérêt, mais non ce n'est pas une lecture que j'ai apprécié.

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Les Pontons flingueurs, tome 1

Bonjour mes Lecteurs,



Voici un recueil de nouvelles qui dézingue et que je viens vous chroniquer en retour de lecture.



Ce recueil a été composé par la crème des auteurs de polar en hommage au festival d'Annecy du même nom et surtout grâce à son instigateur René Vuillermoz.



Huit nouvelles, huit auteurs que j'ai pu découvrir à travers leurs écrits. Les voici : 



- René FREGNI : "Les Vivants au prix des morts"



- André FORTIN : "Coupe-circuit"



- Jean-Paul CARMINATI : "Demain, j'irai au chantier en bus"



- Vincent CROUZET : "Ma nuit avec lui"



- Ingrid ASTIER : "Dernier mot"



- Gilles DEL PAPPAS : "Le dernier voyage"



- Jacques-André BERTRAND : "Placards"



- Jean-Marie LACLAVETINE : "Mauvais virage"



Point de départ de chacune de ces nouvelles : Marseille, et son port, sa ville, ses remous.



C'est une belle brochette d'auteurs qui nous font découvrir l'envers du décors de cette ville à leur manière, au travers de leurs textes :



Un père célibataire qui massacre un huissier, un tueur à gage qui joue au chat et à la souris, un chef de chantier qui résout ses problèmes conjugaux à coup de pompe à béton mal réglée, une jeune femme en fuite qui voyage avec le type le plus recherché de France et le capitaine d'un ferry-boat qui termine la série sur un final explosif.



Des instants d'humanité fragile et douloureuse qui se consomment frappés ! J'ai bien aimé ma lecture, j'ai frissonné. Chaque histoire tient son lot d'originalité et, plus surprenant, forme dans son ensemble une cohésion harmonieuse. 



A lire pour découvrir de belles plumes surprenantes issues du polar et du roman noir.



Bonne lecture, amis Lecteurs ! 
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Un été grec

Un livre passionnant de bout en bout. Des personnages charismatiques, avec une histoire dans un contexte grec douloureux que l'écrivain sait retranscrire à merveille
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Un été grec

Cela s'annonce comme un roman de l'été, que l'on dégustera sur son transat avec son chapeau de paille. Et, comme on est au mois de mars et que le printemps s'annonce, alors je me plonge avec délice dans ce roman! L'auteur choisit de mettre en parallèles deux histoires: l'une, la grande, celle de la Grèce contemporaine (passation de culture, régime des colonels) et une autre, celle de la recherche du criminel responsable du meurtre d'un enfant. C'est un juge d'instruction qui mènera l'enquête. Le carrefour de ces deux histoires doit arriver. Il est annoncé plusieurs fois, mais tarde à venir! Malheureusement, c'est au détriment de l'intrigue qui est trop mince pour tenir le lecteur en haleine. Comme l'auteur écrit bien, on continue, mais c'est poussif. J'ai aimé la dérision de l'auteur pour son personnage principal.

Bien évidemment, le dernier chapitre nous révèle le pourquoi. Mais, il est trop tard...Le soleil est parti et l'hiver revenu! Dommage....

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Le chat Ponsard

C’est d’abord la couverture qui m’a attirée ; moi, l’amoureuse des chats noirs… Et puis ce regard vert émeraude, plein de mystère, subjuguant à souhait …



On entre dans ce polar à pas feutrés, tout doux, tel un chat, la moustache en avant, cherchant son petit coin douillet pour y faire cou couche panier, papatte en rond , mais félin jusqu’au bout des coussinet, et qui atteint sa proie au moment opportun !!!



Donc pas de précipitation, pas d’action tonitruante, pas de poussée d’adrénaline insoutenable. Non !!

Au contraire une intrigue qui se met en place à son rythme, en prenant le temps d’y installer ses personnages, et un décor qui se monte au fur et à mesure. Une ambiance qui prend forme, un mystère qui s’installe.



André Fortin sait de quoi il parle. Il a du métier, comme on dit. Les politiques véreux, les chefs d’entreprises corrompus, les flics un peu fâchés avec la déontologie, les jeunes désœuvrés à la merci ce petit monde pas bien propre sur lui : il a dû en croiser plus d’un. Et cela se sent, et se ressent bien.





Alors quand l’envie de se poser se fait pressante, et que l’on n’a guère envie de se faire trop secouer, ce genre de polar convient parfaitement. Trop souvent, ce serait sans doute un peu lassant, mais de temps à autre, cela fait du bien.


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Un été grec

André Fortin n'est pas un grand écrivain. Son histoire est forte, mais le traitement n'est pas à la hauteur.

On ne s'ennuie pas, c'est rythmé, bien documenté. Une amie qui connait bien la Grèce et singulièrement le village d'Affissos (et pour qui j'ai acheté le livre) a trouvé l'ambiance grecque bien rendue. On sent l'auteur à l'aise quand il parle du quotidien des juges d'instruction et on apprend plein de choses là dessus etc.. Mais il manque un peu de feu, les chapitres qui auraient dû être poignants sont étrangement faibles ou trop succinct.

Je ne déconseille donc pas ce livre : j'en ai lu de bien pire. mais c'est juste un livre honnête, sans plus.

Ce qui n'est déjà pas si mal.

Dans le même style, et d'ailleurs chez le même éditeur, je préfère largement Gouiran. Mon jugement de ce livre a d'ailleurs peut-être souffert de cette comparaison, mais c'est comme ça.
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Deus ex Massilia

André Fortin nous fait pénétrer dans un univers qu'il connaît bien, le milieu politico- judiciaire et, fort de ses connaissances en ce domaine, il nous convie à déguster un récit circonstancié, fourmillant de détails.

L'auteur met en évidence les influences et les alliances contre nature, car si la guerre des gangs déchire la ville, il apparaît bien vite que les instances politiques et judiciaires en sont ébranlées. L'argent des uns servirait bien les ambitions des autres...
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Pitié pour Constance

"Je ne suis pas venue vous dire que les gens souffrent, on vous l'a dit avant moi, la compassion est à la mode. Je suis venue vous dire, moi, qu'il y a des gens désespérés, oui, désespérés! ... Ceux-là se sentent aussi perdus et oubliés, reprend Constance, mais pas seulement: ils ont compris qu'on leur a menti, qu'on leur a fait de fausses promesses, qu'on leur a joué l'air des lampions. ...



Ceux-là sont le peuple qui se soulève contre le vol, l'oppression et le fascisme rampant que nous connaissons tous et que vous, vous craignez de dénoncer. Et, comprenons-le bien, ils se soulèvent aussi contre eux-mêmes car les révoltés d'aujourd'hui feront les terroristes de demain! Ceux-là, je vous le dis solennellement, nous, nous sommes à leur côtés!"



Ce sont par ces mots que s'est exprimée Constance Sicardi, lors d'un meeting unitaire de la gauche, dans la salle du Dôme, à Marseille. Constance, jeune fille dans la vingtaine, est une figure montante du milieu ultragauche et son charme, son charisme et sa grâce suscitent déjà bien des émois. Mais contrairement à certains de ses semblables, cette fille cultivée et éclairée, attachée à la lecture et à l'Art, semble être plutôt modérée. Très active, elle se bat pour le monde ouvrier, soutient les grèves ou encore met en place quelques actions ponctuelles.



Constance, c'est aussi la fille d'Albert Sicardi, un député proche du pouvoir, influent, qui s'affiche plutôt du côté de la droite, même très à droite. Cela ne l'enchante guère de voir sa fille s'engager dans ce milieu alter mondialiste, soit une position tout à l'opposé de son parti. D'autant plus que cela lui fait de l'ombre et perturbe sa carrière prometteuse. Mais pourrait-il tout de même la comprendre, elle qui ressasse sans arrêt qu'il fait partie d'une politique de faux-culs, de menteurs? Aurait-elle raison? Position difficile pour cet homme politique qui voit sa fille s'éloigner de plus en plus, sa petite fille qui était sa complice, sa fierté, l'enfant bien en avance sur son âge, qui lui a appris tant de choses. Sentiments mitigés, gros dilemme; il l'aime et il la hait.



Au terme de ce meeting gauchiste à Marseille, Constance se fait enlever dans la rue par de faux journalistes. Il s'agit au fait d'un commando issu d'une organisation appelée "La Cellule Grise", mise en place par des personnes très proches du pouvoir français. Le président de la République semblerait être impliqué dans la conception de cette structure, mais délègue tout à son conseiller en lui laissant "carte blanche". Un manque de contrôle désolant de la part d'un président qui paraît bien décevant et immoral! Un pantin aux mains propres, style "je ne suis au courant de rien!". Mais bon, ce qui compte c'est d'être au pouvoir et de bien se faire voir des américains!



Comment? Par exemple en acceptant d'organiser des opérations commando en tout genre - bien entendu orchestrées par le gouvernement -, soit des enlèvements de terroristes oeuvrant sur le territoire américain, en coordonnant des recherches, des filatures, mais aussi des éliminations... Quel beau service rendu! D'où la création de cette organisation "La Cellule Grise". Ces basses besognes sont exécutées par des professionnels venant de milieux militaires, criminels voir même peut-être d'anciens flics pourris? Quoiqu'il en soit, mieux vaut ne pas être dans le collimateur de cette organisation. Devrais-je dire dans le viseur de l'Etat?



"Un autre type qu'on avait éliminé proprement après l'avoir enlevé tout aussi proprement, c'était un syndicaliste, un syndicaliste de Marseille qui foutait le bordel dans le port. Pourquoi lui? Gomez ne s'était même pas posé la question; les syndicalistes, les communistes, toute cette clique, il ne pouvait pas les encadrer, il les aurait tous fait déporter dans des camps, des goulags, en Sibérie, pour y crever, y crever de froid, ils ne méritaient que ça. Ils étaient responsables du déclin de la France, des ennuis de l'occident et de la mort de quantité de camarades, surtout. Ce connard de syndicaliste, tout bien considéré, il ne pouvait que les remercier, pas de camp, pas de goulag, pas de froid. Tué sans bavure et, puisqu'il aimait le port de Marseille, bienheureux qu'on en ait fait ensuite sa sépulture! Il devait en ce moment reposer par le fond, bien arrimé à un solide bloc de béton, sa pierre tombale.



Quatre autres y étaient encore passés dont deux, des islamistes, qu'on avait enlevés pour les Américains qui n'en avaient plus voulu ensuite. Comme il n'était pas question de les relâcher et qu'on savait bien ce qu'auraient répondu les Amerloques si on leur avait posé la question, l'élimination s'était imposée d'elle-même. On avait fait le job, le minimum, on le leur avait même pas tourné la tête vers La Mecque, faut pas trop en demander!"



Suite à l'enlèvement de Constance, le juge Galtier va tout mettre en oeuvre pour mettre la main sur les auteurs de cet acte inconsidéré et retrouver la jeune fille. Le magistrat va peut-être tomber sur une vérité qui troublera sa vision de la Justice. Ou alors le savait-il déjà au fond de lui?



Ce récit politico-judiciaire nous est écrit par une plume tenue par un ancien juge d'instruction et cela se remarque agréablement bien. L'auteur connaît son sujet, à savoir le milieu de la justice, ses faiblesses, ses finesses, mais aussi ses contacts navrant avec la sphère politique. Le roman est écrit à la troisième personne et nous avons donc une vision globale sur chaque personne impliquée, présentées et décrites par le narrateur. Qui? On ne le sait pas. Par contre, lorsqu'il s'agit du juge Galtier, qui est en charge de cette affaire, nous pouvons suivre ses propres sentiments et sa propre vision de ce qui se passe. C'est lui qui nous parle directement. Ses confidences, son intimité, ce qu'il pense de la justice d'aujourd'hui et ce qu'il pense de l'affaire qui l'occupera lorsqu'il en sera en charge. Concrètement, nous pourrons nous fier qu'à son jugement, chose qui semble bien maigre pour nous, lecteurs curieux de connaître VRAIMENT ce qui se trame!



André Fortin, par la voix du juge Galtier, nous livrerait-il sa propre vision de la justice? Une justice cassée par le manque de séparation des pouvoirs, où le milieu politique semblerait se mêler d'un peu trop près aux valeurs fondamentales d'une justice indépendante, peut-être jusqu'à vouloir manipuler les magistrats? Toutefois, ce récit - aberrant? - fait froid dans le dos si l'on essaye d'imaginer une seule seconde qu'il est vraisemblable. L'auteur, au début de l'oeuvre, nous met en garde en nous mentionnant que ce roman est une fiction et que toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite. Franchement, je le crois, mais est-ce vraiment QUE de la fiction? Allez savoir... Ce qui est sûr, c'est que l'auteur s'auto-flagelle en dénonçant une justice passablement malmenée avec des magistrats devenant de plus en plus malléables et influençables. Venant d'un juge d'instruction, c'est assez courageux de sa part!



L'auteur appuie peut-être là où ça fait mal et bien que le milieu politique soit totalement bafoué et humilié dans ce roman, par ses personnages lamentables, nous pouvons tout de même nous demander où s'arrête la fiction. Entre un conseiller du président totalement lâche, abject et méprisable, un président de la République tout aussi répugnant, qui ne pense qu'à son ego et à son pouvoir ou alors des ministres qui ne dégagent pas franchement un sentiment de respect et de confiance, le lecteur ne pourra qu'éprouver du dégoût et peut-être même de la pitié envers ces "grands" personnages sordides et crapuleux. Mais bon, c'est de la fiction nous rassure-t-on...



Mais heureusement il y a ce juge d'instruction Galtier qui est là pour faire pencher la balance - de la Justice? - du bon côté, un homme envers lequel le lecteur se sentira très proche, un magistrat humain, perspicace et droit - enfin un! - qui va tenter de mettre de l'ordre dans cette affaire d'enlèvement, respectivement dans tout ce ramassis de connerie politique. Mais finalement ce "petit" juge de Marseille, que peut-il faire contre ce mastodonte qu'est ce milieu de pouvoir politique? Quoiqu'il en soit, il restera un homme d'honneur, et ceci envers et contre tous.



L'auteur nous plonge également dans ce sous-sol, à Barcelone, où Constance se trouve en captivité. Nous la suivons jours après jours, surveillée par quatre membres de ce fameux commando. Toutefois, elle ne va pas se laisser dominer - c'est une femme d'action! - et ses tortionnaires vont en faire les frais. Par ses gestes d'abord, mais surtout par ses paroles... Des remises en question qui pourront peut-être la sauver? Mais le sens de l'honneur et de la mission de ces hommes sera tout de même fort et Constance va commencer à franchement douter sur l'issu que lui réserve ses bourreaux.



Dans ce roman, l'honneur d'un de ces hommes justement sera mis à l'épreuve et la vie de Constance en dépendra. André Fortin nous offre un dénouement assez logique, dur mais logique, lors duquel cet homme d'honneur, ce soldat, va donner la direction finale. Bonne lecture et vive la politique!
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